Archive pour juin, 2009

Iran: ne les oublions pas

16 juin, 2009

Oui, je sais: j’en parle beaucoup. Mais la situation en Iran me bouleverse alors que l’ONU, l’Europe et les Nations-Unies se disent préoccupés, mais restent pour l’instant sur une réserve prudente.
Pendant ce temps, à Téhéran, les manifestations continuent, bien qu’elles aient été interdites par le pouvoir en place.
Les journalistes estiment à plusieurs centaines de milliers les Iraniens qui continuent à protester contre le résultat officiel de l’élection présidentielle, résultat qu’ils estiment falsifiés.
Leur sentiment semble partagé par la communauté internationale. Ouest France, dans son édition de ce matin, explique: Selon ces résultats, Mahmoud Ahmadinejad aurait recueilli près de 63 % des suffrages, autrement dit vingt-cinq millions de voix, dès le premier tour. En 2005, au second tour, il en comptait huit millions de moins. Compte tenu de la forte adhésion populaire au mouvement réformateur de Moussavi constatée durant toute la campagne électorale, aucun observateur ne donne beaucoup de crédit à ces chiffres. »

Les autorités Iraniennes réagissent à la révolte du peuple par des arrestations, une répression violente, le brouillage des réseaux de téléphonie et d’Internet et, toujours, par des difficultés et des humiliations multiples imposées aux journalistes étrangers dont beaucoup ont été expulsés.

Au-milieu de ce scénario dramatiquement familier aux régimes totalitaires, y a-t-il la moindre chance pour que le peuple soit écouté?
Les spécialistes sont divisés sur la question. Les uns pensent que la fronde va être matée sévèrement. D’autres estiment que depuis des semaines, au sommet même de l’Etat, des dissensions existent. Des voix se sont élevées pour demander des élections « démocratiques », ce qui a en principe été proposé à la population. Dans la réalité, les chiffres semblent avoir été faussés, tandis que Ahmadinejad et son mentor, l’ayatollah Ali Khamenei, s’appliquent à faire taire les espoirs de réformes et de changement.

Seulement, cette fois, il semblerait que le peuple ait en lui plus de colère que de peur. Si l’on se souvient de la révolution roumaine qui a mis un terme au règne de Ceaucescu, les indicateurs du changement étaient sensiblement les mêmes.

Les Iraniens de la rue risquent gros, mais ne plaisantent pas.

Martine Bernier

Avis de nuages sombres sur le Triangle d’Or

15 juin, 2009

Lorsque vous avez la chance de vivre en excellente entente avec vos voisins, les uns et les autres partagent les joies et les chagrins de leurs vies, dans une forme d’osmose légère.

Depuis quelques jours, notre Triangle d’Or traverse une zone de turbulences. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, c’est ainsi que j’ai baptisé l’ensemble des trois maisons du bout de l’allée. Triangle dans lequel sont intégrées la demeure que j’occupe, et celles de mes deux familles de voisins.

J’ai ouvert le bal des nuages le 19 mai, lorsqu’Alain a renversé mon monde et mon ciel. Depuis…  je préfère ne pas en parler.

Puis est venue la disparition d’Astérix, le cocker de Fred et de Béa. Petite âme douce partie sans bruit et que nous regrettons tous. Hier, le couple a subi un revers bien plus dur encore, en perdant l’une de leurs amies. Le poids du chagrin pèse sur Fred qui a le regard le plus triste du monde, même s’il tente vaillamment de donner le change.

Et aujourd’hui, les papillons noirs taquinent la maison de droite, ouvrant des ailes de mélancolie dévastatrice.

Alors??? Alors, la vie n’est pas une chose facile, je ne l’apprends à personne. Lorsque nous pensons que tout est est en place pour le bonheur, le monde s’écroule. Et lorsque tout va à peu près bien, personne n’est à l’abri de l’angoisse. Pas drôle tous les jours d’être un humain.

Mais… il y a le reste. Tout le reste.

Le regard pétillant des garçons, Clément, Yoyo et Théo, leurs rires si frais , tout joyeux. La beauté rayonnante d’Aurore, qui fait son entrée dans l’existence avec une délicatesse fascinante de fraîcheur.

Les gestes d’amitié,  ici en France ou en Suisse, qui disent: « Je suis là pour toi »…

La complicité avec ma soeur de coeur qui me manque terriblement. Chose que je n’arrive pas à lui dire, d’ailleurs…

La tendresse… bêtement la tendresse, qui nous donne envie de dire à un grand bonhomme costaud au regard perdu qu’il est nécessaire à ma vie, à LA vie.

