Archive pour avril, 2009

Le jardin et moi: la Tondeuse. Episode 2.

4 avril, 2009

Or donc, je vous ai déjà parlé de mon jardin, nouveau terrain de découvertes pour la néophyte que je suis et de notre rencontre peu concluante avec le jardinier.
Après moult conversations avec Alain, nous en avons conclu qu’il serait judicieux d’investir dans une tondeuse à gazon et de faire venir un professionnel deux ou trois fois par an pour les travaux plus conséquents comme la taille des arbres et de la haie.
Cette semaine, donc, Alain m’a emmenée chez un spécialiste vendant le genre d’engins qui nous intéressaient.
Le responsable s’est lancé dans une description de ses machines qui m’a tétanisée.
En clair: je n’ai pas compris un traître mot. J’ai seulement vu que ces machines étaient horriblement chères.
Quand les hommes se mettent à parler moteur, starter etc etc, ils deviennent vite incompréhensibles pour le commun des mortels dont je fais partie.

Alain a écouté les explications avec attention (Dieu que j’admire cet homme: il avait VRAIMENT l’air de comprendre!!!), a posé des questions tout aussi incompréhensibles que les réponses apportées, a poliment remercié et a dit que nous allions y réfléchir.

Nous avons repris la voiture et nous nous sommes dirigés vers un grand magasin de bricolage où nous avons refait le même parcours.
Cette fois, les engins étaient plus abordables, le vendeur un peu plus compréhensible, plus souriant.

Nous sommes donc ressortis avec une énorme tondeuse au look « arrière-petite-cousine-d’une-Ferrari-de-luxe ». Le tout assorti d’un joli jerricane pour l’essence, d’huile (vous saviez qu’il fallait mettre de l’huile dans une tondeuse, vous!?), d’une paire de gants de jardinage, d’un sécateur et d’un outil sensé me permettre d’occire la mauvaise herbe autour des rosiers.

Première épreuve: faire entrer la bête dans la voiture. L’opération a relevé du tour de force. C’est qu’elle résistait, la bougresse! Alain a fini par la dompter en la pliant (c’est fou ce que ça peut perdre de sa superbe, une tondeuse, lorsqu’elle est pliée…) et en l’enfournant dans le coffre.

A peine avait-il garé la voiture devant notre garage qu’une nuée de petits voisins est arrivée à notre rencontre. Ils avaient des questions à nous poser, à propos de nous. Questions que, m’a avoué Théo, ils s’étaient posées une bonne partie de la journée.
Intéressés, ils sont venus voir la tondeuse, demandant à Alain au passage s’il avait encore les bonbons en sachets dont il les avait régalés la veille.

L’opération bonbons et découverte de mes bouquins une fois terminée, nous sommes passés aux choses sérieuses.
Il était temps que j’aie mon premier tête-à-tête avec une tondeuse.
La première tondeuse de mon existence. Ca compte, dans la vie d’une femme.

Ce matin, l’un de mes amis m’a dit: « En parlant de toi, hier, j’ai dit que tu étais comme Robinson Crusoé réapprenant à faire du feu, à faire cuire un morceau de viande etc…! »
C’est tout à fait cela!
Rat de bibliothèque, j’adore étudier, écrire, pratiquer mon métier, découvrir… mais j’avoue m’interroger parfois sur mon aptitude à vivre au quotidien. Il semblerait que je n’aie pas été programmée pour survivre sur notre planète!
Je sais faire des choses inattendues (comme monter seule un bureau en kit) mais je suis incapable d’accomplir certains gestes pourtant élémentaires. Demandez au dernier œuf que j’ai essayé de cuire ce qu’il en pense, si vous ne me croyez pas. Il s’en souvient encore.

L’heure était donc grave.
Apprendre à utiliser une tondeuse demande de la concentration!
J’ai couru chercher mon petit carnet et mon stylo, et je me suis postée à côté d’Alain.
Après un premier tour de chauffe, il a éteint la machine et a commencé à m’expliquer:
- « Tu dois toujours ouvrir le conduit d’essence, mettre en position starter (ah bon, c’est ça, un starter?), tirer la manette ici, ne pas te coincer les doigts, tirer sur le fil ici pour lancer le moteur, pousser sur la manette là… ne pas lâcher celle-ci pour avancer, ni celle-là si tu ne veux pas que tout s’arrête… »

