Archive pour août, 2009

Comment est le ciel, en Iran?

5 août, 2009

Cette nuit, la lune est ronde. Elle s’est reposée dans un halo rosé, puis jaune, éclairant un ciel magnifique. Ce ciel… quel ciel, mon Dieu… Des nuages énormes, striés par la lumière de la fameuse lune. C’est beau… si beau…

Tandis que je regarde le ciel, je pense à l’Iran. Mahmoud Ahmadinejad a prêté serment, hier, devant le Parlement iranien. Et la séance a été boycottée par 57 députés réformistes. Que doivent aujourd’hui ressentir les dizaines de milliers de personnes qui ont exprimé leur désaccord en manifestant dans les rues de Téhéran, voici quelques semaines? Quelle déception pour elles… Mais la partie s’annonce difficile pour ce président qui se dit « Sauveur de la Nation ».  Contesté de partout, il aura du mal à apaiser la situation… Les lendemains vont être durs sous le ciel Iranien…

La  journée a été piquetée de petits moments tendres ou amicaux. Je travaille, je retrouve mon Triangle d’Or, notre Vero toujours pas remise de son souci de santé, le regard de Fred qui consent enfin à poser sa carapace de rire pour que je prenne quelques photos de lui tel qu’il est réellement, la douce Aurore, toujours aussi drôle et émouvante, Béa qui pleure en regardant la très modeste vidéo que j’ai réalisée sue la chanson que je leur ai dédiée, les yeux de Stéphane lorsque nous évoquons tous les deux l’avenir qui nous attend. Je suis plus perdue de jour en jour. Je ne peux pas imaginer ce qui va se passer… Mes amis Suisses semblent réaliser que je m’angoisse de plus en plus. Ils me donnent des signes de vie. Eric est là, lui aussi, fidèle et précieux…

Ce soir, je parle longuement avec mon nouvel interlocuteur, sur Facebook. Il est passionnant.
La nuit se referme sur moi. Le ciel… ce ciel… je le regarderais pendant des heures. Le vent, léger dans cette nuit étouffante, me souffle qu’Alain sera avec moi demain… Pourvu que, cette fois, il tienne sa parole…

Martine Bernier

« Demain tantôt »

4 août, 2009

J’ai beau venir de la partie francophone de la Suisse, et avoir été élevée dans le Brabant wallon, en Belgique, il m’arrive pourtant de me dire que je ne suis pas très au point avec le français. Chaque pays a ses expressions, ses patois, ses mystères. Quand un Suisse (un Ormonan, de ceux que j’aime tant ) vous dit: « Quelle cramine! J’ai la débattue! », comprenez: « quel froid, j’ai les mains gelées! ». Et je suis très fière d’arriver à comprendre ces expressions qu’il m’a fallu du temps à apprendre.

Mais quand Béa, m’a dit tout à l’heure que je pourrais demander quelque chose à Fred: « demain tantôt », j’ai eu un fou rire nerveux. Au secours!!! Ca recommence! Moi y en a pas parler langage indigène!!! Magnanime, Béa m’a expliqué que cette expression voulait dire « demain après-midi ». Il fallait le savoir….

Forte de mon nouveau bagage intellectuel, je suis désormais prête à affronter les expressions insolites de la langue française. Mais la vie ne s’arrête pas à cela.

Aujourd’hui, tandis que, pour la troisième fois en quelques jours, j’attends Alain qui me promet sa visite mais qui ne vient pas, Nicolas Sarkozy voit sa cote de popularité remonter grâce à son malaise de la semaine dernière. Il le rend humain…  Comme la nature humaine, justement, est étrange…

Je suis contente pour le président. Moins pour moi.

Ce soir, une double conversation me retient sur mon ordinateur. Aurore, puis un  homme sensible et intelligent, passionné de musique, rencontré sur facebook. Agréables moments et découverte d’un jardin secret…

La nuit est tombée depuis longtemps. Je erre dans la maison en me demandant si le sommeil reviendra un jour fréquenter mes nuits normalement. J’ai tout exploré de la nuit. La couleur, les nuances du ciel, toutes les phases de la lune, les étoiles ou la nuit noire, la pluie ou les grosses chaleurs, le souffle du vent et les colères de la tempête, les voiles de la brume… les chauve-souris, les moustiques, les insomnies que je provoque chez ma chienne agacée. J’ai passé des nuits dans mon canapé, dans les lits des chambres d’amis, à regarder le ciel par le velux. Mais je reviens toujours dans mon propre lit, en boule dans un coin , un t-shirt dans les mains, à attendre.. attendre…

Un ami m’a proposé du travail pour mon retour en Suisse. Encore un ange gardien… Tandis que Véro souffre d’un souci de santé que je connais bien pour le vivre régulièrement, des visiteurs sont venus voir la maison, aujourd’hui. Je me suis retirée. Il faut des gens particuliers, pour y habiter. Il faut la respecter, cette maison que j’aime tant, et être capable d’apprécier comme ils le méritent les voisins qui l’entourent.

