Archive pour le 14 juin, 2009

Iran: bougera-t-on?

14 juin, 2009

Les nouvelles sont toujours aussi inquiétantes en Iran. Le président élu ou en principe élu a réuni quelques milliers de ses partisans pour acclamer sa « brillante réélection ». Pendant ce temps, les manifestants continuent à exprimer leur colère, à se faire passer à tabac et arrêter.

Sur France 2, le fils du Shah déchu, qui habite aux Etats-Unis, a été invité à s’exprimer sur la situation. Il a dit son soutien à son peuple, l’a exhorté à tenir bon et a demandé aux pays influents de voler au secours de la populaton.

Apporter son soutien,c’est bien.

Mais demander aux manifestants de tenir bon… c’est plus facile à dire qu’à faire. Nous sommes dans des pays sûrs. Il nous est facile d’exprimer notre désaccord: nous ne risquons rien ou pas grand-chose. Mais ceux qui descendent dans les rues de Téhéran, eux, risquent gros. C’est un peu osé de les encourager à crier alors que les forces de police sont en surnombre, et qu’ils ne peuvent pas compter sur le secours de la Cavalerie pour venir les délivrer du joug dont ils sont les victimes… Aujourd’hui, les forces de l’ordre ont arrêté jusqu’aux témoins qui ne faisaient que regarder les événements. Plusieurs journalistes ont vu leur matériel détruit. Et de nombreux autres ont été chassés du pays. Quand les journalistes partent, la situation est très grave… Cela permet d’agir sans témoin.

Alors? Peut-on espérer une réaction des pays du monde? Les Etats-Unis et quelques pays d’Europe ont déjà exprimé leur inquiétude. Ce n’est, et de loin, pas suffisant. Plusieurs partisans du candidat de l’opposition, Hossein Moussavi, ont été arrêtés. Le monde tremble à l’idée que l’Iran possède peut-être l’arme nucléaire, pointée sur Israël.

Comment le monde va-t-il réussir à régler cette situation? Ahmadinejad a déjà montré par le passé qu’il est parfaitement imperméable aux critiques, d’où qu’elles viennent. Tout juste arrive-t-on à déclencher sa colère. Plus un homme est de mauvaise foi, plus il s’enfonce dans la rage mal placée.

Mon coiffeur Iranien m’a un jour dit, en parlant de son peuple: « Ils peuvent devenir fanatiques et se battre sans hésiter jusqu’à la mort ».

Ca promet.

 

Martine Bernier

 

 

Mes voisins et une surprise nommée Thierry

14 juin, 2009

J’ai reçu plusieurs messages me demandant quand j’allais réécrire des textes plus personnels. Ma réponse est toujours la même: quand j’aurai moins mal. Aller de déception en déception ne  contribue pas à alléger l’âme et l’esprit…

Et puis, il y a eu hier soir. Il est 2 heures du matin alors que j’écris. Je rentre d’une soirée délicieuse.

Hier soir, donc, j’écrivais mon article sur les émeutes à Téhéran lorsque quelqu’un a frappé à la porte. Ma voisine, Véro, était là, accompagnée de ses fils, Clément et Théo, et de Yoyo, fiston de nos autres amis et voisins d’en face. Ils venaient me proposer de passer la soirée chez eux et de faire par la même occasion la connaissance de Thierry, le meilleur ami de Stéphane (mari de Véro pour ceux qui n’auraient pas suivi).

J’ai pris mon chien, ai fermé la porte et nous sommes partis dans le jardin d’à côté où j’ai passé la plus agréable et la plus drôle des soirées. Une soirée estivale sur fond de chansons de Joe Dassin et de Renaud …  Il y a eu des perles tout au long de la nuit. Comme  écouter Stéphane, dont la coiffure s’apparente à celle de Yul Bruner, expliquer comment, dans sa jeunesse, il s’est fait frisoter les cheveux avec une permanente dont il garde un souvenir cuisant et dont le récit a déclenché un fou rire général… 

Il y a eu aussi Véro, toujours aussi attachante, récupérant in extremis un camembert grillé au barbecue et des andouillettes mal cuites dont personne en dehors de Stéphane ne voulait…

Il y a eu les enfants, joyeux, joueurs, beaux comme des anges.

