Un cas. Mon chien, pardon: ma chienne, est un cas.
Depuis que je suis installée à la porte de la Bretagne, elle me supplie de la laisser galoper en liberté. Comme elle a tendance à fuguer, je ne pouvais pas le faire avant que ne soit installé le portail. C’est chose faite depuis vendredi. Donc, nous avons, Alain et moi, laissé Scotty goûter à sa liberté nouvelle.
Un Scottish Terrier, par définition, a un caractère affirmé, n’a pas peur de grand-chose et a tendance à faire ce qu’il veut. Donc, nous nous attendions à la voir filer et à avoir toutes les peines du monde à la récupérer. Au lieu de cela, elle est sortie timidement, restant sur la terrasse sans oser s’éloigner. Il a fallu que mon Grand Homme l’accompagne sur la pelouse pour qu’elle se décide à perdre sa réserve et à faire trois fois le tour du jardin à 350 à l’heure, oreilles au vent. Elle était nettement moins amusante lorsqu’elle a compris qu’Alain partait. Depuis, elle s’est branchée en mode absence, attendant le retour de celui qu’elle attend.
Hier, je lui ai proposé très souvent dans la journée d’aller s’éclater dans le jardin. Elle a fini par le faire, mais à sa façon. Elle a commencé par aller poser sa truffe sur toutes les pâquerettes qui passaient par là. Puis elle est allée sous l’Arbre aux Oiseaux et a été croquer toutes les graines qu’elle a pu trouver. Oui, je sais, mon chien est bizarre. Entendant aboyer Baboune, elle a filé dans sa direction dans l’espoir de passer un moment avec elle. Oubliant littéralement que leur dernière conversation privée l’a quand même amenée en ligne directe chez la vétérinaire.
Stéphane, mon voisin, oeuvrait dans son jardin lorsqu’il a vu que je me dirigeais vers les premières roses, de mon côté du mur, armée d’un sécateur. Voyant que je restais un peu empruntée devant un chardon qui cernait le rosier, il s’est équipé d’un gant pour arracher ce qui tenait plus d’un palmier géant que d’une banale mauvaise herbe. Pendant ce temps, Scotty continuait son inspection personnelle du jardin, tentant de trouver une ouverture pour aller rendre visite à sa copine mangeuse de Scottish.
Lorsqu’elle s’échappe, je peux faire ce que je veux, j’ai toutes les peines du monde à la récupérer. Au point qu’il m’est arrivé, découragée, de me dire: « Très bien, je la laisse filer et j’adopte un chat. »
Mais là, miraculeursement, quoi qu’elle fasse, il me suffit de prononcer le mot magique pour qu’elle accourt. Quel est ce mot? Heu… je vous préviens, c’est un peu bête. Je prends un air très classe et je lance dignement: « Scotty! Nonosse? »
Le premier qui se moque met en péril notre belle amitié. Vous êtes prévenus.
J’ai bien essayé, à la place du « nonosse » populo, de placer: « Scotty, mon cher chien tant aimé, voudrais-tu avoir l’extrême obligeance de te déplacer jusqu’ici afin que nous puissions regagner ensemble nos appartements et mettre un terme temporaire à tes élucubrations gazonnières? ».
Mais cela n’a pas donné le même résultat. Pour être franche, cela n’a même donné aucun résultat du tout. Donc, je m’adapte.
Et j’attends la semaine prochaine avec impatience. Mercredi, Scott va perdre son look campagnard pour retrouver sa coupe Scottish clâââsse. En effet, nous lui avons pris rendez-vous chez une toiletteuse. Ce qui risque d’être assez épique. Parmi les points communs que nous avons, elle et moi, il y la même allergie aux coiffeurs. Cela promet…
Martine Bernier