Archive pour le 26 janvier, 2009

Jean-Pierre Coffe: « C’est en Suisse que j’ai formé mes goûts »

26 janvier, 2009

Comme Alain a raconté les coulisses de l’interview, dont je comptais « sortir » deux articles distincts, voici le deuxième texte, en rapport avec son récit… Souvenirs, souvenirs!

Ardent pourfendeur de la « malbouffe », Jean-Pierre Coffe se bat depuis toujours afin de rendre leurs lettres de noblesse aux bons produits du terroir. Rencontre, à Paris, avec un homme de cœur.

À la sortie des studios de RTL où il vient de terminer l’enregistrement de l’émission « Les Grosses Têtes », Jean-Pierre Coffe est là, ponctuel au rendez-vous fixé. Une élégance sans artifices, et des lunettes dotées d’énormes montures bleues, signent le personnage. C’est dans un petit restaurant chaleureux que ce chantre de la nourriture saine et néanmoins goûteuse confie: « Mes premiers souvenirs me viennent de Suisse. Je suis né à Lunéville, en 1938. Mon père a été tué à la guerre. Ma petite enfance a été très difficile. Après la guerre, la Croix-Rouge Suisse a invité des orphelins dans votre pays. J’y suis allé, dans la famille Fleury, à St-Ursanne. Là, je vivais dans une ferme, où il y avait tous les animaux que l’on trouve dans une vraie ferme: des vaches, des cochons, des chevaux, des poules, des lapins etc. Je m’y suis senti tellement bien que j’ai fait semblant d’être malade pour pouvoir revenir. J’ai passé presque deux ans chez eux. C’est là que mon goût pour les bonnes choses s’est formé. Aujourd’hui encore, je défends les bons vins suisses. Certains sont délicieux. En règle générale, je préfère le vin blanc. La Suisse a un rôle prépondérant dans l’évolution du vignoble savoyard. Il s’était un peu laissé aller et, lorsque les Suisses se sont mis à produire du bon vin, les Savoyards ont pris peur et se sont repris en main. »

Homme de cœur et de combats

Tout en parlant, l’homme jette un regard dans l’assiette de son voisin. Celui-ci a laissé de côté le gras de son jambon cru. Réaction immédiate et navrée: « Mais… vous avez laissé le meilleur! C’est de la bonne graisse… de la graisse animale! Tenez, goûtez cette tranche de saucisson… »
De Jean-Pierre Coffe, on connaît les combats contre l’agriculture intensive et la malbouffe, ses engagements pour l’enseignement du civisme et du goût à l’école, ou la réhabilitation des marchés et des petits commerces, son indignation face aux aberrations culinaires et autres de notre société. Le réduire à ses coups de gueule serait pourtant lui faire injure. Pudique, l’homme est un homme de cœur. Un vrai. Le public l’ignore souvent, mais c’est lui qui, à la fin des années 60, a créé l’association « Grands-mères au pair » destinée à placer des personnes âgées dans des familles pendant les vacances. Allant jusqu’à investir ses propres deniers dans l’aventure, pour prendre le relais du Ministère des affaires sociales. Sept mille personnes ont ainsi pu partir grâce à lui.
Le complice de Michel Drucker est ainsi: une personnalité forte et bouillante, mais une véritable tendresse et un respect des autres, un sens de l’écoute, une générosité discrète. Alerté par un prisonnier sur la mauvaise qualité de la nourriture dans les prisons, il s’est déplacé pour vérifier l’information sur place et consacrer une émission au sujet. L’écouter parler, avec son langage direct, de l’univers sordide de ces détenus dont l’espoir s’arrête aux murs de leur prison, est édifiant…

« Faites simple! »

Cet homme kaléidoscope est un écrivain prolifique. Il a écrit 37 livres, essentiellement consacrés à la cuisine et au jardin. Son dernier ouvrage « La véritable histoire des jardins de Versailles » montre de lui une passionnante facette d’érudition.
Entre deux ouvrages et deux émissions de radio ou de télévision, lorsqu’il se retrouve chez lui, en dehors de Paris, Jean-Pierre Coffe aime toujours s’occuper de son jardin. Il s’agit d’un potager d’un hectare qu’il a confié aux bons soins d’un jardinier, mais dont il assume la taille. Il cuisine également, des plats conviviaux, pour sa famille et ses amis. « J’adore les plats qui mijotent, comme la blanquette. Il faut conseiller aux maîtresses de maison de ne jamais servir un menu qu’elles n’ont pas eu l’occasion d’essayer auparavant. Il faut toujours proposer des plats avec lesquels on se sent parfaitement à l’aise, pour être sûr de les réussir. »

Martine Bernier

Et pour Noël, M. Coffe?

