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Bruno Crémer: Noce Blanche pour un départ…

10 août, 2010

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Il est parti samedi.
D’un cancer de la gorge qui lui a pris sa voix avant de lui voler la vie.
Sa voix, si belle…

Pour beaucoup, Bruno Crémer restera l’incarnation du Commissaire Maigret.
Il l’avait revisité, l’étoffant et apportant au passage une intensité nouvelle au personnage, l’arrachant à la caricature pour lui rendre sa dimension d’homme.

Pour moi, il restera François, l’irrésistible professeur de philo tombant amoureux de l’une de ses élèves dans « Noce Blanche ».

C’est ce film que France Télévision a choisi de diffuser hier, en hommage au comédien.
Je dois l’avoir vu trois ou quatre fois.
Et pourtant, une fois encore, j’ai été emportée par la magie du film, par ces scènes devenues quasi mythiques.
Il a été tourné en 1989 et signait l’arrivée au cinéma de Vanessa Paradis.
Elle campait une Lolita émouvante et belle.
Il offrait un numéro de funambule en ciselant un rôle d’homme mûr, séduisant, bouleversé au plus profond de lui…
La densité qu’il a transmise à ce personnage fait de lui l’un de ceux que je préfère au cinéma.
Un homme complet…

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Mon hommage à cet acteur profond, pudique et puissant, se résume en une phrase: lisez sa biographie « Un certain jeune homme »
Elle a été publiée en 2000 et est en cours de réimpression.
Il l’avait écrite seul, sans l’aide d’un « nègre ».
Sans complaisance, il parlait de lui, de sa jeunesse singulière, de ses émotions, de ses doutes, de ses rencontres, de certaines relations difficiles, de sa vocation naissante.
Son écriture lui ressemblait: solide, sans détours… un style d’une distinction certaine.
J’avais espéré une suite, et vite compris qu’il ne comptait pas l’écrire.
La tranche de vie s’arrêtait à la mort de son père…

Sur la page de couverture, deux photos.
L’une de son regard.
Et un portrait de lui lorsqu’il était jeune.
Des yeux très clairs, des cheveux d’or, un visage parfait.
En vieillissant, il n’avait pas perdu cette façon de regarder ses interlocuteurs en passant de la gravité à une touche d’ironie ou d’étonnement amusé…
Il n’aimait pas du tout les interviews, n’en donnait que lorsqu’il n’avait pas le choix.
Quel cadeau pour les journalistes qui y avaient droit…
Il n’avait pas besoin de cela pour être populaire.
Le public aimait ce grand bonhomme magnétique, à la fois solitaire et sociable.

Je sais, il faut le laisser partir… et je n’en ai pas envie.
Ou alors à moins qu’il ne réserve une table, là-haut, dans un nuage discret, pour terminer la conversation…

Martine Bernier

« Un certain jeune homme », Bruno Crémer, Editions de Fallois