Archive pour mars, 2010

Le prédateur

31 mars, 2010

J’ai tout de suite compris qu’il se passait quelque chose d’anormal.
Je promenais Pomme dans le pré du torrent, piqueté de crocus, de perce-neige et de clochettes.
Elle gambadait, à son habitude, truffes  et oreilles au vent, les pattes partant dans tous les sens, quand, tout à coup, elle s’est figée, regardant autour d’elle d’un air inquiet.
Les oiseaux qui pépiaient quelques secondes auparavant semblaient avoir tous disparu.
Il ne restait plus que le bruit de l’eau pour couvrir le silence.
Plus rien ne bougeait.
Même les corneilles se faisaient invisibles, elles qui n’ont pourtant peur de rien ou presque.
Pomme s’est instinctivement rapprochée de moi.

Et c’est là que je l’ai vu arriver.

Tout s’est passé très vite.
Un rapace volait au dessus de nous, sans bruissement d’ailes, contrairement à la chanson de Barbara.
Ce devait être une buse ou un milan, je n’ai pas eu le temps de le reconnaître.
Il a piqué vers le sol, à une dizaine de mètres de moi.
J’ai entendu un ou deux petits cris, typiques de ceux des mulots ou des petits rongeurs.
Puis il est remonté avec sa proie et il est parti.
Cela n’a pas duré plus de cinq ou six secondes.

Pendant quelques instants, l’endroit est resté silencieux.
Puis, petit à petit, les oiseaux sont revenus.
La dure loi de la nature.
Très proche de celle des hommes, finalement.
J’ai pensé à ce rongeur qui vivait sa vie de rongeur sans rien demander à personne.
Avec une conclusion… lorsque l’on est pris entre les griffes d’un prédateur, il faut espérer mourir vite.
Cela fait moins mal.

Martine Bernier

Les nouvelles, le jugement de Zemmour et la loyauté de Naulleau

30 mars, 2010

Je suis touchée de recevoir des messages d’un peu partout , me demandant de mes nouvelles.
Merci à celles et ceux qui me les adressent…
Je ne pense pas passionnant de publier un bulletin de santé.
Alors, simplement…. cette période n’est pas facile à vivre, et restera ardue, en tout cas jusqu’à la prochaine opération qui, je le sais, ne devra pas tarder.
Un organe défectueux et le traitement qui accompagne le problème provoquent toujours une multitude de réactions dont on se passerait facilement.
Et notamment une grande faiblesse qu’il n’est pas toujours facile de gérer.
Il faut composer avec cette nouvelle donne.

Je ne suis pas la seule à traverser une période difficile.
Eric Zemmour a eu droit lui aussi à quinze jours éprouvants, dans un autre registre.
Sommé de s’expliquer pour son intervention chez Ardisson, il a fait le tour des chaînes télévisées et des médias pour justifier sa position.
Je n’aime pas ce qu’il est obligé de vivre, même si le personnage m’agace toujours.
Il se défend bien, a des arguments cohérents, semble réellement blessé par ce qu’il traverse.
Je doute qu’il sorte intact de cette expérience.
Elle a démontré qu’il est attendu au tournant, que son comportement lui vaut de solides inimitiés.
Il se retrouve face à lui-même…

Dans cet épisode, Eric Naulleau, son comparse de l’émission « On n’est pas couché », s’est comporté de façon remarquable.
Lui non plus n’est pas tendre, dans son rôle de chroniqueur.
Quand il aime, il le dit.
Pas souvent.
Mais quand il n’aime pas, il est impitoyable, parfois injuste, d’autant plus redoutable qu’il est très intelligent.
On dit de lui qu’il est un « sniper du PAF », et c’est vrai qu’il va souvent trop loin, même si je comprends parfois sa démarche.

Mais quand il a été sollicité pour s’exprimer sur « l’affaire Zemmour », il a été d’une loyauté parfaite.
Il ne l’a pas défendu aveuglément, mais, encore, avec intelligence et finesse.

Résultat, pour moi: je ne lirai pas le livre de Zemmour qui ne me tente pas.
Mais j’ai commandé celui de Naulleau qui m’intrigue de plus en plus.
J’ai très envie de découvrir sa façon d’écrire, même si le contenu de son ouvrage* est très polémiqué.