Cette année, à Noël, comme le voyage à Madagascar qu’il espérait entreprendre a dû être déplacé, Jean-Pierre Coffe recevra chez lui « les chiens perdus sans colliers ». « Je préparerai le plat le plus simple, de la blanquette de veau ou du bœuf bourguignon. Ils m’évitent de devoir passer mon temps en cuisine, je peux rester avec mes invités. Et, en dessert, je servirai, comme chaque année, une charlotte aux pommes. Des tranches fines de pommes, que vous disposez dans un moule à charlotte, bien tassées. Toutes les quatre ou cinq couches, vous mettez du caramel blond et de la cannelle. Vous remplissez jusqu’en haut. Puis vous la mettez à cuire 1h30 au bain marie et, ensuite, 1h30 au four avant de démouler. C’est un régal ».
À écouter ce fin gourmet détailler sa recette, on le croit sur parole…. À en avoir envie de faire partie, pour Noël, des chiens perdus sans collier.

DEGUSTATION IMPROVISEE

Impossible de rendre visite à Jean-Pierre Coffe en arrivant les mains vides. Dans les miennes: trois fromages typiquement suisses et deux vins, qu’il a dégustés dans une atmosphère de quasi recueillement, humant chaque produit avant de le goûter.
Son verdict:
- Vacherin fribourgeois: « C’est un fromage magnifique, très riche, très onctueux, avec un très beau gras. Il est parfumé, avec une réelle richesse aromatique, un goût herbacé très frais. »
- Etivaz: « Celui-ci est vraiment très bon! Le grain de sel commence à remonter. Il n’est pas salé, mais son goût est incroyablement riche. C’est là que l’on peut constater l’importance de la nourriture consommée par les vaches. Le fromage, comme le lait qui sont produits ensuite sont d’une qualité incomparable. »
- Gruyère mi-salé: (soupir d’aise…)  » Il a un petit goût d’étable très particulier… Délicieux… Sa texture est beaucoup plus fine. L’apparition du sel est plus marquée. »
- Dezaley Médinette 2006, Domaine Louis Bovard: « J’adore les vins blancs. Celui-ci a une belle concentration. Il se marie parfaitement avec le fromage. C’est un vin de convivialité. J’aime beaucoup… »

L’envers du décor de l’interview de JP COFFE

26 janvier, 2009

Avec l’autorisation de Martine, je vous livre l’envers du décor de l’interview de Coffe….

On a tous rêvé de ça, un peu voyeurs, pouvoir rencontrer des personnalités. Martine me donne ce privilège.

Donc, nous nous sommes retrouvés devant RTL, bien en avance à attendre Mr Coffe qui nous avait donné rendez vous dans une de ses cantines parisiennes.

Pour l’événement, Martine avait demandé à un photographe de venir immortaliser la chose. Nous allons apprendre à nos dépends, que le bougre était à la photographie ce que M. Ripolin était à l’Impressionnisme.

Le bougre arrive, et nous dit aller installer son matériel dans le restaurant. Nous attendons sagement la fin de l’enregistrement des « Grosses Têtes » pour accueillir M. Coffe.

L’homme arrive, élégant avec une prestance naturelle et ses lunettes en hublot. Salutations d’usage et nous entrons dans la salle et … Horreur !! L’affreux nous avait fait un mini studio avec projecteurs et tout et tout. Coffe pique une colère contrôlée… Martine panique. Je calme tout le monde et demande à notre Picasso numérique de tout démonter. A l’ère du numérique être ainsi au bout du rouleau….

Nous arrivons à calmer notre hôte. Une fois à table, nouveau drame, il demande qui veut partager avec lui un verre de vin blanc. Martine ne boit pas, notre picturiste refuse également. Et là, je vois se poser sur moi deux regards de cockers tristes… Martine d’abord qui m’appelle au secours, se disant que son interview commence à être titaniquesque et ….JP Coffe semblant me dire « s’il te plaît… accepte! »

Nous trinquons donc avec chacun notre verre de Chablis et quelques tartines de rillettes.

