Archive pour le 24 janvier, 2009

Le guide de la Maison de Clémenceau: un miracle sur pattes!

24 janvier, 2009

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Un matin de ce mois de janvier, nous avons eu envie de visiter la Maison de Georges Clémenceau, à Saint-Vincent-sur-Jard, en Vendée.

Toujours ce goût commun pour l’Histoire, les personnages marquants, les lieux insolites..
Nous n’attendions pourtant rien de ce passage si ce n’est, peut-être une incursion rapide dans une maison poussiéreuse.

En arrivant, nous avons été touchés par le site. La maison, que Clémenceau appelait « La Bicoque » est située face à la mer, et ses alentours ont été merveilleusement aménagés.

Le jour où nous y sommes allés était annoncé comme étant le plus froid de la semaine, dans la région. Ce n’était pas faux. Le froid était piquant, presque polaire.

Nous sommes entrés, seuls visiteurs, et nous avons pris nos billets. C’est là que nous avons échangé nos premiers mots avec celui qui allait être notre guide et dont nous avons su par la suite qu’il s’appelait François.

Il nous a demandé de nous rendre à quelques pas de là, dans la partie exposition de la maison, nous disant qu’il nous rejoindrait dix minutes plus tard.
L’exposition était intéressante, mais sans plus.
Comme promis, notre guide est arrivé et a ouvert une porte, nous permettant d’accéder à la cuisine.
A partir de là, la visite est devenue magique. A plus d’un titre.
Pour ma part, j’ai d’abord réalisé que Monet, peintre que j’aime tout particulièrement, avait été l’ami de Clémenceau, et avait fréquenté cette maison. Le maître des lieux aurait d’ailleurs voulu qu’il soit le concepteur des jardins qu’il souhaitait y créer.
Monet, ici… une surprise inattendue plutôt stimulante!

Et puis, le cadeau, le coup de coeur, ça a été François.
Passionné par son sujet, c’est un érudit. Connaisseur en matière d’art et d’Histoire, il nous a régalés, nous permettant d’entrer dans les pièces où, en temps normal, les visiteurs n’ont pas accès, nous montrant de près les estampes japonaises qui vont partir en restauration prochainement…
Il nous a raconté mille anecdotes, a fait revivre la maison pour nous.
Si Clémenceau était entré nous saluer, nous aurions à peine été surpris, tellement nous avions le sentiment d’être reçus chez lui.

Une visite merveilleuse, un moment parfait avec un homme passionnant et drôle, qui rendait vivant chaque objet.
Nous sommes repartis heureux, bien décidés à revenir lorsque les jardins seront en fleurs pour consacrer un article à la maison et à son histoire.

Mais l’aventure ne s’est pas arrêtée là.
François nous avait donné ses coordonnées et nous avons échangé un mail.
Il m’a dit qu’il allait « m’envoyer un cadeau. »
Et ce matin, une grande enveloppe brune est arrivée…

A l’intérieur, des photos anciennes de la maison et de son intérieur, la photocopie du récit d’une anecdote concernant Clémenceau, et… l’original d’une page très ancienne de la Revue des Arts consacrée à Monet.

J’ai été profondément émue… et j’ai aussitôt écrit à François pour le remercier et lui dire l’émotion qu’il avait suscitée en moi.

Que des êtres de ce genre, aussi généreux et passionnés existent… quel cadeau! Et quelle chance formidable qu’il se soit arrêté à nous…
A mon avis, la relation d’amitié naissante avec le gardien de la mémoire de Clémenceau n’en est qu’à son début!

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Alain Baraton: Le jardinier de Versailles

24 janvier, 2009

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Depuis plus de trente ans, Alain Baraton travaille dans l’ombre royale du château de Versailles. D’apprenti qu’il était en 1976, à son arrivée, il est aujourd’hui jardinier en chef et, sans doute, le plus connu des « doigts verts » français.

