Archive pour février, 2010

La tempête a sévi

28 février, 2010

Pourquoi donne-t-on si souvent des noms de femmes aux ouragans et aux tempêtes?
Celle qui a traversé la France s’appelle Xynthia.
Un joli nom.
Ce qui ne l’a pas empêchée de tuer au moins 45 personnes, uniquement en France.
Noyées ou frappées par des débris.

La vue de la Vendée inondée, qui attend encore une grande marée, est désolante… 
Une phrase m’a beaucoup frappée, dite par le ministre des transports, Dominique Bussereau: « L’océan est rentré dans les terres ».
Un phénomène inconnu jusqu’ici.
Et les journaux indiquent que plus d’un million de foyers seraient sans électricité.

La Belgique a essuyé elle aussi une sérieuse tempête, m’expliquait un ami dont le chalet est menacé par un cèdre.

Rassurée sur le sort de ceux que j’aime en France, je pense à Lui.
Il est en mer à l’heure où j’écris. Et ce soir, même si j’adore la mer, je n’aime pas cela.

La Suisse a vu passer Xynthia, elle aussi.
Des pointes de vent de 160 km/heure ont été enregistrées, et c’est le Chablais qui en a le plus souffert.

Ce soir, alors que je sortais Pomme, l’air était sans un souffle.
A peine quelques gouttes de pluie.
Et soudain, le vent est arrivé.
Les arbres se sont tordus, pliés…
J’étais tellement surprise que j’ai mis quelques secondes avant de réaliser que mon mini mogwaï de même pas trois kilos était renversé par le souffle.
Je l’ai prise dans les bras, me suis éloignée des arbres et, depuis le sommet du pré, qui forme une sorte de colline, j’ai regardé le torrent.
Plus la rivière, le torrent.
La nature, lorsqu’elle est furieuse, est dangereuse, oui, mais aussi fascinante.
Je ne suis rentrée que parce que ma chienne tremblait de peur ou de froid.

Mais ce soir, j’ai presque honte d’aimer autant le gros temps, alors que tellement de personnes vivent des moments tragiques, en France et ailleurs.
Xinthia, avec son nom de guerrière antique, va laisser sa colère s’essouffler au centre de l’Europe. Mais sa fougue a été terrible.

Martine Bernier

Tempête sur la Bretagne

27 février, 2010

Tous les bulletins météo annoncent des vents violents sur la France, cette nuit et demain, et notamment sur la Bretagne.
Comme souvent, les vents sont annoncés d’une puissance de 130 à 150 km/h sur les côtes.
Aurore m’en parle…
Et je ne suis pas là-bas pour le voir…

Il ne reste qu’à espérer que personne ne se fera emporter par les vagues, distrait par le spectacle de la mer ravagée.
Elle est si belle, la mer, quand elle devient folle…
Je l’ai souvent vue dans cet état.
Impossible pour moi de me détacher de sa vue lorsqu’elle vient s’écraser sur les rochers.

Mais à chaque fois, je me suis demandé: comment les oiseaux supportent-ils ces épisodes violents?
Même cachés dans les aspérités des falaises, ils doivent être bien secoués…
Combien d’entre eux sont broyés à chaque tempête?

La France attend sa tempête, un tsunami secoue le Pacifique, épargnant miraculeusement les statues de l’île de Pâque, mais touchant l’île de Robinson,  la Terre de Feu subit l’un de ses pires séismes… la terre semble partir en petits morceaux…

Tandis que l’océan prépare sa colère, le lac Léman, lui, vit ses premières journées de pré-printemps.
Pas une vague, pas une ride.
Mais la rivière qui coule derrière chez moi, elle, a changé de visage.
La première fonte des neiges et les pluies de ces derniers jours ont transformé le paisible cours d’eau en un torrent rugissant, qui effraye les chiens du quartier.
Le niveau a beaucoup monté, et le débit de l’eau n’a plus rien à voir avec celui de ces derniers mois.

