Archive pour mars, 2009

Les différences entre les hommes et les femmes. Chapitre 10. Le fromage

21 mars, 2009

L’homme que j’aime est un épicurien doublé d’un fin gourmet.
Il aime les bons produits, les recettes simples mais savoureuses, la convivialité de l’instant… et voue une tendresse particulière à Jean-Pierre Coffe dont il adhère totalement aux idées.

Hier, alors que nous en étions à la page « corvée emplettes », il m’a entraînée vers le rayon des fromages à la coupe.

D’un côté, vous avez la réaction (interne, je n’en ai pas pipé mot) de la femme, devant cet amas de merveilles… et la montagne de cholestérol qu’il représente.
Tenaillée entre le désir et la raison, j’ai opté pour le désir, misant sur le fait que nous serions raisonnables.
La « ligne » étant une notion qui nous est sortie de l’esprit depuis pas mal d’années déjà (du moins dans mon cas), il faut cependant songer à certains soucis de santé qui font partie de son quotidien et qui m’inquiètent un peu.
Donc, un minimum de sagesse s’imposait.

Lui, largement au-dessus de mon épaule (oui, il est toujours aussi grand…), me décrivait les pâtes dures alléchantes qui minaudaient devant nous, et m’en vantaient les mérites.
Nous avons donc opté pour un choix de cantals, mimolette trrrrrrèèèès vieille et un ou deux autres dont je n’ai pas retenu le nom.
Parachevant l’oeuvre avec des fleurs de Tête de Moine, histoire de rendre hommage à la Suisse qui m’a accueillie et nourrie si longtemps, et avec de la mozzarella de buflonne, afin de nous donner bonne conscience.

De retour chez nous, après avoir vidé la voiture pleine à craquer (oui, installer une maison demande du temps et des investissements…), nous nous sommes partagé les tâches, religieusement.
En clair, j’ai coupé les tomates (ah, je bénis l’inventeur du coupe-tomates-en-tranches !!!) tandis qu’il les disposait artistiquement sur un plat, intercalant entre elles les tranches de mozzarelle.

Nous avons pique-niqué, activité que nous adorons partager.
Avouons-le, l’entrée a déjà recueilli nos suffrages.
Mais est enfin venu le moment tant attendu de goûter la panoplie fromagère…
Aaaah…

L’Homme, lorsqu’il vit un grand moment de gastronomie (oui, manger un morceau de fromage de haute qualité est AUSSI un grand moment de gastronomie! Les connaisseurs me comprendront!), ne s’embarrasse pas de savoir si sa tension est trop haute, si les battements de son coeur sont trop rapides ou si son taux de cholestérol est alarmant.
Il savoure, un point c’est tout.
On ne gâche pas un tel moment avec des broutilles.

La Femme, comme je l’ai expliqué plus haut, est tenaillée entre l’envie et la culpabilité.
Lui pas.
Lorsqu’il m’a préparé un minuscule morceau de pain frais et croustillant avec une « lichette » (comme il dit) de beurre salé surmontée d’une autre « lichette » de cantal, j’ai su que j’allais vivre un grand moment.
Et ce fut le cas.

Quand ‘il s’apprête à me faire goûter quelque chose qu’il sait être excellent, il a au fond des yeux une petite lueur ravie que j’adore.
Une lueur qui, à elle toute seule, me dit: « Tu vas voir ce que tu vas voir… »
Pendant que je goûte, il me couve d’un regard tout à fait spécial, fier de voir que ma réaction est à la hauteur de ses espérances, et que j’ai compris son choix.
Là, ce fut le cas.
Nom d’un chat, que les fromages français sont bons!!!
Heu: sont « aussi » bons! Parce que cela ne remet évidemment pas en cause la qualité du fromage suisse!
D’ailleurs, ceux qui n’ont pas encore goûté l’Etivaz ou le gruyère salé feraient bien de réparer cette lacune presto s’ils ne veulent pas mourir en passant à côté de chef-d’oeuvres…

Nous avons été d’une sagesse exemplaire.
Nous n’avons pris que des doses homéopathiques de ces merveilles.
Histoire de pouvoir recommencer!

