Archive pour mars, 2009

Turuvani, le peintre des montagnes

13 mars, 2009

Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de rencontrer et de consacrer un article au peintre Bernard Turuvani, qui exposait alors aux Diablerets, dans les Alpes vaudoises.
J’ai eu un coup de foudre pour ses oeuvres. Ce Neuchâtelois d’origine peint la montagne. Mais pas dans ce qu’elle a de verdoyant et bucolique.
Son univers est un monde de roc, de glace et de neige.
Il reproduit les parois telles que les voient les alpinistes de haute montagne.
Dures et belles.
Sa technique est étonnante. Il peint à l’huile sur du papier de Chine extrêmement fin, qu’il froisse et repeint encore, pour reproduire le relief.
Ses oeuvres, en trois dimensions, sont très pures, entraînant ceux qui regardent ses toiles dans un univers où beaucoup ne se rendront sans doute jamais.
Un monde vertigineux, sobre et étonnamment vivant.

M.B.

Jusqu’au 28 mars 2009, Bernard Turuvani expose à la Galerie 2016, Maison des Arcades, à Hauterive/Neuchâtel (Suisse)
Mais l’homme habite en France et expose dans le monde entier.
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LES DIFFERENCES ENTRES LES HOMMES ET LES FEMMES: Le premier soir… Chapitre 9

12 mars, 2009

Ce moment-là, j’en rêvais depuis presque trois ans…
Le moment où nous passerions notre première soirée dans notre maison.
Notre maison… Oui, bon, locataires peut-être, mais notre maison quand même.
J’ai déménagé il y a une semaine aujourd’hui.
J’ai tout quitté il y a exactement une semaine et demi.
Ca a été un moment très dur.
L’homme qui a vécu avec moi au cours de ces seize dernières années a été d’une élégance rare, me menant jusqu’à Bourges où m’attendait Alain. Nous nous sommes dit au-revoir sur le parking de l’hôtel.
Je suis restée trois minutes seule, avec mon chien perplexe et surexcité, regardant s’éloigner la voiture.
Vous comprendrez que je ne m’étende pas sur ce que j’ai ressenti…

Puis il est arrivé…
Différence entre homme et femme? Là, en l’occurrence, aucune.
Chacun essaie de faire au mieux.
Il a été parfait, comme l’a été Eric dans ces moments difficiles.
J’ai essayé de me maîtriser du mieux que j’ai pu. Dans ces moments-là, l’homme comme la femme essaient de faire bonne figure, de diffuser de la force à sa ou son partenaire…
Une force que, bien souvent, on ne ressent pas vraiment.
Mais on sait que si l’un des deux craque, c’est le binôme qui va sombrer.
Donc on se tient la main un peu plus fort…
J’étais un peu sonnée, je crois. Comme anesthésiée.
Il m’a fallu plusieurs jours pour réaliser que je ne reprendrais pas le train quelques jours plus tard… Je ne le comprends qu’aujourd’hui, alors que la maison ressemble de plus en plus au nid que je souhaitais lui offrir.

Pendant trois jours, nous avons rempli toutes les formalités nécessaires à l’emménagement d’une suissesse en France. Et il y en a.
Une suissesse, pensez donc! De véritables OVNI, ces spécimens là!
J’ai entendu plusieurs fois la remarque: « d’habitude c’est l’inverse, ce sont les Français qui s’installent en Suisse! ».
Voui. Et bien pas moi!

Il a été d’une patience d’ange et d’une efficacité redoutable. Très masculin dans le sens le plus noble du terme. Protecteur sans être étouffant. Totalement à la hauteur, partout à la fois, répondant à la fois au téléphone pour une connexion Internet et à la banquière alors que nous étions dans le bureau de celle-ci. Il était équilibriste, bicéphale, avait autant de bras que Shiva! Et il le fallait…
Car, même lorsque l’on arrive en pays francophone et théoriquement frère, je peux vous assurer qu’il existe une foule de détails différents autant dans le langage que dans le fonctionnement administratif d’un pays à l’autre.
C’était hilarant de le voir effectuer la traduction simultanée pour que je ne me sente pas complètement à l’Ouest et que mes interlocuteurs me comprennent. Tout cela s’est déroulé dans une ambiance complice, bon enfant. Moi au bord du rire, constamment, car toujours à réaliser que je suis parfois en grand décalage avec la réalité, et lui, à la fois très impliqué, très efficace, et amusé de voir mes réactions.

