Archive pour novembre, 2009

L’une des plus grandes énigmes est en passe de livrer son secret…

30 novembre, 2009

Dimanche, Ecriplume a franchi le cap des 13’000 visites.
C’est assez sidérant, touchant, réconfortant…
Merci…

Pour franchir ce cap, je vous propose l’une des histoires les plus mystérieuses qui soit. Dont le secret pourrait enfin être révélé dans les mois à venir.

Tout commence au début du 16e siècle. L’un des hommes les plus puissants de Florence, Pier Soderini commande à Léonard de Vinci une oeuvre gigantesque de 17 mètres sur 7.
Elle devra rendre hommage à la République qui vient de faire fuir les Médicis, et sera placée dans le Palazzo Vecchio, palais du gouvernement, dans la salle du Conseil appelée « La Salle des Cinq-Cents » en référence au nombre d’élus qui y siègent.

En 1503, donc, le grand Léonard signe le contrat. Et il commence à préparer le carton de sa fresque.Carton dont on a aujourd’hui perdu la trace.
Il y travaillera pendant un an avec cinq de ses assistants.
Soderini s’impatiente. Il trouve que de Vinci met vraiment trop de temps à réaliser son oeuvre.
Mais ce dernier doit faire face à deux gros problèmes techniques: l’enduit humide l’oblige à peindre le plus vite possible avant que la couche supérieur ne sèche. De plus, seuls quelques pigments minéraux sont compatibles avec les enduits de cette époque. Or, Léonard désire utiliser toute la gamme de couleurs de sa palette… Il expérimente donc pour la première fois la cire d’abeille ainsi que de la résine grecque. Mais même ainsi, les couleurs ne sèchent pas. Vers les plafonds, elles coulent et se diluent. Et lorsqu’il fait trop chaud, la cire fond.
Un crève-coeur artistique pour le génie qui, usé par les intrigues de la Cour de Florence, décide de quitter la ville pour partir à Milan, puis en France.
Il abandonne sa fresque appelée « La bataille d’Anghiari ».
Celle-ci n’est pas aussi grande qu’elle devait l’être à l’origine, mais elle est considérée comme un chef-d’oeuvre par tous ceux qui l’ont vue à l’époque.

Je dis bien « à l’époque »… car depuis, elle a disparu.
Si des copistes nous permettent d’avoir une vague idée de ce que fut l’oeuvre en question, son destin a fait d’elle un mystère.
A Florence, les choses se gâtent pour Soderini qui doit abandonner la ville. Les Médicis reviennent en force et reprennent le pouvoir.
Et la salle des Cinq-Cents est transformée en écurie, après que l’oeuvre du peintre ait été recouverte d’un coffrage de bois.

Plusieurs années plus tard, Côme Ier, duc de Florence et grand-duc de Toscane, s’installe à son tour au palais.
Il rend à la salle son faste premier et commande six fresques au peintre et architecte Giorgio Vasari, à la gloire, cette fois, des Médicis.
Et c’est là que le mystère commence.
Personne ne sait ce qu’a fait Vasari. A-t-il sacrifié l’oeuvre de Léonard de Vinci? Ou l’a-t-il dissimulée?
Les spécialistes actuels relèvent que, par le passé, Vasari avait déjà dû remplacer une fresque peinte par Masaccio. Mais il ne l’avait pas détruite: il avait construit un mur devant elle pour la préserver…

Des indices prouvent qu’il était un admirateur du grand Léonard.
Et, en face du mur où avait été peinte « La bataille d’Anghiari », il a réalisé lui-même une autre fresque épique, comme cela lui a été demandé.
Fresque sur laquelle se trouvent deux mots énigmatiques tracés sur la bannière d’un soldat: « Cerca Trova ».
« Cherche et trouve »…

Est-ce un message laissé aux générations futures pour indiquer qu’il existe une piste pour retrouver l’oeuvre perdue du Maître?
Pendant des siècles, personne ne s’en est préoccupé. Jusqu’en 1975 où un vieux professeur d’Histoire de l’Art a rencontré un jeune ingénieur médical, Maurizio Seracini.
Il lui a demandé de faire des recherches et de prouver que la fresque de Léonard de Vinci existe toujours.
Cette quête est devenue primordiale pour l’ingénieur.
Il a utilisé toutes ses compétences, toutes les machines possibles et imaginables pour analyser, étudier, scanner et passer au crible des technologies les plus affûtées ce mur porteur du secret.
Il a encore fallu patienter 35 ans pour qu’il reçoive toutes les autorisations nécessaires et les fonds permettant de vérifier si l’hypothèse émise est crédible.

