L’amitié entre femmes

Depuis toujours je partage de belles amitiés avec certains hommes.
Sans ambiguïté… et oui, c’est possible.

Il m’a fallu plus longtemps pour qu’il en soit de même avec les femmes.
Peut-être la promiscuité incontournable, dans mon enfance et mon adolescence, avec les 700 autres filles fréquentant l’école privée dans laquelle je me trouvais m’a-t-elle légèrement refroidie?
Peut-être aussi une ou deux déceptions, comme chacun en vit, m’ont-elles effarouchée?
Il m’a donc fallu du temps…

L’amitié entre femmes est une chose subtile.
Je fais bien la différence entre les « copines » (Dieu que je n’aime pas ce mot… mais quel autre utiliser?), qui me sont précieuses, elles aussi, mais à un niveau différent, et mes rares amies, avec lesquelles nous voyageons sur un tout autre plan.

L’une d’elles est un bout de femme ahurissant, totalement à l’écoute des autres et du monde.
Elle soigne leur coeur et leur corps, se consacre à leur bien-être, au point de s’oublier parfois elle-même.
Une boule d’amour, de joie et de générosité.
Je crois que je peux me retourner à n’importe quel moment, lorsque je suis mal, elle est là, quelque part, pas loin.
Elle navigue entre deux mondes, entre deux eaux, entre les couches subtiles que nous ne percevons pas toujours.
Je sais que, où que j’aille, elle viendra me retrouver avec son sac de couchage et une bouteille d’eau dans le coffre de sa voiture.
C’est ma force.

Et puis il y a les autres, la relation fine que nous partageons sans jamais y avoir posé de mots.
Juste des moments piqués au temps, une profondeur particulière lorsque nous quittons le registre des mots quotidiens.
L’une d’elles, muséologue, est férue d’histoire, de montagne.
Elle est sociable, dévouée, généreuse, mais aussi infiniment pudique.
Quand elle se livre, c’est un cadeau…

L’autre est un oiseau un peu timide et doux.
Elle aussi se donne sans compter aux causes qu’elle défend.
Elle possède de véritables racines, une justesse de vue pointue, une délicatesse qui n’appartiennent qu’à elle.

Hier soir, une petite route de montagne un peu glacée, dans la nuit.
Nous sommes deux dans une « Mini » rouge qui ressemble à une voiture de dessin animé.
La voiture de « Oui-Oui », dirait un être qui m’est cher.

Je lui parle de ce que je n’ai pas encore dit à grand monde.
Passé le premier choc, elle se branche sur ce que je ressens, sur ce que je vis.
La conversation est belle, profonde et douce.

J’aime que les mots endossent réellement leur rôle.
Qu’ils ne soient pas creux, mais vraiment porteurs d’un message.
Qu’ils transmettent les sentiments, le ressenti, l’essentiel.

Je garderai la douceur de l’instant, l’image de la petite route dans la nuit, des gros cadrans de la Mini et du regard bleu de cette femme émouvante et belle.

Oui, l’amitié entre femmes est une chose subtile.

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