Archive pour août, 2009

Dernière nuit…

25 août, 2009

00:30

Je vis ma dernière nuit dans ma maison…

Toute la soirée, Fred m’a aidée à terminer les cartons, rejoint par Béa. Nous avons parlé, nous nous sommes souvenus… Ils sont précieux…

Alain est-il venu? Oui. Il est passé le soir remettre une carte graphique dans mon ordinateur. Il a pris moins d’une demi-heure. A dit des mots, m’a serrée dans ses bras, m’a embrassée. Du vide. Il sait ce qui m’attend. Et ce qui l’attend. Ne bouge pas. Me disait la veille qu’il n’a plus le droit de bouger une oreille chez lui. Je le regarde songeuse. Mais on ne transforme par une souris en tigre.

Eric, mes enfants, mes amis: je reçois plusieurs appels et mails aujourd’hui. Encore une fois je suis confondue devant autant d’amitié et d’amour… Aurore vit cette dernière journée avec moi. Dès qu’Alain s’éloigne, elle se précipite, suivie par Véro. Elles savent que je vais mal, très mal. Le Triangle se reforme sur le « Café du Muret. Fred va chercher des verres, du jus d’orange…

Deux fois dans la journée mon visiteur des étoiles me parle, bien qu’il ait entrepris une semaine lourde sur le plan professionnel. Le soir, juste après le départ d’Alain, nous avons une conversation. Tout le monde, dont lui, est extrêmement clair par rapport à Alain. Ce dernier le sait et cela le rend furieux. Mais il a beau dire… les gens sont jaugés sur leurs actes, pas sur leurs paroles. Quand ces dernières ne sont que du vent et que les actes sont graves, la colère gronde. C’est ainsi et c’est normal. Et moi… je n’ai plus envie de le défendre. Je vais reprendre une phrase qu’il m’a souvent dite depuis le 19 mai, alors que, à chaque fois, j’en arrivais à presque perdre la raison en raison de la douleur qu’il m’infligeait, alors que je devais gérer seule tout ce que nous avions entrepris à deux: « j’ai d’autres priorités… »

Dans quelques heures, les déménageurs viendront chercher les meubles et mes tonnes de livres. Scotty est toute perdue… Elle et moi passeront la nuit prochaine chez Béa et Fred, puis nous prendrons la route, Aurore, Fred, Scott et moi, pour la Suisse. Un appartement m’attend dans une ville frontière entre la France et la Suisse. Jusqu’au 1er septembre, je serai sans connexion internet. Plus d’écriplume donc pendant quelques jours.

Ensuite? Je verrai… je ne sais pas, je ne sais plus. Tout est confus, chaotique, incertain, terrifiant même. Je vais fermer les yeux et essayer de trouver le sommeil.

Martine Bernier

Les mots…

24 août, 2009

Les mots sont des personnages étranges… Ils ont toujours fait partie de ma vie, ont nourri ma plume, me font vivre et parfois mourir.

A 16 ans, j’ai écrit une chanson qui commençait ainsi: 

« Les mots ne sont que des boulevards que l’on emprunte sans y penser. Les mots ne sont que des buvards qui boivent le sens que l’on veut leur donner ». J’avais déjà compris deux ou trois choses, semble-t-il…

Aujourd’hui, j’ai vu les mots dans chacun de leurs rôles.

Des mots d’amitié, dans la bouche de Sylvie, mon amie rencontrée sur Facebook et venue me voir pour la première fois. Tout était limpide… normal…

Des mots d’amour sur les lèvres de mon Triangle d’Or, en réponse à mon texte d’hier…

Des mots d’amour tendresse échangés avec Aurore, hyper sensible.

Des mots durs d’Alain qui me trouve aigrie et me le dit, ce qui me blesse.

Des mots complices avec mes fils, Sébastien et Yann…

Et ce soir, des mots un peu maladroits qui me bouleversent… suivis d’autres, qui corrigent la trajectoire des précédents, et qui me bouleversent tout autant, mais différement. Des mots d’un être profondément bon, qui, découvrant la portée de ceux qu’il a choisis, ne sait comment m’apaiser et m’avoue être penaud. Mais la veille c’est moi qui l’ai heurté en choisissant mal les miens. Et pourtant… jamais je ne voudrais le blesser d’une manière ou d’une autre.