JP Coffe nous fixe les règles du jeu, on mange d’abord et on fait l’interview et les photos ensuite et d’un geste auguste, il fait signe au patron de remettre une tournée de Chablis.

Et il commence à nous parler. Quel homme délicieux, d’une sensibilité, d’une tendresse loin des jetés de jambons de Canal +. Il nous parle de la bouffe dans les prisons, l’orphelinat qu’il parraine à Madagascar, son combat pour le pain de qualité, ses vacances pour les grand mères.

Et nous n’avons plus de Chablis !! Hop, sitôt dit, les verres sont à nouveau pleins.

Voici le moment de la commande. Coffe lance adroitement les suggestions vers le menu « chasseur ». Martine mange très peu, elle prend une entrée, notre photomatronche une assiette de jambon. Nouveau regard en ma direction, il semble me dire « ne me fais pas honte… » Donc je commande le menu chasseur.

Avec une bouteille de Bandol, précise-t-il au serveur !

Nous continuons notre discussion. Je suis toujours aussi surpris de cet homme, quelle richesse de coeur et d’âme. Et notre photographe commet une nouvelle bévue, il met de côté soigneusement le gras de son jambon.

Je suis au régime, précise-t-il.

Coffe et moi en choeur: « Mais tu es fou !! C’est le meilleur, tout le goût est là !! »

Nous nous regardons l’oeil qui commence à rire un peu.

Martine arrive à glisser quelques questions, les plats arrivent mais nous n’avons plus de Bandol !

Hop, une nouvelle bouteille, il me remplit mon verre avec un coup d’oeil sur le triste hère qui est à ses côtés.

Nous passons un moment de complicité merveilleux tout en simplicité un vrai bonheur.

Arrive le moment du reportage proprement dit. Martine voulait faire une surprise et avait amené de son Helvétie deux flacons de vins et quelques fromages.

Notre maniaque de l’instamatique nous fait le grand jeu… Il dégage la table des assiettes et des verres et se met à shooter, un vrai Zidane du reflex !!

Bon le souci, c’était de déguster des fromages avec les doigts et du vin à la bouteille maintenant.

J’arrive à récupérer deux verres, deux assiettes et un couteau.
Et M. Coffe reprend son rôle de professionnel, humant longuement le fromage, goûtant le vin, commentant, complimentant avec délicatesse. J’essaie de le suivre. Je plonge mon nez dans le verre et je suis un peu déçu, le vin suisse n’a pas beaucoup d’arômes… Il me faudra quelques longues minutes pour me rendre compte que je humais un verre d’eau. Les effets secondaires du Bandol !

Nouveau trait de caractère de JP Coffe, la générosité ! Il me fait signe et me dit en désignant le personnel et le patron du restaurant :

Fais leur goûter! partage ! Donne-leur un  morceau !

Il doit nous quitter, l’enregistrement de « Vivement Dimanche » l’attend.

Il nous invite…décidement, merci Monsieur.

Il prend son grand manteau son chapeau, nous fait un signe de la main et disparait…

Pendant que Martine fait le point avec le photographe qui a visiblement du mal à le faire aussi, je partage quelques moments avec le patron du restaurant.

Le dimanche suivant, je regarde Vivement Dimanche. Mr Coffe est là, très pro, calé dans le canapé avec parfois l’oeil perdu dans le lointain… Peut-être pense-t-il à un voyage entre Chablis, Bandol et la Suisse ??

Merci M. Coffe pour ce moment, un peu court mais quel régal…

 

Alain.

 

Sept Vies: Will Smith, bluffant

26 janvier, 2009

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Hier soir, direction cinéma pour aller voir « Sept Vies », de Gabriele Muccino.

Objectivement, le thème de la rédemption qui y est développé est évidemment mélodramatique.
Le spectateur doit s’accrocher, au départ, pour comprendre quel genre de démarche entreprend Ben Thomas, joué par Will Smith, qui semble rechercher « des gens bien », sans trop que nous comprenions son but et ses motivations.
Ceux-ci se dévoilent au fur et à mesure du film, monté comme un puzzle très prenant.
Dès le départ, le personnage de Ben intrigue, interpelle.

Et c’est l’un des atouts majeurs du film: Will Smith y est magistral, attachant.
Aux Etats-Unis, la critique n’a pas fait de cadeau au film, inclassable, naviguant entre romance et drame humain.
Les uns le portent aux nues, les autres le démolissent.
Pour ma part, j’ai aimé, beaucoup aimé.
Le film est inclassable, oui. Et alors?
L’inattendu n’est-il pas une bonne surprise lorsqu’il est de bonne qualité?
Et Will Smith continue à s’imposer comme l’un des meilleurs acteurs de sa génération.

