Archive pour juin, 2010

Allouville-Bellefosse: l’étrange Temple de la Raison

30 juin, 2010

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Dans le pays de Caux, cette commune de Seine-Maritime, en Haute Normandie, porte un nom original: Allouville-Bellefosse.
A priori, personne n’en entendrait spécialement parler si elle ne disposait pas du chêne le plus vieux de France, datant du IXe siècle.
Cinq mètres de circonférence et un tronc creux, c’était tentant… et c’est aujourd’hui d’autant plus fascinant que, dans le chêne en question, ont été construites deux petites chapelles. superposées.

Les touristes intrigués font halte pour observer l’édifice et repartent.
Et l’histoire pourrait s’arrêter là.

Mais il y a ceux qui se posent LA question: qui a bien pu ériger cette étrange cabane?
Renseignements pris, nous la devons au curé du village de l’époque.
En 1696, il a décidé d’aménager dans le chêne creux une chambre destinée à un ermite.
Pour pouvoir accéder à cette cellule, au premier « étage », il a construit un escalier qui s’enroule autour du tronc.
Et il ne s’est pas arrêté là.
Au « rez-de-chaussée », il a installé une chapelle.
La Chapelle de Notre-Dame de la Paix dispose d’une salle de… 15 mètres de circonférence.
Sept personnes, dit-on, peuvent y tenir, en mode « boîte de sardines ».

L’histoire dit encore que, pendant la Terreur, le chêne a failli être rasé en raison de sa connotation catholique.
Mais le bedeau a feinté en y posant une pancarte avec l’inscription: « Temple de la Raison ».
Allez savoir pourquoi, les sans-culotte ont poursuivi leur route sans y toucher.

Martine Bernier

Journée d’été

29 juin, 2010

J’appelle cela les « menus événements », ceux qui font la trame, qui sont comme des notes sur une portée et qui composent une journée.
Dans le coffre virtuel de ce qui sont déjà les souvenirs de ce mardi d’été, j’ai rangé une multitude de choses…

Aurore passait la première partie de son brevet aujourd’hui.
Elle, si brillante, avait la boule au ventre hier soir.
Elle vise la mention, mais n’est sûre de rien.
Moi si…
Mon premier geste, après avoir sorti Pomme, très tôt, est de lui laisser un message sur son téléphone.
Elle répond.
Je l’accompagne par le coeur.
Le soir, elle m’appelle.
Elle a assuré en math, est moins sûre d’elle en français, craint l’Histoire pour demain.
Et n’arrive pas à me faire douter!

Un article compliqué attend que je le termine.
Je m’y attelle tandis que Pomme entreprend de ranger mon bureau à sa manière.

Dans la matinée, je rouvre le livre dont j’achève l’écriture ces jours-ci.
Je sais qu’il me reste très peu de mots avant que je n’applique le point final.
Comme à chaque fois, ce sont ceux que j’ai le plus de mal à poser.
Je dois avoir peur de l’envoyer… comme toujours.

A force d’être ce qu’il était, je finissais par le croire immortel.
Nicolas Hayek, créateur des montres Swatch, est décédé hier.
Il avait apporté un nouveau souffle vital à l’industrie horlogère suisse.
Molière, dit-on, est mort sur scène.
Lui a eu une crise cardiaque dans son bureau…

Aujourd’hui, cela fait six mois.
Six mois que Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière ont été enlevés en Afghanistan.
Six moix… c’est insupportable…

Une amie perdue de vue me retrouve par Ecriplume et me laisse un message, me disant qu’elle désire reprendre contact.
Je lui réponds.
Nous avions vingt ans à l’époque et étions en Suisse depuis peu, toutes deux venues de Belgique.
Elle était flamande, moi francophone.
Nous nous étions rencontrées en montagne.
Les gens nous taquinaient, s’étonnant de nous voir nous entendre aussi bien.
Simplement, c’était elle, c’était moi.
Elle est partie pour l’Espagne, je suis restée en Suisse.
Sa réapparition dans ma vie me touche…

Le facteur arrive, chargé d’un paquet pesant.
Il découvre Pomme qui lui fait la fête, rit de sa petite bouille et de son attitude.
J’ouvre le colis: quinze nouveaux livres rejoignent les autres pour que je les présente…

L’un de mes fils, qui est venu me débarrasser d’un nid de guêpes, me parle de son expérience toute fraîche de « beau-papa ».
Il m’explique le bonheur qu’il tire de cette aventure, les difficultés parfois, et commence à prendre conscience de la complexité de la tâche.
Cela nous ouvre un horizon nouveau dans nos échanges.
A son tour, il devient responsable d’une petite vie…
Et il assume.