C’est fou. « Les mots ne sont que des boulevards que l’on emprunte sans y penser. Les mots ne sont que des buvards qui boivent le sens que l’on veut leur donner.  » C’était déjà vrai à l’époque et ça l’est toujours aujourd’hui.

Et pourtant, absolument à chaque personne que je viens de citer, je peux adresser les mêmes mots: je vous aime. Ce sont finalement les seuls qui valent la peine d’être prononcés.

 

M.B.

 

Lettre à ceux d’ici…

23 août, 2009

Dans 4 jours, je serai sur la route qui me mènera vers la Suisse. Le coeur et la vie brisés. Mais je ne peux pas partir sans écrire ces quelques lignes à celles et ceux qui ont fait ma vie durant les six mois que j’ai passés ici.

Il y a d’abord ceux de mon Triangle d’Or…  Ceux sans qui je n’aurais sans doute pas survécu au choc que m’a réservé Alain ni aux mois qui ont suivi, et leur cortège de tortures au quotidien.

Le premier d’entre vous que j’ai vu en arrivant, c’est toi, Fred, en sortant mon chien. Tu as été si gentil…. Tu es l’un des êtres les plus généreux de lui-même qu’il m’ait été donné de rencontrer. Tu aimes donner l’impression que tu es solide, toujours joyeux, serviable, un peu foufou. Mais au fil du temps tu m’as permis de découvrir l’autre Fred, avec cette profondeur, cette sensibilité et ce bon-sens qui te sont propres.  Tu es venu à mon secours si souvent, là où Alain avait pourtant promis d’être présent. C’est toi qui, aujourd’hui,  transportes mes cartons de livres et autres pour les réunir dans le garage, sachant que je suis incapable d’en porter. Et c’est encore toi qui vas me conduire jusqu’en Suisse…

Béa… Je n’oublierai jamais ce que tu as fait cette nuit-là… tu es restée auprès de moi jusqu’au matin. J’était hébétée, j’avais le coeur en sang. Je n’ai pas guéri, d’ailleurs… il saigne toujours. Tu es belle, calme, réfléchie, intelligente et bourrée d’humour. Ce petit grain de folie qui te prend parfois est un régal… Pudique, tu n’étales pas tes sentiments, et pourtant, ils sont si forts… Tu rassures, es toujours présente pour aider qui en a besoin. Scotty en a été l’heureuse bénéficiaire! Comme moi…

Aurore, petite perle… Quand je pense que tu ne te vois pas telle que tu es! Je crois n’avoir jamais vu de jeune fille de ton âge aussi tendre, aussi mûre et aussi prévenante. Intelligente, belle, naturelle, un peu timide, mais si radieuse… Tu es le rayon de soleil du bout de l’allée.  Tu sais ce que tu représentes pour moi, ma fillotte…

Yoann, petit Yoyo… avec ton rire perlé, les petits cheveux blonds dont les pointes blondissent plus encore au soleil, jusqu’à en être presque blanches, ta fraîcheur de petit garçon heureux, tu es le vif-argent du Triangle d’Or, un petit morceau de bonheur sur pattes!

Véro,  petit bout de femme courageuse, généreuse et tendre, tu as un cran fou. Ta franchise m’amuse énormément. Tu dis toujours ce que tu penses et n’hésites pas à prendre la défense de ceux qui en ont besoin. Quand la situation l’exige tu prends le taureau par les cornes et tu te bats. Pour faire plaisir à ceux que tu aimes, tu es prête à faire n’importe quoi ou presque. Les poèmes que tu leur adresses, si émouvants, en sont la preuve…

Clément et Théo, les petits gavroches, vous êtes deux bulles d’air éclatantes de vie et de joie.  Je me souviens très bien du jour où, avec Yoyo, vous êtes venus me sauver de ma première invasion d’araignées. Je me souviens aussi de nos jeux, de nos fous rires, de vos postures de statues, chacun sur l’un des pilliers du portail, du jour où nous avons fait « bibliothèque en plein air » dans mon jardin, à la découverte de mes bouquins. Vous êtes de parfaits petits voisins et d’adorables petits garçons.

