Archive pour avril, 2010

Les préparatifs et l’arrivée…

10 avril, 2010

Le jour se levait  doucement ce matin et je travaillais déjà depuis plus d’une heure.
Impossible de distinguer le lac: il était recouvert d’un voile de brume sous un ciel gris.
Mais pourquoi diable boude-t-il juste aujourd’hui que mon morceau de Carré d’Or arrive, alors qu’il affichait des airs de lagon ces derniers jours?!
J’ai envie de prendre ce ciel et de le troquer contre une toile bleue, comme on changerait une nappe…
Le lac comme la météo sont souvent d’humeur changeante: peut-être fera-t-il beau lorsqu’ils arriveront…

La délicieuse soirée d’hier et les quelques heures ce matin à découvrir Natalia m’ont séduite.
Je ne pouvais rêver d’hôte plus agréable, plus cultivée et plus naturelle.
Cette rencontre m’a confirmée dans le fait que j’aime décidément ouvrir ma porte!
Je vibre en mode harmonie en ce moment.

Tôt ce matin, j’écrivais en évitant de bouger pour ne pas la réveiller.
Tout le monde ne commence pas ses journées avant le lever du soleil, encouragée par un mini bichon havanais pressé d’aller se balader avant les premières lueurs du jour!
Pomme semblait comprendre que quelque chose se prépare. Désireuse de me soutenir dans mon bel effort pour accueillir mes amis, elle a attrapé au passage un mouchoir en papier et le transforme en confettis dans mon bureau avant d’étaler ses jouets par dessus. Nous n’avons pas exactement le même sens de la décoration…

Pour faire plaisir à Yoann, j’ai placé des saladiers de ses bonbons préférés dans l’appartement.
Comme lorsque j’étais à St Molf et que j’avais transformé la maison en paradis pour enfants.

Mes Bretons… Elle est longue la route pour venir me rejoindre.
Mais je sais que va se recréer la magie.
Je n’ai plus le « Café du Muret » où je servais l’apéritif aux amis de passage et où nous tenions de longs conciliabules sous le soleil.
Mais j’ai d’autres bottes secrètes dont j’espère leur faire profiter!

Lorsqu’ils sont arrivés ce soir, j’ai eu une immense émotion. Dieu que je les aime….

Avec eux, c’est le souffle de ma Terre de Sel qui revient!

Martine Bernier

La rencontre inattendue et… 30’000 visites

9 avril, 2010

Mes Bretons… Ils arrivent demain, et c’est le bonheur!
A ceux qui s’étonnent de me voir aussi émue à l’idée de retrouver la famille qui me rejoint pour une semaine, je n’ai envie de répondre qu’une chose: ils font partie de ceux à qui je dois d’être encore en vie aujourd’hui.
Et ils savent que, jamais, je n’oublierai ce qu’ils ont fait pour moi.  Comme je n’oublierai rien d’ailleurs de ces heures, de ces jours, de ces mois ni du comportement de chacun.
Ce qui s’est passé là-bas, tout ce qui s’est passé là-bas, reste gravé en moi pour toujours.
Je ne suis plus la même, depuis…

A quelques heures de leur arrivée, un événement inattendu comme je les aime est venu chatouiller le cours de la journée.
Hier soir, un couple de mes voisins que j’aime beaucoup, de retour d’un long séjour au Texas, m’a téléphoné.
Ils cherchaient à loger leur belle-fille pour une nuit, ce soir, et ne pouvaient le faire chez eux, leur appartement étant trop petit.
Les personnes qui devaient l’héberger ne peuvent la recevoir, et ils se trouvaient très ennuyés.
Ils devaient l’être pour me poser la question…
J’ai accepté avec joie.
J’aime cette idée d’ouvrir ma porte et d’accueillir une passante, Russe de surcroît.
Rencontrer de nouvelles personnes, cela m’arrive très souvent.
Recevoir des amis pour quelques jours, cela m’est arrivé plusieurs fois aussi ces derniers mois.
Mais recevoir une personne totalement inconnue est très rare.
C’est une expérience que je me réjouissais de vivre.
Je n’ai pas eu tort.
J’ai découvert Nathalia, une femme sensible et pleine de charme.
Une rencontre inattendue…