Martine Bernier

* Précis de littérature du XXe siècle, de Naulleau et Jourde, chez Mango

Les impossibles constructions d’Escher, tricheur pour la bonne cause

29 mars, 2010

escher2.jpg

Il se prénommait Maurits Cornelis.
Maurits Cornelis Escher.
Quand il est né, le 17 juin 1898, aux Pays-Bas, ses parents ne devaient pas s’attendre à ce que que leur cadet devienne un artiste déconcertant.
Doué pour le dessin, Cornelis a étudié l’architecture, la gravure, les arts décoratifs.
Puis il est parti à Florence où il a commencé à dessiner les paysages sous des angles insolites.
Après l’Italie, il est parti en Suisse, à Château-d’Oex, avec son épouse, mais ne s’y est pas senti heureux.
Il a donc déménagé à Uccle, en Belgique, avant de retourner en Hollande.

L’oeuvre de cet artiste étrange comporte deux volets: des paysages nuageux et la partie quasi mathématique de son travail, qui n’a pas fini de fasciner.
Le plus connu de ses dessins est sans doute la fameuse « Montée et descente ».
monteedescente.jpg
On y voit des moines (ou en tout cas des personnages qui y ressemblent beaucoup), arpenter les escaliers d’un édifice apparemment normal.
Ils grimpent un escalier, croisant d’autres passants qui redescendent.
Mais en regardant mieux, on s’aperçoit que la file qui monte ne redescend jamais.
L’escalier accomplit une boucle sur lui-même en ne faisant que monter… ce qui est totalement impossible.
Pourquoi? Parce qu’un escalier d’immeuble prend son départ au rez-de-chaussée pour monter jusqu’au dernier étage.
Ici, par un sortilège né de l’esprit d’Escher, les personnages montent pour se retrouver au point de départ.
Et font de même pour la descente, dans le sens inverse.

Pour réaliser l’impossible, Escher a modifié la réalité, comme il l’a fait pour ses autres figures ambiguës.
Mais il a triché pour la bonne cause, à la gloire du trompe-l’oeil…
L’extrême minutie de l’oeuvre de cet artiste particulier se découvre inlassablement.
Ses dessins, nous les avons tous vus une fois ou l’autre, plus ou moins par hasard.
Disparu en 1972, le dessinateur a laissé un travail interpellant, que le site qui lui est consacré permet de redécouvrir.

Martine Bernier

http://www.mcescher.com/http://www.mcescher.com/

L’Histoire sur le sable

29 mars, 2010

J’ai reçu ce lundi un lien Internet vers une vidéo magnifique.

Elle présente la prestation de la jeune et très belle Kseniya Simonova lors de la finale « Tu as du talent » en Ukraine.
Elle est arrivée a faire pleurer le jury lors de cette finale où elle représentait une scène de l’invasion allemande d’Ukraine durant la seconde guerre mondiale, en utilisant ses doigts sur une superficie de sable.

Dire que c’est extraordinaire est peu dire…

Le talent de cette demoiselle est doublé d’une profondeur et d’une gravité complètement inattendues dans ce genre d’émissions.
Il faut juste regarder et se taire…

Martine Bernier

http://pelapapas.com.mx/htmls/animacion-arena-2.html

Sister et la Dame de l’Hôpital

28 mars, 2010

Deux femmes m’ont marquées, ces derniers jours.

Deux histoires inattendues…

Vendredi, à l’hôpital, j’ai été installée dans une chambre du service d’oncologie en attendant l’opération.
J’ai passé deux heures seule, puis la porte s’est ouverte et une femme est entrée.                                     