En sortant Pomme, je vais le voir, plusieurs fois par jour.
Je le regarde…
Je le trouve magnifique…. mais je rêve de l’Atlantique.

Martine Bernier

Nathan

25 février, 2010

Nathan a 16 ans.
Bien qu’il fasse partie de ma famille proche, je ne les vois, sa petite soeur et lui, qu’une fois par an, pour des raisons géographiques.
Mais c’est à chaque fois un bonheur.

Mercredi soir, les retrouvailles se sont déroulées dans une station de montagne bien connue de Roman Polanski et de Johnny Halliday.

J’ai eu la surprise de découvrir un jeune homme de plus d’1,80m.
En un an, Nathan s’est radicalement transformé.

Beau comme on peut l’être à son âge, il a un physique rappelant à la fois James Dean et Guillaume Depardieu.
Pétri d’humour, il est très drôle, tout en visitant les méandres de son incontournable adolescence.

Même si nous ne nous voyons pas aussi souvent que je l’aimerais, je crois que sa soeur et lui savent que j’ai pour eux une grande tendresse.

Mon rôle d’élément neutre nous permet de tenir des conversations sur les sujets les plus farfelus sans que Nathan ne s’en offusque.
Nos discussions sont entrecoupées de pas mal de rires, depuis toujours, avec lui comme avec Candice, sa petite soeur.
Cette fois, nous avons parlé de sa vie sentimentale avant d’en venir au sujet crucial…

Nathan cultive un look que semblent chérir pas mal de jeunes de son âge: l’art du pantalon qui tombe sans tomber.
Parce que c’est un art!
Comme le sujet m’intrigue, et que je suis totalement néophyte dans le domaine, j’ai décidé de profiter de sa présence pour l’interroger sur les questions que tout adulte normalement constitué se pose sur le sujet:

- Pour avoir des jeans qui tombent aussi bas, tu les achètes plus larges que ta taille?
- Non, non! Ce sont des pantalons taille basse, spéciaux!
- Et.. ce n’est pas inconfortable de porter des vêtements que tu risques de perdre à chaque instant?
- C’est toute l’astuce: on ne risque pas de les perdre, ils tiennent bien!
- Hum… en tout cas, tu as intérêt à porter de beaux sous-vêtements!
- Je les choisis! J’ai de TRES beaux caleçons.
- Je suis heureuse de l’apprendre!

Sa maman est intervenue, expliquant la démarche déhanchée de son ado de fiston depuis qu’il porte ce genre de vêtement, et sa crainte qu’il ne la conserve lorsqu’il aura changé de look.
Précisant au passage que son défunt père, grand-père de notre ado, portait, lui, des caleçons longs.
A cette évocation, j’ai quasiment vu les oreilles de Nathan se dresser:
- Des caleçons longs?? Qu’est-ce que c’est?
- Des caleçons qui lui arrivaient jusqu’aux genoux…

Tout le monde s’attendait à une réaction moqueuse, mais non… il s’est exclamé:
- Mais c’est génial!!! C’est ça qu’il me faut!!

Comme quoi, s’il se penche sur ce genre d’attirail, sorte de filet de sécurité, sa confiance en la bonne tenue de ses pantalons ne doit finalement être que très relative…
J’imagine que son grand-père aurait apprécié d’apprendre qu’il avait inconsciemment un look semi-adolescent que ne renie pas son petit-fils…

Dans le très bel hôtel où la famille était descendue et où nous passions la soirée, les serveurs portaient tous des noms inattendus, indiqués sur des badges épinglés aux vestes. Ce détail n’avait bien entendu pas échappé à Oeil-de-Lynx qui avait plaisanté toute la soirée sur le sujet.
Le point culminant de son délire est intervenu lorsque toute l’équipe de service est arrivée à la table voisine, en fin de soirée, en portant un gâteau d’anniversaire et en chantant en choeur « Joyeux Anniversaire ».
Emporté par la liesse ambiante, Nathan a lancé, hilare:
- C’est merveilleux! Merlin, Attila, Romaine, Simone… il y a même Blanche-Neige et les Sept Nains! Ils sont tous là!! On se croirait dans le film Shrek!!!