Ce soir, Ecriplume a dépassé le cap des 30’000 visites.
A étape franchie dans ce décompte, je suis à la fois surprise et touchée.
Jamais, en créant ce blog, je n’aurais osé imaginer qu’il attirerait autant de monde.
J’aimerais savoir ce qui touche suffisamment les lecteurs pour qu’ils y reviennent.
J’aimerais comprendre…
Je prends comme un cadeau ces présences silencieuses et ombrées qui m’accompagnent dans mon quotidien, dans mes passions, dans mes découvertes, dans mes déchirures.
Ecriplume est mon empreinte, le reflet de ma trame…
Il vit grâce à l’intérêt qu’il suscite.

Parallèlement, les deux petits frères d’Ecriplume suivent un chemin étonnant eux aussi.
Cinq mois après leur ouverture définitive, « Livres ou vers » a accueilli plus de 12’000 visites et « Paroles de Soie » plus de 8’000.
Inexplicable à mes yeux pour des blogs qui ne bénéficient d’aucune publicité.
Merci…

Martine Bernier

Les mystérieuses vanités

8 avril, 2010

La vanité, tout le monde sait ce que c’est.
Mais les vanités, nettement plus fascinantes, sont un peu moins connues.
Chacun les a vues, mais sans forcément en connaître le nom.

En Histoire de l’Art, les vanités sont ces natures mortes un peu macabres, où se retrouve souvent un crâne au-milieu d’autres objets.
Elles existent depuis la nuit des temps, sur les mosaïques de Pompéï, dans les tableaux des grands Maîtres… partout.
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Ces toiles dictées par la fascination de l’homme par la mort ne sont pas conçues aussi morbides par hasard.
Elles sont sensées nous rappeler la fragilité de notre condition humaine, illustrant le thème philosophique « l’impermanence de l’homme ».
Des sculptures fréquentent le même courant, faisant la part belle à des crânes et des squelettes revus et corrigés par l’oeil artistique.

Et puis il y a les autres vanités, ces bagues et bijoux nous rappelant quotidiennement la fameuse phrase « memento mori » (« Souviens-toi, tu vas mourir ») nous ramenant inexorablement à notre condition humaine.

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Le musée Maillol, à Paris, a décidé d’exposer 150 pièces retraçant l’histoire des vanités dans une exposition intitulée « C’est la vie », à visiter jusqu’au 28 juin 2010.

Martine Bernier

Les lueurs dans la nuit

8 avril, 2010

La nuit était tombée, hier soir, lorsque j’ai sorti Pomme pour l’une de ses dernières excursions de la journée.
Dans l’obscurité privée de lune, je n’aime pas me rendre dans la région du torrent, qui n’est évidemment pas éclairée.
Avec en plus la présence de la montagne, que je ressens toujours comme menaçante, la nuit, je ne me sens pas à l’aise.
Mais ce que Pomme veut…
Direction donc son pré favori.
A peine y étions-nous depuis quelques minutes que notre attention a été attirée par des lueurs, de l’autre côté de la rivière, sur la rive française.
Venant probablement du chemin longeant les bouquets d’arbres (que certains appellent pompeusement « la forêt »), c’était la lueur d »une lampe torche.
La lumière s’est éteinte au petit pont marquant la frontière et surveillé par une caméra.
Je regardais la scène en imaginant des contrebandiers, des fuyards et en me montant un scénario digne du meilleur film de fiction.
Pomme, qui regardait la scène, elle aussi, a poussé un petit gloussement.
Je l’ai regardée et je suis revenue à la réalité.
De l’autre côté de la rive, quelqu’un promenait sans doute son chien à la lueur d’une torche, tout simplement…

De retour à l’appartement, j’ai vu que j’avais reçu un appel en absence, venu de quelqu’un que je ne manquerais pour rien au monde.
Je l’ai rappelé. D’où il m’appelait, il faisait encore jour.

Un mail m’arrive traitant d’un nouvel épisode des Bidochons.
A la montagne, cette fois.
Je n’ai jamais aimé cette BD.

