Archive pour le 16 juillet, 2009

Khérinet – Jour de nuit

16 juillet, 2009

Quand j’étais adolescente et qu’une journée était spécialement dure à vivre, je l’appelais un « jour de nuit ».

Curieusement, ce jeudi en a été un, entrecoupé de moments beaux et importants.

D’entrée, au petit matin, j’ai eu une conversation avec un être cher, extrêmement remonté contre Alain. L’attitude de ce dernier met pas mal de monde très en colère. Comme toujours, je l’ai défendu. Et ce fut rude. Ce n’était pas la meilleure façon de commencer la journée après une nuit difficile, sans sommeil. Heureusement, à neuf heures, mes parents de coeur, Fred, Stéphane, Aurore,  le club des cinq (Clément, Théo, Léo, Yoyo et Erwann) et moi, sommes partis pour Khérinet. Ce village de chaumières, restauré dans l’esprit d’autrefois, est pimpant, avec ses toits de chaume. Nous y avons retrouvé Chantal et Michel, nos deux voisins de table de la veille, à la Turballe (voir texte d’hier!), et nous avons passé un moment ensemble. Puis nous avons parcouru le marché et acheté des produits locaux pour les partager le midi, chez Fred.

De retour, j’ai eu une longue conversation avec les enfants. Ils rencontraient un problème relationnel, depuis quelques temps, qu’il fallait régler. Nous avons donc parlé… et j’ai pu constater une fois de plus que, lorsque l’on aborde les choses de front, mais en douceur, tout est possible. Il ne faut pas avoir peur d’exprimer ses sentiments, ses douleurs, ses colères. Même à dix ans. Ce fut un beau moment, au cours duquel Clément m’a une fois encore prouvé qu’il pouvait réagir avec une belle intelligence. J’espère qu’il tiendra les promesses qu’il m’a faites… et j’ai aimé voir refleurir le sourire sur le visage de son copain Léo, grâce à lui.

Puis j’ai travaillé. Le coeur en sang, encore et toujours à cause de la même personne. Mais je ne peux me payer le luxe de ne pas écrire.

Peu après, j’ai eu une longue conversation avec Stéphane. Cet homme est bienfaisant. Il y a des êtres dont le simple fait de les savoir là, pas loin, vous fait du bien. Il en fait partie. Nous parlons beaucoup, tous les deux. Aujourd’hui, sur fond de Bob Dylan, il s’est passé un moment très fort. Stéphane est mon ami. Je ne savais pas que l’on pouvait voir fleurir une amitié aussi fort et aussi vite. J’ai découvert que lorsque les événements sont très durs, lorsqu’un être que vous aimez profondément vous meurtri jusqu’au fond de l’âme, les circonstances rendent tout plus intense. Y compris les relations que vous pouvez avoir avec les autres. Je ne savais pas que j’avais autant de larmes. Perdue. Le regard de Stéphane est un phare dans la nuit.

Nous avons été rejoindre Fred et les enfants pour un repas dans la chaleur moite d’une journée orageuse. Fred est lui aussi mon ange gardien. Il n’y a pas de mots pour exprimer ma reconnaissance. Il m’entoure, me protège, m’aide sur mille points.

Quand nous sommes ensemble et que Béa et Véro ne sont pas là, elles manquent incroyablement. C’est ainsi. Chacun est essentiel, dans le Triangle d’Or.

Plus tard, j’ai eu une conversation avec Michaël. Un enfant nous a quittés, au cours de ces derniers jours. Un bébé d’un an qu’une maladie génétique condamnait à très court terme. J’ai le coeur serré. La vie d’un enfant est si précieuse…Petit bonhomme qui ne grandira pas.

Il me parle de lui, et j’écoute ce grand gaillard touchant me confier ses fragilités. Et tout à coup, il me dit: « Je ne devrais pas dire cela, mais presque à chaque fois, vous finissez vos textes par un mot pour Alain…. »

Ma réponse l’a rendu un peu perplexe, je crois. Hé oui, cher Michaël… tout n’est pas toujours noir ou blanc… Le gris est aussi une teinte avec laquelle il faut compter… Cette conversation m’a touchée.

Le soir, j’attends mon futur déménageur avec anxiété, pendant près de deux heures. Lorsqu’il arrive, la tribu se reforme autour de moi, en rangs serrés. Ils me protègent, tous.

Il est tard dans la nuit. Dehors, le vent souffle en tempête. Je repense à la journée. La colère et la rancoeur qui grondent à l’égard d’Alain m’interpellent. « Qui sème le vent récolte la tempête ». C’est fou ce que c’est vrai.

Je ne serai plus là pour la moisson.

 

Martine Bernier