Quand mon chien s’improvise sauveteur
21 avril, 2009Dans le cadre de mon travail, j’ai souvent été interviewer des propriétaires de chiens exceptionnels. Chiens d’intervention sur avalanches ou catastrophes, chiens guides, chiens d’assistance pour personnes handicapées etc.
Je ne me serais jamais permis de faire la remarque à ma chienne Scottish. Mais il faut reconnaître qu’elle n’a pas de talent particulier, se contentant de prendre des positions de yoggi confirmé lorsqu’elle fait la sieste, de draguer les moutons qui passent et de s’offrir de véritables fous rires quand elle joue avec Alain.
Je dois donc reconnaître que ce qu’elle a fait ce dimanche m’a plus que déconcertée.
En fin de matinée, j’ai eu un malaise. Cela arrive à tout le monde, nous n’allons pas en faire un pâté. Toujours est-il que j’ai perdu connaissance avant d’arriver à atteindre le canapé. Je me suis réveillée plus tard, sur le sol, ayant complètement perdu la notion du temps et ne sachant plus comment je m’appelais. Ma première sensation a été très désagréable. Outre la douleur de la chute, j’ai ressenti une double sensation d’étouffement, comme si quelqu’un m’avait posé un coussin sur la bouche, et d’oppression, comme si j’avais dix kilos de briques sur la poitrine. Le tout associé au sentiment que l’on me nettoyait consciencieusement le visage à la serpillière.
J’ai fini par ouvrir les yeux… pour découvrir Scotty bien décidée à faire ses preuves de chien sauveteur. Couchée sur ma bouche, elle m’asphyxiait. Parfaitement indifférente au fait que je suffoquais, elle me léchait la figure, me faisant profiter au passage de sa délicieuse haleine de chacal.
Je l’ai serrée dans mes bras pour la remercier d’être venue à mon secours, et l’ai légèrement déplacée pour pouvoir respirer.
Elle a horreur des démonstrations d’affection. Mais avant de retourner vaquer à ses occupations, j’ai clairement lu ce qu’elle me disait, dans son regard:
- C’est bien, hein? Tu vois que je sais faire autre chose que me vautrer sur les canapés!
Je n’ai pas voulu la décevoir. Je l’ai félicitée et remerciée comme il se doit. Mais je confirme ce que je savais déjà: devenir apprenti chien sauveteur ne s’improvise pas.
Martine Bernier