M.

Michel Klein: Le combat de l’avocat des Bêtes

26 janvier, 2009

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Michel Klein est l’un des vétérinaires les plus connus et les plus médiatisés au monde. Aujourd’hui à la retraite, il continue à défendre la cause animale, comme il nous l’a expliqué chez lui, dans son domicile parisien.

À travers le monde, le docteur Michel Klein est connu pour être un vétérinaire précurseur, ayant fait évoluer sa profession. Notamment en matière d’anesthésie et de techniques chirurgicales sur les animaux des zoos, mais aussi sur le plan de la connaissance du comportement animal. Dès les années 1950, il a collaboré avec la télévision française, présentant dans ses émissions des animaux dits sauvages, lors de directs parfois mouvementés, spécialement dans le fameux « Club Dorothée », sur TF1. Lui qui est l’un des créateurs du parc de Thoiry, la première réserve africaine du monde, a fréquenté les zoos et les cirques les plus connus et les personnalités les plus célèbres.
Dans son appartement parisien, c’est un homme souriant et chaleureux qui nous reçoit, en compagnie de sa chienne, Isis. Toujours très concerné par la cause animale, celui qui a sorti récemment le livre « L’avocat des bêtes », est généreux de ses souvenirs…
« Chez moi, j’ai toujours eu des chiens et des chats. Actuellement, le règne du chien est ralenti. En France, le nombre de chats dépasse celui des chiens. Non pas à cause de la polémique sur les chiens dangereux, mais simplement en raison de leurs conditions de vie, qui représentent une contrainte. Il faut les sortir, s’en occuper, et cela ne correspond pas à ce que la plupart des personnes peuvent ou veulent assumer. C’est ressenti comme une corvée. De plus, contrairement à la Suisse où vous êtes bien organisés sur ce plan, il n’existe pas, à Paris, de distributeurs de sachets pour ramasser les excréments de chiens. La ville est donc souillée, ce qui est mal perçu par rapport à la présence du chien. Quant aux chats, ils sont en phases avec la vie moderne, ils ne la compliquent pas, ne la surchargent pas, ils peuvent rester seuls. »

Les NAC ne remplacent pas les chiens

Selon le docteur Klein, l’animal familier a conquis un espace au sein des familles, même monoparentales. Les enfants qui sont en déficit de tendresse réclament instinctivement un animal. Leur présence calme et apaise les anxiétés. Le rapport de l’homme aux animaux a énormément changé depuis qu’il a commencé à exercer sa profession, à la fin des années 1940. En revenant sur ses premières années de pratique, il se souvient qu’à l’époque, il était assez rare d’avoir un animal de compagnie. Les chiens et les chats étaient alors tenus pour quantité négligeable. Seules les personnes âgées et les chasseurs en possédaient.
L’un des grands changements enregistrés au cours de ces dernières années aura été l’arrivée des NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) dans les foyers. Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, ce spécialiste des fauves, des ours et des animaux sauvages n’est pas choqué par le phénomène. Il observe d’un œil bienveillant le fait que nous soyons attirés par toutes sortes d’animaux. Pour lui, c’est le contact avec les animaux qui est important. « Pour ma part, je n’utilise pas le mot « sauvages » à leur propos. Je dis simplement que ces animaux ne devraient pas dépendre de l’homme. Les animaux sont bien moins sauvages que les hommes, Il n’y a pas d’assassins parmi eux. Toutes les Bêtes en captivité, ainsi que les NAC sont les ambassadeurs de leur espèce auprès de nous. Les chiens nous ont aidés à vivre et à survivre depuis les temps les plus anciens. Les Nacs , de même que tous les animaux de compagnie nous aident en tant que thérapie sur le plan psychoaffectif!  »

Toujours en combat

Aujourd’hui, le docteur Klein participe toujours à une émission de radio locale, et reste actif dans le monde animal. Il n’a rien perdu de son amour des animaux, de cette communication étonnante qu’il semble partager avec eux, ni de sa fougue lorsqu’il s’agit de leur venir en aide. Notamment à propos d’une cause qu’il a toujours défendue: « Se débarrasser de son chien ou le faire piquer avant de partir en vacances est une chose inadmissible et abominable que je ne peux accepter. Je ne supporte ni la cruauté, ni l’indifférence envers les bêtes. Donc, je réagis. »