Elle est venue vers moi, m’a serré la main, nous nous sommes présentées, et elle s’est dirigée vers le deuxième lit tout en parlant. Elle m’a expliqué qu’elle avait eu quatre cancers, que, pour avoir travaillé dans le domaine médical, elle prenait les choses en mains, venait régulièrement pour des examens… Elle a parlé jusqu’à ce que l’infirmière arrive pour lui faire ses analyses et lui donner son traitement. Elle lui a expliqué où la piquer, comment faire, a choisi l’aiguille… Restées seules, nous avons repris notre conversation. Elle était pleine d’énergie (« c’est la thyrroïde qui me joue des tours! J’ai trop d’énergie! ») me racontait ses balades en montagne, ses descentes en VTT.  Je l’écoutais, lui posais de temps en temps une question,  lui disais ce que je ressentais par rapport à elle, à son expérience.

Le temps a passé vite. Le moment est arrivé où le brancardier et l’infirmière sont venus me chercher pour partir en salle d’opération. Avant de partir, j’ai remercié ma compagne de chambre pour ce moment privilégié…

Quelques heures plus tard, lorsque je suis revenue, elle n’était plus là. Mais l’infirmière m’a dit qu’elle lui avait parlé de moi. Et elle m’avait laissé un message posé sur la table de chevet. Quelques mots et des fleurs dessinées.

Je ne la reverrai sans doute jamais… mais je ne l’oublierai jamais non plus.

……………….

Un jour, sur Facebook, je l’ai rencontrée. Au début, je n’ai rien dit. Je lisais ce qu’elle écrivait. Elle me touchait, me faisait sourire, son intelligence percutante me séduisait. Nous intervenions sur les mêmes fils de conversation. Puis un jour, nous sommes parties dans un délire commun, très drôle. Même humour, même folie douce. Nous avons joué à notre petit jeu pendant quelques jours. Puis j’ai posé une phrase sur mon « mur », expliquant que j’avais des soucis de santé et que j’allais devoir subir une opération, puis une autre, puis encore une autre. C’est là qu’elle a commencé à m’écrire différemment. Qu’elle a laissé un message très émouvant sur son « mur » à mon intention, et que nous avons échangé des courriers plus profonds.

Par petites touches, je la découvre.

Sister écrit merveilleusement, des histoires belles. Elle a vécu dans les îles, en garde une infinie nostalgie qui se lit au creux de ses phrases.  

Nous avons plusieurs points communs, dont un essentiel: nous cachons nos désespoirs derrière une légèreté teintée de dérision et d’humour disjoncté.

………….

Ce soir, un membre de mon Triangle d’Or, devenu Carré d’Or, m’a dit que l’on attend deux nouvelles grandes marées assorties d’une tempête sur la Façade Atlantique. De nombreux habitants ont quitté leurs maisons, inquiets à la pensée de ce qui s’est passé au cours de ces dernières semaines. Je pense à eux en espérant que ces tempêtes que j’aime tant ne feront pas de victimes et pas de nouveaux dégâts, que les digues tiendront…

Martine Bernier

Sissi et le lac….

27 mars, 2010

Au lendemain de cette journée d’opération, je subis le contrecoup, comme tout le monde dans ces cas-là .
Je me suis remise à  écrire.
Un peu.
C’est mon refuge, mon oxygène, mon travail.
La fenêtre s’ouvre sur le lac, insolent de beauté bleue dans son écrin de montagnes.
Très souvent, quand je le regarde, je pense à  l’impératrice Elisabeth d’Autriche.
Quand elle voulait fuir la rigidité de l’étiquette de la Cour, elle s’échappait.
Elle a effectué plusieurs séjours sur les bords du Léman, entre 1893 et 1898.
Elle descendait dans les palaces de Montreux, Territet et Caux avec sa suite.
L’air de la Suisse était favorable à  cette femme indomptable, souffrant de tuberculose.
Elle était toujours vêtue de noir, disent les textes qui en parlent.
Plutôt que de se perdre dans  la foule des quais, elle préférait se réfugier en montagnes, faisait des excursions aux Rochers-de-Naye, Caux, Bex ou les Avants.
C’est d’ailleurs à  Genève, le 10 septembre 1898, qu’elle a été assassinée par un anarchiste italien alors qu’elle s’apprêtait à  monter sur le bateau qui devait la ramener à  Montreux.

