Le pamphlet raté et le Bonsaï

Le monde n’a pas fini de m’étonner…
J’ai reçu un texte anonyme dans la ligne de ceux qui me sont envoyés depuis des mois, et qui me parlent tous d’Alain.
Ce texte se veut ironique, s’intitulant ô combien finement: « Monsieur Lavette et la Grue Phildar en vacances pascales à Samoens ».
L’auteur me demande de le publier sur Ecriplume, et en profite au passage pour me demander mon avis.
Puisque c’est si gentiment demandé, je vais donc le lui donner, n’ayant toujours pas d’adresse où lui répondre.

Tout d’abord, non, je ne vais pas le publier.
Ecriplume n’est pas un dépotoir.
Il va falloir trouver à cette petite merveille un autre destinataire.
Ensuite…
Le pamphlet est un art qui demande beaucoup de subtilité et une grande maîtrise de l’écriture.
Sans ces deux ingrédients, il devient rapidement lourd, grossier et pénible à lire.
C’est malheureusement le cas pour celui-ci, dès la découverte de son titre.
Moi aussi j’aurais une question à l’intention de son auteur.
Pensiez-vous vraiment que j’allais avoir plaisir à le lire ou que j’aime découvrir ce genre de courrier?
J’ai d’autres priorités. Et je vous conseille vraiment de régler votre problème en direct avec Alain, même si je sais que votre interlocuteur est fuyant.

Ceci dit, ne vous y trompez pas, je ne défends pas un être qui ne le mérite pas.
Mais puisez plutôt votre inspiration dans les titres célèbres comme « Le Mépris » de Moravia, ou la « Nausée » de Sartre. Au moins, ils sont bien écrits.

…….

Par bonheur, même si nul n’est à l’abri de l’abominable, comme je le sais depuis quelques mois, le monde n’est pas composé que de noirceur, de manipulateurs pervers  et d’irresponsables brisant des vies  sans se retourner en osant se faire passer pour victimes. 

Dans l’un des textes de cette semaine, j’avais évoqué trois « objets » (entre parenthèses puisque deux d’entre eux étaient des végétaux) dont l’image me revient souvent ces temps-ci, et qui m’avaient marquée par l’harmonie qui s’en dégageait.
Il s’agissait d’un groupe d’orchidées, d’un tableau et d’un bonsaï hors du commun.
Ce matin, alors que le texte n’était en ligne que depuis quelques heures, je reçois un message du propriétaire de ce trio, qui a reconnu ses objets dans la description que j’en ai faite.
Il a commencé sa journée en m’envoyant une photo du bonsaï centenaire afin que je puisse l’avoir toujours sous les yeux.
Un cadeau… pour l’image et pour le geste.

Ce bonsaï est très particulier.
Toute personne qui a tenté de s’occuper de ces arbres miniatures sait qu’ils sont extrêmement fragiles.
Leur entretien est délicat: s’ils ne ne sentent pas bien dans leur environnement, si la moindre erreur est commise, ils dépérissent très rapidement.
Celui-ci, arbre centenaire, donc, est impressionnant par la force qu’il dégage.
Il est grand, pour un bonsaï.
Et pourtant, il n’a rien à voir avec un arbuste traditionnel.
Atteint de nanisme « forcé » comme tous ses congénères, il est éclatant de santé, garde la majesté d’un arbre, sans aucun rapport avec une plante verte.
Nous savons  qu’ils sont malmenés pour devenir ce qu’ils sont.
Cette torture imposée me fait penser à la tradition pas si ancienne des pieds bandés en Chine.
Mais, dans le cas du bonsaï, quel résultat…

Merci pour la photo, toi… j’aime le regarder, ton bonsaï…

Martine Bernier

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