CRI D’ALARME

Depuis plus de trente ans, le docteur Klein attire l’attention sur un phénomène inquiétant: l’homme prend toute la place sur la planète, au détriment des espèces animales. Or, affirme-t-il, si les animaux disparaissent, cela signera la mort de l’Homme. « Nous savons que si, sur un territoire déterminé, une espèce prolifère, les autres sont obligées de céder la place. Mais celle qui se retrouve seule finit par disparaître. Nous nous sommes accaparés la planète, et la disparition des nombreuses espèces animales alors que l’espèce dite humaine prolifère d’une façon exponentielle, nous fait courir droit dans le mur. Je pose ce diagnostic clinique mais, malheureusement, il n’est pas facile de proposer de solution thérapeutique… »
Pour lui, la question est très simple: comment trouver un équilibre biologique dans l’écosystème planétaire, où chacun puisse trouver une place vitale acceptable?

Martine Bernier

En savoir plus:

- « L’avocat des bêtes », Docteur Michel Klein, Editions Anne Carrière, collection Document.

Le jardin des Arts de Léonard Gianadda

26 janvier, 2009

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Il existe des hommes que l’on admire plus que d’autres. Dans mon panthéon à moi, il y a Léonard Gianadda. C’est grâce à lui que le Valais et la ville de Martigny (CH) en particulier disposent d’une rayonnance culturelle particulière. Depuis qu’il a ouvert la Fondation Gianadda, les expositions des peintres les plus prestigieux s’y sont succédées. Où que l’on aille dans le monde, les proches de l’Art connaissent la Fondation et saluent unanimement sa valeur. Il a fallu un courage et une ténacité prodigieux à Léonard Gianadda pour arriver à ce résultat. Il en a la dimension: sa forte personnalité lumineuse et explosive, et la passion qui l’anime sont deux de ses atouts majeurs.
Le parc qui entoure les lieux possède trois forces. Ses arbres, ses sculptures et la passion protectrice de l’homme qui l’a conçu. Visite au cœur d’un univers hors du temps.

« Ce jardin, c’est ma danseuse, mon dada! »
Léonard Gianadda, prestigieux créateur de la Fondation Pierre Gianadda, à Martigny n’aime pas donner d’interviews, disait-il lorsque je l’ai rencontré. Sauf pour parler du jardin de sculptures qui entoure le musée. Au milieu de ses arbres et de ses œuvres d’art, il est heureux. Tout simplement.

Pour les fidèles des lieux, la visite du parc est un rituel immuable. Après avoir découvert, à l’intérieur de la Fondation, les œuvres accrochées lors des expositions temporaires, ils terminent la visite par une promenade dans le parc, où des sculptures de Rodin, César, Segal, Dubuffet et bien d’autres se partagent la vedette avec les arbres du jardin.
Celui-ci est né en 1982, du désir de son propriétaire. « La plupart des musées suisse se trouvent au cœur des villes, et ne disposent pas de parc, observe Léonard Gianadda. Comme la Fondation ne possède pas de collections de peinture permanente, j’ai pensé que je pouvais apporter un atout supplémentaire en créant ce jardin de sculptures. »
Chose dite, chose faite. N’étant pas homme à confier à d’autres le soin de réaliser ses projets, il en dessine les plans, fait tracer à la chaux les limites des parterres, des chemins et des plans d’eau. Puis il grimpe sur la route du col des Planches surplombant les lieux et fait corriger, par téléphone, les traits indiqués, afin d’en peaufiner l’harmonie. Il fait amener de la terre pour modeler le terrain comme il le souhaite. Ses efforts aboutissent à la création d’un univers épousant parfaitement le relief de la région. Et dégageant une sensation de douceur et de bien-être à laquelle aucun visiteur n’est insensible.

Mariage entre art et nature
Pour le maître des lieux, le défi est simple. Il est impossible de monter une exposition avec dix tableaux. Mais il peut concevoir un parc séduisant avec le même nombre de sculptures.
Dès que sa décision est prise, il arrête d’acheter des toiles pour sa collection personnelle, leur préférant la sculpture dont il souhaite faire profiter le plus grand nombre. Ce qui lui permet de reconnaître avec satisfaction que « notre parc est aujourd’hui représentatif de la sculpture mondiale du 20 XXe. Il acquiert des œuvres de sculpteurs du monde entier. Et je prétends qu’il est le plus beau de Suisse tout en figurant parmi les principaux d’Europe. » Léonard Gianadda ne s’encombre pas de fausse modestie. Il aurait d’ailleurs tort de le faire. Le parc est réellement un endroit particulier, serein et porteur d’émotions dues au mariage des arbres et des œuvres exposées.