Il est heureux de le faire remarquer lorsque l’on pénètre dans son bureau: Alain Baraton vit dans la maison qu’occupait Molière lorsqu’il venait à Versailles, près du Grand Trianon et de ses marbres roses. Une maison nichée au milieu du parc qu’il connaît comme sa poche et où, chaque jour, l’actuel maître des lieux se balade avec Pym, son berger allemand.
On a beau être responsable du jardin le plus prestigieux de France, avec une centaine de personnes sous ses ordres, on n’en reste pas moins jardinier. Une profession qu’Alain Baraton défend avec fougue: « Le jardinier est considéré, avec un certain dédain, comme le paysan de la ville. Ce sont ceux que l’on n’invite pas dans les salons. Nous ne devons pas accepter cela. Cet état de « valet », nous le devons à Le Nôtre, concepteur des jardins du château, sous Louis XIV. Je le soupçonne d’avoir été servile. Il était urbaniste des parcs du roi, il aménageait l’espace, il avait du talent, du génie, même, mais il n’était pas vraiment jardinier! »
Alain Baraton est sans doute l’un des jardiniers les plus connus de France. Son titre, pompeux de « jardinier en chef du Domaine National de Trianon et du Grand Parc de Versailles », ne lui monte pas à la tête: « Vous savez, tailler un rosier ici ou dans les parcs de Genève se fait exactement de la même façon! ». Aujourd’hui rendu populaire par ses livres et l’émission de radio très écoutée dans laquelle ce pourfendeur de la langue de bois intervient le week-end sur France Inter, il n’avait pourtant pas de vocation à la base, lui non plus.

« Je suis né à Versailles… »
Lorsqu’il était enfant, dans sa famille, il était surnommé « La Bouse ». Une manière maladroite, pour ses parents, de s’adresser au cinquième de leurs sept enfants. « Mes frères et sœurs suivaient tous des études intellectuelles. Moi, je n’avais pas de don particulier. Finalement, je suis devenu jardinier. Je suis véritablement né à Versailles, en 1976, lorsque j’ai commencé à y travailler. Je posais beaucoup de questions. Jusqu’alors, les professionnels travaillaient d’une certaine manière, parce que leurs prédécesseurs le faisaient ainsi avant eux. De mon côté, j’avais besoin de comprendre. »
Au fil du temps, l’apprenti a gravi les échelons, jusqu’à devenir aujourd’hui responsable de la présentation, de l’entretien, de l’amélioration et de la conservation de ce haut lieu historique et touristique. La tâche est vaste. Et a connu quelques moments dramatiques.

Noël catastrophe
Le 26 décembre 1999, la tempête qui ravage l’Europe occidentale n’épargne pas le domaine royal. 18’500 arbres sont arrachés par le vent, 40’000 autres seront abattus par la suite. Un champ de bataille pathétique où, parmi les victimes végétales, figurent des sujets dont l’importance historique était indéniable. Comme l’immense tulipier de Virginie, provenant des anciennes pépinières royales. Sa taille de 30 mètres et sa circonférence de plus de trois mètres ne l’ont pas protégé: il n’a pas survécu. Ce spectacle de désolation émeut les foules, relayé par Alain Baraton qui, cette fois, sort de sa réserve pour faire appel aux médias. La survie du parc en dépend.
Huit ans plus tard, 300’000 arbres ont été replantés à Versailles. Le parc ne ressemble plus à ce qu’il était avant la tempête, mais le Roi Soleil serait content… « Les lieux ressemblent davantage à ce que le roi lui-même a connu à l’époque. Nous avons tenu compte de l’expérience de cette catastrophe naturelle pour replanter différemment. Avant la tempête, il y avait beaucoup d’ormes, dont une grande partie avait été décimée par des maladies. Aujourd’hui, nous avons multiplié les essences, pour mieux résister aux maladies. L’arbre le plus fréquent du parc est le marronnier. Ils ont été introduits au 17e siecle en Europe, et Versailles a été l’un des premiers lieux à en planter. Ils vieillissent mal, cassent facilement, mais ils apportent une atmosphère d’authenticité historique au parc. Nous avons également beaucoup de tilleuls, de hêtres. Je ne supporte pas la perfection. C’est pourquoi, au milieu des alignements de hêtres de même couleur, j’ai systématiquement planté un hêtre pourpre. Pour casser cette perfection… la signature du jardinier! J’apprécie tout particulièrement les lieux en automne. Les couleurs, l’ambiance sont magnifiques… »