Ca a l’air tout bête: partager un repas pain-fromage, à deux, avec des fous rires et des mines gourmandes…
Mais cela fait aussi partie du bonheur, tout bêtement…

Martine Bernier

Crocodile opéré, jumeaux protégés par leur ADN et 27 ans de prison pour rien…

20 mars, 2009

Dans le genre insolite, on ne fait guère mieux…
Ce matin, en écoutant les nouvelles, entre grèves et grogne nationale viennent se loger trois news qui m’interpellent.

Dans le désordre:

- En Allemagne, un homme a été arrêté, soupçonné d’un cambriolage spectaculaire de bijoux dans un grand magasin. Mais, au moment de vérifier son ADN, coup de théâtre, celui-ci correspond à deux hommes. Le suspect a en effet un frère jumeau. Et comme il est impossible aux enquêteurs de déterminer lequel des deux frères était sur place au moment des faits…. ils ont été obligés de les relâcher tous les deux. L’un des deux a clairement pris part au vol, mais impossible de préciser lequel…

- Autre pays, autre histoire d’ADN. En Angleterre, Sean Hodgson, 57 ans, a été relâché après avoir purgé 27 ans de prison pour le crime d’une jeune femme dont il a été innocenté après analyse ADN… 27 ans de prison pour rien…

- Des chirurgiens ont opéré un crocodile, en Floride. La pauvre petite bêbête s’était fait écraser par une voiture. La « gueule » écrabouillée (oui, on dit « gueule » pour un croco, ce n’est pas un gros mot!)… c’est ballot, pour un crocodile. plus moyen de croquer quoi ou qui que ce soit.
Donc, ses anges gardiens l’ont réparé à grands renforts de fixations métalliques qui lui donnent un vague air de ressemblance avec un Robocop sur pattes.

Moralité… Si l’on prenait autant de soin à vérifier la culpabilité des hommes que l’on en met à soigner les crocodiles, les prisons seraient peut-être un chouillat moins peuplées…

Martine Bernier

La nouvelle vie…

19 mars, 2009

Très exactement deux semaines après avoir emménagé dans mon nouveau pays, dans ma nouvelle maison, dans ma nouvelle vie, les questions que l’on me pose continuent à fuser.
Toutes portent sur ce que je ressens (« es-tu heureuse? »), sur mon choix (« regrettes-tu ou pas? »), sur mon présent (« comment vis-tu? »), sur mon avenir (« va-t-il enfin te rejoindre pour de bon? »).
Comment répondre avec précision? Pas simple…

Non, je ne regrette pas. Pour mille raisons.
Je vois désormais l’homme que j’aime beaucoup plus régulièrement.
Il est auprès de moi plusieurs fois par semaine.
Et quand il est là… je suis infiniment heureuse, je respire enfin…
Nous apprenons à nous connaître dans le quotidien.
Dès qu’il est là, tout est simple, limpide…

De plus, je n’ai pas le coeur déchiré comme beaucoup pourraient l’avoir à ma place.
Pourquoi? Pour une raison toute simple.
Une relation très belle s’est mise en place avec celui dont j’ai partagé la vie pendant 16 ans.
Nous nous parlons chaque jour, nous inquiétons l’un de l’autre, nous soutenons.
Et, me sachant seule pour mon anniversaire, à Pâques, il fera le voyage pour être là ce jour-là.
C’est une chance inouïe de réussir à terminer un mariage dans ces conditions, et de démarrer une relation aussi forte et aussi belle.
Je lui suis infiniment reconnaissante…

Ma vie ici est douce.
Je travaille beaucoup, pour terminer un livre que j’ai promis de livrer, et pour boucler le journal et les articles que j’ai à faire.
Parce que je n’ai pas à penser à 300 000 choses à la fois et que je ne suis pas dérangée sans cesse pour des détails, j’écris mieux, plus efficacement.
Et la première relecture des deux premiers tiers de mon livre par d’autres que moi me vaut des échos très positifs…
Lorsque ce livre sera terminé, je me mettrai enfin à écrire celui que j’ai envie de rédiger depuis longtemps, mais que j’ai toujours repoussé par manque de temps.

Mes enfants et mes amis de Suisse m’appellent, me font savoir qu’ils sont là, qu’ils vont venir me voir.
C’est précieux…

Le plus souvent, je suis apaisée, heureuse.