Les 7000 m2, construction comprise, dont il disposait au départ, ont augmenté au fil des années. Aujourd’hui, est quatre fois plus importante, et comprend le parking. Tout n’a pourtant pas été facile. Léonard Gianadda reconnaît que « les arbres mettent trois ou quatre ans à ne pas crever! Puis ils réfléchissent encore quelques années pour savoir s’ils vont pousser. C’est très long. Ils hésitent… »

Poésie sous un saule
Découvrir ou redécouvrir le parc au côté de son créateur est un régal. Du verger de départ qui habitait ici autrefois, il ne reste deux poiriers, trois cerisiers et une douzaine d’abricotiers. Les autres arbres, trop anciens, ont péri de leur belle mort. Mais les abricotiers restants donnent des fruits au goût de miel, gorgés de soleil. En passant, le maître des lieux secoue un arbre, en fait tomber des abricots qu’il fait goûter et déguste lui-même avec un visible contentement. Plus loin, il montre le saule pleureur qui caresse le « Sein » de César, offrant un tableau vivant, troublant de poésie. Cèdres, magnolias, épicéas, érable du Japon, pin parasol, figuiers, tilleuls… les arbres sont ici tellement beaux que l’on ne sait plus qui des œuvres ou des végétaux servent d’écrin aux autres.
Trois points d’eau apportent une note de fraîcheur très appréciée des visiteurs comme des canards. Même si le renard et la fouine les guettent d’un œil gourmand. Les colverts, mandarins et autres plongeurs restent fidèles à ce havre de paix sur lequel veille la blanche « Femme avec des lunettes de soleil, sur un banc public » de George Segal. Les sculptures sont fondues dans le paysage, rendant parfaitement naturelle la présence des « Moutons transhumants » de François Lalanne ou des « Baigneurs » de Niki de Saint-Phalle.
Dans cet endroit magique, l’Art fusionne avec la nature, apportant une vague de bien-être à ceux qui en profitent. Et ils sont nombreux. Tous les soirs durant l’été, le parc est ouvert gratuitement par beau temps. Car le mécène a beau avoir la réputation de posséder un caractère bouillonnant, c’est aussi et surtout un homme généreux, qui aime faire partager ses passions. Son humour et son indépendance d’esprit se révèlent d’ailleurs à travers des détails insolites. Ici, les pancartes indiquent qu’il est permis de marcher sur les pelouses. Contrairement à partout ailleurs.

Martine Bernier

Matthieu Nassif, l’Homme-Cheval

26 janvier, 2009

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Les Hommes Chevaux sont des athlètes à part entière, dont la discipline, insolite, est méconnue. Parmi eux, l’un des plus célèbres s’appelle Matthieu Nassif, 28 ans, recordman du monde 2000 du saut d’obstacle hippique… sans monture!

Dans son quartier de Paris, tout le monde connaît et salue Matthieu Nassif. Mais sa notoriété dépasse largement les frontières de la ville. Dans les milieux hippiques du monde entier, il est connu sous le nom de « L’Homme-Cheval ».
Cavalier brillant depuis sa plus tendre enfance, c’est pourtant sans sa monture qu’il a commencé à se bâtir une réputation. « Dès notre plus tendre enfance, avec mes frères Guillaume et Julien, nous nous sommes entraînés, chez nous, à sauter sans cheval les parcours hippiques, comme le font beaucoup de cavaliers. Nous avions récupéré une dizaine d’obstacles cassés et nous avions reconstitué un parcours complet… Nous sautions, proposions de faux programmes avec de faux sponsors, un jury, un règlement, et nous galopions comme des chevaux. Puis nous avons commencé à nous produire en public, au début sans y être invités. Nous nous sommes faits souvent éconduire, jusqu’au jour où, en 1995, un journaliste de Canal + nous a vus et nous a consacré un reportage, diffusé ensuite dans la Nuit du Zapping.  »