Le grand jour, jeudi dernier, est enfin arrivé. Etat des lieux, rencontre avec nos propriétaires, très sympathiques, et déménagement officiel. Pendant toute la journée, nous avons abattu un travail monstrueux. Comme il le dit, c’est fou ce que je peux avoir comme cartons. Environ 4000 livres, cela prend de la place…

Différence entre l’homme et la femme? Bis repetita: dans le cas présent, aucune. Au fur et à mesure que nous avançons dans notre connaissance de l’Autre, nous réalisons que nous fonctionnons de manière identique dans les gestes du quotidien. A ceci près que je suis souvent un peu lunaire et qu’il est dans le quotidien pratique comme il peut l’être dans sa profession: patient, mais convaincant, sachant exactement ce qu’il veut et capable de l’obtenir très vite.

Enfin est arrivée notre première soirée…
Plateau-repas au milieu des cartons… et douceur du premier moment de solitude à deux, dans notre maison. Un film un peu débile qui nous a détendus, puis l’intimité de notre chambre sentant encore les odeurs de colle et de peinture fraîche.
Malgré tout cela, cette nuit-là, pour la première fois depuis longtemps, il a dormi, vraiment dormi. Moi, j’étais en proie à tellement d’émotions que j’ai eu droit à un sommeil haché, mais heureux.
C’est sans doute un bonheur tout bête, de se réveiller à côté de l’homme que l’on aime, le matin. Pour moi, ce petit matin là a été très doux. Teinté de tristesse en pensant à l’homme et à la vie que j’ai quittés, oui. Mais profondément heureux.
Je ne peux pas lutter contre un sentiment aussi fort que celui qui m’unit à Alain. Quoi qu’il m’en a coûté, je sais que ma décision était la bonne.
Tout est simple, tout coule de source lorsque nous sommes ensemble. Un peu comme lorsque nous avons réalisé que nos pas s’accordaient parfaitement lorsque nous marchons ensemble dans Paris ou ailleurs.

Oui, de ce premier soir et de ce premier matin, j’avais rêvé… et je n’ai été déçue à aucun moment.
Reste à accomplir mon deuxième rêve, plus important encore. Il sait de quoi il s’agit…
Dans le cas présent, il n’y a strictement aucune différence entre l’homme et la femme, dans ces moments -là. Il y a juste deux êtres humains un peu émerveillés, simplement apaisés…
Je crois que nous étions aussi heureux l’un que l’autre de découvrir une fois de plus combien tout est simple et beau lorsque nous sommes ensemble…

Martine Bernier

7 mars, 2009

Bonjour à Tous,

 

L’emmenagement s’est bien passé… Impressionnant le nombre de cartons d’une écrivaine !

Tout fonctionne sauf la liasion internet, nous esperons qu’elle sera opérationnelle d’ici fin de semaine prochaine. Martine a plein de nouveaux billets à vous faire partager.

 

Amitiés à Tous,

Alain

Nouvelles de Bretagne

5 mars, 2009

Difficile de décrire les centaines de sentiments qui m’assaillent depuis lundi, jour où j’ai quitté la Suisse pour la Bretagne… J’écris ce matin depuis la chambre d’hôtel, à Vannes, sur un clavier azerti dont je confonds les lettres à chaque seconde.

Mais je voulais laisser un mot… pour dire combien changer de vie est une chose à la fois dure, belle et exaltante…

J’embrasse la Suisse… Il pleut un peu sur cette Bretagne que j’aime tant… et où je ne suis pas seule…

 

Martine 

A dans quelques jours…

1 mars, 2009

Je vais donc mettre Max, mon ordinateur au repos quelques jours.
Lorsqu’il se rallumera, il sera dans mon nouveau nid.
Entre deux, si j’en ai l’occasion, je viendrai mettre quelques mots sur ecriplume
J’espère que vous nous serez fidèles et que nous vous retrouverons à notre retour..

Martine

Une carte sans tarif dans un restaurant de Guérande

1 mars, 2009

Ce matin, j’ai lu que, pour attirer dans son établissement les clients rendus frileux par la crise, une restaurateur de la presqu’île de Guérande (Loire-Atlantique) va proposer durant le moins de mars une « carte sans tarifs », permettant au client de négocier, voire de fixer le prix du repas.

Il y a quelques semaines, j’avais entendu que la même initiative existait déjà dans un restaurant, en Angleterre. Le propriétaire s’estimait satisfait: les clients jouaient le jeu avec honnêteté. Et les tarifs consentis par ceux qui n’étaient pas très généreux étaient compensés par d’autres, qui eux, l’étaient davantage.
Le patron affirme que si les clients laissent des rémunérations dérisoires, il demandera des explications, mais ne s’y opposera pas, misant sur la bonne foi, l’honnêteté et la perspicacité des gens.

Cette méthode, durant tout le temps de l’opération, sera appliquée tous les jours, à tous les repas de la carte.

Je trouve cela plutôt courageux. Et je serais curieuse de voir quel sera le bilan que tirera le patron lorsque l’expérience sera terminée.

MB.