Ce lac a été admiré, aimé, célébré par des générations de gens, célèbres ou non, qui en sont tombés amoureux.
Les hommes passent, lui reste là , immuable.
Aujourd’hui, fragile, c’est moi qui pose les yeux sur lui.
Pour ceux qui l’ignoreraient, le Léman est très grand.
72,8 km, ce n’est pas rien…
Cette masse d’eau est un ancrage à peine mouvant.
J’ai un décor de carte postale devant ma fenêtre.
Mais je n’arrive pas à me dire que je suis chez moi.
D’ailleurs… qui est vraiment chez lui?

Martine Bernier

Fais-moi rire, Viking…

26 mars, 2010

Ne nous leurrons pas: certains jours sont plus durs que d’autres.
Celui-ci n’était pas le plus plaisant qu’il m’ait été donné de vivre.
Deuxième opération en une semaine, un ou deux problèmes inattendus, mais un résultat plus probant, cette fois.
Une étape de franchie… d’autres se profilent.
Je ne vais pas me lancer dans une description des faits, ce serait inintéressant.
Si ce n’est pour préciser que j’ai décidément un chirurgien remarquable, qu’assister en direct à l’opération était fascinant, et que j’ai rencontré une fois encore des personnes lumineuses…

Non, je voudrais plutôt vous parler de mon petit Viking.
Lorsque j’étais enfant, je lisais une BD, dans Spirou.
Ancêtre d’Astérix, ce viking aux grandes moustaches m’amusait beaucoup.
La phrase qu’il répétait souvent à l’un de ses sbires « Fais-moi peur, Viking », je l’avais reprise à mon compte en la transformant un peu.
Depuis, dès que je vais très mal, je dis simplement: « Fais-moi rire, Viking »…

Une bonne âme, sur Facebook, découvrant que je ne connaissais plus le nom de cette BD qui m’avait tellement amusée, a fait des recherches et l’a retrouvée.
C’est ainsi que j’ai redécouvert « Hultrasson Le Viking », de Remacle et Denis, ainsi que ses compagnons: Sepadefasson, Payasson, le roi Harald-les-beaux-cheveux, la sorcière Jivatijivatipa et, surtout, les très bêtes frères Hamesson.

C’était un régal…
Merci à celui qui m’a permis de me replonger un peu dans cet univers qui n’a pas vieilli.

Ce soir, j’ai envie de laisser ma phrase fétiche traîner sur le coin de l’écritoire d’Ecriplume….
Fais-moi rire, Viking…

Martine Bernier

Puiser dans aujourd’hui la force de demain

25 mars, 2010

Ce vendredi, à l’heure où beaucoup ouvriront les yeux ou partiront travailler, je serai rentrée à l’hôpital, comme tant d’autres au même instant un peu partout dans le monde, pour la deuxième intervention prévue en une semaine. La première est arrivée si brutalement que je n’ai pas eu le temps de trop voir voler les papillons noirs. Là, c’est différent. J’ai presque envie de dire que j’apprécie le fait d’avoir mal, pour une fois! Au moins la douleur motive-t-elle la démarche…

Elles ne sont pas très drôles, les veilles d’opération.
Mais celle-ci a été marquée par des petits faits qui m’ont interpellée.

Depuis quelques jours, les grands arbres qui bordent la lisière du pré disparaissent un à un.
Une équipe de bûcherons les coupe avant de les passer dans une broyeuse.
Il ne reste d’eux que des montagnes de copeaux.
Hier, en fin de journée, j’ai été faire mes adieux à l’un d’eux, le plus majestueux, alors que l’équipe rentrait pour la nuit.
Je n’aime pas que l’on touche aux arbres lorsqu’ils ne sont pas malades.
Ceux-ci sont les premières victimes de la route qui va être construite pour désenclaver la rive franco-suisse du Léman, si mes renseignements sont exacts…

Je regardais Pomme qui  m’a quittée ce soir pour retrouver sa « famille d’accueil ». Cette fois, la séparation sera courte: cette intervention-ci, plus longue que la première, pourra cependant se dérouler en ambulatoire, si tout se passe bien. Cette petite boule de poils est perturbée par ce qui se passe. Je passe mes journées à écrire et à m’occuper d’elle. Pas facile d’être un chiot. Mais hier, alors que je la regardais courir après un papillon aux ailes jaune fluo, sous les exclamations attendries de l’une de mes voisines, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que la scène semblait tirée d’un livre pour enfants…