Je me mets très, très rarement en colère. Je me révolte en revanche. Aujourd’hui, je me suis révoltée deux fois. La première fois ce matin, face à celui que j’aime et qui perd son âme.

La deuxième fois en découvrant les papillons noirs qui viennent tourmenter des gens que j’aime, rendus fragiles par leur extrême sensibilité. Une sensibilité pudique et farouche, qui pousse un colosse fragile à se cacher lorsqu’il se sent trop mal… Et qui pousse sa tendre moitié à se ronger d’inquiétude pour celui qui lui est cher.

Je n’ai pas de solution. Juste des pistes… et une certitude: quand ça ne va pas, nous devons continuer à nous tenir par la main, un peu plus fort, un peu plus solidement… et ne pas nous quitter du bout des yeux, du bout du coeur.

Petit message personnel, donc: Grand Bonhomme aux yeux tristes, ce soir, je pense à toi.

 

Martine Bernier

Iran: bougera-t-on?

14 juin, 2009

Les nouvelles sont toujours aussi inquiétantes en Iran. Le président élu ou en principe élu a réuni quelques milliers de ses partisans pour acclamer sa « brillante réélection ». Pendant ce temps, les manifestants continuent à exprimer leur colère, à se faire passer à tabac et arrêter.

Sur France 2, le fils du Shah déchu, qui habite aux Etats-Unis, a été invité à s’exprimer sur la situation. Il a dit son soutien à son peuple, l’a exhorté à tenir bon et a demandé aux pays influents de voler au secours de la populaton.

Apporter son soutien,c’est bien.

Mais demander aux manifestants de tenir bon… c’est plus facile à dire qu’à faire. Nous sommes dans des pays sûrs. Il nous est facile d’exprimer notre désaccord: nous ne risquons rien ou pas grand-chose. Mais ceux qui descendent dans les rues de Téhéran, eux, risquent gros. C’est un peu osé de les encourager à crier alors que les forces de police sont en surnombre, et qu’ils ne peuvent pas compter sur le secours de la Cavalerie pour venir les délivrer du joug dont ils sont les victimes… Aujourd’hui, les forces de l’ordre ont arrêté jusqu’aux témoins qui ne faisaient que regarder les événements. Plusieurs journalistes ont vu leur matériel détruit. Et de nombreux autres ont été chassés du pays. Quand les journalistes partent, la situation est très grave… Cela permet d’agir sans témoin.

Alors? Peut-on espérer une réaction des pays du monde? Les Etats-Unis et quelques pays d’Europe ont déjà exprimé leur inquiétude. Ce n’est, et de loin, pas suffisant. Plusieurs partisans du candidat de l’opposition, Hossein Moussavi, ont été arrêtés. Le monde tremble à l’idée que l’Iran possède peut-être l’arme nucléaire, pointée sur Israël.

Comment le monde va-t-il réussir à régler cette situation? Ahmadinejad a déjà montré par le passé qu’il est parfaitement imperméable aux critiques, d’où qu’elles viennent. Tout juste arrive-t-on à déclencher sa colère. Plus un homme est de mauvaise foi, plus il s’enfonce dans la rage mal placée.

Mon coiffeur Iranien m’a un jour dit, en parlant de son peuple: « Ils peuvent devenir fanatiques et se battre sans hésiter jusqu’à la mort ».

Ca promet.

 

Martine Bernier

 

 

Mes voisins et une surprise nommée Thierry

14 juin, 2009

J’ai reçu plusieurs messages me demandant quand j’allais réécrire des textes plus personnels. Ma réponse est toujours la même: quand j’aurai moins mal. Aller de déception en déception ne  contribue pas à alléger l’âme et l’esprit…

Et puis, il y a eu hier soir. Il est 2 heures du matin alors que j’écris. Je rentre d’une soirée délicieuse.

Hier soir, donc, j’écrivais mon article sur les émeutes à Téhéran lorsque quelqu’un a frappé à la porte. Ma voisine, Véro, était là, accompagnée de ses fils, Clément et Théo, et de Yoyo, fiston de nos autres amis et voisins d’en face. Ils venaient me proposer de passer la soirée chez eux et de faire par la même occasion la connaissance de Thierry, le meilleur ami de Stéphane (mari de Véro pour ceux qui n’auraient pas suivi).

