Archive pour le 30 janvier, 2009

Sur les traces du Grand Meaulnes

30 janvier, 2009

Les amoureux du roman d’Alain-Fournier sont légions à partir chaque année sur les traces du héros imaginaire. Ils ont raison. En cherchant bien, il est possible de retrouver les lieux décrits dans le livre mythique.

« Il arriva chez nous un dimanche de 189… »
C’est par cette phrase qu’Alain-Fournier a entraîné des générations de lecteurs dans l’univers fascinant de son héros, le Grand Meaulnes. La Sologne où il est né et où il a situé l’intrigue de son roman continue, près de cent ans après sa mort, à rendre un hommage discret à cet écrivain figurant aujourd’hui encore parmi les auteurs les plus traduits dans le monde.
Chaque année, des milliers de passionnés partent sur les traces d’Alain-Fournier et du Grand Maulnes. Tous recherchent l’atmosphère étrange et magique du roman. Avec une question sur toutes les lèvres: les lieux qui y sont décrits existent-ils vraiment? Expérience faite, la réponse est oui.

ENTRE REVE ET REALITE

Le pèlerinage menant sur les traces du Grand Meaulnes mêle constamment la fiction à la réalité. Il débute en plein cœur de La Chapelle d’Angillon. Ici, l’auteur est partout. Sa maison natale, toujours entretenue et fleurie, est installée en bordure de route et signalée par une plaque cuivrée. Le nom de l’écrivain, tombé à la guerre, a été gravé sur le monument aux morts. Décrite dans le roman, la Mairie-école où ont enseigné ses parents, est elle aussi toujours debout.
Dans le même village, au château de la Chapelle d’Angillon, le Comte et la Comtesse d’Ogny sont les vestales de la mémoire de l’auteur. Dans leur demeure du 12e siècle, qui fut jusqu’à la Révolution française, le cœur du royaume indépendant de Boisbelle, ils ont aménagé le musée Alain-Fournier. Le château, son étonnante histoire et sa collection unique d’armes et de costumes d’Albanie, font l’objet de la première partie de la visite. Puis, après avoir emprunté un étroit escalier de pierre taillé dans les murs épais du château, les visiteurs pénètrent dans le musée. Ils y découvrent la vie et l’œuvre de ce jeune homme entré doublement dans la légende en raison de son talent et de sa fin prématurée. Les anecdotes et les commentaires savoureux du comte permettent de s’imprégner du symbolisme de l’œuvre et de l’attachante personnalité d’Alain-Fournier.

SITE DE LA FETE ETRANGE

À quelques kilomètres de là, sur la place de l’église de Nançay, le Grenier de Villâtre abrite le « Musée imaginaire du Grand Meaulnes ». Nichée au centre de cette splendide galerie d’art contemporain, une pièce minuscule propose une partie muséographique axée sur la parenté locale d’Alain-Fournier. Elle est enrichie par la présence de lithographies et d’un décor de Daniel Louradour, décorateur du film « Le Grand Meaulnes » de Gabriel Albicocco.
Dans le même village, le magasin de l’Oncle Florentin existe toujours, lui aussi.
Mais le lieu le plus chargé de mystère et d’émotion se trouve à 6 kilomètres à l’ouest de la Chapelle-d’Angillon. Envahie par les hautes herbes, perdue au milieu de nulle part, l’ancienne abbaye de Loroy a, dit-on, servi de modèle au « Domaine mystérieux » où a lieu la « Fête Etrange » du roman. Même si l’endroit est totalement abandonné, il dégage une atmosphère irréelle d’où il serait à peine surprenant de voir surgir Augustin Meaulnes en gilet de marquis…