Dans deux jours, mes tendres Bretons seront là.
Chaque jour, Yoann me retrouve sur msn comme le fait sa grande soeur.
Il me dit son bonheur, son impatience à l’idée de venir.
Et je ris de le voir me poser mille questions naïves et drôles.

Je sais qu’ils seront avec moi lorsque je devrai me rendre à l’hôpital le 16, pour rencontrer mon chirurgien et savoir à quelle sauce je serai mangée dans les jours à venir.
Cela me réconforte…
Pour les recevoir, Eric, mon ange gardien, m’aide de mille façons.
En ce moment, vu les soucis qui sont les miens physiquement, je ne sais pas comment je ferais sans lui.

Cette semaine, deux hommes à la fois lointains et proches manquent à mon ciel.
L’un s’est envolé vers l’Asie hier soir, pour une mission que j’espère sans danger.
L’autre me doit un repas au Negresco. Sa conversation me manque.

Au-milieu d’un quotidien rendu assez difficile depuis que ma santé me joue des tours, je travaille.
Beaucoup.
Mon éditeur a raccourci de plusieurs mois le délai de sortie de notre prochain livre.
C’est d’un côté une énorme contrainte, et de l’autre un splendide défi.
Je comprends ses arguments… il me reste à ne pas le décevoir.

La journée commence… je reprends la plume!
J’ai une chance merveilleuse de pouvoir en vivre…

Martine Bernier

Jean-Pierre Le Hunsec et ses jardins imaginaires

7 avril, 2010

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Il aime les jardins imaginaires…
Découvrir les tableaux du peintre Suisse Jean-Pierre Le Hunsec équivaut à prendre une immense bouffée de joyeuse nature en pleine face.
Sa peinture est joyeuse, exubérante…
Des champs de fleurs, des forêts d’arbres verts et roux, des prairies grasses: ses aquarelles sont un foisonnement de vie et de couleurs, sa peinture est printanière, compréhensibles de tous, et se décline en huiles et en aquarelles, ces dernières étant spécialement vivifiante.
Ses sculptures méritent elles aussi le déplacement, révélant une autre facette du talent de ce tonique artiste carougeois.

Martine Bernier

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Exposition à la Galerie Les 3 Soleils, route de la Corniche, 1098 Epesses.
Tél. 021 799 23 75
Du 17 avril (vernissage dès 17h30 au 16 mai 2010, ouvert du mercredi au dimanche de 14 à 18 heures ou sur rendez-vous,

Site de l’artiste: http://www.lehunsec.com/

René-Pierre Rosset: le mari de ma voisine…

6 avril, 2010

Lundi, ma voisine de pallier, une dame charmante et cultivée que je vois relativement peu car sa vie se partage entre Genève et le Valais, est venue m’apporter des fleurs et prendre de mes nouvelles.
Sa soeur est décédée voici quelques années d’un problème de santé apparenté à celui que je traverse en ce moment, ce qui la sensibilise à cet épisode délicat de ma vie.
C’est au cours de notre conversation qu’elle m’a appris que son mari était peintre.
J’ai toujours un moment de méfiance lorsque quelqu’un me confie ce genre de choses.
Tout le monde ou presque s’est essayé avec plus ou moins de succès à la peinture, ce qui ne veut pas dire qu’il est peintre pour autant.
Je suis devenue nettement plus attentive lorsqu’elle m’a expliqué qu’il avait beaucoup exposé, et notamment au Grand Palais, à Paris.
Là.. nous ne parlions plus d’un amateur.
Je l’ai interrogée pour en savoir un peu plus.

Il s’appelait René-Pierre Rosset.
Né dans une famille paysanne, il n’était pas destiné à embrasser une carrière artistique.
A 12 ans, il gardait les troupeaux.
Mais ce n’était pas son rêve.
Et c’est pour cela qu’il est parti.
Vendeur de journaux à 17 ans, il a réussi à entrer aux Beaux-Arts
Et là se passe un petit miracle.
Le grand peintre Maurice Utrillo se prend d’affection pour lui, lui enseigne les couleurs.
Et il va retrouver l’espoir, l’envie.
De retour en Suisse, il a travaillé, travaillé… et est devenu un peintre connu.

