Canard, langage des signes et chemin des souvenirs
13 mai, 2009Alain et moi vivons une étape essentielle de notre histoire. Encore une semaine de patience… C’est difficile, les échéances, ce genre d’étape. Il faut s’aimer très fort pour ne pas faire subir à l’autre la tension, la pression que chacun ressent en attendant la délivrance. Durant cette semaine, nous nous voyons peu. Mais les moments que nous passons ensemble sont magiques car, enfin, nous nous projetons dans un avenir qui est à notre porte.
Hier matin, dès l’instant où il est arrivé, il a fait de notre journée une perle de bonheur. Il est des jours, comme ça, où chaque seconde est magnifique. Il faut en prendre conscience, ne pas passer à côté. Savoir que, lorsque nous y repenserons, ces instants feront partie de ceux qui rendent la vie belle.
Au moment des traditionnelles courses, il m’a dit: « Aujourd’hui, je vais cuisiner pour toi. Tu aimes le canard? »
Oui, j’aime le canard. Dommage pour le canard. De retour chez nous, mon Grand Homme s’est mis aux fourneaux. Il cuisine en épicurien qu’il est, tranquillement, sans stress, en écoutant avec délice frémir la viande, en piquant délicatement les minuscules pommes de terre cuites dans de la graisse de canard (qui n’augmente pas le cholestérol!). Je me suis assise à côté de lui et je l’ai regardé préparer le repas. Il y a quelque chose de très attendrissant à voir son homme se donner un mal fou pour vous offrir un plat à sa façon. Quand il a posé ses assiettes sur la table, j’étais émue. C’était succulent. Le canard était fondant, les pommes de terre délicieuses. Et lui avait cette petite lueur joyeuse au fond des yeux, qu’il a lorsqu’il voit qu’il me fait plaisir…
Puis la journée a continué. Nous sommes tous les deux intéressés par la politique. Et je suis assez interpellée par l’attitude des députés à l’Assemblée Nationale. Nous avons regardé la diffusion en direct de leurs débats. Au début, Alain a commenté les images en me donnant les noms des députés, parmi lesquels il en connaissait plusieurs personnellement. Et tout à coup, virage à 180 degrés. Les débats sont traduits en langage des signes par trois femmes qui se relayent, dans un coin de l’écran. A un moment donné, l’une d’elles faisait tellement de grimaces qu’Alain est parti dans un de ces délires dont il a le secret. Il a traduit les gestes de la traductrice. Et cela ne donnait pas du tout la même chose que le discours initial. C’est avec mon Grand Homme que j’ai appris le sens de l’expression pleurer de rire.
En fin d’après-midi, peu avant son départ, il s’est connecté sur Google Map. Et là, il m’a entraînée sur les traces de nos souvenirs, de nos bientôt trois ans d’amour. Nous avons marché sur les traces de son Paris, de ce Paris qu’il m’a appris à aimer, qu’il m’a fait découvrir comme personne n’aurait pu le faire. Lorsqu’il est parti, un peu plus tard, nous étions plus proches encore. Nous savons aujourd’hui que nous sommes à quelques jours du bonheur absolu.
Martine