Les heures s’enfoncent dans la nuit. Et moi, j’écoute Rostropovitch…

Toi… Repense à Aragon et Elsa… Les amants d’aujourd’hui rendant visite aux amants d’hier, disais-tu, accompagnés par cette sonate de Bach que Rostropovitch maîtrisait avec une dextérité parfaite… Notre vie…

 

M.B.

 

 

Marylou

3 août, 2009

J’aime les enfants. C’est ainsi depuis toujours. Cela ne veut pas dire que je suis gâteuse devant la moindre frimousse et que j’accepte toutes les bêtises qu’ils peuvent faire. Non. Ils savent qu’ils y a des règles à respecter. Mais savent aussi  qu’ils sont importants pour moi, ce qui crée des relations privilégiées. J’aime les écouter, les regarder. Il est possible de voir très tôt quel genre d’adultes ils seront. Ils sont l’avenir… et c’est nous qui avons la responsabilité de leur devenir.

Marylou est un petit concentré de féminité et de charme qui a bientôt 12 ans. Elle est ma filleule. Nous ne nous étions pas revues depuis deux ans. J’ai  voyagé, ces dernières années, et ai eu une vie plus que mouvementée qui ne me laissait pas vraiment beaucoup de disponibilité. Et puis, voici un peu plus d’une semaine, j’ai reçu un mail de Marylou, qui me disait combien elle était malheureuse de ne plus me voir.

Je m’en suis voulue et ai décidé de corriger le tir. Et je l’ai invitée à venir me voir avec ses parents et son frère. Par chance, ils passaient une semaine de vacances à quelques kilomètres d’ici, et sont passés ce soir.  Une petite fleur au regard émouvant…

Je termine la soirée en regardant Polnareff. J’avais déjà vu ces images…  Je le regarde et je me dis que j’ai eu de la chance de pouvoir le voir sur scène.

MB

Michel Polnareff, la vie et la force d’un commentaire

2 août, 2009

Demain soir, France 2 consacrera une partie de sa soirée à la diffusion d’un reportage sur Michel Polnareff. Ce chanteur particulier, merveilleux musicien, je l’apprécie depuis mon enfance. Aussi, lorsqu’il est venu donner un concert à Genève après trente ans d’absence, mes billets étaient réservés depuis plusieurs mois. L’instant précis où il est apparu sur scène, je ne l’oublierai jamais. Quelle ferveur dans la salle… Johnny Halliday était présent, venu écouter son ami en famille. Ca a été un concert magique, émouvant, généreux. J’ai adoré l’interprétation qu’il a faite de la chanson de lui que je préfère: « L’Homme qui pleurait des larmes de verre ».  Ce formidable compositeur, porteur de tellement d’attente de la part de son public, n’a pas déçu. Il a été épatant.

J’ai lu sa biographie, ai tout vu et tout lu sur lui. Et pourtant, je ne chercherai jamais à le rencontrer en interview dans le cadre de mon travail. Pourquoi? Parce que… je n’aurais rien à lui demander. J’ai juste un bonheur pur et quasi enfantin à l’écouter, notre « Amiral ». Et je crois qu’Eric, mon ex mari et meilleur ami, a eu autant de plaisir que moi à l’entendre et le voir en concert alors qu’il ne faisait pourtant pas partie de la Grande Confrérie des Fans.  J’ai rarement eu autant de plaisir à assister à un récital. Tout ce qui sera dit dans le documentaire qui passera demain, je le sais sans doute déjà. Et il y a de grandes chances pour que je connaisse déjà les images qui seront diffusées. Mais je pense qu’il y a de fortes chances pour que je sois devant l’écran.