J’ai découvert trois de ses tableaux accrochés dans le salon de son épouse, et quelques autres reproduites dans un catalogue d’exposition.
Une sensationnelle vue de Genève, « Place du Bourg-de Four », des corps de femmes abandonnées, des paysages…
Ce matin, ma voisine, à laquelle je confiais l’émotion ressentie à la découverte de l’oeuvre de son mari, m’a dit qu’elle me montrerait sa collection.
J’attends ce moment avec impatience…

Martine Bernier

Un Michel Ange qui n’en est pas un?

5 avril, 2010

En 2008, l’Italie, ravie, a fait grand bruit autour de ce qui était l’événement culturel de l’année: l’achat, par l’Etat italien d’un Christ polychrome attribué à Michel-Ange.
Un Michel-Ange… la magie du nom prestigieux de l’artiste a déclenché une vague d’enthousiasme.
Le peuple, séduit, s’est pressé pour se rendre au Parlement en décembre 2008 pour admirer l’oeuvre exposée.
Mais avant, ce beau Christ dont le corps, haut de  42 centimètres, a été sculpté dans du bois de tilleul, fut présenté en grande pompe au président de la République et au page.
Tout dans ce Christ fait penser à la Piéta, célèbre sculpture à admirer à la Basilique St Pierre à Rome.

Les experts, eux, se sont interrogés.
Pourquoi cette oeuvre a-t-elle coûté 3,2 millions d’euros… alors que sa valeur est estimée à 15 millions d’euros?
Bizarre…

Un an après, l’Italie est moins ravie.
Intrigués, la Cour des comptes et les Parquets de Rome et Turin ont décidé d’ouvrir des enquêtes.
Pourquoi? Parce qu’aucun document de la Renaissance ne parle de l’existence de cette sculpture.
Et que certains spécialistes pensent qu’elle aurait été crée par Jacopo Sansovino.
Il était bien aussi, Jacopo, mais nettement moins connu que Miche-Ange… et aucune de ses oeuvres ne se vendrait 3 millions.
Trop pour un Jacopo… pas assez pour un Michel-Ange.

Pour l’Etat qui pensait avoir fait une bonne affaire, c’est une déconvenue.
Si l’enquête confirme la paternité de l’oeuvre comme étant celle de Sansovino, il va pouffer dans sa tombe, ce brave Jacopo.
Etre confondu avec son illustre collègue, quel pied de nez!

Martine Bernier

Je voudrais envoyer une pensée à une personne que j’apprécie et qui reprendra dès mercredi sa vie de voyages.
Mes pensées l’accompagnent là où il va.

Histoires de prisons

4 avril, 2010

Il arrive à tout le monde d’avoir un mauvais réflexe.
Celui qu’a eu un automobiliste, à Cleeveland (Etats Unis) fait partie de ceux qui mériteraient une distinction.

L’homme tentait de fuir la police après avoir commis une infraction au code de la route.
Après une course poursuite atteignant des pointes de vitesse de 145 km/h, le fuyard a abandonné sa voiture et a sauté, avec l’un des passagers de sa voiture, par-dessus une clôture.
Ouf… sauvés…
Leur soulagement a été de courte durée.
A mon avis, ils ont dû avoir une légère déconvenue en découvrant qu’ils s’étaient réfugiés… dans la cour de la prison d’Etat pour femmes.
C’est ballot.
Voire un peu inquiétant. Faut-il en déduire qu’une prison où il est aussi facile d’entrer, il ne doit pas être beaucoup plus difficile d’en sortir?

Parallèlement, une autre nouvelle insolite a retenu mon attention.
En France, la Chancellerie aurait annoncé rechercher actuellement plusieurs sites afin de construire et d’expérimenter un nouveau type de prison: celle sans barreaux, dans le cadre de la lutte contre la récidive et pour la réinsertion.

