Capharnaüm d’émotions… et Monique

Mon téléphone se met à vibrer alors que je mets la dernière main à l’édition de l’un des journaux dont je m’occupe, et que je dois livrer aujourd’hui, avant le grand départ.
C’est un sms.
Il provient de celle qui, dans mon coeur, est un peu ma mère.
Elle n’habite pas dans le même pays que moi.
Je suis en Suisse, bientôt en France. Elle est en Belgique, auprès de celui qui est mon deuxième père, frère du premier, trop tôt parti.

Elle m’envoie quelques mots pour me remercier pour ce blog, pour me dire qu’il m’a rapprochée d’elle et que c’est un sentiment merveilleux.
Elle me dit d’être heureuse et termine en mettant « je t’aime ».

J’étais dans article ardu, pour lequel j’avais momentanément abandonné mes cartons de déménagement.
Me voilà toute émue, à regarder mon téléphone avec le coeur tout imprégné de chaleur.

Elle s’appelle Monique.
Elle est la douceur et la gentillesse incarnées.
Elle est aussi blonde que ma mère était brune.
Leurs caractères ne se ressemblent pas.
J’ai toujours adoré son rire, son regard, cette façon qu’elle a de me serrer dans ses bras, de s’émouvoir facilement.
Elle a toujours été très belle, en dehors comme en dedans.
J’ai toujours admiré son goût, sa féminité, sa classe naturelle.
Je crois que nous avons tous dans le coeur un être à part, qui a une place, un rôle proche de celui de nos parents.
Pour moi, ce sont eux. C’est elle.
Ils arrivent à composer avec ma drôle de personnalité, mon indécrottable indépendance, mes coups de griffes, rares, mais bien là lorsque je me sens blessée.
Et ils m’acceptent, tout simplement… Je sais qu’ils sont là.

Je lui réponds, en me disant que je voudrais avoir le temps de lui écrire plus, plus longuement…
Je n’y arrive pas en ce moment, trop de choses à faire, à penser, trop d’émotions à gérer.
Mes derniers jours en Suisse, les derniers instants que j’arrive à piquer au temps, je les consacre à celui qui m’a accompagnée durant 16 ans.
Il y a tant de choses à dire, tant de sentiments à exprimer encore…

Une vie nouvelle m’attend, mais dans laquelle tous ceux que j’aime auront leur place… lui aussi. Lui surtout.

Dans trois jours, je serai sur la route qui me mènera vers l’homme que j’aime aujourd’hui.
Je suis si fatiguée que des rides ressemblant à des brûlures sont apparues sous mes yeux en une nuit.
J’ai du mal à penser, à me concentrer. Je m’efforce de mettre la dernière main à mon travail au mieux, de répondre à toutes les sollicitations, et elles sont nombreuses. De répondre à mes amis qui me demandent comment « je tiens le coup ».

Je tiens par ces petits sms qui me réchauffent le coeur, par ces témoignages d’amitié.
Je tiens par la tendresse, l’affection qu’il y a toujours entre celui qui reste en Suisse et moi… et qui me rassurent sur le fait qu’il ne quittera pas ma vie… je le supporterais très mal.

Je tiens grâce à mon Grand Homme qui est là, attentif, à 1000 km de moi, mais qui m’attend.
Il ne me le dit pas avec de grandes phrases. Il se contente de me le montrer par mille attentions douces, par des mots tendres.
Il sait que, lundi soir, lorsque je serai sur le parking de cet hôtel, à Bourges, je vivrai l’un des moments les plus durs de mon existence, mais aussi l’un des plus beaux.

Je ne savais pas que le bonheur était ainsi fait de chagrin et de joie.
J’ignorais que l’on pouvait avoir si mal et être aussi heureuse à la fois.

Je crois que je n’ai jamais autant appris que ces derniers mois.
Et c’est ce petit sms venu de Belgique qui me le fait comprendre encore un peu plus…
C’est bon de savoir qu’elle pense à moi…

Martine Bernier

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