Un ami m’appelle, en qui j’ai confiance.
Il faut dire qu’il est dans ma vie depuis longtemps…
Il me fait penser à Lui.
Même bon sens, même droiture, et ce don d’être là quand il faut, de ne pas se dérober.

La chaleur est étouffante.
Alors que j’emmène Pomme près du Torrent, deux petits garçons, enfants de voisins, demandent à caresser ma chienne, avec leur maman.
Ils ont à la fois envie et peur de l’approcher.
Pomme est vive, ravie de rencontrer des humains presque à sa taille.
Je la calme et j’explique son « mode d’emploi » aux petits, attentifs.
Au final, ils en sortent ravis:

- Elle m’a léché la main!!
- Oui, tu vois, c’est sa façon de faire des bisous…
Joyeux, ils suivent leur maman vers leur appartement et se retournent plusieurs fois en agitant la main:
- Au-revoir, Pomme!!
Ils semblent sortis d’un livre d’images…

Le téléphone sonne.
Fred, l’un des anges gardiens du Carré d’Or a envie de me parler alors qu’il « fait la route ».
Nous retrouvons notre complicité…
Ce lien qui existe avec ceux de là-bas me bouleverse à chaque fois…

Un nouveau message arrive des corbeaux coassants.
Ils sont rudes, cyniques, mais m’ouvrent les yeux sur la réalité d’un homme qui s’est fait passer pour quelqu’un qu’il n’est pas.
Sans doute s’amuseront-ils de savoir qu’un auteur est rentré en contact avec moi pour que je m’intéresse à son livre parlant des manipulateurs pervers narcissiques.
Un comble, n’est-ce pas?
Je demande le livre en service de presse.

Le téléphone re sonne et la voix de l’une de mes amies résonne.
Comme ceux qui me sont vraiment proches, elle a compris que leur présence et leur amitié m’est nécessaire…

Ce mercredi, je retourne voir mon chirurgien.
Cette fois, je sais que notre prochaine rencontre, que nous fixerons demain, se déroulera dans une salle d’opération.
Le plus tôt possible, j’espère.
Je voudrais être solide pour entrer dans le monde de Monet en septembre…
Monet, qui est l’objet d’un sujet au 20 Heures de France 2.
Le musée Marmottant de Paris, qui lui est consacré, propose une exposition mettant en présence les oeuvres du maître de l’Impressionnisme et celle de Marc Roshko, peintre de l’abstrait. But de l’opération: démontrer que Monet a inspiré l’abstraction…

La nuit ne semble pas vouloir tomber.
La lumière traîne, s’étire encore et encore, laissant dans son sillage un voile de poudre d’or.
Comme si elle non plus n’avait pas trop envie d’affronter la journée de demain.

Martine Bernier

Versailles bouge

28 juin, 2010

Tout le monde le sait: l’actuel souverain de Versailles est le public.
Il fallait donc le choyer pour le satisfaire, le séduire, lui donner envie de revenir.
Six millions de visiteurs par an, cela méritait un effort…
C’est aujourd’hui chose faite: le château de Louis XIV termine bientôt son onéreux lifting.
Fini, les salles figées et un peu poussiéreuses, l’ambiance glaciale et lourde imprégnée de ce fascinant passé.
Les temps changent, plus personne ne s’étonne de voir une Marie-Antoinette transformée en star du rock par Sofia Coppola.
Il fallait donc rafraîchir Versailles.
Tout a été revu, restauré, climatisé, chauffé, amélioré, sécurisé, remeublé, redoré, déplacé, modifié, amélioré, dit-on.
Lieu d’accueil, toilettes, salles à manger: les visiteurs ont été gâtés.
Dedans comme dehors.

Alain Baraton, le talentueux chef jardinier du Château, me disait, lorsque j’avais été le rencontrer, qu’avec les dons versés spontanément après la tempête, le parc avait été partiellement replanté.
Un travail gigantesque que le Roi Soleil n’aurait pas renié…
Mais surtout, surtout…
Le musée de l’Histoire de France voulu par Louis-Philippe Ier, en 1830, sera remise en valeur.
Plus de 12 000 mètres carrés accueillant 6000 toiles, jusqu’ici peu présentées au public.
Les galeries historiques, libérées par le Parlement, vont être repensées pour rendre la visite cohérente.
Il faudra plusieurs années pour arriver au bout de ces nouveaux travaux, mais l’an prochain déjà, une exposition permanent consacrée à l’histoire du château sera proposée.
Et si vous ne pouvez vous déplacer, vous pouvez déjà consulter la visite virtuelle

Oui, Versailles se met au goût du jour pour mieux affronter le temps.