Aujourd’hui, il est à pied d’oeuvre.
Le 16 octobre dernier, le maire de Florence l’a autorisé à tenter une dernière phase exploratoire. « Un bombardement de neutrons et de rayons gamma permettra d’identifier les substances organiques et chimiques qui se trouvent derrière le mur de la salle des Cinq-Cents ».
A partir de ces résultats, une carte chimique sera dressée. Et l’énigme du mur sera enfin révélée…

Avec toute la délicatesse et la rigueur exigée pour une tâche aussi osée (le site est quasi sacré, au même titre que Versailles, à Florence), Seracini va travailler. Il lui faudra encore entre un et deux ans de recherche pour atteindre son but.
Et tout le monde rêve de l’instant où, lorsque la peinture de Vasari aura été soigneusement ôtée et que l’on aura retiré un bout du mur Est de la salle, le rayon d’une lampe torche éclairera peut-être une oeuvre inconnue du plus grand Maître de la Renaissance.
Pour le monde, ce serait une découverte inestimable.
Un « de Vinci » ramené à la lumière pour la première fois depuis des siècles.

A moins que tout cela n’ait été qu’un faux espoir…

Martine Bernier

Zemmour et l’intelligence de Christophe Willem

29 novembre, 2009

J’ai de plus en plus de mal à comprendre Eric Zemmour.
Oui, bien sûr, il est payé pour polémiquer sur tout et sur rien, pour casser, pour dénigrer.
Il a accepté de le faire, avec beaucoup de cynisme, c’est son problème.
Sa façon d’agir est aux antipodes de la mienne.
Je ne vois pas du tout en quoi ses interventions et celles de son acolyte sont constructives, en dehors du fait qu’elles font monter les audiences dès qu’une altercation a lieu sur le plateau.

Il lui arrive de plus en plus souvent de se ridiculiser en critiquant tout et tout le monde systématiquement, en s’empêtrant dans des arguments souvent douteux.
Le côté réconfortant de l’histoire étant que les invités commencent à se défendre, à former même de petites coalitions.
Et quand ses interlocuteurs ont la dent dure, Monsieur Zemmour perd de sa superbe, secouant la tête d’un air navré, comme s’il était désolé du manque d’intelligence flagrant de ceux qui lui font face.
Il y a une part de jeu, on l’imagine bien, évidemment.
Encore une fois, il est payé pour cela.

La nuit dernière, dans « On n’est pas couché », l’émission dans laquelle il sévit, j’ai vu que Christophe Willen faisait partie des invités, aux côtés du merveilleux et trop rare Jacques Weber, invité pour présenter son livre « Des petits coins de paradis ». Bruno Solo, Delphine Rollin et Dominique Voynet étaient également sur le plateau.

Je ne m’en cache pas, je l’ai déjà dit: j’aime énormément Christophe Willem, pour son talent et sa personnalité.
J’ai eu une crainte pour lui: qu’allait-il faire dans cette galère, est-il assez armé pour se défendre face à un trublion comme Zeymour qui manie la mauvaise foi avec dextérité?
Verdict final: oui.
Il n’a pas été pris à parti comme d’autres l’ont été avant lui.
Attentif, il a non seulement fait preuve de beaucoup d’esprit dans ses réparties, mais il a encore défendu son amie Zazie, qui, paraît-il, avait été agressée dans une précédente émission, et a volé avec Bruno Solo au secours de Dominique Voynet avec une intelligence et un sens de l’à-propos rare, surtout chez quelqu’un de son âge.
Ce garçon a la force des calmes, de ceux qui restent toujours courtois, et qui ont la faculté d’avoir les idées suffisamment claires et posées pour aller au bout de leurs arguments sans se laisser impressionner par les coups de dents de celui d’en face.
Il a créé la surprise en attaquant Zemmour et en livrant le fond de sa pensée, en ne se laissant pas intimider, comme l’avait fait Frédéric Lopez avant lui.

Le débat a fini par une ovation du public pour le chanteur et par quelques piques aussi écoeurantes que maladroites de la part des deux sbires de Laurent Ruquier. Qui lui, visiblement, ne s’attendait pas à la réaction de son jeune invité.
Comme quoi, on peut être très doux et avoir du caractère.

Il devait être une heure du matin lorsque je suis sortie me balader près de la rivière.
L’endroit est très mal éclairé, le ciel était couvert, il faisait froid.
J’ai écouté le bruit de l’eau.
C’est là que je promenais Scotty.
C’est fou ce que neuf kilos de poils et de malice peuvent me manquer.