Après une journée au cours de laquelle mon moral a ressemblé à une pièce de dentelle de Bruges, j’ai rendu visite à Steph et Véro , deux de mes complices du Triangle d’Or. Le commentaire qu’a laissé Véro ce soir sur l’article d’hier me poursuit. Mon départ vers la Suisse est prévu pour le 27, et Alain n’a toujours pas bougé. Je suis déchirée. Où est ma vie, mon avenir? Ai-je raison de partir? Je suis écartelée entre ceux que j’aime ici et ceux que j’aime là-bas. Mais surtout, j’ai toujours mon coeur captif entre les mains d’un homme qui s’est perdu.

Je suis mal. Mais le monde continue à tourner, le malotrus. Kouchner a confié dans la presse aujourd’hui qu’il faut que « nous bâtissions la paix avec les Afghans ». Une paix qui ne peut passer que par un dialogue avec les talibans. Il a fait cette déclaration alors qu’un 29e soldat français vient d’être tué en Afghanistan. C’est tragique… Mais c’est la première fois que j’entends parler de dialogue dans cette situation. Comment être indifférente à la souffrance du monde, même si la mienne est insupportable?

Martine Bernier

 

Interdit de sourire et mon premier karaoké

2 août, 2009

Curieuse coïncidence… C’est ce 1er août, jour de la fête nationale suisse, que je reçois les documents officiels me permettant de faire ma demande de carte d’identité française. Ma double nationalité est de plus en plus concrète… Le problème, c’est que pour réaliser une carte d’identité, il faut des photos. Et j’ai horreur de cela. Prenant notre courage à six mains, Bea, Aurore et moi nous sommes rendues chez un photographe qui a réglé l’affaire en dix secondes. Seulement voilà. Désormais, en France comme en Suisse, les photos figurant sur les papiers officiels doivent être aussi avenantes que des photos anthropométriques. Il est interdit de sourire, il ne faut pas avoir de cheveux devant les yeux (pratique pour moi qui ai une frange de poney sauvage!), se tenir droite, fermer la bouche, bref, avoir l’air d’un parfait zombie. Je suis donc repartie avec mes photos ratées, me résignant à l’idée que ma carte d’identité française sera illustrée d’un portrait que je n’aurai aucun plaisir à montrer. Que j’aurais même plutôt tendance à cacher. Tsss… 

En rentrant, alors qu’elle nous entraîne à l’Espace Culturel, Aurore décide de me faire un cadeau et m’offre un carnet magnifique, hautement symbolique. Il est recouvert d’enluminures… Ce joli présent me touche plus que je ne peux le dire… La délicatesse d’Aurore est un bonheur perpétuel…

Le soir avait lieu un grand événement: nous fêtions l’anniversaire de Michaël, notre voisin du bout de l’allée. Avec son épouse Brigitte, tous deux avaient bien fait les choses pour recevoir une bonne douzaine de personnes. La soirée a été  chaleureuse et amicale. Sur la demande du roi de la fête, j’ai accepté d’aller chercher ma guitare. Mes doigts sont usés de jouer, ces jours-ci… j’ai retrouvé mes automatismes, mes réflexes, mon amour de mon instrument, moi qui n’avais plus que très peu de temps pour jouer.

La deuxième partie de la soirée m’a réservé des surprises… J’ai assisté à mon premier karaoké! Si!!! Moi!!! En partant, mes amis s’inquiétaient de savoir si cela ne m’avait pas trop traumatisée! En fait, il y a une foule de choses que j’ai trouvées amusantes ou agréables. La longue conversation avec Dominique, ami de Michaël, passionné par son métier d’ambulancier urgentiste. Ou les deux danses que Rico, ami de Fred, m’a demandées, moi qui ne danse pratiquement jamais. Je n’irais pas jusquà dire que le karakoé est du grand art, mais cela m’a amusée de voir Fred, Rico, Michaël et Stéphane s’époumoner de concert et chanter plus faux les uns que les autres sur des chansons joyeusement massacrées. Plus délicates, Véro, Béa et Brigitte ont sauvé l’honneur en chantant plus en nuances. J’avais l’impression d’être propulsée sur une autre planète. Je vis ici des choses que je n’ai jamais vécues ailleurs. Etonnant!

Au milieu de la fête, mes anges gardiens veillent sur moi, l’air de rien. Fred et Stéphane sont toujours à l’écoute, toujours attentifs et me le montrent avec une tendresse désarmante. Heureusement que je les ai. Car d’un autre côté, je n’ai que le silence…

Il est 2h30 du matin. Enroulée dans un grand châle, je regarde les étoiles…

Martine Bernier

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