Et puis, parce que la vie n’est pas toujours aussi simple qu’on le souhaiterait, il y a les moments plus durs.
Parce que l’homme que j’aime n’a pas encore fait le pas de me rejoindre définitivement.
Pourquoi mentir? C’est évidemment une souffrance.
Pour lui comme pour moi.
Il arrive que je sois plus fragile, terriblement angoissée, par exemple, à l’idée que, bientôt, je ne le verrai pas pendant 10 jours.
Il m’arrive d’avoir très peur, d’avoir très mal.
Je le voudrais là, toujours…
Je ne serai vraiment bien que lorsque ce sera le cas.

Certains, moins fins que d’autres, m’expriment leurs craintes à ce sujet.
Ils ne le connaissent pas. L’inconnu fait peur. On prête plus facilement de mauvaises intentions à un homme que l’on n’a jamais rencontré.

Personne ne peut rien dire ou faire pour retirer ce poids que j’ai sur le coeur, hormis lui.
Je viens de passer par où il faudra qu’il passe.
Je sais combien c’est dur.
Il dit souvent que je suis plus solide que lui.
C’est faux.
Je savais simplement que je respirerais mieux en vivant dans la transparence.
Et c’est le cas.
A ceci près que lui ne l’est pas encore…

Voilà pourquoi j’ai tellement de mal à parler de tout cela.
Parce que je ne supporte pas que l’on juge, que l’on donne son avis sur une situation que personne d’autre que nous ne connaît vraiment.
Oui, je voudrais arriver très vite au jour où il viendra me dire qu’il est là pour ne plus repartir.
Mais cela ne dépend de personne d’autre que lui… et l’avis de chacun n’y changera rien.

En attendant, quand cela ne va pas, je me réfugie à l’Hôpital des Oiseaux Blessés, qui se cache au fond de moi.
Et j’attends…

M.B.

Pico Bogue: le retour attendu!

18 mars, 2009

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Vous avez aimé le premier tome des aventures de Pico Bogue?
Vous allez adorer le deuxième.
Pas besoin d’avoir lu le premier pour comprendre le suivant.
Composé de petites scènes hilarantes tirées du quotidien, l’ouvrage est plus que jamais renversant de drôlerie et de finesse.

Pour mémoire, Pico est un petit garçon vif d’esprit et tendre.
Il vit heureux entre ses parents et sa petite soeur, Ana Ana, aussi piquante que lui.
Tous deux ont des réflexions à désarmer le plus féru des orateurs, des raisonnements parfaitement imparables, et une façon bien à eux de saupoudrer la vie de petites phrases de tendresse et d’humour.

Avec ce deuxième album, la scénariste Dominique Roques et son fils le dessinateur Alexis Dormal confirment leur talent et cette étincelle de génie née de leur complicité.
L’une écrit des perles que l’autre met en aquarelle, tous deux avec une dextérité efficace.

Inconditionnelle, je suis! Et j’attends le troisième avec une impatience croissante…

M.B.

Pico Bogue, tome 2: « Situations critiques »
Roques et Dormal, Edition Dargaud.

Thomas Dutronc: une merveille de guitariste…

18 mars, 2009

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Oui, bien sûr, il a un physique de jeune premier, un regard aussi fascinant que celui de son père, un charme aussi ravageur que celui de sa mère…
Comme il doit en avoir assez de ces références constantes à sa prestigieuse filiation, le fiston.
Fiston qui, soit dit en passant, a quand même 34 ans…
Il serait peut-être temps de le regarder pour ce qu’il est vraiment.

Car Thomas Dutronc, c’est aussi et surtout un musicien époustouflant, un guitariste de la lignée de Django Reinhardt.
Sa musique, c’est celle des roulottes et des gens du voyage.
Ces notes venues d’on ne sait où, construite au fil des voyages et des émotions, à la fois haletantes et ciselées, il se les ai appropriées.
Il joue divinement, nous harponne au bout d’une arpège, d’un accord plaqué que l’on a à peine le temps de percevoir qu’il est déjà parti voleter ailleurs.
Il file son chemin sans se préoccuper des modes.
Et ça lui a réussi.
En février 2009, « Comme un manouche sans guitare » a décroché la Victoire de la Musique de la chanson originale.
Il le mérite.

Par son parcours et sa personnalité, il me fait penser à Sacha Distel, que j’avais eu la chance de rencontrer à Leysin.
Deux hommes au charme fou, que l’on aurait eu tendance à enfermer dans des carcans de préjugés.
Mais surtout deux musiciens pétris de talent, éblouissants.