Amusée, je lui ai dit en riant: « Toi, je pense que je vais t’adopter! »
Très significatif de la douce période adolescente, d’une même voix, mais de trois côtés de la table, un triple « Oh Oui!!!! » a fusé, de la part de Nathan et de ses parents.

Entre deux souffles de folie, cet attachant garçon aux cheveux longs et aux pantalons fugueurs devient grave et me confie sa difficulté à dialoguer avec son père, à se faire entendre de lui.

Tout est normal…

Nathan…
Il y a pas mal d’années, ton père et moi avions seize ans presque ensemble, et nous aussi devisions, lorsque nous nous retrouvions, sur le fait que nous étions incompris.

Les pantalons changent, l’importance du caleçon aussi…
Mais l’histoire se répète…

Martine Bernier

Stephen Wiltshire, autiste et génie

25 février, 2010

Je parlais hier de Kearon, ce petit garçon prodigieusement doué pour la peinture.

Le cas de Stephen Wiltshire est différent, mais tout aussi étonnant.
Stephan est né à Londres, en 1974, de parents Antillais.
Atteint d’autisme, diagnostiqué à l’âge de trois ans, il ne parlait pas, vivait dans un monde intérieur hermétique.

Mais le temps a révélé une remarquable facette de sa personnalité: il fait partie de cette catégorie de patients surdoués, capables de développer un talent extraordinaire.
Stephen est doué d’une mémoire photographique hors du commun, qui lui permet de reproduire, par le dessin, les villes entières
Enfant déjà, les médias s’étaient emparés de ce « sujet » hors norme », et l’ont souvent présenté, reproduisant de tête des monuments ou des quartiers.
Véritable artiste dessinant ou peignant les paysages urbains, il donne des représentations extrêmement vivantes et précises des villes après les avoir observé très brièvement.

Ce jeune homme a étudié l’art, et a été plusieurs fois honoré pour son talent, connu aujourd’hui dans le monde entier.
Lui n’a pas été surnommé le « petit Monet », comme Kearon.
Son surnom est moins poétique: « La Caméra Humaine ».
L’âge a accentué son talent.
Aujourd’hui, il est capable, après une simple balade en hélicoptère, de reproduire une ville entière dans ses moindres détails.
L’expérience a été filmée (voir vidéo ci-dessous).
Stephen s’est vu offrir un vol de 20 minutes au-dessus de New-York.
A son retour, il s’est mis à l’oeuvre, face à un support panoramique.
Au crayon, il a reproduit ce qu’il a vu. Et, une fois encore, le résultat est stupéfiant.

Les autistes surdoués sont souvent rendus célèbres.
Le cas de Daniel Tammet, génie des chiffres, a été découvert par le public lors de la sortie de son livre « Je suis né un jour bleu ».
Lui aussi est ce que l’on appelle un phénomène…

Mais parallèlement à ces dons exceptionnels, les parents d’enfants autistes vous diront qu’ils ne faut pas oublier que beaucoup d’autres vivent un enfer au quotidien.

Martine Bernier

Kieron Williamson l’enfant prodige

23 février, 2010

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- As-tu regardé la télévision, samedi soir?
- Non, j’aurais dû?
- Oui! Il y a eu un court reportage parlant d’un enfant de 7 ans qui peint aussi bien que Van Gogh…
- Pardon?

Bien entendu, il a fallu que je vérifie…
Je me suis lancée dans des recherches qui m’ont permis d’en apprendre un peu plus sur Kieron Williamson, que la presse anglaise a surnommé « L’Enfant Van Gogh » ou le ‘Mini Monet ».
Cela m’a fait froncer les sourcils, mais bon… je voulais voir.
J’ai vu.

