La cuisine

Depuis seize ans, je n’avais plus approché une casserole, si n’est pour y humer un fumet.
Et avant lesdits 16 ans, il faut bien reconnaître que mes expériences culinaires n’avaient pas été follement concluantes.
Même si je n’avais empoisonné personne, certaines casseroles n’avaient pas survécu à mes élans inventifs.
Nourris à mes plats, les estomacs de mes garçons étaient en revanche formés à supporter la plus pitoyable des tambouilles.

C’est dire si ce jeudi soir était un grand moment pour moi… et pour Alain qui allait goûter à ce qu’il est convenu d’appeler « ma cuisine ».

Il devait arriver tard, après avoir passé deux jours en réunion à Paris.
Je guettais donc son arrivée dans la soirée…
Lorsque j’ai vu les phares briller dans la nuit, et la voiture se garer devant la garage, j’ai eu le coeur en joie.
Je suis sortie l’accueillir, heureuse. Mais, avouons-le, un peu inquiète.
Lucide, je savais que mon exercice gastronomique n’était pas franchement convaincant.
Je me demandais comment il allait juger mes efforts un peu désespérés.
Pour me faire pardonner, j’avais dressé une table sympathique. Mais cela allait-il suffire à atténuer le choc?

Il fallait bien y aller…
Un peu mal à l’aise, je lui ai présenté mon « oeuvre ».
A la base: gésiers de volailles avec pommes de terre rissolées et sauce au roquefort.
L’enfance de l’art, allez-vous dire.
Et bien non.
J’utilisais pour la première fois la cuisinière avec ces plaques très pratiques qui chauffent à toute vitesse mais qu’il faut apprivoiser.

Bref: mes pommes de terre n’avaient de rissolées que le nom, l’ensemble ressemblant à une semi-bouillie, certes goûteuse, mais parfaitement imprésentable!
Il a mangé sans ciller, me faisant juste remarquer que j’aurais éventuellement pu mettre un peu de sel et que je pourrais nourrir un régiment avec ce que j’avais préparé.

Je l’ai regardé, prête à assumer la sentence.
- Ce n’est pas terrible, n’est-ce pas…?
- Si, c’est bon! Tu dois juste penser à saler un peu.
- Tu te moques de moi?
- Non, pourquoi?
- Mais… ça ne ressemble à rien!
- Peut-être, mais c’est bon.
- A la base, les pommes de terre devaient être rissolées…
- Oui, mais nous avons peut-être acheté des pommes de terre qui n’étaient pas faites pour cela.

Le lendemain midi, je réchauffe le reste du plat, déjà un peu plus rissolé. Deux jours pour obtenir une pomme de terre dorée, il fallait oser!!!
Après le repas, il me rassure:
- Tu n’es pas une mauvaise cuisinière. C’était bon!
- Bizarre mais bon!
- Ca viendra, tu verras…

Moralité? Si ce n’est pas de l’amour, ça…

Martine

2 Réponses à “La cuisine”

  1. Yann dit :

    Rien a dire juste très trés drôle mais j’éspère avoir le droit une fois à tes fameuses glaces au chocolat maison maman!!!

  2. pmpqxtoc dit :

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