Martine Bernier

L’amitié sur le net

17 mars, 2009

On entend souvent pis que pendre d’Internet et des mauvaises rencontres que l’on risque d’y faire.
Pour avoir travaillé longtemps sur un sujet concernant la sécurité des enfants et des adolescents sur la Toile, je ne minimise pas le danger..

Simplement, Internet réserve aussi parfois de belles surprises.
C’est lui qui m’a fait connaître l’homme que j’aime.

C’est lui qui me permet de rester en contact quotidien avec ceux que j’ai laissés en Suisse.

C’est aussi lui qui a fait se poser sur ma vie un papillon rare.
Depuis peu s’entrouvre pour moi le chemin d’une nouvelle amitié.
Elle s’appelle Doris, a mon âge, et vit quelque part en Suisse alémanique.
C’est Facebook et un attachement commun aux chats qui nous a rapprochées.
Je l’ai entraînée sur les traces de ce fameux Bec-en-Sabot, oiseau mythique que j’aime tant.
Elle m’a appris la Corse où elle se sent chez elle…

Doucement, sur la pointe des pieds, je découvre peu à peu une femme pétrie de délicatesse, d’intelligence et de sensibilité.
Nous savons peu de choses l’une de l’autre, mais nous avons l’impression de nous connaître depuis toujours.
Nous nous racontons au fil des jours.
Moi à travers écriplume, elle dans les messages qu’elle m’adresse, et qu’elle a la gentillesse d’écrire en français alors qu’il ne s’agit pas de sa langue maternelle.
Doris est un cadeau…
Je guette ses messages, je me réjouis de la lire.
Une amitié de femme, très belle que j’espère voir s’épanouir…

Hier, suite à l’article écrit sur les frères siamois, elle m’a adressé un petit mot, me parlant de Macha et Dacha, deux soeurs, siamoises, elles aussi.
Elle m’a recopié un extrait d’un article qui leur a été consacré:

« Macha et Dacha Krivoshliapova ont cinquante ans. Elles n’ont jamais vécu l’une sans l’autre. Elles n’ont connu que les murs sombres des hôpitaux soviétiques, les cloisons de « chambres cellules » d’internats pour handicapés ou cette petite chambre d’un hospice pour personnes âgées au sud de Moscou où elles survivent aujourd’hui tant bien que mal.
C’est dans cette « Maison des Seniors n° 6″, anciennement dévolue aux vieux cadres de l’Armée rouge, que nous avons retrouvé Macha et Dacha, en septembre 2000, et que nous leur avons proposé de faire ce film, en évoquant la possibilité d’un voyage en France, pays auquel, comme beaucoup de Russes, elles ont souvent rêvé. »

Etre siamoises en Russie…

Martine Bernier

Les siamois

16 mars, 2009

Dans l’actualité, on reparle de Ronnie et Donnie Galyon, les jumeaux siamois les plus âgés du monde.
Ces deux frères sont nés attachés par le sternum et l’aine, en 1951.
Leurs chances de survie ne dépassaient pourtant pas une nuit, avait prédit les médecins. Et pourtant…
A bientôt 58 ans, ils sont aujourd’hui les frères siamois les plus âgés du monde
Ronnie et Donnie ne savent ni lire ni écrire.
Comment ont-il gagné leur vie jusqu’ici?
De l’une des manières les plus tristes qui soient…
Leur père les a présentés dans des foires durant leur enfance, et ils ont continué à le faire.
De temps en temps, ils passent à la télévision, refusant d’être opérés pour être séparés.
Vous pouvez chercher partout sur le Net, vous n’apprendrez rien de plus sur eux, si ce n’est que les médecins les préparent à une mort prochaine en raison de leur arthrite et d’une scoliose aggravée par leur surpoids.

Devant ce genre de sujet, je ressens toujours un très grand malaise.
Ces hommes et ces femmes qui ont eu la terrible malchance de naître différents, très handicapés, ou dans des circonstances extraordinaires, comment vivent-ils le fait d’être considérés comme des phénomènes?
J’ai lu notamment les biographies des soeurs Dionne, ces quintuplées qui furent longtemps « la seconde attraction touristique du Canada après les chutes du Niagara ».
Lu également celle de la famille Ovitz, une famille juive dont le père, Shimshon, était « lilliputien », et qui a eu dix enfants, dont sept de petite taille.

