Le bon plan pour aimer Paris
Lorsque j’avais 16 ans, j’ai un jour décidé de partir voir de plus près ce qu’était ce Paris dont tout le monde parlait.
Toute seule, comme une grande que je n’étais pas, j’ai empoigné ma guitare (oui, on n’a pas le sens pratique, à 16 ans) et mon sac, et je suis partie, au grand dam de ma mère et de mon entourage venu en délégation me supplier de ne pas mettre mon beau projet à exécution.
On a la tête dure, quand on a 16 ans.
J’ai pris le train à une époque où le TGV n’existait pas, me suis faite accoster par un monsieur trop bien habillé qui m’a laissé sa carte de visite en me disant qu’il recherchait de « jeunes talents », suis descendue dans je ne sais plus quelle gare.
Et j’ai marché, marché et marché encore dans les rues de la capitale, grisée de me savoir… ailleurs et presque libre.
Je me suis retrouvée à la place du Tertre où j’ai passé des heures à regarder les peintres.
Puis j’ai demandé à un taxi de m’emmener dans un hôtel pas trop cher.
Il m’a fallu quelques années pour comprendre que le va-et-vient que j’entendais durant cette nuit au cours de laquelle je n’ai pas fermé l’oeil venait simplement du fait que le vaurien m’avait déposée dans un hôtel de passe.
J’ai attendu que la nuit s’achève, en boule, lovée au creux de ma guitare.
A 16 ans, on n’est pas encore bien grand… et on a parfois qu’une guitare pour amie.
Le lendemain, un autre chauffeur de taxi, plutôt gentil, m’a proposé, pour un prix d’ami, de passer la journée à me montrer la ville et ses monuments.
J’ai tout avalé en quelques heures.
De cette visite éclair, j’ai gardé un arrière-goût de déplaisir.
Mais j’étais bien consciente d’avoir eu une bonne étoile capable de tenir à l’oeil et de protéger une gamine assoiffée de découverte.
Cinq ans plus tard, je retournais à Paris, accompagnée.
Mais là encore, je n’ai pas aimé.
Je me sentais dans la peau d’une touriste, je n’arrivais pas à capter l’âme des lieux.
Je percevais mais ne comprenais pas.
Je me sentais superficielle dans un monde que je n’arrivais pas à percer.
Encore une fois, mon rendez-vous était manqué…
Aujourd’hui, bien des années après, Paris est devenu mon havre de bonheur.
Depuis deux ans, je m’y rends pratiquement chaque mois.
J’y travaille, oui. J’y réalise des reportages, des rencontres ponctuelles.
Mais surtout, je découvre la ville avec l’homme que j’aime, qui y est né, et qui possède une culture rare de l’endroit.
Pas une rue, pas un site, pas un souffle d’Histoire ne lui est inconnu.
Il sait la mémoire des pierres, les secrets, les anecdotes, les lieux magiques…
Il ne me les fait pas visiter, non, il fait mieux: il les fait revivre pour moi.
Le quartier du 5e arrondissement où il est né, à deux pas du Panthéon, résonne encore de ses galopades de gamin solitaire, un peu sauvage et curieux.
Aujourd’hui, accrochée à la main de l’homme qu’il est devenu, je « vis » sa ville à travers lui.
Alors?
Ne dites pas que vous n’aimez pas Paris.
Dites simplement que vous ne le connaissez pas ou que vous ne le comprenez pas encore…
Un jour peut-être, un grand homme au regard tendre et malicieux vous prendra par la main et vous racontera de sa voix grave et chaude l’histoire de ces arcades sous lesquelles Napoléon allait rencontrer les Dames de mauvaise vie, l’histoire de ces ruelles où Danton a marché ou encore de la place où le pauvre roi a perdu la tête parce que le peuple n’était plus maître de la sienne…
L’air de rien, il mettra en place les éléments d’un décor au sein duquel il réveillera rien que pour vous les personnages d’hier et d’aujourd’hui.
Il fera revivre, avec ses mots, ces histoires que vous écoutiez en rêvant lorsque vous étiez sur les bancs de l’école.
Lorsqu’une averse vous surprendra non loin de la Seine, il ôtera sa veste et la tiendra au-dessus de vous pour que vous puissiez vous y réfugier tous les deux.
Quand il fera froid, il vous prendra contre lui, très doucement. Et en vous réchauffant, vous murmurera l’histoire de cette Gare devenue musée d’art que vous vous apprêtez à visiter…
Il n’y a pas de plus belle façon d’aimer Paris…
Je n’ai jamais rien lu d’aussi romantique !!! Quelle belle histoire !!! C’est si beau que j’ai eu les larmes aux yeux.On a envie de vous rencontrer, tout les 2, d’apprendre à vous connaitre, de voir cet amour la dans vos yeux. On voudrait en savoir plus, encore et encore !!! J’ai tout lu dans le blog, et c’est la premiere fois que je fais ça.
Martine, je ne te connais pas. Tu es pro et ça se voit: tu écris vraiment bien… Mais ce n’est pas froid. Il y a de la distance mais aussi une façon de t’investir. C’est génial !!! C’est plein de sentiment, très juste, amusant et, très, très beau.
Vous dites que le blog est un 4 mains. Parfois on voit la signature de « Martine ». Est-ce que vou s pourriez tous les deux signer les textes pour que l’on sache qui écrit quoi ? Bon, là on a compris que c’est la femme qui parle. Il a de la chance, celui dont tu parles. Je n’arriverais pas à parler comme ça de mon mari. On aimerait être à votre place. Du coup, on attend la suite. C’est le meilleur blog que j’ai vu depuis longtemps. Comme a la cantine : encore, encore !!!
C’est vrai je n’ai jamais aimé lire mais là je prends beaucoup de plaisir à apprendre a vous connaître tout les deux un peu plus c’est touchant et amusant par la même occasion je ne vais pas lâcher ce site promis!