Jour J-1…

Comme on se sent bizarre, à un jour d’une vie nouvelle, d’un grand départ…
Hier, les témoignages d’affection et d’amitié ont continué à arriver.
A tel point que, à un moment, je me suis demandé si j’étais bien encore en vie!

Pour l’instant, le plus dur est l’idée de la séparation avec Eric, bien sûr.
Par moments, nous nous arrêtons dans nos mises en cartons, simplement pour parler un peu, échanger une étreinte.
Depuis des semaines s’esquisse déjà le canevas de ce que sera notre nouvelle relation.
Pleine de tendresse, d’amitié, d’affection, de respect de l’Autre…

Il faut être très solide en soi-même pour ne pas craquer, au cours de ces jours difficiles.
A aucun moment, même si j’ai souvent peur, je n’oublie pourquoi je pars. Ou plutôt… pour qui.
C’est ce qui me sauve. L’idée qu’Alain m’attend.
Lorsque ce sera son tour de partir me rejoindre, je sais désormais par quel genre de sentiments et de douleur il passera.
Je serai là…

Cet après-midi, nous allons débrancher mes précieux ordinateurs et les préparer pour le voyage.
En principe, je ne pourrai pas me reconnecter avant vendredi ou samedi prochains.
Sauf peut-être par l’intermédiaire d’Alain et de son PC professionnel.
Avec un peu de chance pourrais-je écrire un petit texte sur ce blog depuis l’hôtel… je l’ignore encore.

Dans ce grand chambardement, ma chienne, Scotty, exprime son angoisse à sa façon.
Elle voit s’amonceler les cartons, se vider les meubles, et elle ne sait plus où se poser, elle qui aime tant sa tranquillité.
Hier, pour la deuxième fois cette semaine, je l’ai retrouvée dans la chambre à coucher, alors qu’elle sait que l’accès lui en est formellement interdit.
Roulée en boule sur le lit, douillettement blottie sur la couette (sacrilège!), elle faisait semblant de dormir, me guettant sous ses épais sourcils, en imaginant peut-être que je ne voyais pas son regard.
Elle m’a attendrie.
Elle aussi perçoit nos sentiments, elle sent qu’il va se passer quelque chose d’important.
Elle a toujours choisi Eric comme étant son maître. Et là, elle va devoir passer le reste de sa vie avec moi.
Cette vie va changer du tout au tout…
Autre décor, autre rythme…
Lorsque Alain sera en déplacement, nous avons prévu que je serais le plus souvent possible avec lui.
Je travaillerai pendant ses rendez-vous professionnels avec mon ordinateur portable.
Scotty sera avec nous. La voiture deviendra sa deuxième maison: nous y installerons un panier confortable.
Mais elle n’y restera jamais seule, je serai avec elle, ou elle avec nous.
En compensation, elle aura, à la maison, un grand jardin où elle pourra s’adonner à ses activités hyper intellectuelles de Scottish terrier: dormir, chasser les souris, manger…

La question continue à fuser lorsque l’on m’appelle en ce moment: « comment te sens-tu au moment de partir? »
Forcément pas très bien. Le stress et l’angoisse de la séparation provoquent des réactions physiques plus ou moins troublantes et brutales.
Il va falloir que l’équilibre, l’harmonie reviennent, autant pour moi que pour Eric, chacun de notre côté.
Et pour Alain, qui lui aussi vit un immense changement en me voyant arriver.
Et qui a vécu les trois dernières années avec autant de bonheur, mais aussi de douleurs que moi.
Nous allons devoir physiquement et moralement nous reconstruire, tous.

En me lisant, on pourrait penser que je ressens plus de douleur et de peur que de bonheur.
Ce n’est pas le cas, et c’est ce qui me sauve.
Je sais que je vais retrouver celui que j’aime depuis près de trois ans.
Je sais aussi, comme me le rappelait Eric, que je n’arrive plus à vivre sans lui, que son absence me brise.
Que, à chaque fois que nous nous quittons sur un quai de gare ou un hall d’aéroport, j’ai le coeur en miettes.
La dernière fois, c’était à l’aéroport de Nantes.
Au moment de me quitter, il m’a dit: « Courage… c’est la dernière fois… »
Comme tout homme qui se respecte, il a horreur des adieux.
Il m’a embrassée, s’est éloigné, s’est retourné… et est revenu m’embrasser en voyant mon regard de cocker triste.

J’ai toujours su, dès le début, que nous vivrions un jour ensemble.
Et j’ai toujours su que le chemin qui nous mènerait à ce résultat sera long et difficile.
Il m’a un jour dit qu’il le savait aussi…
Demain soir, j’aurai accompli ma part du chemin.
Il ne lui restera « plus qu’à » effectuer la sienne… dès qu’il en aura la force.

Martine Bernier

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