Et puis il y a eu Thierry, la bonne surprise de la soirée. Entre lui et Stéphane existe une amitié indéfectible, vieille de 20 ans, du temps de leur passé de basketteurs. Ces deux-là se connaissent par coeur, sont complices, heureux d’être ensemble. Et Véro partage cette amitié pleine de rire et de tendresse masculine. Avec ce cadre à l’esprit vif et à l’humour décapant, nous nous sommes retrouvés sur des sujets qui nous tiennent à coeur: Didier Dagueneau, ce merveilleux vigneron de génie, homme de coeur et de culture, qu’Eric et moi avons tant aimé et dont Thierry connait les vins. Il y a eu les oiseaux, l’humour, l’évocation du chocolat belge (tsss… comment peut-on ne pas aimer les manons?! Sacrilège…)… La conversation a été animée, intéressante, à la fois profonde et légère. L’impression de me trouver avec de vieux amis… Dont un ressemblait, selon les angles, à l’acteur Sébastien Courivaud.

Thierry a envie de me présenter l’un de ses proches qui, lui aussi connaissait Didier. Mieux encore, tandis que, dans la soirée, nous parlions d’une interview que je souhaite faire mais que je n’ose plus envisager en raison de l’absence et du manque d’empressement d’Alain, il m’a proposé de m’accompagner. Je n’en dirai pas plus pour le moment, mais, si tout se passe bien, je pourrais vivre là une rencontre dont j’ai envie depuis un moment…

Je me suis retrouvée en face d’un homme naturel , franc et généreux de lui-même. Quel bienfait alors que, depuis trois semaines, je ne vis que chagrin et froideur incompréhensibles de la part de celui que j’aime…

Cette soirée m’a permis de renouer avec le rire, de regarder vivre quelqu’un d’intelligent et de tout simplement gentil, en face de moi, et de voir se créer une complicité autour de sujets qui me passionnent. Elle m’a permis de voir mes voisins heureux, de m’amuser en entendant Véro me parler de « Brigitte Magritte » (ne cherchez pas, il y a eu légère confusion de prénom. A passé minuit ce sont des choses qui arrivent…)

Merci…

 

Martine

Iran, Terre d’Histoire et de souffrance

14 juin, 2009

 Les images des émeutes, à Téhéran, suite à  la réélection du président sortant Mahmoud Ahmadinejad m’ont choquée, ce soir. Et plus encore les images de la répression policière qu’elles ont engendrées, filmées avec le téléphone portable de l’un des manifestants. Les étudiants sont venus crier leur colère alors que des accusations d’irrégularités naissent face à ces résultats. Les partisans de l’opposition qui ont osé manifester ont  été arrêtés sans ménagement, et risquent la prison assortie de coups de fouet.

Comme sans doute pas mal de monde, j’ai tenté, au cours de ces dernières années, de me renseigner sur l’Histoire de l’Iran (la Perse… l’une des plus vieilles civilisations…), pays mythique dont je comprends si mal la culture et le fonctionnement.  J’ai appris un peu du passé compliqué de ce peuple fier,  j’ai lu l’histoire du Shah, essayé de comprendre comment ce pays riche en pétrole et en gaz naturel a pu engendrer autant de violence au cours des dernières décennies.

Durant plusieurs années, j’ai eu un jeune coiffeur Iranien, en Suisse. Il m’a longuement parlé de l’Histoire de son pays, de la politique, des coutumes, des raisons qui les ont poussés à l’exil, sa famille et lui.

Comment peut-on imposer à un peuple un régime dont il ne veut pas? Jusqu’où peut-on maintenir une population dans une répression constante en interdisant le moindre signe de révolte? Les dictatures m’affolent…

Barack Obama souhaite renouer un dialogue plus sain avec l’Iran. Je ne suis pas certaine que Mahmoud Ahmadinejad soit l’interlocuteur dont il pouvait rêver.

Les étudiants qui criaient leur colère dans les rues de Téhéran  savaient ce qu’ils risquaient. Leur courage me laisse sans voix… Que subissent-ils, quel est leur sort à l’heure où j’écris?

 

Martine Bernier