Martine Bernier

Biographie

- 30 octobre 1886: naissance d’Henri Alban Fournier, à la Chapelle-d’Angillon (Cher).
- 1905: Celui qui prendra le pseudonyme d’Alain-Fournier rencontre Yvonne de Quièvrecourt. Cette rencontre pourtant furtive le marquera pour la vie. Et Yvonne deviendra l’héroïne de son livre.
- 1907: Le jeune auteur publie son premier essai, « Le Corps de la Femme », sous le pseudonyme d’Alain-Fournier, afin de ne pas être confondu avec un célèbre coureur automobile de l’époque, nomme Henry Fournier.
- 1913: Parution de son premier roman, « Le Grand Meaulnes ». Il remporte un succès immédiat.
- Début 1914: Alain-Fournier débute un second roman, « Colombe Blanchet », qui restera inachevé.
- Août 1914: Alain-Fournier est mobilisé dès la déclaration de guerre, et rejoint le front comme lieutenant d’infanterie.
- 22 septembre 1914: il est tué au sud de Verdun. Il n’avait pas encore vingt-huit ans. Porté disparu avec vingt de ses compagnons d’armes, son corps a été découvert dans une fosse commune où les Allemands l’avaient enterré. Il a été identifié en novembre 1991 et est inhumé dans le cimetière militaire de Saint-Rémy la Calonne (Meuse).

La pointe de la Torche. Avez-vous déjà pleuré de bonheur?

30 janvier, 2009

C’était l’an dernier, lors de notre premier voyage commun en Bretagne.
Il m’y emmenait pour mon anniversaire, sachant qu’il ne pourrait pas me faire plus plaisir.
Dans ce Finistère qui m’est si cher, il ne lui a pas fallu bien longtemps pour comprendre à quel point j’aime la côte.
Un jour, sans avoir l’air d’y toucher, alors que nous étions sur la route pour je ne sais plus quelle destination, il a pris une petite route secondaire.
Comme je m’étonnais que nous nous trouvions au milieu de nulle part, je lui ai demandé où nous allions.
Il m’a dit qu’il voulait visiter un site commercial, dans le cadre de son travail.
Plus nous avancions, moins j’arrivais à imaginer une grande surface dans un lieu aussi peu peuplé…
Mais cela ne me dérangeait absolument pas.

J’étais heureuse: il était là, l’ambiance était légère, et, dehors, s’étalaient presque à perte de vue, des champs de culture de jacinthes, de tulipes… des milliers de fleurs multicolores plantées en fonction des couleurs. C’était magnifique, sous le soleil du printemps…
Lorsqu’il a garé la voiture sur un parking que je sentais proche de la mer, et où il n’y avait pas la moindre trace de magasin, j’avais compris depuis un moment qu’il me faisait une surprise.
C’en était une de taille…
Il m’a entraînée vers le sable, nous avons marché un peu et… pour la première fois, j’ai vu la Pointe de la Torche.

C’était… comment dire? Saisissant de beauté.

La Torche est un haut lieu du surf, où les vagues peuvent atteindre trois mètres.
Il m’a expliqué les vagues, les courants, les baïnes…
J’étais comme une enfant sur le sable… le bruit de la mer, les goélands, le vent, cet endroit magnifique, les vagues en rouleaux énormes… et lui qui me souriait, si visiblement heureux de me rendre heureuse…
C’est idiot d’avoir envie de pleurer de reconnaissance, n’est-ce pas?
Verser des larmes de bonheur, cela ne m’était jamais arrivé avant de le connaître.
Depuis, ce n’est plus rare…

La dernière fois, c’était… hier!
Il m’a fait un double cadeau.
L’un des deux morceaux de ce cadeau étant que, dans à peine plus de huit jours, nous serons à nouveau ensemble à la Pointe de la Torche et à la Pointe du Raz.
Je n’ai jamais vu la Bretagne en hiver.
Ce sera l’une des innombrables « premières fois » que je vis avec lui avec, toujours ce bonheur d’être sur la même longueur d’onde, cette douceur de vivre, ce bien-être qui nous envahit tous les deux…
Il souriait en me disant, hier: « Et si, en plus, il y a la tempête… »
Il me connaît bien, sait mes fragilités, mes failles et mes passions.
Il sait donner du goût à la vie… la mienne a désormais un goût d’amour, de sel et d’embruns, grâce à lui…

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