Archive pour le 23 juin, 2009

La vie et son mystère…

23 juin, 2009

J’ai toujours eu une vie un peu particulière. L’impression que les frontières n’existent pas, que je peux partir quand et où je veux pour dix jours ou dix ans si j’en éprouve le besoin. Ce que j’ai fait plusieurs fois d’ailleurs. Le besoin d’étudier, encore et toujours, d’apprendre, de découvrir, de me nourrir du monde et des autres, de me lancer dans des aventures nouvelles, relever des défis. Pour que la vie soit riche, sans habitudes, passionnante.

J’aime les gens, j’adore les écouter, les aimer, mais je m’attache rarement. C’est dire si ce qui se passe dans ma vie en ce moment avec Alain est grave. En lui, je croyais… Je ne pense pas qu’il mesure la gravité de ce qui se passe…

Et puis, il y a autre chose… En arrivant ici, j’ignorais que j’allais vivre une aventure humaine d’une telle dimension. Et cette fois, je ne parle pas d’Alain dont les humeurs et les mots rythment et tourmentent ma vie, et qui reste le coeur de mon existence, que je le veuille ou non…

Ce soir, peu avant 22 heures, ma voisine Vero m’appelle: « Stéphane a envie de venir te parler. Peut-on venir te voir ou est-ce trop tard? »

Il n’est jamais trop tard pour se parler. Cinq minutes plus tard, nous étions tous les trois au salon et j’ouvrais une bouteille de… Vichy Célestin. Soyons fous! Et nous avons parlé. Pas de ces choses superficielles, de ces mots que l’on lance sans y penser, pour les oublier une fois prononcés. Non. Nous avons abordé des sujets vitaux. Cette conversation n’appartient qu’à nous.

Elle s’est terminée dehors, dans la nuit, alors que Vero était partie se coucher. Stéphane et moi avons encore parlé un peu par-dessus le petit muret qui entoure la maison. L’air était doux, l’atmosphère paisible, et des chauve-souris voletaient autour de nous. C’était une soirée particulière, très belle. Un moment hors du temps, précieux.

Cette relation particulière qui est passée très vite de « bon contact entre voisins » à de l’amitié profonde, je n’arrive pas à me faire à l’idée que je vais devoir m’en passer. Je n’avais jamais vécu ce genre de chose, dont je profite au quotidien sans m’en lasser. Nous sommes tous très perturbés par l’idée que je vais sans doute partir. Déchirée entre deux mondes, entre des gens que j’aime de part et d’autre. J’en veux profondément à l’homme que j’aime, ce soir. Sans son désistement, jamais ces questions, ces douleurs, ces crève-coeur ne se seraient réveillés. Et moi, ce soir, je serais heureuse auprès de lui sans toutes ces angoisses, ces interrogations et cet atroce sentiment de vide sans avenir…

 Martine Bernier

 

 

 

Neda, nouveau symbole?

23 juin, 2009

Elle s’appelait Neda et est devenue, sur le Net et dans les journaux du monde entier, la « martyre de Téhéran ».
Personne ne l’ignore plus, le destin de cette jeune femme cristallise l’opposition de la population qui se dresse contre la réélection du président Ahmadinejad, en Iran.
La vidéo de sa mort a été filmée par un téléphone portable, samedi.
Neda participait à la manifestation interdite lorsqu’elle a été la cible d’un milicien et serait morte, touchée en plein coeur (d’autres disent d’une balle en pleine tête), sous les yeux de son père.
J’utilise le conditionnel, car, même si l’information fait le tour du net, elle n’est pratiquement pas vérifiable.
Et personne n’a oublié l’histoire des charniers de Timisoara, en Roumanie. Au coeur même de l’émotion qui secouait ce pays à l’époque, en 1989, la télévision roumaine annonçait la découverte d’un charnier contenant jusqu’à 70 000 corps. Information reprise par les médias du monde entier. Qui découvraient, un peu plus tard que l’histoire avait été montée de toutes pièces, avec la participation des habitants. Les journalistes, pourtant professionnels de l’info, se sont fait balader…
En matière de désinformation, il était difficile de faire pire.

Aujourd’hui donc, l’histoire de Neda fait réfléchir.
En Iran, les journalistes étrangers ne peuvent plus travailler normalement.
La vidéo montre les images insoutenables de l’agonie d’une jeune femme. Mais comment vérifier?
Qui est-elle vraiment et dans quelles circonstances a-t-elle été tuée, il est difficile de le savoir vraiment.
Elle s’appellerait Neda Soltani. Les informations les plus précises disent qu’elle aurait eu 27 ans.

Une seule chose est sûre: ce samedi, à Téhéran, plusieurs personnes ont perdu la vie( 13, dit-on, auxquelles viennent s’ajouter une centaine de blessés) pendant les manifestations, sévèrement réprimées.
Cette jeune femme est devenue une icône car elle met un visage sur la répression.
A présent que le monde peut s’identifier aux victimes, l’émotion est plus forte encore.

La mort de cette jeune femme m’a profondément touchée, bien sûr, comme tous ceux qui l’ont visionnée.
Mais ce qui me frappe plus encore, c’est le phénomène qui prend le peuple Iranien bravant tous les interdits.
Le pouvoir fait tout ce qui est en son pouvoir pour isoler la population et l’empêcher de communiquer.
Mais les Iraniens sont en colère… et les vidéos et autres informations qu’ils accumulent partent de leurs ordinateurs et de leurs portables vers le monde, via Internet en général et Twitter en particulier.
Toutes ces informations sont recueillies à l’étranger et reproduites à l’infini…
Nous assistons à un phénomène nouveau, où le pouvoir en place est dépassé par le modernisme des moyens de communication et le courage de la population.

Comment tout cela va-t-il finir?
Les spécialistes sont partagés. Les uns pensent que la révolte sera étouffée dans l’oeuf, sévèrement matée.
D’autres estiment que ce qui se passe est le prélude à un changement profond.

L’Iran est un pays tellement complexe que je ne suis pas sûre que qui que ce soit puisse présager de l’avenir avec exactitude sur ce point.

Martine Bernier