Tous ont essayé de vivre en développant leur personnalité, leurs talents. Les enfants Ovitz étaient ainsi tous acteurs, musiciens et chanteurs.
Mais tous ou presque ont eu à souffrir de la manipulation de ceux qui en avaient la charge et qui, pour profiter de leurs particularités, les ont exhibés aux yeux des foules, pour de mauvaises raisons.

Déjà enfant, lorsque je lisais qu’il existait autrefois des lieux où l’on montrait la « femme tronc », la « femme à barbe » ou « le bébé à deux têtes », j’avais honte.
Je n’arrive pas à accepter cette curiosité malsaine qui pousse trop de gens à contempler sans pudeur et sans respect ce qui les intrigue.
Sans tenir compte du fait que ce sont des êtres humains comme eux qu’ils contemplent de cette façon…

Mais eux, que l’on regarde comme s’ils étaient monstrueux, comment le vivent-il? Comment trouvent-ils la force d’être observés, jetés en pâture?
Comment supportent-ils à la fois leurs différences, la lourdeur de leurs problèmes de santé et cette impression continuelle d’être des mutants?
Comment fait-on pour être humilié de manière inconsciente constamment?

Les frères siamois n’ont visiblement pas eu accès à la culture la plus basique.
Depuis le temps qu’ils s’entendent dire qu’ils sont en sursis, comment le vivent-ils?
Comment ont-ils fait pour se supporter 24 heures sur 24, privés de la liberté la plus élémentaire: la solitude…

Sous l’article qui passe en ce moment sur Internet se trouve un lien sur lequel sont présentées des photos d’eux, depuis leur enfance jusqu’à aujourd’hui.
Je ne dois pas être mieux que la plupart d’entre nous, puisque j’ai cliqué…

M.B.

http://www.zigonet.com/jumeaux/a-57-ans-il-sont-les-jumeaux-siamois-les-plus-vieux-du-monde_art4465.html

La cuisine

15 mars, 2009

Depuis seize ans, je n’avais plus approché une casserole, si n’est pour y humer un fumet.
Et avant lesdits 16 ans, il faut bien reconnaître que mes expériences culinaires n’avaient pas été follement concluantes.
Même si je n’avais empoisonné personne, certaines casseroles n’avaient pas survécu à mes élans inventifs.
Nourris à mes plats, les estomacs de mes garçons étaient en revanche formés à supporter la plus pitoyable des tambouilles.

C’est dire si ce jeudi soir était un grand moment pour moi… et pour Alain qui allait goûter à ce qu’il est convenu d’appeler « ma cuisine ».

Il devait arriver tard, après avoir passé deux jours en réunion à Paris.
Je guettais donc son arrivée dans la soirée…
Lorsque j’ai vu les phares briller dans la nuit, et la voiture se garer devant la garage, j’ai eu le coeur en joie.
Je suis sortie l’accueillir, heureuse. Mais, avouons-le, un peu inquiète.
Lucide, je savais que mon exercice gastronomique n’était pas franchement convaincant.
Je me demandais comment il allait juger mes efforts un peu désespérés.
Pour me faire pardonner, j’avais dressé une table sympathique. Mais cela allait-il suffire à atténuer le choc?

Il fallait bien y aller…
Un peu mal à l’aise, je lui ai présenté mon « oeuvre ».
A la base: gésiers de volailles avec pommes de terre rissolées et sauce au roquefort.
L’enfance de l’art, allez-vous dire.
Et bien non.
J’utilisais pour la première fois la cuisinière avec ces plaques très pratiques qui chauffent à toute vitesse mais qu’il faut apprivoiser.

Bref: mes pommes de terre n’avaient de rissolées que le nom, l’ensemble ressemblant à une semi-bouillie, certes goûteuse, mais parfaitement imprésentable!
Il a mangé sans ciller, me faisant juste remarquer que j’aurais éventuellement pu mettre un peu de sel et que je pourrais nourrir un régiment avec ce que j’avais préparé.