En marchant, j’ai pensé à mille choses. A cette déferlante de commentaires venus soutenir Alex sur le blog. Les gens ont du coeur…

J’ai pensé à Lui, à ce prochain voyage à Paris que je prépare avec joie et anxiété. Joie parce que je suis heureuse de retrouver ceux que je vais interviewer et les lieux auxquels je vais consacrer un reportage, de partager tout cela avec un compagnon comme Lui que je vais découvrir sous d’autres facettes. Sachant qu’avec son humour, cela ne risque pas d’être triste! Et anxiété parce que Paris a confisqué mon coeur.

Sait-il, Lui, que sa présence amicale est un cadeau précieux, et que, sans son aide, je ne repartirais pas dans cette ville que j’aime? Le grand oiseau qui se pose parfois près de moi accepte juste que je vole un peu auprès de lui. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il me prend sous son aile…  Mais vu qu’il sera mon guide, mon chauffeur et, m’a-t-il dit en riant, mon garde du corps,  on peut finalement dire que, si, tiens, il me réserve un bout de ses plumes!

En rentrant, je prends mon agenda et je griffonne: ne pas oublier de Lui dire merci. Environ 5689521 fois.

Martine Bernier

http://www.purepeople.com/article/eric-zemmour-christophe-willem-regardez-le-clash-que-personne-n-attendait-dans-on-n-est-pas-couche_a45037/1

Pierres et minéraux: L’Ali Baba au grand coeur

28 novembre, 2009

Je suis depuis fort longtemps sensible aux bienfaits des minéraux. Même ceux qui ne croient pas aux facultés qui leurs sont attribuées ne peuvent qu’être touchés ne fut-ce que par leur beauté, leurs couleurs, leurs formes…

Vendredi, avec mon amie Sonia, nous avions décidé d’aller en acheter quelques-uns que je souhaite offrir. Mais cette fois, pas question de nous rendre à notre adresse habituelle. Nous avons décidé d’aller chez un monsieur, Monsieur Kaufmann, dont le compagnon de Sonia nous parlait avec enthousiasme.  Et la surprise a été totale… nous sommes entrées dans la caverne d’un extraordinaire et lumineux Ali Baba aux yeux bleus.

Nous sommes arrivées dans une boutique minuscule, remplies de pierres et de géodes aussi somptueuses les unes que les autres. Une boutique pleine de charme où nous avons été reçues par un homme passionnant. Les pierres, c’est sa vie, il les connaît, les a étudiées, en parle avec la rigueur d’un spécialiste et la poésie d’un passionné. Secondé par son épouse dont le savoir des minéraux semble équivalent à celui de son mari, il nous a entraînées dans un monde fascinant…

Il sait chacune de ses pierres, leur nom, leur origine, leurs facultés, montre des trésors sans se faire prier, partage son savoir sans jamais être ennuyeux…
Il respecte les minéraux, ne les attaque pas à l’acide pour en faire de jolis cailloux polis.
Beaucoup sont bruts, purs…
Dès qu’il a appris que la plupart de ces pierres sont destinées à un enfant, notre hôte en a choisi d’autres, en relation avec les besoins spécifiques de l’enfant en question, pour les lui offrir, aussitôt rejoint par sa femme qui lui a emboîté le pas.
Autant de générosité, de connaissance et de bonté m’ont totalement sidérée.

Les magasins proposant des minéraux ne sont pas rares.
Je ne retournerai pas dans les autres, je pense.
Car ici, dans ce lieu hors du temps et hors du monde, non seulement les pierres sont reines et aimée, mais le couple est un bonheur.

Lorsque celui à qui je destine ces minéraux viendra en Suisse, j’adorerais lui présenter ces personnes et ce lieu magiques.

Martine Bernier

M. et Mme Kaufmann, 2 ruelle Verte-Rive, place Gambetta, Clarens-Montreux, Suisse
Ouvert du mardi au vendredi de 10 à 12 heures et de 14 à 18h30

Un couple s’invite à  la Maison-Blanche et autres actualités insolites

27 novembre, 2009

Découvert dans l’actualité:

Un couple de parfaits inconnus s’est invité à la Maison-Blanche à  l’occasion d’un dîner donné en l’honneur du Premier Ministre Indien.
Les deux invités surprises, qui n’avaient bien sûr pas été conviés, ne disposaient donc pas de cartons d’invitation.
Et malgré cela, ils ont franchi les points de contrôle et ont fait bombance à la table d’Obama.
Les petits malins, qui n’en sont pas à  leur coup d’essai puisqu’ils ont déjà  réalisé ce genre d’exploits avec d’autres célébrités, en rentrant chez eux, se sont précipités sur facebook pour raconter leur incroyable aventure avec photos à l’appui.
Ils ont toutes les raisons d’être contents: c’était très rigolo.
Par contre, ils risquent la prison.
Le responsable de la sécurité du Président, lui, est un peu tendu.
On imagine bien qu’il ne passe pas les heures les plus agréables de sa carrière…