J’ai pris mon chien, ai fermé la porte et nous sommes partis dans le jardin d’à côté où j’ai passé la plus agréable et la plus drôle des soirées. Une soirée estivale sur fond de chansons de Joe Dassin et de Renaud …  Il y a eu des perles tout au long de la nuit. Comme  écouter Stéphane, dont la coiffure s’apparente à celle de Yul Bruner, expliquer comment, dans sa jeunesse, il s’est fait frisoter les cheveux avec une permanente dont il garde un souvenir cuisant et dont le récit a déclenché un fou rire général… 

Il y a eu aussi Véro, toujours aussi attachante, récupérant in extremis un camembert grillé au barbecue et des andouillettes mal cuites dont personne en dehors de Stéphane ne voulait…

Il y a eu les enfants, joyeux, joueurs, beaux comme des anges.

Et puis il y a eu Thierry, la bonne surprise de la soirée. Entre lui et Stéphane existe une amitié indéfectible, vieille de 20 ans, du temps de leur passé de basketteurs. Ces deux-là se connaissent par coeur, sont complices, heureux d’être ensemble. Et Véro partage cette amitié pleine de rire et de tendresse masculine. Avec ce cadre à l’esprit vif et à l’humour décapant, nous nous sommes retrouvés sur des sujets qui nous tiennent à coeur: Didier Dagueneau, ce merveilleux vigneron de génie, homme de coeur et de culture, qu’Eric et moi avons tant aimé et dont Thierry connait les vins. Il y a eu les oiseaux, l’humour, l’évocation du chocolat belge (tsss… comment peut-on ne pas aimer les manons?! Sacrilège…)… La conversation a été animée, intéressante, à la fois profonde et légère. L’impression de me trouver avec de vieux amis… Dont un ressemblait, selon les angles, à l’acteur Sébastien Courivaud.

Thierry a envie de me présenter l’un de ses proches qui, lui aussi connaissait Didier. Mieux encore, tandis que, dans la soirée, nous parlions d’une interview que je souhaite faire mais que je n’ose plus envisager en raison de l’absence et du manque d’empressement d’Alain, il m’a proposé de m’accompagner. Je n’en dirai pas plus pour le moment, mais, si tout se passe bien, je pourrais vivre là une rencontre dont j’ai envie depuis un moment…

Je me suis retrouvée en face d’un homme naturel , franc et généreux de lui-même. Quel bienfait alors que, depuis trois semaines, je ne vis que chagrin et froideur incompréhensibles de la part de celui que j’aime…

Cette soirée m’a permis de renouer avec le rire, de regarder vivre quelqu’un d’intelligent et de tout simplement gentil, en face de moi, et de voir se créer une complicité autour de sujets qui me passionnent. Elle m’a permis de voir mes voisins heureux, de m’amuser en entendant Véro me parler de « Brigitte Magritte » (ne cherchez pas, il y a eu légère confusion de prénom. A passé minuit ce sont des choses qui arrivent…)

Merci…

 

Martine

Iran, Terre d’Histoire et de souffrance

14 juin, 2009

 Les images des émeutes, à Téhéran, suite à  la réélection du président sortant Mahmoud Ahmadinejad m’ont choquée, ce soir. Et plus encore les images de la répression policière qu’elles ont engendrées, filmées avec le téléphone portable de l’un des manifestants. Les étudiants sont venus crier leur colère alors que des accusations d’irrégularités naissent face à ces résultats. Les partisans de l’opposition qui ont osé manifester ont  été arrêtés sans ménagement, et risquent la prison assortie de coups de fouet.

Comme sans doute pas mal de monde, j’ai tenté, au cours de ces dernières années, de me renseigner sur l’Histoire de l’Iran (la Perse… l’une des plus vieilles civilisations…), pays mythique dont je comprends si mal la culture et le fonctionnement.  J’ai appris un peu du passé compliqué de ce peuple fier,  j’ai lu l’histoire du Shah, essayé de comprendre comment ce pays riche en pétrole et en gaz naturel a pu engendrer autant de violence au cours des dernières décennies.

Durant plusieurs années, j’ai eu un jeune coiffeur Iranien, en Suisse. Il m’a longuement parlé de l’Histoire de son pays, de la politique, des coutumes, des raisons qui les ont poussés à l’exil, sa famille et lui.