C’est en été 2008 que le talent de ce petit garçon s’est révélé.
Lui qui n’avait jamais manifesté d’intérêt pour le dessin ou la peinture a reproduit un paysage de mer, puis des paysages portuaires
De retour de vacances, il a pris des cours de peinture, ce qui a déclenché chez lui une véritable passion.

Si réellement c’est lui qui peint des aquarelles et les toiles qui nous sont montrées, sans trucage, nous sommes en effet devant un petit génie…
Il fait preuve d’une incroyable maîtrise de la perspective, phénomène sans aucun rapport avec son âge, a acquis une technique saisissante qui lui permet de jouer avec les ombres et la lumière.
Il a aussi et surtout une façon personnelle de reproduire les paysages.
Il ne tente pas de les peindre à l’identique, mais les passent au filtre de son propre regard, ce qui est totalement inattendu chez un enfant de cet âge.
C’est ce regard, cette maturité artistique et cette façon de travailler qui provoquent la comparaison avec les plus grands maîtres de l’Impressionnisme.

Des journalistes d’abord dubitatifs affirment l’avoir vu travailler devant eux, et assurent que l’on ne peut mettre en doute son talent.

Le petit s’intéresserait déjà aux oeuvres des Grands Maîtres…
Son approche est facilitée par son père marchand d’Art, qui a très vite organisé des expositions des oeuvres de son rejeton.

Tant qu’il sera enfant, Kieron sera une mine d’or.
Ensuite, il suivra sa route.
Son statut d’enfant prodige fera de lui une star… il faudra apprendre à gérer « l’après star », plus tard…

Une chose est sûre: ce petit garçon (toujours sous réserve qu’il est bien l’auteur de ces toiles) possède un pur talent.
Et il est né à une époque où la médiatisation et le grand pouvoir d’Internet permettent une célébrité ultra rapide.

C’est sans doute ce qui me trouble le plus.
Kieron est déjà sous le feu des projecteurs.
Mais les Impressionnistes (puisque c’est de leur style que se rapproche le plus le talent de l’enfant), travaillaient dans la paix, dans la solitude.
J’imagine bien Monet lorsqu’il peignait Giverny.
S’il avait, j’imagine, des visiteurs de temps à autres pour le regarder travailler, il devait tenir à la quiétude de ces instants si personnels.
Tant qu’il sera un enfant prodige, je crains que Kieron ne soit très sollicité.
La preuve?
Même moi, je suis tellement intriguée que j’adorerais me mettre dans un coin de la cuisine de sa maman, où il peint, rien que pour le regarder créer.
En silence…

Martine Bernier

Les exilées de l’Océan

22 février, 2010

Ce matin, le ciel a oscillé longtemps avant de choisir sa couleur.
Il a finalement opté pour le bleu, teintant les eaux du lac Léman par la même occasion.

Avant qu’il ne prenne son air de ciel de printemps, il était gris, nuageux, lourd, menaçant.
Comme j’aime…

J’ai ouvert la fenêtre de mon bureau, donnant sur ce qui est sans doute l’un des plus beaux panoramas d’Europe.
Je n’étais pas retournée depuis plus de dix minutes à mon clavier lorsque j’ai entendu un bruit très caractéristique.
Un cri, des cris, que je reconnaîtrais entre mille.
J’ai cru rêver.

Je me suis précipitée sur le balcon, ma petite chienne, Pomme, dans mes bras.
Si c’était bien « elles », je voulais les lui présenter…

Et… oui… elles étaient là…
Une vingtaine de mouettes volant devant moi.
J’ai cru étouffer d’émotion.
C’est bête, je sais…

Des mouettes d’eau douce, désertant la mer pour les rives du lac.
Très certainement pour d’autres raisons que moi…
Pomme a dû se demander pourquoi je fermais les yeux en écoutant leurs cris, leurs bruissements d’ailes, si proches…
J’ai été leur chercher du pain pour les garder un peu plus longtemps.
Je ne suis pas certaine que mon initiative ait séduit mes voisins.
Mais moi… j’ai eu la sensation que si je me concentrais un peu, je finirais par sentir l’odeur de l’océan, par me réveiller là-bas en rouvrant les yeux.