Encore plus bête:

Selon le Dauphiné Libere, à  Evian, c’est-à -dire à  15 minutes de l’endroit où j’ai posé mes valises pour le moment, un joggeur un peu particulier vient de faire parler de lui.
Au cours de son footing, il distribuait des claques aux badauds, en passant.
Et comme ce super-héros est trrrrèèèès courageux, il ne s’attaquait qu’aux femmes et aux enfants.
Ne souriez pas: l’une de ses victimes s’est retrouvée en incapacité de travail pendant trois jours suite à  l’agression.
Comme le personnage en question sévissait dans les galeries marchandes, une vidéo de surveillance a filmé ses méfaits et un portrait robot a été dressé.
Arrêté par la police, il a été ausculté par un psychiatre qui lui a trouvé une « personnalité troublée (ah bon? On ne s’en serait pas douté, tiens…) mais suffisamment de conscience de ses actes pour pouvoir être poursuivi pénalement.
Le joggeur-baffeur a donc été convoqué devant le juge, pour violences volontaires et aura à  faire face à  quatre plaintes déposées… ainsi qu’à  une main courante, précise le journal.
Comme quoi, la justice a de l’humour.

Enfin, cela ne vous a sans doute pas échappé: Barrack Obama a prononcé sa première grâce présidentielle cette semaine, comme le veut une tradition instaurée en 1947, en accordant la vie sauve à  une dinde « Courage », qui n’a donc pas terminé en plat principal de Thanksgiving.
Deux réflexions suite à  cet acte bon enfant:
- Des grâces, j’espère que le président en accordera d’autres, et pas seulement pour des dindes…
- « Courage » a eu droit à  une peine de substitution: elle a été envoyée finir le reste de ses jours à  Disneyland.
Outch… A sa place, je me demande si je n’aurais pas préféré le billot…

Martine Bernier

Alex

26 novembre, 2009

Mercredi, je terminais un rendez-vous lorsque mon téléphone a sonné. Lorsque j’ai vu le nom s’afficher, à une heure où cette personne ne m’appelle en principe pas, j’ai eu un moment de crainte.
J’ai décroché. Ce n’est pas sa voix qui a résonné, mais une voix d’enfant. Une voix très pure, très claire.

« Bonjour, c’est Alexandre… »

Alexandre, jeune adolescent qui traverse des événements difficiles, liés à sa santé.
Un enfant courageux qui force l’admiration…
Un enfant auquel je pense chaque jour, souvent. Parce que je me reconnais dans certains points de son parcours et que je ne supporte pas l’idée qu’il puisse souffrir.

Je venais de lui envoyer un petit paquet, en me disant que le chocolat suisse et quelques objets bien précis lui feraient peut-être plaisir.
Il venait de le recevoir.
Je ne peux même pas dire à quel point j’ai été touchée d’entendre sa voix.
« Je n’avais jamais vu de Toblérone aussi gros! »
Il m’a fait sourire.
Il doit absolument reprendre du poids. Mais, comme il me le disait, la nourriture de l’hôpital ne lui donne pas franchement envie de manger…
Tel Zorro dans ses oeuvres, j’espère que le Toblerone, botte secrète helvétique, viendra au secours de son appétit défaillant et le consolera un peu des brocolis cuits à l’eau qui font partie de la gamme des aliments qui le dépriment!

Nous avons parlé un peu. C’était la première fois.
Je n’ai pas osé lui dire ce que j’aurais vraiment voulu lui dire.
Je sortais de trois heures d’entretien intense,  un deuxième m’attendait peu de temps après… je ne m’attendais pas à son appel…
J’ai été surprise.