Comment peut-on imposer à un peuple un régime dont il ne veut pas? Jusqu’où peut-on maintenir une population dans une répression constante en interdisant le moindre signe de révolte? Les dictatures m’affolent…

Barack Obama souhaite renouer un dialogue plus sain avec l’Iran. Je ne suis pas certaine que Mahmoud Ahmadinejad soit l’interlocuteur dont il pouvait rêver.

Les étudiants qui criaient leur colère dans les rues de Téhéran  savaient ce qu’ils risquaient. Leur courage me laisse sans voix… Que subissent-ils, quel est leur sort à l’heure où j’écris?

 

Martine Bernier

Christiane Collange: « Pitié pour vos rides », une pinte de bon… sens

12 juin, 2009

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J’ai lu plusieurs des livres de Christiane Collange. Et j’ai toujours été enchantée par son bon-sens, son franc-parler, son regard parfaitement lucide sur la vie et les rôles que nous y tenons.
Aussi ai-je demandé en service de presse son dernier ouvrage: « Pitié pour vos rides, une enquête vérité sur le monde de l’esthétique ».
Je l’ai lu d’une traite.
Bien sûr, de nombreuses émissions de télévision et des articles ont déjà traité le sujet.
Mais les émissions et les magazines passent tandis que les livres restent.
Il fallait qu’une voix s’élève pour exprimer clairement, après enquête minutieuse, le pourquoi du malaise qui pousse certaines femmes à passer entre les mains des chirurgiens esthétiques, les risques encourus etc.

Le pamphlet de l’ancienne rédactrice en chef de l’Express est percutant. Il aborde de manière très complète les tenants et les aboutissants de ce phénomène très révélateur d’un malaise profond. Il fallait la plume énergique et ferme de Christiane Collange pour le faire.

Après avoir lu son ouvrage, j’ai déposé une demande d’interview par téléphone.
Et hier matin, la rencontre a eu lieu, riche et drôle.
Je vous en livre ici l’essentiel en espérant qu’elle vous incitera à découvrir ce livre, si ce n’est pas déjà fait…

- Vous vous êtes penchée sur les raisons profondes qui poussent les femmes à se faire refaire le visage ou le corps. Vous parlez de l’emploi, de l’image qu’elles renvoient et qu’elles ne supportent plus, du rôle de la télévision, et des médias etc… Pensez-vous qu’il soit plus difficile d’être femme aujourd’hui qu’il y a 50 ans?
Non, pas du tout. Il y a 50 ans, tout était très difficile pour les femmes. Il faut faire la distinction entre « être femme » et le domaine de la séduction. Il est nettement plus facile d’être femmes aujourd’hui, car elles jouissent de plus de liberté, ont davantage le choix de leur destin. Mais dans le domaine de la séduction, c’est une autre affaire. On nous fait croire que, pour séduire, il faut être une beauté. C’est faux, mais c’est le message véhiculé par les médias, la publicité.

- Vous n’êtes pas tendre avec les médias sur ce point…
Autrefois, la presse féminine aidait les femmes à assumer leur quotidien, leurs enfants, leur ménage. Aujourd’hui, elle est faite pour fabriquer des cover-girls. Grâce à Dieu on réagit. Ne vous laissez pas influencer par ces messages faussés.
Tenez, prenons un exemple: on veut nous faire croire que toutes les femmes enceintes de huit mois sont magnifiquement belles et bien dans leur peau. On nous a balancé Angelina Jolie enceinte et divine. On a oublié de nous dire qu’elle devait avoir un coiffeur, un maquilleur, un nutritionniste et que sais-je encore derrière elle chaque jour. La réalité ne ressemble pas à cela. Lorsque nous sommes enceintes de huit mois, nous sommes fatiguées, et nous n’attendons qu’une chose: que cela finisse et que l’enfant naisse!

- Vous estimez aussi que les reality show devraient être interdits car ils diffusent une « idéologie sinistre et dangereuse » à la gloire de poupées entièrement factices. Votre voix s’élève comme une voix de bon sens et de sagesse dans un monde où, finalement, ce genre de pratique semble rentrer tranquillement dans les mœurs et ne pas susciter beaucoup de réaction en regard de la gravité de ce qu’ils véhiculent. Cela vous inquiète?
Oui. Les reality show devraient être interdits. Il donne comme but aux femmes de perdre la réalité de leur vie. Certaines émissions les poussent à se faire entièrement refaire le visage et le corps. Mais on ne nous dit pas ce qui leur arrive ensuite. Peut-être deviennent-elles folles? Peut-être leurs enfants ne les reconnaissent-ils plus? Et comment réagissent leurs maris devant une femme qui ne ressemble plus à celle qu’ils ont épousée?