« La Cabane à Jules est installée dans un ancien grenier à sel. http://www.lacabaneajules.com/

Jour J-1…

1 mars, 2009

Comme on se sent bizarre, à un jour d’une vie nouvelle, d’un grand départ…
Hier, les témoignages d’affection et d’amitié ont continué à arriver.
A tel point que, à un moment, je me suis demandé si j’étais bien encore en vie!

Pour l’instant, le plus dur est l’idée de la séparation avec Eric, bien sûr.
Par moments, nous nous arrêtons dans nos mises en cartons, simplement pour parler un peu, échanger une étreinte.
Depuis des semaines s’esquisse déjà le canevas de ce que sera notre nouvelle relation.
Pleine de tendresse, d’amitié, d’affection, de respect de l’Autre…

Il faut être très solide en soi-même pour ne pas craquer, au cours de ces jours difficiles.
A aucun moment, même si j’ai souvent peur, je n’oublie pourquoi je pars. Ou plutôt… pour qui.
C’est ce qui me sauve. L’idée qu’Alain m’attend.
Lorsque ce sera son tour de partir me rejoindre, je sais désormais par quel genre de sentiments et de douleur il passera.
Je serai là…

Cet après-midi, nous allons débrancher mes précieux ordinateurs et les préparer pour le voyage.
En principe, je ne pourrai pas me reconnecter avant vendredi ou samedi prochains.
Sauf peut-être par l’intermédiaire d’Alain et de son PC professionnel.
Avec un peu de chance pourrais-je écrire un petit texte sur ce blog depuis l’hôtel… je l’ignore encore.

Dans ce grand chambardement, ma chienne, Scotty, exprime son angoisse à sa façon.
Elle voit s’amonceler les cartons, se vider les meubles, et elle ne sait plus où se poser, elle qui aime tant sa tranquillité.
Hier, pour la deuxième fois cette semaine, je l’ai retrouvée dans la chambre à coucher, alors qu’elle sait que l’accès lui en est formellement interdit.
Roulée en boule sur le lit, douillettement blottie sur la couette (sacrilège!), elle faisait semblant de dormir, me guettant sous ses épais sourcils, en imaginant peut-être que je ne voyais pas son regard.
Elle m’a attendrie.
Elle aussi perçoit nos sentiments, elle sent qu’il va se passer quelque chose d’important.
Elle a toujours choisi Eric comme étant son maître. Et là, elle va devoir passer le reste de sa vie avec moi.
Cette vie va changer du tout au tout…
Autre décor, autre rythme…
Lorsque Alain sera en déplacement, nous avons prévu que je serais le plus souvent possible avec lui.
Je travaillerai pendant ses rendez-vous professionnels avec mon ordinateur portable.
Scotty sera avec nous. La voiture deviendra sa deuxième maison: nous y installerons un panier confortable.
Mais elle n’y restera jamais seule, je serai avec elle, ou elle avec nous.
En compensation, elle aura, à la maison, un grand jardin où elle pourra s’adonner à ses activités hyper intellectuelles de Scottish terrier: dormir, chasser les souris, manger…

La question continue à fuser lorsque l’on m’appelle en ce moment: « comment te sens-tu au moment de partir? »
Forcément pas très bien. Le stress et l’angoisse de la séparation provoquent des réactions physiques plus ou moins troublantes et brutales.
Il va falloir que l’équilibre, l’harmonie reviennent, autant pour moi que pour Eric, chacun de notre côté.
Et pour Alain, qui lui aussi vit un immense changement en me voyant arriver.
Et qui a vécu les trois dernières années avec autant de bonheur, mais aussi de douleurs que moi.
Nous allons devoir physiquement et moralement nous reconstruire, tous.

En me lisant, on pourrait penser que je ressens plus de douleur et de peur que de bonheur.
Ce n’est pas le cas, et c’est ce qui me sauve.
Je sais que je vais retrouver celui que j’aime depuis près de trois ans.
Je sais aussi, comme me le rappelait Eric, que je n’arrive plus à vivre sans lui, que son absence me brise.
Que, à chaque fois que nous nous quittons sur un quai de gare ou un hall d’aéroport, j’ai le coeur en miettes.
La dernière fois, c’était à l’aéroport de Nantes.
Au moment de me quitter, il m’a dit: « Courage… c’est la dernière fois… »
Comme tout homme qui se respecte, il a horreur des adieux.
Il m’a embrassée, s’est éloigné, s’est retourné… et est revenu m’embrasser en voyant mon regard de cocker triste.

J’ai toujours su, dès le début, que nous vivrions un jour ensemble.
Et j’ai toujours su que le chemin qui nous mènerait à ce résultat sera long et difficile.
Il m’a un jour dit qu’il le savait aussi…
Demain soir, j’aurai accompli ma part du chemin.
Il ne lui restera « plus qu’à » effectuer la sienne… dès qu’il en aura la force.

Martine Bernier

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