J’avais envie de lui dire:
« Tu sais, tu es un enfant (un grand enfant de 14 ans, mais un enfant quand même!). Et moi, adulte, je t’admire. Vraiment. Je sais ce que tu vis, je sais comment tu le vis. Et tu nous donnes à tous une magistrale leçon de courage. Tiens bon! Il y a un nombre impressionnant de gens qui t’aiment, qui tiennent à toi et qui te soutiennent. Y compris ici. Avec ta force, tout ce monde derrière toi, tes parents, tes amis, tes proches, tout cet amour qui va vers toi, et l’équipe médicale de pointe qui t’entoure, tu es armé pour vaincre. En attendant, accroche-toi à tes rêves, cultive-les, c’est encore ce qui nous fait le plus de bien lorsque l’on se retrouve dans un lit d’hôpital. Et tu verras comme le moment où l’on te dit: « cette fois, c’est bon, tu es guéri! » est un moment magique à vivre… »

Petit bonhomme au visage d’ange et aux cheveux bouclés, Alexandre est un grand personnage.
Il est sorti de l’hôpital aujourd’hui. Je l’ai appris cette nuit, en rentrant, alors que j’arrivais enfin à joindre mon répondeur récalcitrant. C’est la meilleure nouvelle de la journée!

Martine Bernier

Ecrire

25 novembre, 2009

Lorsque j’étais enfant et que l’on me demandait ce que je voudrais faire plus tard, je répondais invariablement, du plus loin que je m’en souvienne: « Ecrire ».
Je rêvais de pouvoir passer mes journées à noircir des feuilles de papiers, si possible sur l’imposant bureau en bois laissé par mon père.
Parmi les adultes qui m’entouraient, la plupart me regardaient d’un air entendu et disaient, sur un ton pincé: « Oui, bon. Beaucoup d’appelés et peu d’élus. Il faudrait peut-être arrêter de rêver. Sois plutôt secrétaire, tu es au moins sûre d’avoir du travail. »

Les gens qui brisent les rêves d’un enfant mériteraient d’être pendus par les oreilles à un baobab. Comme ceux-ci sont rares en Suisse, je suis au moins sûre que personne ne prendra ma sanction au pied de la lettre.
Seulement voilà, déjà à l’époque, je ne voulais pas laisser les autres décider de ma vie.
Je voulais être scribe, scribe égyptien si possible.
Et de préférence scribe égyptien libre, sans patron.
Comme, pour des questions de détails, c’était difficilement possible, je me suis dit que ce n’était pas grave. Que j’allais commencer à scribouiller et que je verrais bien ce qui se passerait.
Et j’ai écrit, écrit, écrit… sans presque jamais m’arrêter. Des contes, des poèmes, des chansons, des textes, des nouvelles…
Mes rédactions et mes dissertations étaient souvent choisies pour représenter l’école dans les concours interscolaires.
Et j’étais ravie de les voir heureux quand nous revenions avec le premier prix.

Je n’ai pas cherché à être journaliste. C’est le journalisme qui est venu me chercher.
J’ai suivi les études, passé le diplôme en question parce qu’on me l’a demandé. Je voulais juste écrire… encore et toujours. Au fil des 25 ans passés dans ce milieu, j’ai découvert le pouvoir d’une plume, la force d’un mot, la technique d’une phrase. J’ai découvert que l’écriture la plus belle n’est rien sans vie, sans sentiments, sans émotion, sans honnêteté. Que la dimension d’un texte ne se résume pas, et de loin, à un exercice de style. J’ai découvert qu’écrire est un art difficile, très difficile.
Mon stylo m’a permis de rencontrer des centaines de gens, des plus célèbres aux plus discrets. A chaque fois un univers…

Ecrire m’est vital. Quand je n’écris plus, ceux qui me connaissent et tiennent à moi savent qu’il se passe quelque chose de très grave, que mon équilibre est en jeu.
Cette année, pendant plusieurs mois, je n’en ai plus eu le goût. Brisée.

Avant cela, j’avais achevé un livre qui est sorti en août, assumé le journal dont je suis responsable.

Et j’ai terminé un deuxième livre qui n’attend que mon feu vert, aujourd’hui, pour paraître.
Feu vert que, après certains événements de ces dernières semaines, je pense désormais donner.

Enfant, je ne me projetais pas dans l’avenir.
Je n’avais pas d’avenir, m’expliquaient certains adultes bien intentionnés ou parfaitement idiots, à choix.
Je n’imaginais pas qu’un jour viendrait où je vivrais de ma plume, où l’on viendrait me solliciter, en plus de mes articles, pour écrire des livres.
De vrais livres…

Aujourd’hui, plusieurs nouveaux projets gravitent autour de moi.
Ce matin, une nouvelle demande m’a été adressée, sur un sujet qui me charme. Et ce alors que j’entre dans la phase de mise en forme et de fin d’écriture d’un autre ouvrage.
A chaque fois, l’aventure est à la fois différente et sensiblement identique.
Il y a l’excitation et l’émerveillement à l’idée de découvrir un nouveau monde, de se lancer dans une autre aventure humaine.
Et puis il y a l’aspect de l’immersion dans la documentation, des archives, le plus souvent passionnant.