Purs athlètes

Matthieu crée alors le concept et le spectacle de l’Homme cheval, dans lequel il se produit seul dans un premier temps, puis avec ses frères. Le bouche-à-oreille fonctionne, et le milieu hippique, européen puis international, les réclament lors des manifestations les plus prestigieuses. A chaque fois, la réaction du public est identique. Dans un premier temps, il apprécie surtout le côté insolite du spectacle, l’originalité des costumes et de la chorégraphie. Puis il est pris par la performance physique, et finit le plus souvent debout, à applaudir les athlètes.
« Nous enchaînons quinze obstacles en environ deux minutes, précise Matthieu, alors qu’en championnat, les sportifs exécutent sept sauts avec, à chaque fois, six à sept minutes de récupération entre deux. C’est une discipline exigeante, très intense, que les spectateurs apprécient.  »

De 2001 à 2006, les trois frères donnent jusqu’à quinze spectacles par an. Aujourd’hui, Matthieu, riche de sa réputation se produit le plus souvent seul. Chacun de ses passages est un événement. Bardé de diplômes, ce garçon de 28 ans au regard d’enfant, à la gentillesse légendaire et à l’intelligence fine est un sportif accompli. Homologué en l’an 2000 au Guiness des Records avec un saut de 1,73 mètres considéré comme le record du monde de sa discipline, il continue à se produire en spectacle avec les élèves de l’école qu’il a créée en 2006: la « Horse Man School ». Tout en expliquant qu’il n’a pas de problèmes de dos ou d’articulation, il souligne pourtant le fait qu’arrivé à son âge, il sera bientôt en fin de carrière. Reste à voir si la relève sera dignement assurée. Avec un professeurs de cette qualité, elle ne devrait pas poser trop de problèmes…

Martine Bernier

En savoir plus:

Le site de l’Homme cheval: http://www.takavoir.com/
Horse Man School: 0033 6 22 72 18 25

Derib: En osmose avec la nature et les chevaux

26 janvier, 2009

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Derib est le dessinateur de Yakari, de Buddy Longway, de Red Road et de nombreux autres personnages de bandes dessinées apprécié autant des enfants que des adultes. Dans sa maison de la Tour-de-Peilz (Suisse), il vit au plus près de ses convictions et de la nature qui est, pour lui, une source d’inspiration constante.

« Mon premier dessin, lorsque j’avais 5 ans, représentait un cavalier. Je suis allé le montrer à mon père qui m’a demandé ce que c’était. Cela m’a horriblement vexé! »
Les chevaux, Derib les aime depuis sa plus tendre enfance. Le papa de Yakari, de Buddy Longway et de Red Road, était un garçonnet lorsqu’il a commencé à les dessiner en les observant alors qu’ils étaient au pré. Il les attirait avec des poignées de dents de lion « non polluées », précise-t-il.
Plus tard, vers l’âge de 18 ans, il a accepté de décorer le manège de Villars, dans les Alpes vaudoises, contre des cours d’équitation. Quelques mois à peine après avoir appris à se tenir plus ou moins en selle, il était chargé d’apprendre à monter à de nouveaux élèves. Une expérience audacieuse pour laquelle il était rémunéré 50 centimes par élève.
Les animaux, Claude de Ribaupierre les aime tous. Parmi eux, le bison l’a marqué profondément. « Je devais avoir six ou sept ans quand j’ai reçu, pour Noël, l’un des plus cadeaux de mon enfance, se souvient-il. Il s’agissait d’un bison en terre cuite. Je l’ai toujours. Pour moi, c’est un animal mythique, Il a une stature très particulière. Et c’est lui qui a fait vivre les indiens. »
A travers Yakari, petit personnage qui apprend aux enfants le respect de la nature qui les entoure, il a donné vie à des animaux aussi variés que l’aigle, le castor ou le loup. Avec ce dernier, il a partagé une expérience unique. De passage au Gévaudan, il a eu l’occasion de visiter la réserve de loups. « J’ai pu rentrer dans le parc et dessiner les loups qui se trouvaient tout près de moi, raconte-t-il. Le regard de cet animal est poignant. Il dégage une grande tristesse, de la détresse et de la nostalgie. On dirait qu’il vient du plus profond des âges… »
Parmi les animaux domestiques, Derib voue une affection profonde au chat qu’il considère comme l’animal le plus adapté à la civilisation, tout en ayant conservé sa liberté. La famille de Ribaupierre connaît bien les chats. Elle en possède trois, et vient de perdre, en décembre, le quatrième p âgé de tous, à vingt ans.
Mais c’est bien le cheval qui a marqué et marque toujours la vie de Derib. Dans ses deux albums, ils sont omniprésents.
Une fois qu’il a appris à monter, Derib a chevauché durant plus de trente ans. Il a également adopté quelques chevaux, mais à chaque fois dans le but de les sauver de la boucherie. Comme le premier pur-sang qu’il a acquis, Darky. « Il avait eu les tendons antérieurs claqués, ce qui le condamnait à une mort certaine. Nous l’avons acheté et soigné. Il a guéri, et a même participé à d’autres courses, en amateur, qu’il a gagnées! »
Au fil du temps, le cavalier a fait plusieurs chutes violentes. Depuis une douzaine d’années, il n’éprouve plus le besoin de monter, mais voit toujours des chevaux chaque jour. Chez eux, il aime leur générosité. « Sans chevaux, notre civilisation n’existerait pas, rappelle-t-il. Ils ont été très mal utilisés et sacrifiés pendant les différentes guerres. Mais ils nous ont permis de conquérir le monde. Je trouve que nous ne les respectons pas assez. Nous n’avons pas une relation proportionnelle à ce qu’ils nous ont donné. Nos chevaux, surtout en compétition, sont exploités. Ils mériteraient mieux aujourd’hui. De plus, à mes yeux, esthétiquement, c’est un des plus beaux animaux. »
L’amour de Derib pour la nature ne se limite pas aux chevaux ou aux animaux. Même s’il est ému de voir un oiseau ou un chat se livrer à « leur petit boulot d’oiseau ou de chat, malgré les orages, malgré tout ce qui peut venir entraver leur quotidien. Ce sont de grands exemples ».

