Archive pour le 7 février, 2010

« Nous sommes si peu de chose… »

7 février, 2010

Plus nous avançons en âge, plus nous perdons ce sentiment d’invincibilité (ou d’inconscience…) que nous avons lorsque nous sommes très jeunes.
La première fois que nous découvrons que la mort atteint aussi ceux que nous aimons quel que soit leur âge, que la maladie ne nous épargne pas, nous sommes blessés, stupéfaits.
Ceux qui le découvrent très tôt deviennent différents.
Ils savent.
Et ce savoir là, ils le gardent pour la vie.
Même si certains d’entre eux prennent leur destin à pleines mains et marchent là où ils souhaitent aller, secoués et frappés par les caprices de la vie, ils gardent en eux cette conscience muette de la fragilité de l’Homme.
Certains plus que d’autres développent la résilience, ce phénomène psychologique permettant de résister aux chocs les plus terribles.
Le problème est qu’autour d’eux, il y a toujours un ou plusieurs stupides pour penser qu’un être capable de résister à de profondes souffrances peut résister à tout.
Et se permettent de tester leur conviction en leur faisant subir le pire.

La perception affinée de la fragilité de la vie, je la connais depuis toujours, et je la ressens encore plus clairement depuis des mois.
Avec un petit « extra » depuis quelques semaines.
Le froid n’est pas mon allié.
Ces derniers jours, la température, le matin et le soir, a atteint très souvent les -13 degrés.
Or, froid ou pas, il faut sortir un chiot en pleine éducation de la propreté.
Mon sort est donc lié au bon vouloir des températures.
La météo annonce le « retour de l’hiver » pour la semaine prochaine.
Ce qui m’irrite copieusement.
Et ces derniers jours, c’était une répétition générale?

Au milieu de ce numéro d’équilibriste que je suis forcée de jouer en surfant sur les méandres quasi polaires du thermomètre, j’apprends une nouvelle qui me touche en plein coeur.
Une femme que j’aime et respecte vit un drame personnel.
Son mari, homme fin, plein d’humour, sage, est atteint dans sa santé, et quitte doucement la scène.

Nous en avons parlé, hier soir.
Que dire, que faire….
Des mots de douceur, de tendresse, d’amitié…
La mise à disposition de la chambre d’amis, prête à devenir un havre en cas de besoin.
L’ouverture de ma vie, de mon coeur, de mes bras.
Faire en fonction d’elle, de ce dont elle pourrait avoir besoin…
Tout en sachant qu’elle est très aimée, très entourée.

Je sais certaines choses, j’en ignore énormément d’autres.
Je sais seulement que lorsque quelqu’un souffre, il est criminel de le laisser souffrir.
Comme tout le monde, je marche à tâtons dans un univers souvent flou.

Martine Bernier