LES DIFFERENCES ENTRES LES HOMMES ET LES FEMMES: Le premier soir… Chapitre 9

Ce moment-là, j’en rêvais depuis presque trois ans…
Le moment où nous passerions notre première soirée dans notre maison.
Notre maison… Oui, bon, locataires peut-être, mais notre maison quand même.
J’ai déménagé il y a une semaine aujourd’hui.
J’ai tout quitté il y a exactement une semaine et demi.
Ca a été un moment très dur.
L’homme qui a vécu avec moi au cours de ces seize dernières années a été d’une élégance rare, me menant jusqu’à Bourges où m’attendait Alain. Nous nous sommes dit au-revoir sur le parking de l’hôtel.
Je suis restée trois minutes seule, avec mon chien perplexe et surexcité, regardant s’éloigner la voiture.
Vous comprendrez que je ne m’étende pas sur ce que j’ai ressenti…

Puis il est arrivé…
Différence entre homme et femme? Là, en l’occurrence, aucune.
Chacun essaie de faire au mieux.
Il a été parfait, comme l’a été Eric dans ces moments difficiles.
J’ai essayé de me maîtriser du mieux que j’ai pu. Dans ces moments-là, l’homme comme la femme essaient de faire bonne figure, de diffuser de la force à sa ou son partenaire…
Une force que, bien souvent, on ne ressent pas vraiment.
Mais on sait que si l’un des deux craque, c’est le binôme qui va sombrer.
Donc on se tient la main un peu plus fort…
J’étais un peu sonnée, je crois. Comme anesthésiée.
Il m’a fallu plusieurs jours pour réaliser que je ne reprendrais pas le train quelques jours plus tard… Je ne le comprends qu’aujourd’hui, alors que la maison ressemble de plus en plus au nid que je souhaitais lui offrir.

Pendant trois jours, nous avons rempli toutes les formalités nécessaires à l’emménagement d’une suissesse en France. Et il y en a.
Une suissesse, pensez donc! De véritables OVNI, ces spécimens là!
J’ai entendu plusieurs fois la remarque: « d’habitude c’est l’inverse, ce sont les Français qui s’installent en Suisse! ».
Voui. Et bien pas moi!

Il a été d’une patience d’ange et d’une efficacité redoutable. Très masculin dans le sens le plus noble du terme. Protecteur sans être étouffant. Totalement à la hauteur, partout à la fois, répondant à la fois au téléphone pour une connexion Internet et à la banquière alors que nous étions dans le bureau de celle-ci. Il était équilibriste, bicéphale, avait autant de bras que Shiva! Et il le fallait…
Car, même lorsque l’on arrive en pays francophone et théoriquement frère, je peux vous assurer qu’il existe une foule de détails différents autant dans le langage que dans le fonctionnement administratif d’un pays à l’autre.
C’était hilarant de le voir effectuer la traduction simultanée pour que je ne me sente pas complètement à l’Ouest et que mes interlocuteurs me comprennent. Tout cela s’est déroulé dans une ambiance complice, bon enfant. Moi au bord du rire, constamment, car toujours à réaliser que je suis parfois en grand décalage avec la réalité, et lui, à la fois très impliqué, très efficace, et amusé de voir mes réactions.

Le grand jour, jeudi dernier, est enfin arrivé. Etat des lieux, rencontre avec nos propriétaires, très sympathiques, et déménagement officiel. Pendant toute la journée, nous avons abattu un travail monstrueux. Comme il le dit, c’est fou ce que je peux avoir comme cartons. Environ 4000 livres, cela prend de la place…

Différence entre l’homme et la femme? Bis repetita: dans le cas présent, aucune. Au fur et à mesure que nous avançons dans notre connaissance de l’Autre, nous réalisons que nous fonctionnons de manière identique dans les gestes du quotidien. A ceci près que je suis souvent un peu lunaire et qu’il est dans le quotidien pratique comme il peut l’être dans sa profession: patient, mais convaincant, sachant exactement ce qu’il veut et capable de l’obtenir très vite.

Enfin est arrivée notre première soirée…
Plateau-repas au milieu des cartons… et douceur du premier moment de solitude à deux, dans notre maison. Un film un peu débile qui nous a détendus, puis l’intimité de notre chambre sentant encore les odeurs de colle et de peinture fraîche.
Malgré tout cela, cette nuit-là, pour la première fois depuis longtemps, il a dormi, vraiment dormi. Moi, j’étais en proie à tellement d’émotions que j’ai eu droit à un sommeil haché, mais heureux.
C’est sans doute un bonheur tout bête, de se réveiller à côté de l’homme que l’on aime, le matin. Pour moi, ce petit matin là a été très doux. Teinté de tristesse en pensant à l’homme et à la vie que j’ai quittés, oui. Mais profondément heureux.
Je ne peux pas lutter contre un sentiment aussi fort que celui qui m’unit à Alain. Quoi qu’il m’en a coûté, je sais que ma décision était la bonne.
Tout est simple, tout coule de source lorsque nous sommes ensemble. Un peu comme lorsque nous avons réalisé que nos pas s’accordaient parfaitement lorsque nous marchons ensemble dans Paris ou ailleurs.

Oui, de ce premier soir et de ce premier matin, j’avais rêvé… et je n’ai été déçue à aucun moment.
Reste à accomplir mon deuxième rêve, plus important encore. Il sait de quoi il s’agit…
Dans le cas présent, il n’y a strictement aucune différence entre l’homme et la femme, dans ces moments -là. Il y a juste deux êtres humains un peu émerveillés, simplement apaisés…
Je crois que nous étions aussi heureux l’un que l’autre de découvrir une fois de plus combien tout est simple et beau lorsque nous sommes ensemble…

Martine Bernier

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