Il faut trouver un  rythme pour le texte, saisir un ton adapté, choisir un style.
Presque à chaque fois, aux trois quarts du travail, arrive un moment de spleen.
Où il est nécessaire de retrouver un second souffle pour que, à la lecture, ce passage à vide ne se ressente pas.
Et enfin, lorsque le point final est posé, vient l’autre moment, celui des doutes, de la peur, des interrogations.
Est-il bon, ai-je bien travaillé, aurais-je pu faire mieux, va-t-il plaire?
En général, là, j’ai  du mal à me séparer de ce texte sur lequel j’ai passé des mois.
Je ne suis jamais satisfaite. Je n’ai pas envie de le voir partir.
Mais lorsqu’il me quitte, lorsque je l’envoie chez l’imprimeur, je tourne la page.
Il vit sa vie, je n’y pense plus, je vais presque jusqu’à oublier son contenu pour me concentrer sur le suivant.
Je suis ailleurs.

En sept livres dont tous ont connu un destin différent, j’ai connu deux fois la malhonnêteté de certains co-auteurs, de certains éditeurs.
La très belle aventure de la rédaction doit être tentée avec des êtres de confiance pour ne pas être abîmée.
J’ai aussi vécu de grandes émotions.
Mais ce que je préfère et préférerai toujours reste le long tête-à-tête entre l’ordinateur et moi, le moment précieux de la conception…

Et puis, en marge de ce monde qui reste mon monde professionnel, il y a mon secret.
« Mon » livre, celui sur lequel je ne me penche que lorsque j’ai un peu de temps, c’est-à-dire pratiquement jamais depuis des mois et des mois.
Un projet qui n’est pas une commande, et dont très peu de personnes connaissent l’existence.
Une aventure dans un registre totalement différent qui est pour moi un espace de liberté muselé par les impératifs historiques, mais où je rentre dans la vie de personnages fascinants ayant existés, que je fais vivre, parler, évoluer…
Libre, entièrement libre…
L’écriture pure.

Martine Bernier

Allan – Albert

24 novembre, 2009

Allan a dix ans.
Il est aussi lunaire que moi.
Nous nous entendons donc très bien.
Je l’appelle Albert. Et il m’appelle Gilbert. J’ai bien dit Gilbert au masculin.
C’est comme cela.
Il est le fils de ma meilleure amie.
Et je me suis attachée à  ce petit bonhomme bourré d’humour, comme je suis attachée à  mes trois petits gavroches du Triangle d’Or, Yoyo, Théo et Clément, qui me manquent beaucoup. Je ne parle pas d’Aurore qui, elle, occupe une place à part.

Cet après-midi, j’avais à  aborder avec Albert un sujet délicat, et j’avais très peur de commettre un impair.
Dans la voiture, je lui ai posé la question: « Albert, que penses-tu du Père Noël? »
- « Je sais une chose: c’est qu’il n’existe pas. »

Bon, et bien au moins, nous sommes au clair. J’ai donc pu lui dire que je lui offrirai le cadeau qu’il choisira pour Noël.
Il faut dire qu’Allan a toujours été épatant avec moi.
Un elfe sensible, qui se cache derrière une carapace de petit homme, amusé par la vie et fou de trottinette. Avec les accessoires qu’il lui a rajoutés, la sienne ressemble d’ailleurs plus à  un engin supersonique qu’à  une « trott », comme il dit.

Allan est brouillé avec l’orthographe. Une invention créée pour lui empoisonner la vie, estime-t-il.
Je pense qu’il me prend pour une parfaite masochiste sérieusement givrée, pour passer ma vie à  écrire sans y être obligée. Apparemment, il ne m’en veut pas. Albert est TRES tolérant. Je le regarde évoluer, nonchalant, avec ce regard si particulier qui est le sien et qui lui fait toujours remarquer le détail insolite ou le non-sens qui va le mettre en joie.

Cet après-midi, dans la grande surface où nous cheminions comme deux âmes errantes, nous sommes passés par le rayon animaux, et j’en ai profité pour acheter le premier jouet que j’offrirai à ma petite chienne lorsqu’elle arrivera en janvier. En le posant dans le caddie que poussait Albert de manière parfaitement flegmatique, je lui ai dit: « J’espère qu’elle jouera. Scotty n’avait pas appris à jouer dans sa petite enfance, et je n’ai jamais pu l’y intéresser par la suite. » Il m’a regardée en disant: « Ah bon? Et maintenant, elle joue? »