Pomme regardait les mouettes, très intéressée. Elle suivait leur vol du regard.
Son attention m’a fait sourire…
Je revoyais Scotty qui, elle, avait horreur de ces oiseaux criards.

Sur un signal invisible, elles ont disparu, aussi vite qu’elles étaient venues.
Vers d’autres morceaux de pain, sans doute.
Mais pas vers d’autres rivages…
Elles sont restées, juste le temps de ranimer cette incroyable nostalgie que j’ai de ma Terre de Sel…

Martine Bernier

Le phoque et le pêcheur

21 février, 2010

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Il a dû être surpris, Matt Spark, 33 ans…
Ce jeune homme de Dorset, en Grande-Bretagne, pêchait paisiblement au bord d’une rivière lorsqu’il est tombé nez à nez avec… un phoque.
A plus de 16 kilomètres de la mer, cela étonne…
Qu’a-t-il fait?
Il a claqué des doigts, et l’animal s’est approché, est sorti de l’eau et a battu des nageoires.
Fallait-il qu’il ait faim…
Bien entendu, les spécialistes se sont penchés sur son cas.
Des phoques dans la Manche, c’est courant.
Et en rivière… je ne le pensais pas, mais cela commence à se voir également.
Le poisson et les invertébrés se font rares en mer, ce qui incite les phoques à élargir leur territoire de pêche en remontant les rivières.

Un phoque peut survivre plusieurs semaines en eau douce. Celui-ci ne craint donc rien dans l’immédiat.
Quand au pêcheur, à priori, il ne craint rien non plus.
Notez qu’il ne faut jurer de rien.
Comme dit l’un des membres de mon Triangle d’Or, il y en a qui ont croisé des pingouins et dont la vie a volé en éclats.
Ils n’en ont pas l’air, mais ce sont de redoutables prédateurs.

Martine Bernier

François Villon: le mystère de sa mort

21 février, 2010

Si vous faites partie de ceux que la poésie rebute sans jamais en avoir lu une ligne en dehors de la scolarité obligatoire, ou si vous pensez que les poètes sont des gens ennuyeux et fades… vous faites erreur!
Beaucoup d’entre eux étaient et sont encore des êtres de passion.
Parfois même des personnages ambigus, comme ce fut le cas pour François Villon, poète et fripouille du Moyen Age.

Né en 1431, il a été l’un des premiers à avoir marqué mon imaginaire avec sa fameuse « Ballade des pendus ».
Est-ce en raison de ce texte que beaucoup pensent qu’il est mort lui-même sur le gibet?
Sa fin est en fait plus mystérieuse que cela…

Orphelin très jeune, lui qui est né sous le nom de François de Montcorbier a été recueilli et adopté par Guillaume de Villon, dont il a pris le patronyme plus tard.
Grâce à celui qui fut son « plus que père », et qui estimait que rien n’était plus important que l’instruction, le jeune homme a intégré la faculté des Arts de Paris, et a décroché haut la main son diplôme de bachelier.
Il a poursuivi ses études jusqu’à atteindre le grade de licencié et maître ès arts, devenant par la même occasion l’un de ces clercs si enviés à l’époque.

Mais l’époque n’est pas paisible. Des heurts opposent les étudiants aux représentants de l’ordre.
A tel point que Charles VII va décider de suspendre les cours.
Funeste décision pour François qui va devenir ce que nous appellerions aujourd’hui un petit délinquant.
Pris par l’oisiveté et, sans doute, des fréquentations douteuses, il va tremper dans tout ce qui pouvait le distraire du quotidien.
Jusqu’au jour où, le 5 juin 1455, il blesse mortellement un prêtre au cours d’une rixe, et se retrouve contraint de quitter Paris.
En janvier suivant, le roi l’autorise à regagner la capitale, mais il est trop tard pour le jeune homme, définitivement encanaillé.
Dans la nuit de Noël 1456, il se joint à un groupe de « vilains » avec lesquels il commet un vol par effraction au Collège de Navarre.