Stéphane… mon bon géant, mon frère de coeur, mon complice, mon bon ange. Nous en avons fait du chemin, tous les deux, depuis le jour où tu m’as dit que tu étais sûr de m’avoir déjà rencontrée… Tu en as vécu des choses, en quelques mois… Tu es passé par tellement d’épreuves, subi tellement de douleurs. Mais tu as trouvé le chemin, je crois.  Ne lâche pas ma main, mon ami…

Vous resterez dans ma vie et vous le savez…

Et puis, il y a tous ceux qui ont joué un rôle dans mon existence, tout au long de ces mois… Brigitte et Michaël et leurs enfants, Léo et Maxime. La famille de Véro, sa maman, ses soeurs, ses cousins et cousines. La maman de Béa, les parents de Fred. Dominique, l’ami de Michaël pour la douce conversation d’un soir. Rico et Maëva. Et Thierry, qui m’a fait énormément de bien  sans, sans doute, s’en apercevoir.

 Et puis…

Toi, Alain… Tu as été en dessous de tout et tu le sais. Inutile de te fâcher, c’est la réalité. Je devrais te maudire, te détester, mais je ne peux pas. J’ai du dégoût pour ce que tu as fait, pas pour ce que tu es. Je t’aime encore et tu le sais aussi. Parce que moi… je n’ai jamais prononcé un seul mot sans le penser réellement. Je ne t’ai jamais fait croire à ce qui n’était pas.

Terre de sel de ce pays, petit St Molf  qui m’a accueillie, je laisse un morceau de moi auprès de toi…

A ceux qui ont pris soin de moi, ici, en Suisse et en Belgique… merci… du fond du coeur. Je vous aime et je vous attends, là-bas…

 

Martine Bernier

 

PS: cette nuit, le ciel est tapissé d’étoiles lorsque je retrouve mon Visiteur nocturne, après un silence d’une nuit. Lui aussi compte beaucoup… Mais c’est sur une pluie d’étoiles un peu particulière que nous parlons: un feu d’artifices venant clôturer la Fête des Battages. La nuit est largement tombée. Pendant que j’écoute mon interlocuteur, je regarde les silhouettes de mes voisins rentrer après le feu. L’une des dernières nuits que je passe dans ma maisons d’ici…

Cette nuit, je n’écris pas…

22 août, 2009

Cette nuit, oui, je n’écris pas. J’ai le coeur en hiver. La journée fut mauvaise, triste. La soirée aussi. Alors non, cette nuit, je n’écris pas. Si ce n’est pour dire que Michaël Jackson sera enterré le 3 septembre dans un petit cimetière d’Hollywood. Même après sa mort on n’aura pas pu le laisser en paix.

Neuilly sa mère et Piriac

21 août, 2009

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Cela faisait longtemps que je n’étais plus allée au cinéma, par la force des choses…. Cela me manquait, comme me manquent les expos et toutes ces choses que j’aime faire. Aurore, avec laquelle j’en ai parlé, m’a proposé  que nous y allions ensemble. Direction la Turballe donc, avec Béa qui nous a proposé d’être notre chauffeur. L’affiche n’est pas extraordinaire pendant cette période de vacances, mais nous avons choisi d’aller voir « Neuilly sa mère ».

Le casting mérite le déplacement. Les deux enfants qui assument les rôles principaux, Samy Seghir et Jérémy Denisty, sont excellents. Le film carricature les différences entre les nantis et ceux qui ne le sont pas. Samy sort d’une banlieue défavorisée, et va vivre quelques temps chez sa tante, à Neuilly. Il y découvre Charles, qui, à 15 ans, n’a qu’un rêve: devenir président de la République. Les clichés sont nombreux, le film est ironique et drôle. Nous avons aimé!

Mais avant de partir, j’ai offert à Théo son cadeau d’anniversaire. C’est fou ce qu’une voiture télécommandée peut rendre un enfant heureux…

Le soir, Fred, Béa, Aurore et Yoyo m’ont entraînée à Piriac, une petite ville de bord de mer où il y avait pas mal d’animation et… une brocante de livres. J’ai eu entre les mains des ouvrages d’art qui m’ont vraiment tentée. Mais non! Plus question pour le moment de rajouter d’autres livres aux 4000 qui attendent mon départ dans des cartons. Un soupçon de sagesse s’impose.