Je l’ai regardé, prête à assumer la sentence.
- Ce n’est pas terrible, n’est-ce pas…?
- Si, c’est bon! Tu dois juste penser à saler un peu.
- Tu te moques de moi?
- Non, pourquoi?
- Mais… ça ne ressemble à rien!
- Peut-être, mais c’est bon.
- A la base, les pommes de terre devaient être rissolées…
- Oui, mais nous avons peut-être acheté des pommes de terre qui n’étaient pas faites pour cela.

Le lendemain midi, je réchauffe le reste du plat, déjà un peu plus rissolé. Deux jours pour obtenir une pomme de terre dorée, il fallait oser!!!
Après le repas, il me rassure:
- Tu n’es pas une mauvaise cuisinière. C’était bon!
- Bizarre mais bon!
- Ca viendra, tu verras…

Moralité? Si ce n’est pas de l’amour, ça…

Martine

Les magasins…

14 mars, 2009

Je pense être une femme dénaturée: je n’aime pas les grands magasins.
L’an dernier, j’avais calculé: je n’y avais mis le nez que quatre fois en un an.
J’avais la chance de partager ma vie avec un homme qui, lui, ne voyait pas d’inconvénients à parcourir les rayons.
Je l’avoue honteusement: j’en ai largement profité…

Pour moi, il y a deux types de grands magasins: ceux qui ne m’intéressent pas, et… les librairies…
Aaah, les librairies… mais ce n’est pas mon sujet, je m’égare.
Alain travaille pour une entreprise qui implante des magasins de bricolage.
C’est dire s’il connaît les lieux. Cela pouvait nous être utile…

Lorsque l’on déménage, il est bien connu qu’il faut s’équiper pour rendre la maison habitable.
Je suis donc arrivée très vite à la constatation que nous allions devoir affronter l’épreuve un jour ou l’autre.
Le plus tôt serait le mieux, avons-nous convenu…
Armés d’une liste longue comme le bras, Alain et moi sommes entrés dans l’antre de la débauche pécuniaire la veille de notre installation.
Il m’avait prévenu: les grandes surfaces, qu’il connaît pourtant nettement mieux que moi, lui font le même effet qu’à moi.
Elles l’ennuient. Ce n’était pas gagné…
Sachant que nous devions dénicher des articles d’électro ménager, des meubles, de l’alimentation etc… je me présentais un brin déprimée au départ de notre expédition.

D’entrée, il m’a dit: « J’aime ce qui est est fonctionnel, pratique. Pour les courses, c’est la même chose. Si tu es d’accord, nous prenons des choses simples, de bonne qualité et pas trop chères. Et nous faisons vite. »
O merveille… nous nous étions compris.

Nous entrons donc dans le premier haut lieu de la consommation de notre liste.
Le simple fait de me trouver à l’intérieur a le chic pour déchiqueter mon beau moral.
Dans cet amas de marchandises, comment trouver la perle? Et, surtout, comment comprendre le charabia des vendeurs?
A peine la quête commencée, les questions fusent:
« Vous voulez un lave-linge? Qui ouvre par le haut ou par un hublot dans la paroi? Combien de kilos de linge voulez-vous y mettre? Quelle marque? Et pour le sèche-linge, vous avez un trou dans le mur de la buanderie pour la condensation? Parce qu’autrement il faut prendre celui-ci qui… etc etc… La télévision, vous la voulez comment? »

Comment je la veux?! Saignante, tiens!! Et flûte!
Voyant mon désarroi, Alain a pris les choses en main.
Nous devons faire partie des rares clients à avoir acquis autant d’articles en aussi peu de temps.
Une efficacité rare, redoutable!
Tandis que je tentais de réprimer le fou rire qui me vient souvent dans les situations que je ressens comme loufoques, il écoutait d’une oreille qui semblait distraite, mais qui en fait ne l’était pas.
Quelques secondes d’explications plus tard, il arrêtait les vendeurs partis dans leur grand délire explicatif, pointait un doigt ferme vers un article, m’interrogeait au passage:
« Celui-ci te va? »
Trop contente d’être débarrassée de la corvée, j’opinais du bonnet, et hop, l’affaire était conclue.
Avec promesse que le Graal serait livré deux jours plus tard.