 Je l’ai regardé, le sourcil en accent circonflexe: « Allan, tu te moques de moi? » Devant ses protestations véhémentes, je lui ai dit: « Mais… Scotty est morte il y a une semaine. » Il tombait de la lune. La nouvelle lui était passée au-dessus de la tête. Allan le doux rêveur… J’espère ne pas avoir fait d’erreur dans l’orthographe de son nom. Un ou deux L ? C’est exactement comme pour le chameau ou le dromadaire, impossible pour moi de retenir lequel des deux a deux bosses. Comme quoi, à 10 ou à 50 ans, les Lunaires restent tous pareils…

Martine Bernier

Nicolas Sarkozy et Dany Boon

23 novembre, 2009

Parmi les séquences qui font actuellement un tabac sur Internet, savez-vous laquelle est une des plus visionnées? L’enregistrement de la remise de la Légion d’Honneur à Dany Boon par Nicolas Sarkozy, le 10 novembre dernier.  Le one man show, cette fois, c’est le président de la République qui l’a assumé, pas l’humoriste.

Un peu partout, les journaux l’ont relaté: Sarkozy s’est lâché. Et c’est fascinant à plus d’un titre. Voir cet homme être visiblement intéressé et séduit par celui qu’il décore est plutôt sympathique. Sa façon de s’exprimer, de se comporter reste pour moi un mystère. Il oscille constamment entre la franchise, la spontanéité et la retenue exigée par sa charge. Ce qui aboutit à un spectacle insolite où il ne peut simplement jamais être naturel.

L’autre côté fascinant vient de ceux qui réagissent à la scène, un peu partout. Il y ceux qui n’aiment pas, mais alors pas du tout, parce que de toute façon, c’est ainsi. Ils ne pourront jamais supporter le personnage, quoi qu’il fasse. Il y a ceux qui ne l’aiment pas, mais qui, là, apprécient de le voir dans un rôle différent. Ceux qui n’aiment plus Dany Boon « parce qu’il est proche de Sarkozy ». Ceux qui aiment le Grand Chef Français et qui se répandent en compliments. Etc, etc.

Je n’ai jamais très bien compris le principe de la Légion d’Honneur. Je sais, bien sûr, que Bonaparte en a été le créateur. Mais lorsque l’on creuse un peu on découvre certains détails qui font un peu sourire. Certains disent qu’elle est souvent remise, par complaisance, à des personnes qui ne remplissent pas toutes les conditions pour l’obtenir. D’autres parlent des médailles accordées de tout temps aux « amis du pouvoir » ou à ceux qui ont eu la bonne idée de se taire ou d’obéir quand il le fallait.
Tsss… les jaloux, va. Bien entendu, il est im-po-ssi-ble que de telles choses se passent.

Je me suis quand même renseignée pour savoir qui pouvait la recevoir, et j’ai trouvé ceci: « Pour être admis, il faut justifier de services publics ou d’activités professionnelles d’au moins vingt ans, assortis de mérites « éminents ». Les services exceptionnels pouvant dispenser de ces conditions, mais en suivant l’ordre des échelons. »
Et puis ne rêvons pas: la médaille est uniquement honorifique, on ne touche pas d’argent en la recevant.
Si c’était le cas, notez, peut-être serait-elle distribuée avec plus de parcimonie.

Parce que si les médailles distribuées aux artistes font parfois grincer des dents, j’ai personnellement beaucoup plus de mal à avaler la pilule lorsque je sais que, de temps en temps, les Grandes-Croix ont été remises à des dirigeants de régimes autoritaires au nom des bonnes relations diplomatiques.

Sincèrement, je préfère Dany Boon.

http://sarkozyblog.free.fr/index.php?2009/11/13/435-dany-boon-decore-par-nicolas-sarkozy

Martine Bernier

Troisième blog: Paroles de Soie

22 novembre, 2009

Les paroles font partie de nous, elles ont de multiples visages, comme ceux qui les prononcent.
Elles sont des chemins pour aller vers l’Autre. Vers les Autres.

Dans le pire des cas, elles peuvent être maladroites, méchantes, agressives, ridicules, vaines, vides de sens, cruelles.
Dans le meilleur cas, elles sont tendres, chaudes, drôles, aimantes, réparatrices, apaisantes, constructives…
Ce sont celles-ci que j’aime, celles que je veux offrir.
Les paroles informent, nourrissent, créent le monde et le brisent…
Elles ne sont que l’image de ce que nous sommes, de ce que nous ressentons.

J’ai toujours aimé les mots. A tel point que j’en ai fait mon métier, ce n’est pas un secret.