Je n’oublie pas, de mon côté, cet interview réalisée d’Alain Baraton dans son bureau, dans une aile à l’écart de la foule, sous les yeux de son chien.
Là où logeait Molière lorsqu’il séjournait au château.
Avec cet artiste jardinier, j’ai ressenti, vibrante, la douce présence des ombres du passé.

Martine Bernier

www.chateauversailles.fr

Les blessures

27 juin, 2010

Il est des blessures dont on ne guérit pas.
Des blessures si profondes qu’elles ne laissent rien d’intact.
Des blessures qui vous laissent sur le bord d’un chemin avec le sentiment que le monde vous est devenu inconnu.
« Il » a tout détruit.

Vous vous taisez.
Vous faites « comme si ».
Mais le temps s’est arrêté.
Bien sûr, on me dira: il y a tant de choses autour de toi, il y a des êtres qui tiennent à toi.
Je le sais.
Mais cela ne se commande pas.
Ce que je suis est tapi au fond de moi recroquevillé dans l’angle d’un mur, comme un enfant battu.

Il est des blessures dont on ne guérit pas.

La semaine qui s’annonce me ramènera à l’hôpital, en visite chez mon chirurgien.
Les hématomes des dernières perfusions n’ont pas encore disparu que l’on va déjà fixer la date de la prochaine intervention.
J’ai vu les résultats des derniers examens, je sais ce qu’il va me dire.

Mais comment affronter les choses quand la flamme est éteinte?
Il faut faire « comme si »….
Mais on ne guérit pas.

Martine Bernier

 

Al Pacino, « Le temps d’un week-end »

26 juin, 2010

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Je n’aime pas trop la télévision.
En dehors des bulletins d’informations, j’applique une méthode imparable pour ne pas avoir à supporter les coupures pub et les programmes appauvrissants.
Des alertes internet me préviennent des documents et autres films qui me tentent, et je les enregistre pour les visionner.
Cette semaine, j’ai regardé un film passé dans la semaine: « Le temps d’un week-end ».
Sorti en Europe en 1993, il n’est pas de première jeunesse.
Mais il a un atout de choc qui résiste au temps et à son usure: Al Pacino.

Celui-ci risquait gros: le film était le remake de « Parfum de Femme » avec Vittorio Gassman.
La comparaison aurait pu être fatale.
Elle ne l’est pas.
Al Pacino est fabuleux dans le rôle du lieutenant-colonnel Slade, devenu aveugle par accident, supportant mal sa cécité et les limitations qu’elle entraîne.
Il se fait accompagner, le temps d’un week-end par un jeune étudiant de famille modeste (Chris O’Donnell).
Personnage démesuré de flambloyant désabusé, irascible, mais pétri de charme, d’intelligence, de sensibilité et de classe, il finira par prendre sous son aile ce jeune homme avec lequel va se développer une relation quasi filiale.

Cet acteur ténébreux est un géant, il est presque banal de le dire.
Il fait partie de ceux qui se glissent dans leurs rôles en leur donnant une dimension et une force exceptionnelles.
Ce n’est pas Al Pacino que l’on voit, mais bel et bien un militaire complexe, insupportable et attachant.

Si vous avez l’occasion de voir ou revoir ce film, laissez-vous prendre à son étrange ambiance.
Le barroud final d’Al Pacino, dans les dix dernières minutes du film, y est époustouflant.
Une grande scène…