J’ai tout noté.
Mon séduisant professeur m’a ensuite expliqué à grands renforts de « ça, tu ne dois JAMAIS le faire!!! », que si jamais la machine s’arrête en raison d’un « bourrage d’herbe », je ne devais surtout pas essayer de la dégager par moi-même, mais attendre qu’il intervienne lui-même. Mon sauveur! Comme il sait que j’ai la déplorable habitude de toujours essayer de me débrouiller toute seule, que ce soit pour monter une commode à l’étage, monter un meuble ou bouter les Anglois hors de France (pardon, je m’égare), il m’a dépeint un tableau terrifiant des risques que j’encourais si je mettais mes précieux petits doigts dans la machine et que la lame devait se mettre en route.
Beurk. Dans le genre hachis Parmentier, c’est très fort.
Il m’a aussi précisé qu’il fallait déconnecter la bougie avant d’agir. Mais, ayant une conscience très précise de mes aptitudes en mécanique, il a préféré revenir à son premier choix: « au moindre problème, tu abandonnes et tu attends que j’arrive. »
A vos ordres, chef!

Enfin, nous sommes passés aux travaux pratiques.
Au début, ça s’est très bien passé.
J’ai ouvert l’arrivée d’essence, assez fière de moi.
C’est ensuite que cela s’est gâté, au moment de tirer sur le cordon de mise en route du moteur.
J’y ai mis toute ma force.
Résultat: nul.
Pas le moindre petit toussotement.

Bon prince, Alain m’a dit:
- « Non: tu dois donner un coup sec. »
J’ai essayé trois fois.
Sans le moindre résultat.
Il avait beau me dire gentiment:
- « Tu es trop douce. Il faut y aller plus fort. »
Le problème restait le même.
Pas moyen de faire démarrer cette chose.
J’avais même l’impression qu’elle ricanait sous mes chatouillis.

L’homme de ma vie a pris les choses en main et a lancé le moteur (en une fois! Vexant!). De mon côté, je me suis dit que je verrais bien quand je serais en tête-à-tête avec la bête.
La torture, je préfère la pratiquer sans témoins!
Le ridicule aussi.

Après avoir mis la bestiole en route, Alain m’a prudemment confié les commandes, m’expliquant comment ne pas me coincer les doigts, ne pas me faire écraser, etc.
Et j’ai fait mes premiers pas avec l’animal.
Nous avons fait, au total, fait trois aller retours sur la pelouse, puis nous avons rangé l’engin dans le garage. Il se faisait tard, et je finirai dès que le soleil sera revenu.

C’est assez rigolo, une tondeuse, finalement.
Quand on a de l’humour et beaucoup d’imagination…

Martine Bernier

L’Atlantique

4 avril, 2009

Il avait dû partir aux aurores, ce matin-là, pour un rendez-vous à l’autre bout de la Bretagne.
Mais il m’a fait la surprise de revenir tôt, au milieu de l’après-midi. Fatigué, mais heureux d’être là.
La première chose qu’il m’a demandée a été: « Veux-tu que nous allions prendre l’air, au bord de l’eau? »
J’ai dit oui… évidemment…
Le bord de l’eau, ici, ce n’est pas un ruisseau: c’est l’océan!
On ne dit jamais non à l’océan…

Nous avons à peine 5 ou 6 kilomètres à parcourir pour y être, depuis la maison.
Il a garé la voiture en bord de route, et nous avons marché dans le sable.
L’Atlantique est un océan doté d’une personnalité forte.
Il se fait entendre bien avant que l’on puisse le voir.

Je ne suis pas marin.
Je suis plutôt du style à admirer les navigateurs comme Olivier de Kersauson et bien d’autres, et à me taire en regardant les vagues.
Nous sommes restés là, à écouter la mer, les oiseaux, et à respirer le vent.
Il n’y avait pas une âme.
Des millions de couples ont dû avoir les mêmes gestes que nous en regardant la mer.
Blottis l’un contre l’autre, conscients de vivre un moment privilégié.

Autant il faisait chaud sur la route, autant le vent venu du large était frais.
Nous avons retraversé la plage avec, dans notre dos, le bruit de l’eau qui semblait nous appeler.
Autrefois, lorsque je devais m’éloigner de la mer, j’avais le cœur brisé, consciente qu’il me faudrait des mois avant de la retrouver.
Aujourd’hui, je sais que nous y retournons quand nous en aurons envie, qu’il ne faut pas patienter longtemps…

Habiter en Bretagne n’est pas anodin.
Comme habiter en Corse, sans doute, ou dans tous les autres lieux « forts ».
On n’y vient pas par hasard.
On y vient parce que quelque chose de puissant et d’attirant nous y appelle.
C’est un lieu de choix, de désir.

Mince, qu’est-ce qu’on s’y sent bien…

M.B.

