Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 10. Le fromage
21 mars, 2009L’homme que j’aime est un épicurien doublé d’un fin gourmet.
Il aime les bons produits, les recettes simples mais savoureuses, la convivialité de l’instant… et voue une tendresse particulière à Jean-Pierre Coffe dont il adhère totalement aux idées.
Hier, alors que nous en étions à la page « corvée emplettes », il m’a entraînée vers le rayon des fromages à la coupe.
D’un côté, vous avez la réaction (interne, je n’en ai pas pipé mot) de la femme, devant cet amas de merveilles… et la montagne de cholestérol qu’il représente.
Tenaillée entre le désir et la raison, j’ai opté pour le désir, misant sur le fait que nous serions raisonnables.
La « ligne » étant une notion qui nous est sortie de l’esprit depuis pas mal d’années déjà (du moins dans mon cas), il faut cependant songer à certains soucis de santé qui font partie de son quotidien et qui m’inquiètent un peu.
Donc, un minimum de sagesse s’imposait.
Lui, largement au-dessus de mon épaule (oui, il est toujours aussi grand…), me décrivait les pâtes dures alléchantes qui minaudaient devant nous, et m’en vantaient les mérites.
Nous avons donc opté pour un choix de cantals, mimolette trrrrrrèèèès vieille et un ou deux autres dont je n’ai pas retenu le nom.
Parachevant l’oeuvre avec des fleurs de Tête de Moine, histoire de rendre hommage à la Suisse qui m’a accueillie et nourrie si longtemps, et avec de la mozzarella de buflonne, afin de nous donner bonne conscience.
De retour chez nous, après avoir vidé la voiture pleine à craquer (oui, installer une maison demande du temps et des investissements…), nous nous sommes partagé les tâches, religieusement.
En clair, j’ai coupé les tomates (ah, je bénis l’inventeur du coupe-tomates-en-tranches !!!) tandis qu’il les disposait artistiquement sur un plat, intercalant entre elles les tranches de mozzarelle.
Nous avons pique-niqué, activité que nous adorons partager.
Avouons-le, l’entrée a déjà recueilli nos suffrages.
Mais est enfin venu le moment tant attendu de goûter la panoplie fromagère…
Aaaah…
L’Homme, lorsqu’il vit un grand moment de gastronomie (oui, manger un morceau de fromage de haute qualité est AUSSI un grand moment de gastronomie! Les connaisseurs me comprendront!), ne s’embarrasse pas de savoir si sa tension est trop haute, si les battements de son coeur sont trop rapides ou si son taux de cholestérol est alarmant.
Il savoure, un point c’est tout.
On ne gâche pas un tel moment avec des broutilles.
La Femme, comme je l’ai expliqué plus haut, est tenaillée entre l’envie et la culpabilité.
Lui pas.
Lorsqu’il m’a préparé un minuscule morceau de pain frais et croustillant avec une « lichette » (comme il dit) de beurre salé surmontée d’une autre « lichette » de cantal, j’ai su que j’allais vivre un grand moment.
Et ce fut le cas.
Quand ‘il s’apprête à me faire goûter quelque chose qu’il sait être excellent, il a au fond des yeux une petite lueur ravie que j’adore.
Une lueur qui, à elle toute seule, me dit: « Tu vas voir ce que tu vas voir… »
Pendant que je goûte, il me couve d’un regard tout à fait spécial, fier de voir que ma réaction est à la hauteur de ses espérances, et que j’ai compris son choix.
Là, ce fut le cas.
Nom d’un chat, que les fromages français sont bons!!!
Heu: sont « aussi » bons! Parce que cela ne remet évidemment pas en cause la qualité du fromage suisse!
D’ailleurs, ceux qui n’ont pas encore goûté l’Etivaz ou le gruyère salé feraient bien de réparer cette lacune presto s’ils ne veulent pas mourir en passant à côté de chef-d’oeuvres…
Nous avons été d’une sagesse exemplaire.
Nous n’avons pris que des doses homéopathiques de ces merveilles.
Histoire de pouvoir recommencer!
Ca a l’air tout bête: partager un repas pain-fromage, à deux, avec des fous rires et des mines gourmandes…
Mais cela fait aussi partie du bonheur, tout bêtement…
Martine Bernier