Archive pour le 14 mars, 2009

Les magasins…

14 mars, 2009

Je pense être une femme dénaturée: je n’aime pas les grands magasins.
L’an dernier, j’avais calculé: je n’y avais mis le nez que quatre fois en un an.
J’avais la chance de partager ma vie avec un homme qui, lui, ne voyait pas d’inconvénients à parcourir les rayons.
Je l’avoue honteusement: j’en ai largement profité…

Pour moi, il y a deux types de grands magasins: ceux qui ne m’intéressent pas, et… les librairies…
Aaah, les librairies… mais ce n’est pas mon sujet, je m’égare.
Alain travaille pour une entreprise qui implante des magasins de bricolage.
C’est dire s’il connaît les lieux. Cela pouvait nous être utile…

Lorsque l’on déménage, il est bien connu qu’il faut s’équiper pour rendre la maison habitable.
Je suis donc arrivée très vite à la constatation que nous allions devoir affronter l’épreuve un jour ou l’autre.
Le plus tôt serait le mieux, avons-nous convenu…
Armés d’une liste longue comme le bras, Alain et moi sommes entrés dans l’antre de la débauche pécuniaire la veille de notre installation.
Il m’avait prévenu: les grandes surfaces, qu’il connaît pourtant nettement mieux que moi, lui font le même effet qu’à moi.
Elles l’ennuient. Ce n’était pas gagné…
Sachant que nous devions dénicher des articles d’électro ménager, des meubles, de l’alimentation etc… je me présentais un brin déprimée au départ de notre expédition.

D’entrée, il m’a dit: « J’aime ce qui est est fonctionnel, pratique. Pour les courses, c’est la même chose. Si tu es d’accord, nous prenons des choses simples, de bonne qualité et pas trop chères. Et nous faisons vite. »
O merveille… nous nous étions compris.

Nous entrons donc dans le premier haut lieu de la consommation de notre liste.
Le simple fait de me trouver à l’intérieur a le chic pour déchiqueter mon beau moral.
Dans cet amas de marchandises, comment trouver la perle? Et, surtout, comment comprendre le charabia des vendeurs?
A peine la quête commencée, les questions fusent:
« Vous voulez un lave-linge? Qui ouvre par le haut ou par un hublot dans la paroi? Combien de kilos de linge voulez-vous y mettre? Quelle marque? Et pour le sèche-linge, vous avez un trou dans le mur de la buanderie pour la condensation? Parce qu’autrement il faut prendre celui-ci qui… etc etc… La télévision, vous la voulez comment? »

Comment je la veux?! Saignante, tiens!! Et flûte!
Voyant mon désarroi, Alain a pris les choses en main.
Nous devons faire partie des rares clients à avoir acquis autant d’articles en aussi peu de temps.
Une efficacité rare, redoutable!
Tandis que je tentais de réprimer le fou rire qui me vient souvent dans les situations que je ressens comme loufoques, il écoutait d’une oreille qui semblait distraite, mais qui en fait ne l’était pas.
Quelques secondes d’explications plus tard, il arrêtait les vendeurs partis dans leur grand délire explicatif, pointait un doigt ferme vers un article, m’interrogeait au passage:
« Celui-ci te va? »
Trop contente d’être débarrassée de la corvée, j’opinais du bonnet, et hop, l’affaire était conclue.
Avec promesse que le Graal serait livré deux jours plus tard.

Est venu ensuite le passage obligé dans une grande surface vouée à l’alimentation, que je ne nommerai pas, mais dont le nom commence par L et finit par C.
A l’entrée, un immense panneau sur lequel étaient accrochés de curieux petits appareils a attiré notre attention.
Mon Grand Homme, décidément très cultivé, m’a expliqué que ces petits scanners permettaient aux client de scanner leurs emplettes eux-mêmes et de passer à la caisse en présentant simplement l’appareil et leur carte. Ils paient et, hop, l’affaire est réglée.
Simple formalité: ils doivent accepter le fait qu’ils peuvent être contrôlés de manière aléatoire. « Mais c’est rare », précise la préposée à l’accueil qui nous remplit les formalités.
Merveille!
Commissionner sans passer par la case « je-vide-le-caddy-je-pose-sur-le-tapis-roulant-et-je-stresse-à-mort-en-essayant-de-re-remplir-le-chariot-avant-que-ne-s’accumule-un-énorme-tas- de-marchandises-bloquant-la-file-sous-l’oeil-désapprobateur-des-clients-suivants. »

Nous recommençons donc l’épreuve… et pas des moindres…
Il faut penser à tout, ce qui n’est pas possible…
Alors que la liste n’est pas tout à fait complétée, nous posons les armes, fatigués.
Nous reviendrons…
Et c’est d’un pas confiant que nous nous dirigeons vers la caisse spéciale scann, nantis d’un caddy débordant, et heureux de savoir qu’il ne faudra que deux minutes pour passer ce cap et payer.

C’était compter sans la « vérification aléatoire ».
Comme par hasard, elle est tombée sur nous.
Il faut dire que c’était la première fois que nous faisions joujou avec la petite machine, et que la facture était salée…
il fallait donc – aléatoirement, bien sûr-, vérifier si ces clients n’étaient pas de vilains pas beaux, de la famille des Paboulés.
Et nous voilà à vider le chariot, déconfits, et à le re remplir un mètre plus loin.
Miracle pour les deux distraits que nous sommes: le total annoncé par nos soins correspond exactement à celui trouvé par la caissière.
Nous n’avons oublié de scanner aucun article!
Examen de passage réussi, certificat d’honnêteté et de concentration décroché haut la main!!

Pour me récompenser, voyant mon état de décrépitude avancée, mon Tendre m’emmène à l’autre bout du parking.
Il me montre là un grand bâtiment blanc sur lequel est écrit: Espace Culturel.
Je le contemple d’un oeil torve.
Fatiguée… pas trop le coeur d’aller écouter une conférence sur la vie sexuelle des fourmis en Alaska…
Je le suis pourtant… et là, miracle absolu: l’Espace en question est une sorte de FNAC!
Des livres… des livres partout!!!!
Alleluia!!!

Vous imaginez que je me suis laissée aller à une débauche de dépenses livresques?
Et bien non.
Il faut dire que, les jours suivants, j’allais devoir ranger les quelques 4000 ou 4500 livres que j’avais emmenés avec moi.
Cela calme.

Martine Bernier