Archive pour mai, 2010

La Joconde est… un homme? (2)

3 mai, 2010

J’ai été flattée de découvrir ce matin un commentaire à mon article « La Joconde est… un homme », signé par Silvano Vinceti, mis en cause dans ce sujet.
Il y était dit qu’il soutenait l’hypothèse que la Joconde était en fait un autoportrait de Léonard de Vinci. Il souhaite exhumer les restes du grand homme pour vérifier si c’est bien lui qui repose à Amboise.

Silvano Vinceti fait savoir qu’il n’a jamais affirmé que la Joconde serait un autoportrait du maître, et que cette théorie a été soutenue par une Américaine.
Je m’incline: vérifier mes informations en les comparant à cinq sources différentes pourtant réputées pour leur sérieux, mais sans avoir eu la dépêche entre les mains, n’a pas été suffisant pour garantir la véracité de ces documents.
Mes excuses vont à Silvano Vinceti.
Rendons à César ce qui appartient à cette chercheuse américaine.

Dans son message, Silvano explique que ce qui le motive à souhaiter l’exhumation de de Vinci est bien le souci de l’identité de celui qui dort au château.
Une armada de scientifiques et d’universités s’unissent à lui dans cette démarche.
Je peux comprendre cette préoccupation, qui ne peut que répondre à certaines questions.
Nous voudrions tous, toujours, en savoir davantage sur ceux et celles qui ont marqué notre Histoire.
Et Léonard est l’un des génies qui ont fait avancer le monde.

Reste à considérer l’aspect éthique de la chose.
Bien sûr, le grand homme repose depuis des siècles.
Là où il est, il doit se moquer totalement de ce qui arrive à sa dépouille.
Ce qui n’empêche qu’ouvrir une tombe reste un acte choquant, chargé d’un symbolisme lourd, dans notre culture.
Parce que le temps a passé, les restes des grands hommes font-ils partie du domaine public?

Et c’est là que mille questions se posent sur ces interventions qui se passent finalement dans une grande discrétion.
Comment se déroulent-elles?
Comment sont traités les ossements recueillis, quel traitement leur fait-on subir?
Combien de temps restent-ils hors de leur tombeau et sont-ils ensuite réenterrés?
Dans quelles conditions?
Quel degré de surveillance et quelles conditions de sécurité entourent ces opérations?
Y a-t-il un encadrement officiel, une cérémonie quelconque lors des deuxièmes obsèques?

Silvano Vinceti est passé par Ecriplume.
S’il le refait, qu’il sache qu’une interview m’enchanterait, par traducteur interposé!

Martine Bernier

Jee, un destin de femme…

2 mai, 2010

Jee, notre Fleur d’Asie, a passé un morceau du week-end chez moi, avec mon fils, qui est son compagnon, et son petit garçon, Kim.
Lorsque j’ai vu combien elle était joyeuse de voir son fils jouer avec ce que j’avais acheté pour lui, je l’ai interrogée. Nous nous sommes rapprochées, et c’est ainsi que j’ai découvert un destin de femme bouleversant.

Jee est née en Thaïlande, dans une famille nombreuse, extrêmement modeste.
Elle a vécu dans des conditions très précaires, avec ses soeurs et sa maman. Le seul garçon de la fratrie est décédé en bas âge.
Je l’ai écoutée me parler de ce pays où les orchidées poussent comme des mauvaises herbes, où les habitants ont plus de générosité dans le coeur que la plupart des nantis. Ce pays où elle n’a pu poursuivre ses études par manque d’argent. Elle m’a parlé de sa vie quotidienne, de la souffrance endurée par sa mère tout au long de sa vie, de sa mort prématurée. L’une des soeurs de la jeune femme est elle aussi en fin de vie alors qu’elle est en pleine jeunesse.

Jee m’a expliqué n’avoir jamais eu le moindre jouet durant toute son enfance.
J’ai regardé mon fils, et je lui ai demandé d’aller chercher le deuxième coffre à jouets que j’ai gardé.
Il l’a apporté dans la pièce et je l’ai proposé à Jee.
Elle l’a ouvert et a découvert une multitude de poupées.
Jee va avoir 30 ans.
Mais la voir découvrir ces poupées avec un regard brillant, l’observer leur tresser les cheveux, les lisser, caresser leurs vêtements, m’a mis une boule dans la gorge.
Lorsque mon fils s’est absenté, je l’ai serrée dans mes bras et je lui ai dit qu’elle ne devait plus avoir peur.
Que désormais, nous serions là.

Je l’ai interrogée sur ses goûts, ses envies, ses rêves.

Lorsqu’ils sont partis, j’ai longuement pensé à elle.
Cette fine jeune femme aux longs cheveux noirs a du caractère, du courage. Elle élève remarquablement son fils et veut se battre pour se faire une place au soleil.
Elle est l’antithèse de ce que j’appelle la Blanche-Neige geignarde dont la philosophie n’est pas de travailler mais de se faire entretenir, ne sachant que manipuler celui qui lui permet de vivre sans rien faire, et  se faire passer pour une femme terriblement fragile et peu sûre d’elle, incapable de s’assumer. Tout est d’ailleurs fait pour lui faciliter la vie, pour que rien ne vienne troubler son petit quotidien hyperprotégé duquel elle trouve encore le moyen de se plaindre.
Blanche-Neige n’a jamais rien connu de dur, si ce n’est de perdre l’un de ses parents à l’âge adulte. Comme presque tout le monde à l’exception de ceux qui ont perdu leurs parents enfants ou ne les ont pas connus. Elle est donc dans la norme. Mais elle, elle ne peut pas le supporter, bien sûr. Elle est tellement plus précieuse et délicate que le commun des mortels… Tellement plus digne de compassion. Tellement inutile, aussi… Elle n’a pas d’amis, son caractère difficile la rend antipathique, son manque d’intelligence et sa façon d’avoir toujours raison provoquent des réactions agressives à son égard, mais qu’importe: c’est toujours la faute des autres. Ils sont si méchants avec elle… pauvre petite chose incomprise. Elle qui met tellement de soin à dissimuler à son mari ce dont elle est capable et dont il vaut mieux ne pas se vanter. Il préfère d’ailleurs ne pas savoir, se convaincre qu’elle est digne de confiance… C’est moins dérangeant.