Les personnes qui seront placées dans ce genre d’établissement, nous dit la dépêche, « seront triées sur le volet, et devront manifester un réel objectif de réinsertion. Ainsi, l’administration pénitentiaire est chargée en France de trouver où ce nouveau genre de prison pourra bientôt s’implanter. L’initiative n’est pas nouvelle puisque l’AFP précise que ce genre d’établissement existe déjà en France, en Corse. La prison de Casabianda est ainsi dite « ouverte » puisqu’il n’existe ni mur d’enceinte, ni grille pour entraver la liberté des prisonniers qui travaillent le jour, et réintègrent la prison la nuit. Une initiative intéressante qui est pourtant passée inaperçue durant les soixante ans de fonctionnement de la prison corse. »

C’est une double bonne nouvelle.
Dans une prison sans barreaux, le taux de suicide va peut-être baisser.
Et puis… ce sera beaucoup plus facile de s’y réfugier en cas de soucis avec la maréchaussée.

Martine Bernier

Zurbaran, le peintre des moines

3 avril, 2010

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C’est un tableau plein de mystère et d’intensité, l’un de ceux qui m’ont le plus impressionnée lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la peinture espagnole.
Un clair-obscur signé Fransisco de Zurbaran (1598-1664)
A première vue, il s’agit d’un simple moine encapuchonné tenant dans ses mains un objet indéfinissable.
Les couleurs terreuses, la robe de bure austère, le visage dont on ne distingue pas les traits, le pied nu, les mains croisées sous ce qui pourrait être un bougeoir… tout transpire le mysticisme du peintre, connu pour avoir beaucoup travaillé à Séville pour les ordres religieux.
Ce moine est en fait « Saint-François d’Assise dans sa tombe », comme le révèle le titre de l’oeuvre.

A l’époque, Théophile Gautier n’a pas été insensible à la peinture de l’artiste. Dans son recueil Espana, en 1845, il a écrit ces vers que je trouve magnifiques, à propos de cet autre tableau représentant Saint François d’Assise:

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« Moines de Zurbaran, blancs chartreux qui, dans l’ombre,
Glissez silencieux sur les dalles des morts,
Murmurant des Pater et des Ave sans nombre,
Quel crime expiez-vous par de si grands remords?
Fantômes tonsurés, bourreaux à face blême,
Pour le traiter ainsi, qu’a donc fait votre corps? »

Cet homme était un génie dans sa façon de rendre les matières, les textures.
Le tissu de la bure est fascinant de réalisme, et cette particularité se retrouve dans chacun des tableaux de celui qui fut l’un des maîtres de l’Age d’Or Espagnol.

Zurbaran n’a pas eu une vie facile, comme c’est souvent le cas des artistes. Dès 1638, il va connaître des événements familiaux tragiques. Deux fois veuf, il se remarie pour la troisième fois en 1644, avec une jeune veuve aisée qui lui donnera six enfants. Tous mourront en bas âge , à l’exception d’une fillette née en 1660 et qui décédera vers 1663.
Les tragédies ne s’arrêteront pas là. Une série de catastrophes bouleversent Séville, ce qui va influencer la vie artistique quasi paralysée entre 1645 et 1660. De 1649 à 1652, une terrible épidémie de peste emporte le tiers de la population, déjà tourmentée par la disette et les inondations.
Juan, le fils du peintre, en meurt lui aussi, à 29 ans.
En 1652, un soulèvement populaire est réprimé, mais les mendiants et les picaros se multiplient. Pendant ces années tragiques, les commandes de peinture se raréfient. Zurbaran travaille alors avec la clientèle mexicaine et péruvienne, moins exigeante que les savants prieurs andalous, et qui accepte volontiers les productions en série.