– L’un de vos chapitres est d’une sagesse percutante: il est impossible de rajeunir en vieillissant et vous proposez une série de conseils pour vivre mieux les ravages du temps. Parmi eux: préserver son capital peau. Et vous donnez 10 conseils d’une simplicité désarmante et qui ne coûtent rien. Vous les suivez vous même?
Oui! Il est fondamental de bien se dire que quoi que l’on fasse, on ne rajeunit pas. Quelqu’un m’a dit un jour cette phrase très vraie: « Quand on se fait injecter du Botox, on ne fait pas plus jeune, on fait botoxée! ». Les conseils que j’indique sont des principes de base. Il faut prendre soin de sa peau, tout simplement. Pour ma part, j’ai la chance de brûler au soleil! Cela me désespérait quand j’étais jeune. Mais aujourd’hui, l’avoir fui m’arrange bien: ma peau a été préservée, elle n’est pas très abîmée pour mon âge.

- Vous vous êtes attaquée, dans vos livres, à deux des pires tabous pour la femme: le poids et l’âge. Il faut se sentir très bien dans sa peau pour oser le faire de cette façon…
Et non, justement… Je me sens bien dans ma personne, mais mal dans ma peau. Je ne me suis jamais trouvé jolie. Mais je suis très à l’aise dans mon personnage, dans ma tête. J’ai eu une vie passionnante. J’ai plein d’enfants et de petits-enfants, avec pleins d’emm… comme tout le monde. J’ai eu une vie professionnelle formidable. J’ai de quoi me sentir bien.

– Vous même, comment appréhendez-vous la question de l’âge dans votre quotidien?
Un jour, il y a longtemps, j’ai regardé mes cheveux queue de vache, plutôt châtains, mes yeux verts, ma peau claire et mes taches de rousseur et je me suis rendue à l’évidence: j’aurais dû être rousse. Donc, j’ai commencé à me teindre les cheveux. Et puis l’an passé, je suis tombée malade et je me suis vue. J’étais une vieille femme malade avec des cheveux roux. J’ai décidé que j’allais arrêter de me teindre et assumer mes cheveux blancs. Depuis, mes cheveux, qui devaient en avoir assez des traitements que je leur imposais, vont beaucoup mieux. Et, bizarrement, on me dit que mes cheveux blancs me rajeunissent! C’est un comble… L’âge… Pour ce qui est de ma figure, j’appréhende bien. Pour mes genoux, moins! Les vieilles dames comme moi, de bonne humeur et actives doivent faire beaucoup d’efforts. Car nous sommes forcément handicapées par les ans. Il n’y a pas un jour où vous n’avez pas mal quelque part! Mais une bonne douche et un bon café vous permettent de vous remettre en train!

- Vous avez une sagesse, une façon de regarder la vie avec un œil à la fois critique et tolérant qui fait un bien fou à vos lecteurs. D’où vous vient ce bon-sens?

De mon père. Je lui ressemble beaucoup. Il avait un grand sens du quotidien, de la vie. La vieille de sa mort, nous avons eu un fou rire magnifique, tous les deux. Ma philosophie ressemble à la sienne: la vie est une chose difficile, il ne faut pas en rajouter! Mais vous savez, je ne suis pas commode. Je suis très autoritaire, je suis une grosse bosseuse et très rigolote. Lorsque j’étais rédactrice à l’Express, j’étais très exigeante sur la qualité du travail. Et j’ai été pareille avec mes enfants; Je suis drôle, mais on ne plaisantait pas avec les études, les choses à faire. Je ne supporte pas le laisser-aller, la paresse, tout ce qui est mou. La vie est une chose dont il faut s’occuper activement

- Avez-vous des contacts avec vos lecteurs? Comment réagissent-ils à votre livre?
Oui, j’ai beaucoup de contacts avec…. les lectrices! Car je suis un auteur pour les femmes. J’ai peu d’hommes parmi mon lectorat, ou alors des maris auxquels leurs femmes ont lu un chapitre d’un livre. Beaucoup de gens pensent ce que je dis et sont ravis que quelqu’un le dise à leur place. Il y a une prise de conscience de l’autonomie des femmes.