En rentrant du pré où je ne peux que constater le massacre des arbres, j’ai croisé le facteur qui m’attendait.
Il m’a remis un petit paquet qui a eu le don de me mettre le coeur à l’envers.
L’an passé, Alain et moi étions allé passer une journée à l’île d’Yeu où nous rejoignions une de mes amies, Cati.
Comme moi, elle est très attachée à l’Atlantique, à la région.
Ces derniers jours, elle m’a appelée. Nous avons longuement parlé, et elle m’a dit qu’elle allait m’envoyer quelque chose que beaucoup de gens trouvent parfaitement kitch…
Ce matin, donc, j’ai ouvert le colis et j’ai découvert… la mer en boîte.
Il s’agit d’une petite boîte en carton sur laquelle a été dessiné un port de pèche.
Lorsque l’on ouvre le couvercle, deux petites mouettes montées sur ressorts se balancent tandis que l’on entend leurs cris couvrant à peine le bruit de la mer.
J’ai eu la gorge nouée… elle sait l’importance que cela a pour moi…

Un mail m’arrive.
Trois photos.. Parmi elles, le fameux bonsaï pris sous un angle plus avantageux, et le tableau dont j’ai parlé…
Des gestes si simples, qui me font tellement plaisir, surtout venant de la personne qui me les envoie. Ce soir, au téléphone, il m’apporte ce qu’il m’a toujours donné: une amitié douce et paisible…

Une amie chère me téléphone, mon éditeur me laisse un mot, mes voisins s’inquiètent de ma santé, un passant de Facebook fait une recherche pour moi pour retrouver un petit personnage de BD que j’adorais quand j’étais gamine… D’autres proches me tiennent par le bout du coeur pour m’aider à rester debout, mon « Carré d’Or »,  mon rédacteur en chef m’appellent, la Dame des Iles, nouvelle venue dans ma vie, m’envoie des courriers émouvants… Je suis émue par toutes ces marques d’amitié, de tendresse. Quelqu’un me dit: « c’est par le retour que tu as des autres que tu peux voir que tu es dans le juste.Si autant de gens tiennent à toi, tu ne devrais pas te remettre en question sans arrêt… » Cela me fait réfléchir…

Ce jeudi est un jour important: celui de l’anniversaire d’Eric.
Je salue en lui l’homme le plus fiable et le plus dévoué qu’il m’ait été donné de rencontrer… une rose dans du béton. Nous fêtons son anniversaire sans excès: je n’ai pas exactement la forme nécessaire pour cela en ce moment. Il me dit que je n’ai jamais été aussi cernée. Flûte, je ne serai jamais Cindy Crawford…

Bon et bien… j’ignore si j’aurai le courage de mettre un texte demain soir.
Nous verrons comment se sera passé la journée…

Martine Bernier

L’Enfant dieu

24 mars, 2010

L’histoire pourrait commencer par « Il était une fois… »

Mais il ne s’agit pas d’un conte, même si elle fait le tour des forums tous azimuts.

En Inde est né, il y a sept ans, un enfant victime d’ischiopagus.
Qu’est-ce que c’est? Une anomalie rare.
Sa mère était enceinte de jumeaux lorsque le deuxième bébé a arrêté son développement.
Le foetus restant a alors absorbé les membres de l’autre.
C’est pour cette raison que le petit Deepak Kumar est né avec quatre bras et quatre jambes, un handicap terrible et impressionnant.
Ses parents ont décidé qu’il subira dès que possible une intervention chirurgicale pour rectifier ce que la nature a mal fait et ôter les quatre membres supplémentaires qui semblent sortir de la poitrine.
Une petite fille souffrant du même handicap a été opérée avec succès en 2007.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là …
Alors que, sous nos latitudes, le handicap engendre souvent un malaise, en Inde, dans ce cas-ci, la réaction est toute différente.
Le petit garçon est devenu une icône dans son pays, notamment auprès des hindous qui voient en lui Vishnou…