En rentrant, tard, le mot du Visiteur des Etoiles, et la conversation nocturne. Il reprend la route demain pour rentrer chez lui. Fini le petit banc  dans la nuit. Nous allons évoluer, nous adapter.

J’ai eu une boule d’émotion, aujourd’hui. Alain m’a mis plusieurs sms pour me dire qu’un film passait à la tv, dans lequel se trouvait une musique qui me trottait dans la tête et que nous recherchions depuis trois ans. C’est entre nous. Mais je sais qu’il a eu une forte émotion, lui aussi. Elle n’y pourra jamais rien.

M.B. 

 

 

Sarko à vélo… et Scotty au champ

20 août, 2009

C’est qu’il finissait presque par nous manquer, le bougre! Il est rarissime que l’on n’entende pas parler de Nicolas Sarkozy pendant pratiquement deux semaines. Il est en vacances, c’est vrai… mais bon.  Et puis aujourd’hui… le retour! Pas un retour hyperactif, non. Mieux que cela: un retour à vélo. Histoire de prouver qu’il va bien et que le malaise dont il a été victime fin juillet n’est plus qu’un mauvais souvenir.

C’aurait pu être une balade tranquille et discrète, mais… mais… la byclette présidentielle a une particularité. Et quelle particularité! Un proche de la première secrétaire  du Parti Socialiste a affirmé avoir reconnu le vélo. Si! Il s’agit de celui offert à Nicolas Sarkozy par Martine Aubry  lors d’une cérémonie des voeux en juillet 2008, à la mairie de Lille. Le président l’a avoué en public dernièrement, il l’aime son vélo qu’il estime excellent. Voilà! Ce rapprochement Droite – Gauche par l’intermédiaire de la Petite Reine résume en un clin d’oeil symbolique la quasi totalité de l’Histoire de France.

Et bien c’était la première nouvelle de la journée.

L’autre étant que Scotty, ma chienne, arbore résolument un look de gavroche. Depuis que les poils ont poussé sur ses oreilles, celles-ci se terminent par une sorte de plumet qui flotte gracieusement au vent lorsqu’elle accourt ventre à terre. Elle n’a plus exactement le style scottish terrier, mais elle est bien dans sa peau. Donc, je la laisse profiter à fond de sa dernière semaine de liberté. Puis elle aura droit à un toilettage dans les règles de l’art, pour réintégrer sa nouvelle vie.

En fin d’après-midi, après le passage d’Alain, j’étais effondrée dans ma cuisine quand mon chien rustique est venu s’asseoir devant moi et m’a longuement regardée en penchant la tête à gauche, puis à droite. Je lui ai expliqué ce que j’avais sur le coeur. La souffrance, le chagrin… Vu l’élan de pseudo affection qu’elle a eu envers moi à cet instant, j’ai eu l’impression qu’elle me comprenait. En fait, l’heure de son repas avait sonné. Fichue bestiole…

Exactement à la même minute, j’ai reçu deux sms. L’un d’Alain m’envoyant un mot d’amour. L’autre du Visiteur des Etoiles.
Mon Triangle d’Or s’est reformé instinctivement autour de moi. Cocon de protection… auquel sont venus se joindre mes parents de coeur qui ont téléphoné à cet instant. Tous partagent le même ressenti…

Eric a atterri à Genève dans l’après-midi.

Ce soir, j’ai le coeur serré comme jamais. Je n’arrive pas à exprimer ce que je ressens, tellement j’ai mal. Mais je sais que je vais le faire. On ne peut pas survivre en étouffant de cette façon. Certaines choses doivent être exprimées et le seront.

Je sais que mon Visiteur des Etoiles viendra ce soir à notre rendez-vous nocturne. Pas besoin de mots, je sais simplement qu’il sera là. En attendant, je relis un ouvrage consacré aux Grands Maîtres de la peinture. Boticelli, qui a sublimé la beauté féminine… Je retrouve le visage d’Aurore dans certains de ses personnages.  Petite Aurore, rayon de soleil dans cette dernière semaine de ma vie dans ce pays que j’aime…

Martine Bernier

 

 

 

Bagdad en sang…

19 août, 2009

Nous devrions pourtant être habitués, à force… C’est vrai: chaque jour ou presque, les médias se font l’écho d’attentats meurtriers un peu partout à travers le monde. Mais là…  Nous apprenons que ce mercredi, à quelques minutes d’intervalle, six attentats à la bombe ont fait au moins 95 morts et 536 blessés à Bagdad.