Il ne lui reste que la fuite…
Sa cavale durera quatre ans durant lesquels il se rendra à Angers où il recommencera ses frasques, puis à Blois.
A Meung-sur-Loire, l’évêque d’Orléans le fait jeter en prison d’où Louis XI, de passage dans la ville, le fera délivrer.
Cela ne calme pas Villon pour autant.
De retour à Paris, il recommence la valse des délits, est incarcéré au Châtelet, subit le courroux de la faculté de théologie, rancunière depuis l’affaire du collège de Navarre.
Pourtant, une fois encore, il est relâché contre la promesse de restituer le butin.

La leçon ne lui suffit pas. Une nouvelle rixe éclate, au cours de laquelle il blesse un notaire pontifical.
Cette fois, le tribunal en a assez: il est condamné à être « pendu et étranglé ».

Et c’est là que court la légende: François Villon serait donc mort pendu sur le gibet de Montfaucon.

Hé non…
Le poète maudit a fait appel au Parlement qui a commué sa peine à dix ans de bannissement de Paris.
Il demandera un sursit de quelques jours, en profitera pour écrire une ballade et…. disparaîtra à jamais, sans laisser la moindre trace.
Les historiens pensent qu’il serait mort au cours d’une bagarre et que son corps aurait été jeté dans la Seine.

Cette graine de canaille n’était vraiment pas fréquentable, apparemment.
Et pourtant…
Il fut aussi un poète tragique, un homme brillant, doué.

Certains pensent que sa Ballade des Pendus aurait été écrite alors qu’il pensait qu’il passerait par la potence, à Paris…
Ce n’a pas été prouvé… mais il a laissé là l’un des textes les plus puissants qui nous sont venus du Moyen Age.
Toute son oeuvre est marquée par la peur qu’il ressentait face à la mort.
Ce qui ne l’a pas empêché de mener une vie qui l’y exposait plus que d’autres.
Il parlait de lui dans ses poèmes, chose qui ne se rencontrait pas ou peu dans les textes de l’époque.
Il se gaussait de l’amour courtois, mais s’est fendu pourtant d’une ‘Ballade à belle amie » qui s’inscrit dans cette pure tradition.

Poète ambigu, souvent sombre, homme de paradoxe, complexe et ne répugnant pas à jouer des poings, Villon est un mystère que je me représente noircissant des pages au coin d’une table de taverne avant de disparaître vers son destin…

Martine Bernier

Monsieur Poulet

19 février, 2010

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Bien avant que ma chienne, Pomme, ne fasse son entrée dans ma vie, j’ai été lui acheter des jouets, en bonne future cheffe de meute.
Parmi eux, j’en ai acquis un dont j’ignorais qu’il prendrait une telle place dans notre quotidien.
Monsieur Poulet.
Haut d’une vingtaine de centimètres, j’avais conscience qu’il serait trop grand pour le chiot que j’attendais, mais je n’ai pas pu me retenir: j’ai craqué pour son air bête et son maintien aristocratique.

De retour au nid, j’ai installé tous les jouets dans un douillet panier en mousse, et j’ai attendu le jour de l’arrivée de Pomme.
Dès le premier jour, elle a joué avec chacun d’eux, mais a eu un coup de foudre radical… pour Monsieur Poulet.
Qui a réellement débarqué dans mon existence le jour où il a endossé le rôle de Favori.
Elle avait pourtant toutes les peines du monde à le traîner derrière elle dans ses galopades à travers l’appartement, ce qui ne l’empêchait pas de l’emmener partout avec elle, en grognant de contentement.
Elle le lançait par terre, se jetait sur lui, qui faisait quasiment sa taille, le prenait entre ses pattes, l’étreignait…
Une véritable relation intense.