L’or de Bretagne… les genêts et les ajoncs

3 avril, 2009

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Lorsque vous arrivez en Bretagne en cette saison, vous êtes frappés par une apparition qui me fascine depuis que je suis enfant: les ajoncs.
A ne pas confondre avec les genêts qui sont eux aussi présents dans la région, mais qui ne possèdent pas de piquants, et sont toxiques.

Ces ajoncs qu’aimait Gauguin lorsqu’il a vécu à Pont-Aven, ils sont partout, vagues d’or le long des routes, sur les landes, au bord des champs.
Ils poussent comme de la mauvaise herbe, mais contribuent à signer la carte de visite de la région.
De l’or en fleurs qui tamponnent de leur sceau chaque chemin breton.
J’en ai même au bout de mon jardin, derrière le muret.
Ce qui m’a donné l’occasion d’aller les examiner de plus près.
Bien rustiques, bien piquants, ils sont d’ici, sans chichis.

Pourquoi dis-je cela?
Parce que j’ai découvert que les genêts, eux, qui vivent en bon compagnonnage avec les ajoncs, doivent être plus aristocrates: ils ont droit à leur légende, comme nous l’explique Wikipédia!

Elle raconte qu’en 1128, Geoffroy V, dit « le Bel », comte d’Anjou et du Maine, caracolait dans une lande près de la ville du Mans, lorsque, ô surprise, ‘il aperçut une licorne à tête de femme, vêtue d’un manteau d’or au milieu d’un champ de genêts. Bouleversé par cette apparition, il choisit de faire de cette plante son emblème et d’en planter sur ses terres, d’où l’origine du surnom « Plantagenêt ». Les nom de famille Gineste, Genest proviennent de l’appellation de cette plante.

Elles sont belles, les légendes bretonnes, vous ne trouvez pas?

Ce matin, je ne les vois pas, mes arbustes d’or.
Il y a du brouillard sur tout l’Ouest de la France.
Ce fameux brouillard qui rend la région si mystérieuse…
Je dois être indécrottable: même lui ne me déplaît pas!

Martine Bernier

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Poisson d’avril et actualité loufoque

2 avril, 2009

Comme toujours, au lendemain du premier avril, arrive la repentance.
Alors, non, le Concorde ne reprendra pas du service comme l’a annoncé le Parisien.
Et re-non: une statue équestre de N. Sakozy ne sera pas érigée à Puteaux.
Non encore, Bill Gates ne deviendra pas le big boss de General Motors, la wi fi ne sera pas interdite en Belgique etc etc…

En revanche, cette nouvelle-ci est vraie paraît-il et vaut tous les poissons d’avril réunis.
Un membre du parlement polonais, arrêté en état d’ivresse, prétendrait ne pas avoir bu d’alcool mais mangé beaucoup de pommes.
D’après lui, elles auraient fermenté dans son estomac. Lorsque la police lui a demandé la raison pour laquelle son taux d’alcoolémie était supérieur à 0,7 gramme, Matek Latas a nié avoir bu de l’alcool. Il a répondu : »Je suis diabétique, j’ai mangé quelques pommes avant de prendre le volant (…) Je n’ai pas provoqué d’accident, j’ai subi un contrôle de routine, je ne croyais pas qu’il y aurait de l’alcool dans mon sang ».La police enquête actuellement sur son cas. En Pologne, la limite du taux d’alcoolémie est fixée à 0,2 gramme par litre de sang.

Moralité, soit il n’y a pas plus menteur qu’un parlementaire Polonais, soit la pomme est le meilleur ennemi de l’homme.

M.B.

Le jardin et moi: rencontre du troisième type…

1 avril, 2009

Pour la première fois de ma vie, depuis que j’ai emménagé dans ma nouvelle demeure, me voici co-responsable d’un jardin, avec Alain. Je dirais même un grand, un très grand jardin.
Pour une gamine née en pleine ville, qui, durant son enfance, n’a connu qu’une bande de terre d’un mètre sur quatre parsemée de tulipes rachitiques, et qui allait se cacher sous le lierre grimpant de son oncle, pour y attendre Tarzan, convaincue de se trouver en pleine jungle, le contraste est saisissant.
Dans notre jardin, donc, se trouvent huit arbres fruitiers, une haie plus grande que moi, une interminable ligne de rosiers, des arbustes en fleurs, des massifs de… heu… de je ne sais pas trop quoi, en fait, et des fleurs un peu partout, parmi lesquelles des jonquilles et de la lavande. Détail amusant: Alain est allergique à la lavande. Enfin quand je dis amusant…

Pour lier artistiquement le tableau, une pelouse. Enfin… de l’herbe. Une vaste, très vaste étendue verdoyante.
Quinze jours après mon arrivée, il a fallu faire face à la terrible réalité: l’herbe, ça pousse. Ca pousse même très vite. Si je ne veux pas que Scotty prenne des allures d’antilope bondissant dans la savane, il faut agir, et agir vite.
Alain et moi avons donc étudié les solutions qui s’offraient à nous.