Est venu ensuite le passage obligé dans une grande surface vouée à l’alimentation, que je ne nommerai pas, mais dont le nom commence par L et finit par C.
A l’entrée, un immense panneau sur lequel étaient accrochés de curieux petits appareils a attiré notre attention.
Mon Grand Homme, décidément très cultivé, m’a expliqué que ces petits scanners permettaient aux client de scanner leurs emplettes eux-mêmes et de passer à la caisse en présentant simplement l’appareil et leur carte. Ils paient et, hop, l’affaire est réglée.
Simple formalité: ils doivent accepter le fait qu’ils peuvent être contrôlés de manière aléatoire. « Mais c’est rare », précise la préposée à l’accueil qui nous remplit les formalités.
Merveille!
Commissionner sans passer par la case « je-vide-le-caddy-je-pose-sur-le-tapis-roulant-et-je-stresse-à-mort-en-essayant-de-re-remplir-le-chariot-avant-que-ne-s’accumule-un-énorme-tas- de-marchandises-bloquant-la-file-sous-l’oeil-désapprobateur-des-clients-suivants. »

Nous recommençons donc l’épreuve… et pas des moindres…
Il faut penser à tout, ce qui n’est pas possible…
Alors que la liste n’est pas tout à fait complétée, nous posons les armes, fatigués.
Nous reviendrons…
Et c’est d’un pas confiant que nous nous dirigeons vers la caisse spéciale scann, nantis d’un caddy débordant, et heureux de savoir qu’il ne faudra que deux minutes pour passer ce cap et payer.

C’était compter sans la « vérification aléatoire ».
Comme par hasard, elle est tombée sur nous.
Il faut dire que c’était la première fois que nous faisions joujou avec la petite machine, et que la facture était salée…
il fallait donc – aléatoirement, bien sûr-, vérifier si ces clients n’étaient pas de vilains pas beaux, de la famille des Paboulés.
Et nous voilà à vider le chariot, déconfits, et à le re remplir un mètre plus loin.
Miracle pour les deux distraits que nous sommes: le total annoncé par nos soins correspond exactement à celui trouvé par la caissière.
Nous n’avons oublié de scanner aucun article!
Examen de passage réussi, certificat d’honnêteté et de concentration décroché haut la main!!

Pour me récompenser, voyant mon état de décrépitude avancée, mon Tendre m’emmène à l’autre bout du parking.
Il me montre là un grand bâtiment blanc sur lequel est écrit: Espace Culturel.
Je le contemple d’un oeil torve.
Fatiguée… pas trop le coeur d’aller écouter une conférence sur la vie sexuelle des fourmis en Alaska…
Je le suis pourtant… et là, miracle absolu: l’Espace en question est une sorte de FNAC!
Des livres… des livres partout!!!!
Alleluia!!!

Vous imaginez que je me suis laissée aller à une débauche de dépenses livresques?
Et bien non.
Il faut dire que, les jours suivants, j’allais devoir ranger les quelques 4000 ou 4500 livres que j’avais emmenés avec moi.
Cela calme.

Martine Bernier

Clins d’oeil de Bretagne 1.

13 mars, 2009

Une semaine et demi que je vis en Bretagne…
J’aime…
Je n’y peux rien, c’est ainsi, j’aime.
Surtout lorsqu’il est avec moi…

Comme je l’écrivais à  ma tribu d’amis, il y a cependant deux ombres au tableau.

1. Ici les araignées sont bodybuildées. Arf. Je croyais qu’elles avaient horreur du bois de châtaignier. J’ai beau habiter un lieu qui porte le nom de ces arbres, elles n’ont pas l’air d’en être contrariées. Zut. Nous avons donc fait l’acquisition d’un produit adapté. Oh, peu de choses… je lui demandais juste d’avoir la puissance d’une bombe atomique. Condition sine qua non pour que j’accepte de remettre le bout du nez dans le garage.

2. Ma chienne Scotty Bernier, schottish terrier et Irlandaise de pure souche, a vu l’océan hier pour la première fois. Et.. l’ingrate n’a pas aimé du tout. Les odeurs, les goélands alignés en rangs d’oignons sur les arrêtes des toits en attendant le retour des pêcheurs, les mouettes rieuses qui se paient sa truffe, les coquillages, les oiseaux mazoutés, ce n’est pas sa tasse de thé. Elle va jusqu’à  grogner sur les vagues et filer comme un lapin lorsqu’elle les voit s’approcher. En prenant un air dégoûté devant cette amas d’eau même pas buvable!
Fichtre, quel pays a-t-elle l’air de dire.

Martine Bernier

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