Martine Bernier

La photo retrouvée de Rimbaud

25 juin, 2010

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De l’aspect physique d’Arthur Rimbaud, on connaissait le portrait de ce jeune homme à la beauté troublante.
Et puis, un jour d’avril 2010, la nouvelle est tombée: le poète avait été identifié sur une photo de groupe prise sur le perron d’un hôtel, en Abyssinie.
C’était la première fois que l’on pouvait découvrir avec netteté le visage du poète, à l’âge adulte.
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L’histoire de la photo avait commencé en 2008, dans une brocante, en France.
Un carton, rempli de livres, de cartes postales, de vieilles photos…
Et deux libraires qui, passant par là, sont intrigués par cette photo  représentant des hommes barbus et moustachus et une femme en robe longue.
Au dos de la photo figurait une inscription: Hôtel de l’Univers.
C’est ce qui les a intéressés.
C’est dans cet hôtel que Rimbaud séjourna à Aden où il passa les dernières années de sa vie.
Les libraires ont acheté la photo pour en savoir un peu plus, puis l’ont étudiée, recherchant si un lien était possible entre ce cliché et Rimbaud.
A force de recoupements, nos chercheurs de trésors en viennent à la conclusion que l’homme assis à la droite de la seule femme du groupe pourrait bien être le poète.
Entre alors en scène Jean-Jacques Lefebvre, biographe et grand spécialiste de Rimbaud.
Appelé à la rescousse, il étudie à son tour la photo et confirme qu’il s’agit bien de l’auteur de « Une saison en enfer ».
Malgré les recoupements minutieux il est encore conseillé de mettre l’information au conditionnel, mais elle semble bien réelle.
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Ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est la légende qui veut que le corps de Rimbaud ait été retrouvé, pendu, dans une rue de Paris. Ce n’est pas lui, mais Nerval qui s’est pendu dans la rue de la Vieille Lanterne.
Atteint d’une tumeur au genou droit, Arthur Rimbaud, lui,  a été amputé à Marseille où il est décédé en 1891, à l’âge de 37 ans.

Martine Bernier

Le rêve d’écrire… et parole aux corbeaux

25 juin, 2010

Deux textes en une journée, oui.
Mais il y a urgence pour celui-ci.

Un soir, alors que je conversais avec un ami lorsque j’ai reçu un message sur Facebook.
Il provenait d’une personne que je ne connaissais pas, et contenait juste une question: « Est-ce que vous écrivez des livres? »
J’ai répondu brièvement tout en poursuivant ma conversation.
J’ai reçu un autre message quelques secondes après, puis d’autres.
La personne qui me les écrivait me demandait conseil.
Elle avait écrit un manuscrit et l’avait adressé à un pseudo éditeur qui lui demandait une participation financière.

Je lui ai répondu, mais j’étais très mal à l’aise.
Clairement, cette personne rencontrait des difficultés à maîtriser l’orthographe, la syntaxe, le style…
Elle me demandait comment intéresser un éditeur sérieux.
Comment pouvais-je lui répondre sans la blesser?
Je lui ai conseillé de faire relire son manuscrit par un professionnel avant de l’envoyer à une maison d’édition, afin de le corriger et de le retravailler en cas de besoin.
Mais je l’ai encouragée à continuer.
Même si on ne le fait pas dans l’espoir d’être édité, écrire est toujours un bienfait.

Enfin… presque.
Cela fait maintenant plusieurs mois que je reçois des messages non signés concernant un homme, un couple, que les auteurs des lettres ne portent visiblement pas dans leur coeur.
La seule façon pour moi de pouvoir réagir est de laisser une trace sur Ecriplume que je sais fréquenté par ces « auteurs ».
C’est donc à eux que je m’adresse pour leur poser une seule question: que vous a-t-il fait, que vous ont-ils fait pour que vous les détestiez à ce point?
Vous le dites vous-mêmes, vu ce que c’est moi qui ai été la cible de leur entreprise de démolition et que, depuis, ils vivent dans un déni et une arrogance totale, c’est moi qui devrais avoir toutes les raisons de réagir violemment.
Or, je ne le fais pas.
Mais vous? Quelles sont les vôtres?
Et pourquoi ne vous adressez-vous pas à lui directement?
J’ajouterai que je ne ferai pas ce que vous m’avez demandé dans votre dernier message.

Le soleil est revenu sur le lac Léman depuis deux jours.
En le regardant, je rêve d’Atlantique…

Martine Bernier

Le musée d’Art moderne après le vol

24 juin, 2010

Lorsque l’on vous vole un Picasso, un Matisse, un Braque, un Modigliani et un Léger et que, en prime, vous êtes l’un des musées les plus en vue de Paris, cela jette un froid.
Comme il fallait s’y attendre, le vol au musée d’Art Moderne, en mai dernier, a été chiffré à plusieurs millions d’euros par les experts.
Et le milieu de l’Art reste sidéré.
Comment est-ce possible??