Mon premier blog, Ecriplume, est un espace qui a d’abord été pour moi un lieu de bonheur absolu, puis le spectateur de ma propre souffrance. Au fil du temps il est devenu le miroir de mon quotidien, le reflet de mes sentiments, de la douceur de mes tendresses.
Peu à peu, je l’ai fait évoluer pour qu’il devienne un lieu de réflexion, de ressenti, de rencontres.
D’émerveillement aussi, face à certains êtres, à certaines facettes de la vie.

Que dire alors de Paroles de Soie, le troisième blog que j’ouvre après « Livre ou vers », consacré aux livres?
Qu’il sera le reflet d’une autre partie de moi, exclusivement professionnelle.
Il regroupera mes interviews, reportages et autres articles, permettant à ceux qui le souhaitent d’explorer ces documents sans passer par la case sentiments.
Comme je vais reprendre mon travail à Paris grâce à Lui, créer une structure claire était nécessaire pour mes futurs interlocuteurs, personnalités célèbres ou dont le travail est connu.

J’ai voulu pour « Paroles de Soie » un univers simple, mais fin.  Je vais essayer de faire en sorte qu’il héberge des sujets que vous aurez, je l’espère, autant de plaisir à lire que j’en aurai à les écrire. Sans prétention.

Ecriplume ne souffrira pas de l’ouverture de son petit frère: il sera toujours alimenté quotidiennement. Merci à vous qui irez découvrir ce nouveau monde. Et merci à Lui et à ceux qui me permettront de lui donner la vie…

Tiens, c’est étrange… je suis émue.

Martine Bernier

http://parolesdesoie.unblog.fr/

La nuit

21 novembre, 2009

J’ai depuis toujours un rapport un peu particulier avec la nuit.
Mes nuits ne sont paisibles que lorsque je vis avec quelqu’un en qui j’ai confiance.
Je n’arrive à dormir vraiment que lorsque j’ai à mes côtés un homme que j’aime et dont je sais qu’il est fiable.
C’est ainsi, on ne se refait pas. Inutile de préciser que lorsque l’homme fiable en question se révèle être un leurre, la sérénité s’envole.
Autant dire que, depuis ce 19 mai, il ne faut pas chercher bien loin la cause de ces cernes très inesthétiques qui soulignent mes yeux.

Le sommeil et moi avons désormais un rapport assez conflictuel.
Il me fuit, et je crains de me livrer à lui.
Difficile de se comprendre dans ces cas-là. En ce moment, nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes!
Je peuple donc mes nuits à ma façon, en écrivant, en lisant, en étudiant, en réfléchissant jusqu’à ce que enfin, Morphée me rende visite. Fichue Morphée. Je ne sais pas combien elle est payée, mais elle fait très mal son travail.

Un soir de cette semaine ou de la semaine dernière, une conversation s’est engagée avec un autre naufragé de la nuit, lecteur d’Ecriplume.
Ce n’est pas la première fois qu’une personne qui me lit cherche à me connaître.
Mais c’est la première fois que je reçois un tel témoignage sur la portée de mes mots, sur la façon dont ils sont perçus.
Un long dialogue s’est amorcé entre nous, par-delà les frontières.
Un très beau dialogue d’une profondeur et d’une authenticité émouvantes, qui retrouve son fil chaque nuit.

Attention… ces conversations ne sont pas celles que je partage toujours avec mon Visiteur des Etoiles.
Plusieurs personnes m’ont demandé si ce dernier était toujours dans ma vie.
La réponse est un grand oui. Depuis des mois, ce grand bonhomme fait partie de mon existence, et appartient à la Grande Confrérie de ceux qui me réapprennent doucement à avoir confiance en l’Homme, comme Eric, Fred, Stéphane, comme Lui, comme, aussi, les hommes qui sont mes amis ici.
Depuis des mois, il est une présence solide, sage, douce et drôle à mes côtés, m’a maintenue debout, m’a aidée à voir clair sur ce qu’est réellement Alain, comme le font quelques autres.
Il est l’un de ceux qui m’ont expliqué qu’il ne faut pas croire dans les mots mais dans les actes. Il est vrai que quand je fais le bilan de ces derniers mois, une phrase pareille ouvre les yeux, très nettement.

A côté de mon lit, j’ai posé un quartz rose brut, qui allège mes nuits.
Depuis qu’il est là, j’ai accès à quelques heures de sommeil. C’est une pierre très efficace.
Un autre quartz identique est parti vers Lui, pour que lui aussi profite de ses ondes bénéfiques. Parce que je sais combien les nuits sont difficiles lorsque les interrogations ou les angoisses viennents s’y nicher. Il n’y a pas que moi qui y suis exposée…

Martine Bernier

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