La montagne fait également partie de ses lieux de prédilection. De l’âge de trois mois à quatre ans, il a vécu chaque été au-dessus de 2000 mètres. « J’ai des souvenirs de rochers et d’herbes desséchées, explique-t-il. Je me sens très bien au Glacier de Ferpècle. J’ai eu la Dent Blanche devant les yeux pendant quatre ans. C’est un peu ma montagne. Même si j’aime le lac et le Gramont, je suis moins touché par l’environnement d’un jardin que par celui de la montagne. Là-haut, un endroit a été baptisé le Petit Paradis. Lorsque mon père était encore en vie, nous y allions au moins trois mois par an, en famille. A présent, nous y retournons régulièrement, mais pour une journée seulement. »

A travers le dessin, Derib entraîne les lecteurs à travers des aventures toujours imprégnées de nature sauvage ou complice.
Et il le reconnaît volontiers: son métier est révélateur de la personne qu’il est vraiment…

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Cuillères, verrines, petites bouchées

26 janvier, 2009

Un élément majeur a tendance à me décourager lorsque je franchis le seuil de la cuisine: que prévoir dans les assiettes?
La mode est aux verrines, cuillères et autres bouchées. Il était donc normal de m’aventurer dans ce monde inconnu pour moi…
Histoire de saupoudrer vos buffets, apéritifs entrées et autres mignardises d’un zeste d’exotisme et de dépaysement, le pâtissier Benoît Moulin, formé notamment chez Gaston Lenôtre, a concocté 66 recettes originales ou « classiques revisités ».
Le tout apporte un souffle bienvenu de nouveauté appétissante et colorée.

« Cuillères, verrines, petites bouchées », Benoît Molin, Ed. France Loisirs

200 recettes simplissimes

26 janvier, 2009

En cuisine, il y a ceux qui savent et ceux qui ne savent pas.
Je fais très clairement partie de la deuxième catégorie.
Aussi, lorsqu’un livre de recettes veut faire son entrée dans ma bibliothèque, doit-il répondre à certains critères.
Il doit proposer des menus originaux, simples et réalisables par n’importe qui, y compris par les moins doués d’entre nous, dont je fais partie.
Mission impossible? Non. Certains livres relèvent plutôt bien le défi.

Parmi eux: « 200 recettes simplissimes ».
Le titre ne pouvait que m’interpeller.
Le contenu tient ses promesses.
La cuisine proposée est réalisée selon des produits de saisons, elle est légère et saine, expliquée de façon claire à travers des pages rehaussées de photos.
Pour les cuisiniers et les cuisinières apprenti(e)s, le cas n’es pas désespéré!

« 200 recettes simplissimes » Jim Dupleix, France Loisirs