En 2007 déjà, révèle le journal « Le Parisien », un rapport avait été commandé par la Mairie de Paris et mettait  en lumière de sérieuses imperfections au niveau de la sécurité des musées de Paris.
Depuis le larcin, la polémique a enflé.
Bertrand Delanoë, maire de la capitale, a tenu des propos mettant en cause le personnel du musée d’Art moderne,  ce qui a eu pour effet de mettre très en colère le syndicat Supap-Dac.
Ce dernier a relevé qu’une alarme traquant les déplacements suspects dans le musée était en panne depuis deux mois avant le vol.
Autant dire que, dans ces conditions, le potentiel de confiance dont pouvait jouir le musée en matière de protection des oeuvres s’est sérieusement effrité.
Certains ont avancé que quatre prêteurs de la future exposition « Basquiat » ont refusé de prêter leurs oeuvres, ce qui a été démenti par le musée qui, lui, reconnaît seulement que l’un d’eux est hésitant.

Aujourd’hui, « le Parisien » indique que « la société Spie, gestionnaire du système de sécurité du MAM (dont le contrat vient d’être renouvelé par la Ville) a indiqué hier que les pièces défectueuses de l’alarme volumétrique (supposée détecter les mouvements) « ont été remplacées et fonctionnent ».
Ca c’est bien.
Il aura quand même fallu un casse magistral pour le faire.

Le service des affaires culturelles précise aussi que les recommandations contenues dans le rapport de 2007 sont mises en place de façon accélérée avec, pour le moment des renforts humains pour les rondes de nuit.

Chic alors.
C’eut été bien de le faire AVANT le vol, mais bon, ne chipotons pas.

Cela dit, cela suffira-t-il à restaurer la confiance?
Pas sûr.

Martine Bernier

Kim (1): les dinosaures et les monstres de la nuit

23 juin, 2010

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Kim aura quatre ans dans quelques jours.
Grâce à la compagne de mon fils cadet, qui a amené avec elle dans nos vies son petit garçon, je me suis vue catapultée dans une relation nouvelle avec un petit bonhomme étonnant.
Dès la première rencontre, nous nous sommes très bien entendus.
Ca ne s’explique pas.

Pour la première fois ce mardi, Kim restait seul avec moi tandis que sa maman et mon fils se rendaient à une soirée.
Il avait pu choisir entre venir chez moi ou chez une amie de sa maman.
J’ai été plutôt touchée qu’il insiste pour me rejoindre.

Pour que tout se passe au mieux, j’ai fait un crochet par un magasin de jouets.
Deux trois jouets et une lampe de poche Winnie l’Ourson me semblaient vitaux pour que tout se passe bien.

Kim appréhendait d’aller dormir sans la présence de sa maman, il me l’a répété plusieurs fois pendant que je lui donnais son bain.
- Matine, tu ne pars pas, dis?
- Non, non, je reste avec toi.
- Touzours?
- Toujours aujourd’hui en tout cas! Et chaque fois que tu viendras, je resterai près de toi.
- Tu sais, moi, ze veux pas dormir. Z’ai pas sommeil.
- Je comprends. Mais tout à l’heure, il faudra pourtant aller au lit. Mais ne t’en fais pas, nous allons encore faire plein de choses avant, et tout ira bien.
- On va encore zouer?
- Non, nous allons faire des choses plus tranquilles pour que tu puisses bien dormir après.
- Quelles « sozes »?
- Si tu veux, tu pourras voir un petit bout de ton film, puis Pomme et moi, nous irons te mettre au lit, je te raconterai une histoire, je te  présenterai les doudous qui vont dormir avec toi…
- Et z’aurai un sirop vert?
- Et tu auras un sirop vert!
- Tu partiras pas?
- Non. Et je t’expliquerai pourquoi tu ne dois pas avoir peur. Mais d’abord, nous allons ranger: nous avons fait le souck dans le salon!
- C’est quoi, le zouck?
- C’est le désordre quand on a beaucoup joué ou beaucoup travaillé.
- C’est zoli ta maison. Moi z’aime bien.

Une fois dans son lit, nous discutons des avantages à tomber plutôt sur un brontosaure que sur un tyrannosaure au détour d’une promenade. Question essentielle, comme chacun peut l’imaginer. Kim a enchaîné:
- Dis, Matine?
- Oui?
- Ils sont où les dinosaures?
- Les vrais?
- Oui.
- Ils ont tous disparus. C’était il y a très très longtemps. Ils sont tous morts et de nouveaux animaux sont arrivés à leur place, qui font beaucoup moins peur. Comme Pomme!

