La fin de Gérard

Quand j’ai appris, voici quelques jours, que Gérard allait probablement me quitter, j’ai eu un long frisson très froid le long de l’échine.
Il faut dire que nous nous connaissons depuis si longtemps…
On s’attache…
Gérard n’a jamais beaucoup travaillé.
Mais depuis quelque temps, il ne travaille plus du tout ou presque, paraît-il.
Un paresseux chronique, en somme.

Depuis que nous nous connaissons, il a eu des périodes où il s’est fait discret.
D’autres où il m’a empoisonné la vie.
Depuis un an, secoué par des événements que, comme moi, il n’a pas supporté, il dépérit.
Et là, me dit-on, si on le laisse faire, il m’empoisonnera tout court.
Gérard veut m’entraîner dans sa perte, semble-t-il.

Je n’ai jamais vraiment pu compter sur lui.
Il a toujours eu l’air inoffensif au premier abord.
En réalité, il est redoutable.
J’ai beau essayer de vivre en faisant comme s’il n’existait pas, il me rattrape toujours.
J’en connais un autre qui a exactement les mêmes caractéristiques.
Et pourtant, en photos, ils semblent si braves, tous les deux…

Ils sont étroitement liés l’un à l’autre d’ailleurs.
Le comportement de l’un a rejailli sur la santé de l’autre.

Le départ définitif de Gérard est pratiquement programmé.
C’est idiot, je ne l’aime pas vraiment, mais j’ai presque eu les larmes aux yeux quand on me l’a annoncé.
Bien que je m’en défende, il fait partie de moi.

Un départ, cela se prépare…
Il n’y a que les barbares qui partent en catimini en laissant derrière eux une terre brûlée.
J’en connais…

Gérard s’en va.

J’en souffrirai beaucoup, je le sais.
S’il ne prend pas la dernière chance qui lui est donnée, le dernier sursis qui pourrait lui être accordé mardi prochain, je vais devoir continuer ma vie s’en lui.
Mais personne ne sait si j’y arriverai.
Même pas moi.
Son frère jumeau reste là, dans les parages, pas toujours vaillant lui non plus.

Ah, j’oubliais un détail.
Gérard est mon rein gauche.
Oui, je sais…
C’est ballot.

Martine Bernier

10 Réponses à “La fin de Gérard”

  1. Dominique Rougier dit :

    Pour rire jaune (pipi)tu pourrais lui donner Mensoif comme nom de famille,il l’a mérité, et peut-être qu’en se moquant de lui il réagira ,mardi prochain.Piqué au vif le Gégé se rebiffe parfois.Les barbares ne gagnent pas toujours,toi et ton Gérard montrez le leur.

  2. chasse jean-claude dit :

    J’en ai connu un de Gérard, c’était mon collègue. Lui aussi avait des problèmes de tous les genres. Mais dans les moments « hards » il était le premier à se mettre en ordre de bataille et il pouvait faire rapprocher deux montagnes. souvent je pense à lui.
    TU vas voir que les Gérard sont des mecs biens quand on doit compter sur eux même s’ils font parfois planer le doute.
    Allez c’est un défi vas-y on est tous derrière toi.

  3. Pierre dit :

    Si vous saviez à quel point je suis désolé… Courage. Il vous est arrivé tant de choses ces derniers mois, je ne sais pas où vous trouvez la force de tenir. Je suis impressionné.

  4. vero dit :

    allons martine ce n’est pas gérard qui va t’empecher de te battre et de vivres… tu en as vu d’autres et puis il t’en reste un de gérard lui va t’aimer pour deux!!! COURAGE on n’est mais tout près milles bisous…

  5. Daniel dit :

    Je comprends le message précédent signé « Vero », mais je ne suis pas vraiment d’accord. Ce n’est pas parce que quelqu’un « en a vu d’autres » qu’il a forcément la force de tout supporter. Je crois plutôt que le risque que la coupe devienne trop pleine soit plus présent et que la personne sans arrêt tourmentée n’en puisse plus. Tenez bon…

  6. Anonyme dit :

    Je suis d’accord avec Daniel. Ce n’est pas parce qu’une personne n’a pas eu la vie facile qu’elle peut supporter plus facilement d’autres épreuves douloureuses et dures à vivre …
    Martine, de nombreuses personnes vous soutiennent, surtout ne baissez pas les bras ! Sachez que je vous admire pour votre capacité à ne pas montrer votre douleur aussi profonde soit-elle.

  7. THIERRY dit :

    Je suis tout a fait d’accord avec l’anonyme, ce n’est pas parce que tu as déja souffert que tu dois continuer à souffrir

  8. Gabi dit :

    Courage, Martine! Et pensez à toutes ces confitures qu’il vous reste à goûter… même si un Gérard demeure irremplaçable. Amicalement, Gabi

  9. ecriplume dit :

    Je peux difficilement exprimer l’émotion que je ressens à vous lire. Vous êtes vraiment épatants. Je suis profondément touchée, émue. J’ai de la chance… Merci à vous tous..

  10. vero dit :

    correction a propos de mon message a priori mal formuler je me suis mal exprimer …je ne voulais pas dire que tu devait et pouvait souffrir encore plus ,pardon je ne dirais rien de plus cela risquerait d’etre mal interpreter milles excuses mais je pense que toi qui me connait tu m’ as compris? bisous

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