J’ai été assommée en lisant ces chiffres. C’est énorme, inacceptable, inqualifiable…  les observateurs estiment que ces attentats sont la preuve que les forces de sécurité irakienne ne sont pas à la hauteur de leur tâche depuis le retrait des troupes américaines.  C’est aussi et surtout la preuve de la folie humaine.

Devant ces actes sauvages, j’en viens à me demander si ceux qui en sont responsables savent encore pourquoi ils tuent… C’est tellement fou… Comment peut-on s’habituer à la violence, aux crimes, à la folie meurtrière? C’est impossible… Je pense qu’aucun d’entre nous n’oubliera jamais les images terrifiantes de ce fameux 11 septembre où l’horreur a atteint son comble. Nous ne devons pas nous habituer, jamais…

Cette nuit, loin de la souffrance du monde, la conversation a été très belle avec le Visiteur des Etoiles. Heureusement que ces moments existent. Je venais de passer un moment très doux avec les membres de mon Triangle d’Or (tournée de café sur le muret qui entoure la maison… le « Café du Muret »), lorsque mon téléphone a vibré. Ces moments sont des cadeaux. Je l’ai déjà écrit: il apaise là ou un autre détruit.

J’ai peur de la journée de demain. Pourquoi? Nous verrons demain soir….

Martine Bernier

Eric, mes anges, Memling et Van Eyck

18 août, 2009

Retrouver Eric m’a fait un bien fou… Qu’il ait été capable de faire plusieurs heures de route avec son frère pour passer un moment avec moi me touche profondément. Dans la vie, il y a les hommes bien et les autres. Et puis il y a une troisième catégorie pour les « mentions spéciales ». Il en fait partie.

Dans cette catégorie où il n’y a pourtant pas foule, vous avez aussi Stéphane, venu me sauver d’une visiteuse matinale énorme noire, velue et parfaitement indésirable sur le plafond de ma chambre à la première heure du jour. Et puis il y a Fred, incroyablement altruiste et toujours présent avec une efficacité redoutable. Deux de mes anges gardiens.

La présence ces trois hommes, prévenants, à l’écoute, donne une résonnance particulière aux non réactions d »un autre homme qui ne fréquente pas leur catégorie en ce moment.

Ce soir, Aurore me fait un double cadeau qui va rentrer dans le panthéon de mes cadeaux préférés. Petite Aurore si douce…

Mais, minée par une journée difficile, je suis épuisée. Quand je vais mal, je me réfugie dans mes livres d’art, qui sont presque les seuls à être encore présents hors cartons. Ce soir, je me plonge dans les oeuvres des peintres flamands. Je regarde les portraits si fins de Memling. Puis les oeuvres de Van Eyck, virtuose dans l’art de rendre les matières. C’est l’un de ceux à qui l’on attribue la création de la peinture à l’huile. Le talent de ces peintres me fascine toujours autant. Les visages de leurs portraits sont d’un réalisme troublant. La peinture m’interpelle au plus profond de moi. J’aurais tellement aimé avoir ce don…. Mon Visiteur des Etoiles le possède. Certaines de ses aquarelles sont magnifiques. Il m’apaise. Ils m’apaisent, tous les quatre…

 

M.B.