Conseils à travers le monde
Alain Baraton ne se contente pas de veiller sur Versailles. Ecrivain, photographe, il a déjà publié huit livres. Disponible, lorsque quelqu’un lui demande de se déplacer, y compris à l’étranger, pour obtenir son avis sur un arbre vieux et beau, il se rend sur place, ne se faisant rembourser que ses frais de voyage. Ainsi, il est souvent en Suisse, dans la région de Genève,où il rend visite à des propriétaires en quête de bons conseils. Il distille aussi son expérience et son savoir en Chine où, sur un domaine de 300 hectares, un particulier a décidé de faire construire la réplique du château de Maison-Lafitte, entouré de jardins à la française.

« Mon jardin à moi? »

Mais, au fait, lorsque l’on est responsable d’un parc de 840 hectares, a-t-on encore envie d’avoir son propre jardin? « Oui! J’en ai deux. Ici, au sein du domaine, j’ai 1000 m2, entouré de murs très élevés, tapissés d’arbres fruitiers. Au début, c’était un jardin potager et d’agrément. À présent, c’est une grande pelouse. J’adore y lire ou y dormir. J’ai sans doute le jardin le moins bien entretenu du département, alors qu’il pourrait être, si je le voulais, le plus beau de France! J’en ai un autre, dans ma maison, sur l’île d’Oléron. À Versailles, j’aime les parcelles sur lesquelles nous avons mis des moutons, tondeuses à gazon écologiques. Je voudrais aussi réintroduire le cheval, ne fut-ce que pour le vidage des poubelles, qui deviendrait ainsi un spectacle en lui-même. Rendre le parc encore plus vivant. Ce n’est pas encore accepté, mais je ne désespère pas! »

Martine Bernier

+ D’INFOS

- « Le Jardinier de Versailles », Alain Baraton, Grasset
- « Le jardin de Versailles vu par Alain Baraton » (200 photos de A. Baraton), Ed. Hugo Image.
- Émission « Le Plantiste », samedi et dimanche de 7h45 à 8h00, France Inter.

Feu Pif Gadget

24 janvier, 2009

Il y a moins d’un mois, sur une autoroute française, alors que nous nous étions arrêtés dans une station-service, nos regards s’attardaient sur le rayon librairie et revues de la boutique. Il m’a montré le « Pif Gadget », et nous avons été revisiter nos souvenirs teintés de haricots sauteurs et autres gadgets aussi amusants qu’improbables.

Aussi, hier, lorsque j’ai lu dans les journaux que Pif Gadget était mort, j’ai eu un pincement au coeur.
Il s’en va dans un barouds d’honneur final: une machine à faire des oeufs carré proposée dans le dernier numéro de novembre 2008.
Un futur collector…
Le numéro 54 ne verra donc jamais le jour: le Tribunal de Commerce de Bobigny a placé en liquidation judiciaire la société Pif Editions qui avait lancé ce magazine pour la jeunesse en 1969.

Comment peut-on être triste de la disparition d’un magazine… que l’on avait le droit de lire, en prime, pour ma part, que lorsque l’on était malade ou à l’hôpital?

C’est ainsi… il y avait le plaisir de lire les BD avec Hercule, le chat irritant, et Pif, le chien sympa. Et puis, il y avait LE gadget, que l’on gardait comme une friandise, pour la fin.
J’aimais bien savoir que, au pays de l’ipod et de la Wii, de grands enfants continuaient à proposer des jouets d’un autre âge.

Impossible de laisser partir nos vieux héros sans leur dire au-revoir.