Les nouveaux mots du Larousse 2010

Le français est une langue vivante. La preuve? Chaque année, les dictionnaires s’enrichissent de nouveaux mots. Ils sont 150, cette année.
Cela m’amuse toujours de faire connaissance avec ces derniers, qui ont fait leurs preuves au point d’être désormais reconnus officiellement.
Il est assez fascinant de se dire qu’ils ont gagné leurs lettres de noblesse en s’imposant d’abord dans le langage parlé, dans la rue… qu’ils ont dû en agacer plus d’un qui ont, en les entendant, peut-être protesté de voir utiliser des termes « qui n’existent pas ».

Vous êtes curieux de savoir quels sont ceux de cette année? En voici quelques-uns.

Environ 20 à 25 % des nouveaux mots nous viennent du français parlé dans la francophonie et les régions de France:

- Grader, tout-ménage, traclet viennent de Suisse
- Autogoal, bisseur, se racrapoter sont utilisés en Belgique
- Epeurer, fruitages, loup-marin sont québécois ; mbalax, promotionnaire, véhiculé viennent d’Afrique.
- Artison, bachat, coursière, restanque etc, sont issus de régions françaises.
- Saucette vient de Québec

Et puis, il y a les mots qui sont arrivés sur nos lèvres après s’être imposés comme « mots familiers » : hype, insortable, relookage, touillette, bien-pensance, écoparticipation, flexisécurité, interconfessionnel, luminothérapie, spintronique, téléassistance, adulescent, burn-out et surbooké (les maux du siècle…), biopic, buzz,caster, clubbeur, déchohabiter, fantasy, geek, pipolisation ou… pschitt (avec deux t, pas trois, s’il vous plaît!).
Beaucoup de ces mots ne sont évidemment pas encore reconnus par nos correcteurs orthographiques automatiques. Ce qui, à chaque fois, provoque des soulignements sauvages et rageurs dans nos textes. Eux comme nous vont devoir les apprendre, découvrir leur signification et leur orthographe, histoire de ne pas passer pour des ânes.

Parmi ces mots joyeux de rentrer dans le dico, il en est un qui me fait mal, mais qui correspond à notre société: enfant-soldat…

D’autres termes, déjà présents dans le dictionnaire 2008, ont été dotés d’un nouveau sens: alias, autisme, bélier, bisser, bistrotier, border, caméléon, captation, 1. chou, conventionné, courage, croquant, déjeté, élite, épigenèse, essorer, événement, 2. féminin, fiduciaire, haletant, hyperactif, inuit, minceur, monter, mousser, mutualiser, objectivisme, poing, recentrer, reine, réitération, requête, roi, roulage, sans-fil, test, toutou, traduction, transfrontalier.

Des locutions font également leur entrée, comme : agression sexuelle, appellation d’origine protégée, barrière des espèces, carnet de voyage, carte physique d’un génome, fièvre catarrhale, film choral, c’est chou vert et vert chou, cœur de cible, dans les clous, hors des clous, comparution immédiate, contrôle technique, crime d’honneur, démarreur à distance, diapause embryonnaire, électronique de spin, énergie noire ou sombre, étiquette électronique, exhibition sexuelle, grenailles errantes, à la marge, médiation pénale, mettre en musique, police technique et scientifique, réparation pénale, rhume de hanche, collecte sélective, spectacle vivant, vin de glace, zone bâtie continue ou « être au taquet », expression très appréciée de Christophe Willem.

Et puis, il y a l’autre partie du Larousse, celle d’après les pages roses, la partie « Noms Propres » permettant à des personnalités d’avoir accès à la postérité. Parmi elles, Laure Manaudou, Marion Cotillard
Brad Pitt ou Karl Lagerfeld. Bel hommage…

Le français est une langue vivante. Le jour où le dictionnaire fermera ses portes au renouveau, nous suivrons le chemin du grec ancien et des langues qui se sont endormies. Bienvenue, donc, aux adulescents surbookés vivant dans un monde de fantasy marqué par la pipolisation outrancière et la financiarisation…

Martine Bernier

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