Woodstock… j’aurais aimé

17 août, 2009

J’avais 10 ans… Aux informations, j’avais vu les images de cette foule impressionnante, marée humaine qui se pressait pour écouter les concerts des plus grandes stars de l’époque à Woodstock. Woodstock, personne n’en avait jamais entendu parler jusqu’alors. Mais, tout à coup, le monde entier apprenait que cela se trouvait dans l’Etat de New York. Les organisateurs attendaient 50’000 personnes sur deux jours, 500000 sont venues car les concerts ont été partiellement gratuits. Gratuit… pour aller écouter Joan Baez, Jimmy Hendrix, les Whos et tant d’autres… J’ai fantasmé des années sur cet événement, comme tous  les jeunes de l’époque. Aujourd’hui, Woodstock a 40 ans. On a eu beau faire, on n’a pas fait mieux. Parce que l’époque fleurait bon le Peace and Love, les fleurs dans les cheveux…

Tandis que Woodstock est porté aux nues, je m’épuise à mettre mes plus de 4000 livres dans des cartons. Physiquement et moralement, l’épreuve est terrible. Mon Triangle d’Or, ce soir, se reforme, vient me donner un coup de pouce. L’espace d’une heure, le salon ressemble à un remake des « Temps Modernes » de Chaplin. Ils sont merveilleux.. tous autant qu’ils sont. Fred et Stéphane font des aller et retour chargés comme des mulets. Pour les récompenser: tournée générale de bière au « Café du Muret ».

Eric m’annonce sa visite pour demain, le temps d’un repas. Il est toujours là, fiable, stable, solide et foncièrement bon. Quand je pense à ce que fait celui pour qui je suis partie… encore et toujours cette nausée qui ne me quitte plus depuis des mois…

Ce soir, j’ai deux rendez-vous, au creux de la nuit. Le Visiteur des Etoiles  m’apporte sa douce tendresse. Si importante. Sa voix me rassure. Il aimerait que ce bienfait se poursuive aussi lorsque le téléphone se tait. C’est plus difficile. Il a fallu des années pour reconstruire les villes ravagées par les bombardements. C’est dans cet état que me laisse Alain.

Puis je retrouve un jeune adolescent, ami d’Aurore, sur msn. Il avait envie de me parler. A travers sa webcam, je découvre un adorable bonhommet, malicieux et vif que je taquine pour voir fleurir un sourire. Il n’a pas eu une vie facile, du haut de ses 14 ans, et s’oriente comme il peut, dans ce monde où  il se déplace sans boussole. Il est attachant, le bougre. Encore quelqu’un que je garderai dans mes bagages… Bonne nuit, Dimitri!

Martine Bernier 

 

 

 

Taisez-vous ou vous mourrez!

16 août, 2009

Soit vous vous abstenez de voter, soit nous prenons votre vie.

C’est le choix que donnent les talibans à la population dans le sud de l’Afghanistan. Alors que dans quatre jours auront lieu les élections provinciales et présidentielle, ils ont averti qu’ils attaqueraient les bureaux de vote. Pour être bien sûr que leur message passe bien, ils ont distribué des tracts  en soulignant qu’ils utiliseraient de “nouvelles tactiques”.

L’attentat-suicide de samedi à Kaboul a donné un aperçu très clair de ce que sont capables les talibans. Leur attaque menée près du quartier général des forces de l’Otan dans le secteur réputé pour être le plus sécurisé de la capitale a fait 7 morts et près d’une centaine de blessés.

Encore un pays où le simple fait de s’exprimer met la vie de ceux qui le font en danger. En Suisse, nous votons très régulièrement. Beaucoup plus souvent qu’en France où le vote est aussi un acte quasi banal. Nous avons de la chance. Nous avons le droit de donner notre avis, en toute quiétude. La liberté est si précieuse…

Je pense au commandant Massoud, cet homme dont j’ai profondément admiré le courage, et qui s’est battu pour protéger son peuple des talibans. Les hommes sont-ils vraiment capables de revenir un jour à la raison? J’en viens à douter…

Dans quelques jours, la maison protégée par la petite statuette dans sa niche de pierre ne sera plus « ma » maison. Je comprends le sens de l’expression: vivre un véritable chemin de croix. J’essaie de prendre sur moi, de tenir. Et lui, dans tout cela, direz-vous? Je pense qu’il n’est guère possible de faire pire.

La nuit commence à tomber. Il fait une chaleur étouffante. Peut-être le visiteur du soir, mon visiteur des étoiles,  viendra-t-il me faire sa visite téléphonique dans quelques minutes comme il le fait depuis une semaine. Un moment de grâce que je déguste en regardant passer les étoiles filantes, quand elles viennent elles aussi au rendez-vous.

 

Martine Bernier

 

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