- En travaillant sur votre ouvrage, avez-vous eu accès aux statistiques? Sait-on quel pourcentage de femmes font appel à la chirurgie esthétique?
Oui: elles sont moins de 10% à le faire, et moins encore à franchir le pas. Et ce surtout parce que cette chirurgie est très chère et qu’elle est réservée à une élite. Attention: je fais bien la différence avec la chirurgie réparatrice qui, elle, est vraiment utile. Tout comme la démarche d’une femme qui souffre toute sa vie d’avoir un nez démesuré et qui se fait opérer est tout à fait légitime.

- Un chiffre aussi modeste méritait-il vraiment un livre sur le sujet?
Oui, car la majorité de la population en est le témoin à travers la TV, les médias le cinéma etc. Et cela rend des femmes malheureuses. Elles se disent: Toutes ces femmes là ne vieillissent pas… et moi!?

– Et les hommes? Passent-ils eux aussi par le bistouri du chirurgien esthétique?
Moins que les femmes, mais cela commence un peu. Ils se font eux aussi refaire le visage, la plupart du temps pour des raisons professionnelles. Certains, à 50 ans, ne veulent pas avoir l’air vieux au milieu de l’équipe de jeunes dont ils sont responsables. Personnellement, je pense que cela ne sert à rien.

- Quels sont vos projets, aujourd’hui que votre dernier livre vit sa vie?
Je ne parle jamais des livres que j’ai sur le feu… pour éviter que l’on ne me prenne l’idée en route! J’écris tous les deux ans. Je vais accompagner ce livre-ci, puis je me remettrai au suivant dès la fin de l’année.

Martine Bernier

« Pitié pour vos rides » Christiane Collange, Ed. Robert Laffont

Yann Barthès, le Zébulon du PAF et Chirac

11 juin, 2009

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Je regarde peu la télévision. Alain l’aime davantage que moi. Mais nous nous sommes toujours retrouvés autour d’une émission que nous aimons autant l’un que l’autre: le Grand Journal de Canal +. A mon avis la meilleure du genre. La regarder ensemble a toujours été un moment délicieux, d’intimité, d’amour et de complicité dans le rire et dans le commentaire.

J’ai déjà parlé d’Omar et Fred, le duo détonnant du programme. Ce serait injuste d’oublier l’ultra populaire Yann Barthès.
Sa cote de popularité, il la mérite largement.
Avec sa bouille toujours au bord du rire, son sens aigu de l’observation et son esprit piquant, rien ne lui échappe.
Il épingle tout le monde, connu ou pas, se faisant quelques ennemis au passage (on ne peut pas dire que Grâce de Capitani le porte vraiment en son coeur…) et mettant en joie les très nombreux fans de l’émission.

Hier soir, il a fait très fort avec un reportage un peu plus long que les autres sur Jacques Chirac.
Celui-ci se trouvait en Corrèze, au vernissage d’une exposition de céramiques chinoises, au musée qui porte son nom.
Et il s’est retrouvé sous le charme d’une jeune femme… au grand dam de son épouse Bernadette qui sait depuis longtemps que son mari est très sensible à d’autres attraits que les siens.
Il a été filmé à son insu pendant de longues minutes, tandis qu’il tentait des travaux d’approche sous la haute surveillance de sa femme qui le rappelait à l’ordre régulièrement. Le reportage était hilarant, Chirac avait beau avoir le mauvais rôle, il était attendrissant.
Ce morceau d’anthologie peut encore se voir pour l’instant dans les extraits de l’émission http://www.canalplus.fr/pid2174.htm

Se lancer dans un tel créneau est difficile. Il faut trouver LE ton juste. Ici, c’est plus que réussi.
Barthès a pris l’option de se moquer de tout et de tout le monde en se basant uniquement sur les images et sur les mots débités par les « épinglés ».
Toujours avec un ton léger et parfaitement adapté, redoutable car sans grossièreté et très drôle, il est parfois cruel, même s’il semble n’être jamais méchant.
Machiavélique…
Ce Zébulon du PAF a beau être lisse et apparemment nonchalant, il a beau avoir l’air de s’amuser prodigieusement à faire ce qu’il fait, c’est un professionnel hors pair.
Et il a, à mes yeux, un courage assez impressionnant sous son aspect innocent et juvénile.

