Dans 4 jours, je serai sur la route qui me mènera vers la Suisse. Le coeur et la vie brisés. Mais je ne peux pas partir sans écrire ces quelques lignes à celles et ceux qui ont fait ma vie durant les six mois que j’ai passés ici.
Il y a d’abord ceux de mon Triangle d’Or… Ceux sans qui je n’aurais sans doute pas survécu au choc que m’a réservé Alain ni aux mois qui ont suivi, et leur cortège de tortures au quotidien.
Le premier d’entre vous que j’ai vu en arrivant, c’est toi, Fred, en sortant mon chien. Tu as été si gentil…. Tu es l’un des êtres les plus généreux de lui-même qu’il m’ait été donné de rencontrer. Tu aimes donner l’impression que tu es solide, toujours joyeux, serviable, un peu foufou. Mais au fil du temps tu m’as permis de découvrir l’autre Fred, avec cette profondeur, cette sensibilité et ce bon-sens qui te sont propres. Tu es venu à mon secours si souvent, là où Alain avait pourtant promis d’être présent. C’est toi qui, aujourd’hui, transportes mes cartons de livres et autres pour les réunir dans le garage, sachant que je suis incapable d’en porter. Et c’est encore toi qui vas me conduire jusqu’en Suisse…
Béa… Je n’oublierai jamais ce que tu as fait cette nuit-là… tu es restée auprès de moi jusqu’au matin. J’était hébétée, j’avais le coeur en sang. Je n’ai pas guéri, d’ailleurs… il saigne toujours. Tu es belle, calme, réfléchie, intelligente et bourrée d’humour. Ce petit grain de folie qui te prend parfois est un régal… Pudique, tu n’étales pas tes sentiments, et pourtant, ils sont si forts… Tu rassures, es toujours présente pour aider qui en a besoin. Scotty en a été l’heureuse bénéficiaire! Comme moi…
Aurore, petite perle… Quand je pense que tu ne te vois pas telle que tu es! Je crois n’avoir jamais vu de jeune fille de ton âge aussi tendre, aussi mûre et aussi prévenante. Intelligente, belle, naturelle, un peu timide, mais si radieuse… Tu es le rayon de soleil du bout de l’allée. Tu sais ce que tu représentes pour moi, ma fillotte…
Yoann, petit Yoyo… avec ton rire perlé, les petits cheveux blonds dont les pointes blondissent plus encore au soleil, jusqu’à en être presque blanches, ta fraîcheur de petit garçon heureux, tu es le vif-argent du Triangle d’Or, un petit morceau de bonheur sur pattes!
Véro, petit bout de femme courageuse, généreuse et tendre, tu as un cran fou. Ta franchise m’amuse énormément. Tu dis toujours ce que tu penses et n’hésites pas à prendre la défense de ceux qui en ont besoin. Quand la situation l’exige tu prends le taureau par les cornes et tu te bats. Pour faire plaisir à ceux que tu aimes, tu es prête à faire n’importe quoi ou presque. Les poèmes que tu leur adresses, si émouvants, en sont la preuve…
Clément et Théo, les petits gavroches, vous êtes deux bulles d’air éclatantes de vie et de joie. Je me souviens très bien du jour où, avec Yoyo, vous êtes venus me sauver de ma première invasion d’araignées. Je me souviens aussi de nos jeux, de nos fous rires, de vos postures de statues, chacun sur l’un des pilliers du portail, du jour où nous avons fait « bibliothèque en plein air » dans mon jardin, à la découverte de mes bouquins. Vous êtes de parfaits petits voisins et d’adorables petits garçons.
Stéphane… mon bon géant, mon frère de coeur, mon complice, mon bon ange. Nous en avons fait du chemin, tous les deux, depuis le jour où tu m’as dit que tu étais sûr de m’avoir déjà rencontrée… Tu en as vécu des choses, en quelques mois… Tu es passé par tellement d’épreuves, subi tellement de douleurs. Mais tu as trouvé le chemin, je crois. Ne lâche pas ma main, mon ami…
Vous resterez dans ma vie et vous le savez…
Et puis, il y a tous ceux qui ont joué un rôle dans mon existence, tout au long de ces mois… Brigitte et Michaël et leurs enfants, Léo et Maxime. La famille de Véro, sa maman, ses soeurs, ses cousins et cousines. La maman de Béa, les parents de Fred. Dominique, l’ami de Michaël pour la douce conversation d’un soir. Rico et Maëva. Et Thierry, qui m’a fait énormément de bien sans, sans doute, s’en apercevoir.
Et puis…
Toi, Alain… Tu as été en dessous de tout et tu le sais. Inutile de te fâcher, c’est la réalité. Je devrais te maudire, te détester, mais je ne peux pas. J’ai du dégoût pour ce que tu as fait, pas pour ce que tu es. Je t’aime encore et tu le sais aussi. Parce que moi… je n’ai jamais prononcé un seul mot sans le penser réellement. Je ne t’ai jamais fait croire à ce qui n’était pas.
Terre de sel de ce pays, petit St Molf qui m’a accueillie, je laisse un morceau de moi auprès de toi…
A ceux qui ont pris soin de moi, ici, en Suisse et en Belgique… merci… du fond du coeur. Je vous aime et je vous attends, là-bas…
Martine Bernier
PS: cette nuit, le ciel est tapissé d’étoiles lorsque je retrouve mon Visiteur nocturne, après un silence d’une nuit. Lui aussi compte beaucoup… Mais c’est sur une pluie d’étoiles un peu particulière que nous parlons: un feu d’artifices venant clôturer la Fête des Battages. La nuit est largement tombée. Pendant que j’écoute mon interlocuteur, je regarde les silhouettes de mes voisins rentrer après le feu. L’une des dernières nuits que je passe dans ma maisons d’ici…