Certains croyants n’hésitent pas à  entreprendre des pèlerinages pour toucher et se prosterner devant Deepak Kumar, plutôt ravi, avoue-t-il, de recevoir de l’argent, des fruits, des bonbons et des fleurs de ses admirateurs.
Cela plaît un peu moins à  son père, mal à  l’aise devant cette vénération…

Quel étrange destin que celui de cet enfant dieu…

Martine Bernier

 

Le pamphlet raté et le Bonsaï

23 mars, 2010

Le monde n’a pas fini de m’étonner…
J’ai reçu un texte anonyme dans la ligne de ceux qui me sont envoyés depuis des mois, et qui me parlent tous d’Alain.
Ce texte se veut ironique, s’intitulant ô combien finement: « Monsieur Lavette et la Grue Phildar en vacances pascales à Samoens ».
L’auteur me demande de le publier sur Ecriplume, et en profite au passage pour me demander mon avis.
Puisque c’est si gentiment demandé, je vais donc le lui donner, n’ayant toujours pas d’adresse où lui répondre.

Tout d’abord, non, je ne vais pas le publier.
Ecriplume n’est pas un dépotoir.
Il va falloir trouver à cette petite merveille un autre destinataire.
Ensuite…
Le pamphlet est un art qui demande beaucoup de subtilité et une grande maîtrise de l’écriture.
Sans ces deux ingrédients, il devient rapidement lourd, grossier et pénible à lire.
C’est malheureusement le cas pour celui-ci, dès la découverte de son titre.
Moi aussi j’aurais une question à l’intention de son auteur.
Pensiez-vous vraiment que j’allais avoir plaisir à le lire ou que j’aime découvrir ce genre de courrier?
J’ai d’autres priorités. Et je vous conseille vraiment de régler votre problème en direct avec Alain, même si je sais que votre interlocuteur est fuyant.

Ceci dit, ne vous y trompez pas, je ne défends pas un être qui ne le mérite pas.
Mais puisez plutôt votre inspiration dans les titres célèbres comme « Le Mépris » de Moravia, ou la « Nausée » de Sartre. Au moins, ils sont bien écrits.

…….

Par bonheur, même si nul n’est à l’abri de l’abominable, comme je le sais depuis quelques mois, le monde n’est pas composé que de noirceur, de manipulateurs pervers  et d’irresponsables brisant des vies  sans se retourner en osant se faire passer pour victimes. 

Dans l’un des textes de cette semaine, j’avais évoqué trois « objets » (entre parenthèses puisque deux d’entre eux étaient des végétaux) dont l’image me revient souvent ces temps-ci, et qui m’avaient marquée par l’harmonie qui s’en dégageait.
Il s’agissait d’un groupe d’orchidées, d’un tableau et d’un bonsaï hors du commun.
Ce matin, alors que le texte n’était en ligne que depuis quelques heures, je reçois un message du propriétaire de ce trio, qui a reconnu ses objets dans la description que j’en ai faite.
Il a commencé sa journée en m’envoyant une photo du bonsaï centenaire afin que je puisse l’avoir toujours sous les yeux.
Un cadeau… pour l’image et pour le geste.

Ce bonsaï est très particulier.
Toute personne qui a tenté de s’occuper de ces arbres miniatures sait qu’ils sont extrêmement fragiles.
Leur entretien est délicat: s’ils ne ne sentent pas bien dans leur environnement, si la moindre erreur est commise, ils dépérissent très rapidement.
Celui-ci, arbre centenaire, donc, est impressionnant par la force qu’il dégage.
Il est grand, pour un bonsaï.
Et pourtant, il n’a rien à voir avec un arbuste traditionnel.
Atteint de nanisme « forcé » comme tous ses congénères, il est éclatant de santé, garde la majesté d’un arbre, sans aucun rapport avec une plante verte.
Nous savons  qu’ils sont malmenés pour devenir ce qu’ils sont.
Cette torture imposée me fait penser à la tradition pas si ancienne des pieds bandés en Chine.
Mais, dans le cas du bonsaï, quel résultat…

Merci pour la photo, toi… j’aime le regarder, ton bonsaï…

Martine Bernier

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