Oui, cela me révolte.
Terriblement, même.
Parce que c’est profondément injuste.
Jee n’est pas née du bon côté de la planète. Elle fait partie de ces petites filles, de ces femmes qui auraient mérité que l’on prenne soin d’elles. La mer est bleue, là-bas… mais les femmes y ont souvent des vies difficiles.
Elle est en Europe depuis plusieurs années,  a mis toute son énergie à apprendre à parler français. Sa spontanéité, sa douce présence, sa gentillesse lui ont valu de belles amitiés qu’elle gardera, je pense. 
Elle sait qu’elle devra se battre pour décrocher un travail. Mais elle veut y arriver. Et elle y arrivera.
Sa vie a été très rude, mais elle s’accroche. Pour elle, pour son fils… et pour le mien qu’elle ne veut pas décevoir.

Martine Bernier

 

 

 

Dites?

1 mai, 2010

« Dites, est-ce que ça va??? »
Je reçois des messages, depuis le début de la semaine, me demandant comment je vais suite à cette troisième intervention.
Merci beaucoup à ceux qui s’en inquiètent…
La semaine est difficile.
D’autant plus difficile que je suis toujours dans l’expectative.

Je n’ai pas envie qu’Ecriplume devienne un lieu de publication de bulletin de santé.
Cela n’intéresserait pas grand monde et m’ennuierait tout autant.
Je réponds en revanche aux messages privés, lorsqu’ils indiquent une adresse email.

Pour le reste, je m’efforce de prendre un jour après l’autre.
Des jours que j’épluche au fil du temps, comme des clémentines dont chaque quartier possède son intérêt.

Au milieu de ce quotidien rendu difficile par ces fragilités physiques, il y a de belles choses.
Le dévouement inaltérable d’Eric. Un dévouement actif et attentif sans lequel rien ne serait possible.

L’étonnant comportement de Pomme qui semble avoir compris en quelques heures qu’il serait sympathique de clore avec succès son apprentissage de la propreté.

La question de mon fils aîné me demandant, après une journée passée ensemble, d’établir une analyse graphologique de son écriture. Je l’ai faite immédiatement, pour ne pas le décevoir. J’y découvre à quel point sa personnalité est en mutation actuellement. Son évolution personnelle ressort d’une manière frappante… La relation que j’ai la chance de développer avec mes fils est de plus en plus belle et profonde avec le temps. Rien n’y est superficiel, creux, lorsque nous sommes en tête-à-tête. J’espère que la richesse de ces échanges restera dans leur mémoire comme elle l’est dans la mienne.

Des appels, des messages, des signes de vie qui me font du bien.
Des choses plus tristes, aussi…

Et puis l’arrivée chez moi de mon fils cadet, de sa compagne et du petit Kim.
Ce petit bonhomme, j’ai envie qu’il soit heureux de venir passer du temps dans mon antre, le Royaume de Diguedondaine .
Je lui ai donc préparé un « coffre aux trésors » que j’alimente régulièrement, qu’il retrouvera à chaque visite, que nous ferons vivre en inventant des histoires, et qui évoluera en fonction de ses goûts.
Des « objets du vent » complètent la panoplie… fascinantes spirales induisant des trompe-l’oeil au pouvoir quasi hypnotique.
Envie de lui offrir du temps et de contribuer à lui construire des souvenirs d’enfance magiques et tendres…
Comme j’espère en avoir laissé quelques-uns à mes petits gavroches de St-Molf.

Aurore qui m’apprend les résultats de son brevet blanc.
Elle est brillante… je suis fière d’elle… notre conversation de ce soir nous a plus que jamais rapprochées. Elle m’est infiniment précieuse.

Et puis il y a des détails qui m’interpellent.
Eric Naulleau, encore lui, vient de sortir un nouveau livre: « Parkeromane ». Or, j’aime beaucoup Graham Parker (pas autant que Dylan!).
Ce livre, je vais le lire. En me disant que, décidément, il n’a pas fini de me surprendre, cet homme-là.

Pour mon travail, j’explore un univers dont je ne peux parler avant la sortie du livre, mais dans lequel j’apprends une foule de choses.
Mes éditeurs sont au Salon du Livre, en ce moment.
Je les retrouverai plus tard, dans la quiétude de leur bureau.
Cette année, le Salon  ne recevra pas ma visite, je ne suis pas en état de le faire.
Mais l’un de mes amis m’a passé un coup de fil alors qu’il s’y trouvait, m’expliquant que son passage était rendu pénible par la présence de trop de classes d’enfants sur les lieux. Peut-être les organisateurs devraient-ils se pencher sur le problème…

Dans ce quotidien, il y a aussi une face cachée, ombrée.
Un secret qu’une seule personne partage, en se cachant.

Mais la vie n’est-elle pas un amalgame de choses souvent complexes?

Martine Bernier

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