Martine Bernier

Revolver: chic, de véritables musiciens…

10 juin, 2009

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Vous connaissez sans doute déjà les titres « Get around Town » ou « Balulalow » du groupe Revolver. Et si vous les avez écoutés, peut-être avez-vous ressenti comme moi ce sentiment curieux… Celui qui nous dit: « Tiens, de la musique qui vient de loin… ». Ils font un tabac, et pour cause…

Ambroise Willaume (la voix de Revolver) et son copain d’enfance Christophe Musset ont suivi un chemin musical commun : du classique, des cours de chant, des compositions… Ce qu’il faut pour « une bonne base ».
Un jour, ils ont rencontré un troisième larron: Jérémie Arcachet. Lui aussi a été gavé au classique (merci, les parents…) et a, avec son violoncelle, un rapport très particulier. Ce musicien inspiré a rejoint le duo en 2006, y apportant la touche d’originalité si particulière qui est désormais leur marque de fabrique. Ensemble, ils ont uni leur talent, ont osé revisiter les cordes pincées et caressées, les arpèges à la Simon & Garfunkel, les mélodies harmonieuses… qu’ils s’amusent à casser en douceur de temps en temps, comme dans « A Song She Wrote ». Comme pour rire, surtout pas pour choquer.

Ce trio parisien aux visages d’anges, sobre et subtil a réussi une prouesse. Son premier album « Music for a while » est une perle. Un panaché de chansons dont on ne se lasse pas.

Mais de quelle planète débarquent-ils, ces tout jeunes musiciens qui semblent avoir été pétri à la pop anglo saxone dont ils n’ont pas connu l’époque?
Un mélange d’influences des années à la fois tendres et révolutionnaires au cours desquelles les Beatles, Elvis, les Beach Boys, Elliott Smith ou le formidable Neil Young séduisaient un public émerveillé de découvrir des mélodies complètement nouvelles.

Revolver ne copie pas. Il crée, revisite. Et ces trois là sont habités. Il suffit de regarder leur clip dans lequel ils affichent un détachement élégant tout en proposant ce que l’on appelle aujourd’hui une musique « pop de chambre » et des harmonies vocales très sûres.

Lorsqu’ils passent en interview, les trois amis semblent surpris de leur ascension. Quand ils chantent en direct, ils le font avec application et sérieux, presque un peu gênés d’être là, très dignes. A des années-lumière des groupes à l’ego explosif. Les voir chanter, chacun installé sur sa chaise, en demi-cercle, rappelle les concerts intimes de musique de chambre, où les musiciens arrivent à créer un lien très fin avec le public.

En les écoutant, je pense à celui avec lequel j’aimerais partager ce que je ressens à leur écoute.

Ces trois-là iront loin…

Martine Bernier

http://www.myspace.com/popdechambre

Picasso volé: désolant fric-frac au musée et salut à Daniel Buren

10 juin, 2009

Incroyable…

Un carnet comportant 32 dessins de Picasso, évalué à 3 millions d’euros, a été volé hier au musée Picasso, à Paris. Il se trouvait dans une vitrine qui n’était ni fermée ni reliée à un système de sécurité. C’est sidérant. Et comme à chaque fois que l’on vole une oeuvre d’art ou un morceau de patrimoine mondial, cela m’irrite prodigieusement.

Que ce trésor ait été aussi mal protégé me désole, me fâche.

Que quelqu’un ait eu le culot gigantesque de faire le geste d’ouvrir cette vitrine et de voler le carnet me consterne.

Et qu’il existe des gens qui ne respectent pas le côté sacré du patrimoine artistique me révolte. Ces oeuvres, qu’elles touchent la peinture, la littérature, la musique, la danse, l’architecture etc, sont des éléments sacrés de notre Histoire, de notre culture, de notre mémoire. Elles sont ou devraient être intouchables, inviolables, selon un principe moral universel. 

Celui ou celle qui a volé ce carnet ne pourra rien en faire. L’objet est tellement connu et a une telle valeur qu’il est invendable. Alors?

Pourquoi le voleur a-t-il commis ce larcin? Pour le compte d’un collectionneur? C’est lamentable… L’engouement du public pour les musées d’Art pictural témoigne d’un intérêt immense, d’une curiosité sincère, d’un attachement profond des visiteurs pour les oeuvres. Il ne faut pas priver le monde de la moindre parcelle de sa culture. Chacun a droit à son accès. Qu’un homme (ou une femme) ait un ego, un orgueil, un égoïsme assez démesurés pour vouloir posséder une particule du travail Picasso pour son petit plaisir personnel , en s’en emparant, tout simplement, est écoeurant.