Tandis que je médite intérieurement en me disant que j’ai menti: certains hommes me font en tout cas aussi peur si pas plus qu’un brontosaure herbivore de surcroît, la petite voix résonne:
- Dis, Matine?
- Oui?
- Pomme aussi elle va mourir?
- Mmm… oui. Mais dans très longtemps. Pomme est encore un bébé chien. Si elle n’a pas d’accident ou de maladie grave, elle vivra longtemps.
- Et après, elle ira où?
- Au paradis des petites Pommes!
- Et toi?
- Moi, je suis là. Et ta maman, et ton papa, et Yann et tous ceux que tu aimes. Nous ne partirons que quand tu n’auras plus besoin de nous. Tu ne seras jamais tout seul.

Petit silence.

- Dis, Matine?
- Oui?
- Les dinosaures ils sont aussi là-bas?
- Au paradis des Pommes? Heu.. je ne pense pas, non. Ils doivent avoir un paradis différent où ils se retrouvent entre eux.
Re silence.
Apparemment, il est satisfait de ma réponse.
Je respire…

- Matine?
- Oui?
- Et si il y a un « monste » dans la chambre?
- Ah oui, les monstres… je vais t’expliquer quelque chose. D’abord, il n’y a pas de monstres dans ma maison: ils ont beaucoup trop peur de moi et j’ai une porte magique anti-monstres. Et là, la petite veilleuse verte que j’ai mise sur la prise, tu vois? C’est une lumière anti-monstres aussi. Tu savais que les monstres ont très très peur de la lumière, surtout quand elle est verte? En plus, quand il y a un bruit, Pomme aboie et me prévient. Donc, si tu as un souci, je viendrai tout de suite. Enfin, tu as ta lampe de poche, pour toujours avoir de la lumière si le noir te fait peur. Et tes amis doudous vont t’expliquer qu’ils dorment ici depuis longtemps et qu’ils n’ont jamais eu de problème.
- Et le Monsieur au grand sac?
- Heu… le Monsieur au grand sac? Qui est-ce?
- Le Monsieur qui prend les zenfants quand ils ont été « méssants ».
- Ah, d’accord. Non, il ne vient pas ici, ce monsieur-là, je ne le laisserais pas entrer. Je n’aime pas ce genre de messieurs. De toute façon, il n’a rien à faire ici, il n’y a pas d’enfants méchants chez moi. Tu n’as plus peur?
- Non…
- Regarde, je laisse la porte ouverte et je suis juste là, dans mon bureau.
- Là où il y a le zouck?
- Comment ça, le zouck?? Non mais dis-donc, toi, petit cornichon!

Je sors en souriant tandis qu’il rit aux éclats.

Quelques instants plus tard, je viens silencieusement vérifier que tout va bien, qu’il n’est pas triste, qu’il n’a pas peur.
Ce que je vois me fait sourire. Il est caché sous son duvet, auréolé de l’intérieur par la lueur de la torche.
Je soulève délicatement le duvet et je vois deux grands yeux noirs qui me sourient:
- Tout va bien, mon bonhomme? Tu n’as pas trop chaud, là-dessous?
- Non… Tu t’en vas pas?
- Non, je suis là… dans mon zouck! Je suis juste venue te refaire un câlin…
- Matine?
- Oui?
- Ze t’aime, tu es zentille.

Trois minutes plus tard, il dormait comme un ange…

Martine Bernier

Les larmes de sang

22 juin, 2010

Ce n’est pas la première fois, ce n’est sans doute pas la dernière et, comme à chaque fois, cela sème l’émoi dans la communauté catholique.
Internet se fait actuellement le relais d’une information provenant d’Argentine.
A Yerba Buena, capitale de Tucuman ils sont des milliers de pèlerins à vouloir entre dans une petite église en Argentine.
Motif de l’invasion: des paroissiens affirment avoir vu du sang couler sur une représentation de Jésus.
Le phénomène aurait même été photographié, montrant un liquide rouge coulant sur le visage du Christ.
Le prêtre de la paroisse a, semble-t-il, eu le bon réflexe de prélever un échantillon afin de le faire analyser et déterminer s’il s’agit réellement de sang humain.
Pas de résultat connus à ce jour, mais les médias se sont emparés de l’affaire , provoquant un engouement incontrôlable.
Des milliers de pèlerins ont débarqué à Yerba Buena pour voir le « miracle ».
L’église, un peu débordée, a rappelé la prudence la plus élémentaire, demandant aux fidèles de ne pas tirer de conclusion hâtive.
Et précisant que: « Si c’est l’œuvre de Dieu cela continuera si c’est l’œuvre de l’homme alors cela disparaîtra ».
Que ce soit l’un ou l’autre, l’histoire aura fait un joli coup de pub à la ville.

Martine Bernier

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