1. Nous lancer dans des incantations pour que le ciel consente à raccourcir la pelouse de lui-même.
2. Mettre un âne dans le jardin et le nommer régisseur.
3. Trouver une bonne âme pour prendre en charge la destinée de notre domaine.
4. Acheter une tondeuse et me laisser crapahuter joyeusement parmi les touffes d’herbe.

Nous avons attaqué notre programme avec le plus grand sérieux.
Pour les incantations, n’essayez pas: cela ne fonctionne pas. Le ciel a même été jusqu’à nous narguer. Deux jours après notre intervention, la pelouse ressemblait à la tignasse d’Antoine, au temps de ses élucubrations.

La deuxième solution, soufflée par moi, n’a pas immensément enthousiasmé Alain. Sortir Scotty, d’accord. S’occuper d’un âne… je lui suffis.

Nous avons donc fait appel à un professionnel dont nous avions trouvé une publicité alléchante, et l’avons convié à nous rendre visite pour nous proposer un devis.
Aimable et sûr de lui, l’homme, béret planté sur le sommet du crâne, a fait le tour du jardin au pas de charge, faisant des commentaires sur le travail à effectuer . Rien que l’écouter nous a mis la puce à l’oreille. Inquiétant…
Il est ensuite passé à la partie délicate de l’opération: nous annoncer ses tarifs. L’œil innocent et la bouche en cœur, il nous a appris que, pour dix visites de 4 heures (mais la 11e est offerte!) il nous en coûterait 1200 euros… au lieu de 1400, va, il est bon prince. Et puis « si vous recevez du monde le samedi et que vous réalisez que votre pelouse n’est pas nickel, je peux vite passer. Mais bien sûr, en tarifs de week-end… »

Oui, bien sûr… Et il est parfaitement clair que nous sommes du genre à faire tondre la pelouse une heure avant de recevoir des amis, pour faire chic, tiens…
Je n’ai pas envie de mettre Alain mal à l’aise. J’ai donc retenu les deux réflexions que je mourrais d’envie d’exprimer: « Heu… je peux avoir le vague espoir que vous parlez en francs suisses? » et « Excusez-moi, nous avons besoin d’un jardinier, pas d’un avocat… Si vous me le permettez, je m’évanouis et je reviens. »

Je n’ai rien dit. Je suis extrêmement sage depuis que je suis ici.
Quand le monsieur est parti, non sans nous avoir averti qu’il fallait le rappeler rapidement car son planning se remplissait à vue d’œil, l’homme que j’aime et moi avons échangé un regard entendu. Visiblement, nous pensions la même chose… La longue visite que j’ai dû faire à un médecin depuis mon arrivée m’a coûtée très exactement 22 euros, avec consultation complète. Quel est donc ce pays où le tarif horaire d’un jardinier est plus cher que celui d’un médecin?!

Alain m’a dit:
- Bon, on demande un autre devis?
- Oui!

J’attends le deuxième homme pour la semaine prochaine. Mais cette fois, je sais à quoi m’attendre…

Nous reste éventuellement la dernière solution: acheter une tondeuse à gazon.
Si je n’ai jamais tondu une pelouse de ma vie, Alain, lui, connaît l’exercice.
Il m’a donc dit: « Je crois que tu ne te rends pas très bien compte que c’est assez physique. Je la tondrai moi-même, la pelouse. »
Hum. Connaissant l’importance de ses problèmes de dos, c’est exclu.
Seulement voilà, je sais que, bien souvent, lorsqu’il me met en garde, il a raison.
C’est parfaitement horripilant, mais c’est ainsi.
Nous attendons donc le devis du Messie avec anxiété.
Et si Messie a lui aussi des velléités de paie de ministre, nous complèterons son intervention par la mienne, nettement plus artisanale, mais moins onéreuse. Je mettrai peut-être deux jours complets là où il mettra une heure, mais bon, nous ne sommes pas pressés.
A moins que… ôtez-moi un doute…
Quelle est exactement la vitesse de croissance d’un brin d’herbe, déjà?

(à suivre…)

Martine Bernier

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