Comme est impardonnable le fait de réunir des oeuvres et des éléments aussi précieux dans un lieu mal protégé. Je ne voudrais pas être à la place des responsables du musée en ce moment. Il semblerait que l’exposition temporaire d’une oeuvre gigantesque de Daniel Buren « La coupure », rende actuellement la surveillance des lieux plus complexe. Et, comme  c’est souvent le cas un peu partout, le musée ne dispose pas des fonds nécessaires pour assurer un système de sécurité à la hauteur de la valeur du trésor qu’il abrite. Il prévoit des expositions itinérantes de certaines toiles pour faire rentrerr des fonds dans le but d’améliorer la situation. Mais en attendant, la situation conduit à ce qui a été vécu hier. Quand on sait que ce musée est le plus important au monde consacré à Picasso – la collection complète comporterait plus de 5000 oeuvres -, on peut s’étonner de voir le peu de moyens dont il dispose pour accomplir sereinement sa tâche. Reste à présent à espérer que la police va  réussir à retrouver le carnet volé et l’Arsène Lupin nouvelle formule dont les exploits ne me font pas rire du tout.

Pour terminer sur une note un peu plus positive, je profite de cette (mauvaise) occasion, pour vous conseiller de visiter le site de Daniel Buren, cet artiste contemporain majeur dans notre paysage artistique actuel. J’avais vu ses colonnes à Paris, avec Alain, à travers la palissade qui les entouraient pour cause de travaux, voici quelques mois. L’une de nos plus douces, de nos plus complices et nos plus romantiques balades, au Palais Royal. Il savait que j’avais envie de voir les fameuses Colonnes Buren et nous avions été heureux de les découvrir ensemble, même ainsi… Le peu que j’en ai vu m’a donné envie d’en découvrir davantage, ce que j’ai fait. Entre artiste et architecte, ce visionnaire possède une graine de génie…

Martine Bernier

 

http://www.danielburen.com/

La mésange et la baie vitrée

9 juin, 2009

Pour les oiseaux des jardins, nos baies vitrées sont des pièges mortels. Je m’en suis aperçu au cours de ces derniers jours.
La semaine dernière, j’ai trouvé une mésange agonisante juste devant mes grandes fenêtres.
Un filet de sang rosé coulait de son bec, elle était couchée sur le dos, les yeux mi-clos.
Et moi, géante demesurée devant cet oiseau blessé, j’ai eu le coeur hâché menu.
Je l’ai posé le plus doucement possible dans un papier de ménage doux, et j’ai été le mettre à l’ombre.
Le soir, quand mon fils, Yann, a été voir, l’oiseau avait disparu. Emporté, sans doute par un prédateur quelconque.
Je m’en suis voulu de ne pas y avoir pensé.

Hier, je travaillais quand j’ai entendu un bruit qui m’a glacé le sang.
J’ai regardé vers la fenêtre à côté de moi. Il pleuvait à verse.
Une autre mésange avait heurté la baie vitrée. Elle a essayé de voleter un instant, la patte tordue, et s’est affalée sur le sol.
Elle est tombée sur le dos et a fait un effort surhumain pour se retourner sur le ventre.
Pendant une ou deux minutes, une autre mésange est restée à côté d’elle puis elle s’est envolée.
La loi de la nature est dure…
J’ai attendu qu’elle soit partie pour intervenir.
Je sais qu’il faut éviter de toucher les oiseaux blessés si l’on ne sait pas exactement que faire pour les soigner.
Je l’ai protégé de la pluie en poussant la table de jardin au-dessus de lui, et je suis allée chercher un carton pour lui construire un abri pour le mettre à l’abri du vent.
Puis j’ai installé une minuscule soucoupe remplie d’eau, et des graines tout près de son bec.
Ensuite, j’ai mis mes mains autour d’elle, toujours sans la toucher, par réflexe sans doute.

Quand Alain est arrivé, il a été la voir. Il n’avait pas beaucoup d’espoir, m’a dit qu’elle allait mourir doucement.
Deux fois, je suis allée redresser le carton qui la protégeait du vent.
La deuxième fois, alors que la matinée était très avancée, je lui ai parlé.
C’était étrange de regarder cet être minuscule poser ses yeux sur moi. Des yeux pas plus grand que des têtes d’épingle.
Et là… elle s’est redressée et s’est envolée.

Cela m’a fait un plaisir fou…
J’ai besoin de miracles en ce moment, pour tenir.

Martine Bernier

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