Pomme, qui est avec moi depuis un mois aujourd’hui, a un peu grandi et pèse désormais environ 2kg 500.
Elle est presque un grand bichon havanais.
Elle dépasse Monsieur Poulet de quelques centimètres.
Il sert de toise pour mesurer les progrès de son évolution… et de souffre-douleur qu’elle torture avec ravissement.

L’animal en plastique mou, qui pousse des cris nasillards lorsqu’elle le grignote, mène une vie épouvantable.
S’il a le malheur de légèrement bouger, Pomme le tance d’importance, lui tord le cou dans le sens littéral du terme, le secoue à en avoir le tournis et l’emmène pour une longue balade forcée, insensible à ses braillements désespérés.
Lorsqu’elle le perd, Pomme erre comme une âme en peine à travers les pièces, vient me solliciter pour que je la seconde dans ses recherches.
Un calme anormal s’installe… mon chien devient triste… et retrouve son dynamisme naturel dès que la bestiole réapparaît.

Non seulement Monsieur Poulet est torturé, mais il n’a pas non plus la paix la nuit où il sert de » doudou » à mon Gremlins redevenu Mogwaï pendant ses heures de sommeil.
Il était donc logique et justifié que le malheureux animal se venge à sa façon.
Le problème, c’est que c’est moi et non son bourreau qu’il a choisi pour victime.
C’est moi qu’il essaye de faire tomber dix fois dans la journée, à qui il manque de déclencher une crise cardiaque quand il se met à hurler lorsque que je l’effleure en passant.
Moi encore qui passe de longs moments à le chercher lorsqu’il glisse sous un meuble ou lorsqu’il file se cacher là où il pense que sa tortionnaire ne le retrouvera pas.

Il me fait penser au disciple de « Léonard », dans la BD du même nom…
Le parfait souffre-douleur, oui…
Quant à moi, je me fais à sa présence.
Il faut accepter les amis de ses proches.
J’en connais bien un qui fréquente un concombre masqué!

Martine Bernier

Notre santé, une affaire d’émotions?

18 février, 2010

Oui, je sais: en principe, je ne présente pas de livres sur Ecriplume, mon autre blog « Livres ou vers » ayant été spécialement créé à cet effet.
Je fais pourtant une exception pour un ouvrage qui nous concerne tous: « Les Émotions au coeur de la santé aux Editions de l’Homme.
Ce n’est ni le premier, ni sans doute le dernier consacré à ce sujet.

Il a la particularité d’avoir été écrit par une psychologue, Monique Brillon, qui a pris le parti de passer en revue chaque émotion, positive ou négative, et les répercussions qu’elles peuvent avoir sur la santé.
Son cheminement est passionnant.

Je mets ce livre en parallèle avec un autre, plus ancien « Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi », qui décode plus de 300 pathologies ou traumatismes.
Prenons un exemple au hasard (mais alors vraiment au hasard, n’est-ce pas!): le rein.
Cet ouvrage explique que les maux qui y sont liés indiquent que nous vivons des tensions sur nos croyances profondes, sur lesquelles nous construisons notre vie, et qui représentent nos « fondations ».
Ils nous parlent de nos peurs profondes, fondamentales.

Si un évènement de la vie est trop brutal, il aggravera ces maux d’une façon qui peut prendre des proportions impressionnantes, m’expliquait cette semaine un érudit dans le domaine.
Que faire dans ce cas-là ? Mettre en oeuvre les éléments nécessaires pour adoucir la cause et diminuer la souffrance plutôt que se limiter à en traiter le résultat.
Autant dire que si rien n’est fait pour apaiser les choses, la situation devient complexe… voire insoluble.

Si la souffrance morale engendrée par un gros choc est destructrice, la honte et la culpabilité le sont paraît-ils tout autant.
Il faut simplement plus de temps pour que les effets soient perceptibles.

Moralité, le corps humain est une machine complexe…

Martine Bernier

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