Tous ces déboires familiaux et professionnels expliquent le départ du peintre pour Madrid en 1658. Il y vivra jusqu’à sa mort en 1664. Contrairement à ce qui a souvent été dit, son talent n’a pas diminué dès 1650. Il a évolué. Il renonce au ténébrisme prononcé de ses débuts pour adopter des couleurs éclaircies. Ce peintre clé de l’art espagnol mourra pourtant dans les dettes…

Martine Bernier

Bichon Havanais: Pomme et le quotidien

2 avril, 2010

On a beau être un petit chien joyeux et solide, il arrive que l’on tombe malade, comme tout le monde.
C’est le cas de Pomme.
Cette semaine, elle a commencé à tousser. Une toux sèche, qui donnait l’impression qu’elle s’étranglait.
Une visite au vétérinaire a conclu qu’elle a avait attrapé la « toux du chenil ».
Une « lèche » au vétérinaire, un vaccin, un sirop à lui donner à l’aide d’une seringue, un tour par la balance permettant de constater qu’elle pèse désormais 3,9 kg, et le tour était joué.

Bien que toussotante, elle me fait passer des moments insolites.
Un soir de la semaine, fatiguée par ces soucis physiques assez récurrents, je m’étais couchée avec un livre.
Pomme insistait pour sauter sur le lit, et, comme toujours, je lui opposais un non catégorique.
Jusqu’au moment où, après une accalmie, je l’ai vue prendre de l’élan, sauter et, avant que j’aie pu réagir, se caler dans mon bras, les pattes en l’air.
Pomme ressemble à une peluche.
Quand elle a décidé de séduire, elle est parfaitement irrésistible.
Je l’ai gardée contre moi.
Ravie, elle a posé sa patte sur mon doigt, tournant les pages avec moi, comme si elle suivait la lecture.

Ces moments de grâce avec mon chiot sont multiples.
Mes voisins parlent d’osmose entre nous.

Depuis deux jours, elle a adopté un comportement qui me met au bord du rire.
Lorsque je me prépare pour la sortir, je n’ai pas le temps d’enfiler ma veste qu’elle s’est emparée de mon écharpe, de mes affaires. Elle les transporte dans son panier en soupirant, l’air de dire « Je dois tout faire, dans cette maison… »
Lorsque quelque chose disparaît, je vais systématiquement regarder dans son panier.
C’est une véritable caverne d’Ali-Baba.
J’y ai déjà retrouvé notamment, en vrac, un mouchoir, un stylo, un galet breton, un bonbon qu’elle n’a pas réussi à libérer de son emballage, une cuillère, un foulard, un biscuit pour chien, une chaussure, un livre de poche que j’ai pu reprendre in extremis avant qu’elle n’en commence la lecture…
Si je veux récupérer mes biens, elle insiste pour les conserver.

Ce matin, lorsqu’enfin j’ai pu l’entraîner dehors nous nous sommes retrouvées toutes les deux sous une pluie froide.
Pomme est comme moi, la pluie ne la gêne pas.
Les choses se sont gâtées lorsque nous avons voulu rentrer…
C’est devant la porte close que j’ai réalisé que j’avais oublié mes clés.
Comme à chaque fois que la situation demande réflexion, Pomme s’assied et me regarde.
Il faut imaginer ce petit Mogwaï avec sa bouille toute ronde et ses longs poils qui lui cachent les yeux.
Craquant.
Devant son air inquisiteur, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire: « Si tu ne m’avais pas distraite au dernier moment en cachant mes affaires, nous n’en serions pas là! »
Reproche qui ne lui a fait ni chaud ni froid, visiblement.
A 6 heures du  matin, coincées dehors, dans la pluie, face à une porte close, dans une résidence où les habitants se lèvent tard, nous étions mal.
C’est là qu’elle a eu une idée de génie.
Elle a regardé la porte et a aboyé.
Un petit « wouf » précis.
Je lui ai demandé: « Tu crois vraiment??? »
Et j’ai fait ce qu’elle a dit.
Autrement dit, j’ai poussé la porte fermée.
Il y a eu un petit déclic et… elle s’est ouverte!
Mon chien connaissait le « Sésame… »
Comme elle me regardait l’air de dire: « Tu vis ici depuis plusieurs mois et tu n’as toujours pas compris que cette porte ne se ferme pas?? », j’ai retenté l’expérience dans la journée, à plusieurs reprises, mais cette fois avec la clé dans ma poche.
Aucune fois la porte ne s’est rouverte.

Depuis je ne regarde plus mon chien de la même façon!

Martine Bernier

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