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Hemingway et ses fragilités

13 août, 2010

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Ernest Hemingway fait partie de ces hommes dont j’admire le talent et dont a personnalité m’intrigue.
Cet écrivain et journaliste américain, Prix Nobel de littérature en 1954, a marqué les esprits avec des livres aussi connus que « Le vieil homme et la mer », ou « Pour qui sonne le glas ».
Il était à la fois fort et fragile…  et sa vie n’a pas été de tout repos.

Depuis son adolescence, il souffrait d’une grave déficience visuelle.
C’est elle qui l’avait empêché de rentrer dans l’armée américaine pour venir combattre sur le front de la Première Guerre Mondiale.
En désespoir de cause, il avait alors intégré la Croix-Rouge italienne, en 1918.
Mais ce n’était pas ce qu’il souhaitait faire…

Reconnu dans ses oeuvres, Hemingway a eu une vie sentimentale mouvementée.
En 1946, il divorce de sa troisième femme et épouse l’une de ses consoeurs, Mary Welsh.
Avec elle, dans leur villa cubaine près de la Havane, il aura non pas un enfant, mais… 57 chats.
La légende veut que certains de ceux observés encore aujourd’hui dans les jardins de sa maison de Key West en sont les descendants.

Doté d’un solide caractère, Hemingway ne supportait pas que l’on trahisse sa démarche créatrice.
En 1937, il avait écrit le commentaire d’un film documentaire, « The Spanich Earth ».
Orson Welles, chargé de la narration, a eu le tort de modifier quelques lignes du texte qu’il trouvait pompeux.
Mal lui en a pris…
Sa démarché a plongé l’auteur dans une fureur indescriptible.
Lors d’une projection privée, il s’est jeté sur Orson Welles, fou de rage, déclenchant une bagarre en règle.
Alors que les soldats de la guerre d’Espagne s’affrontaient sur l’écran, les deux hommes se lançaient des chaises à la tête devant les spectateurs médusés.
Une altercation qui a pris fin par une réconciliation fraternelle devant une bouteille de whisky…
La démesure entre deux géants…

A la fin de sa vie, l’écrivain avait non seulement presque entièrement perdu la vue, mais souffrait également d’une fatigue psychologique intense.
Très dépressif, il était sur le fil de la folie, en proie à des hallucinations au cours desquelles il se croyait poursuivi par le FBI.
A la fin de l’année 1960, son état s’était à ce point aggravé qu’il fut admis dans une clinique.
Le traitement prescrit était dur: des électrochocs alors utilisés en psychiatrie auprès des patients suicidaires.

Né dans une famille où son père, médecin, s’était donné la mort, tout comme l’ont fait ensuite trois de ses frère et soeurs, Ernest est fragile.
Lui qui a écrit de somptueuses pages de la littérature américaine n’arrive pas à résorber son intense fatigue mentale.

Le traitement par électrochocs est peu efficace, comme on pouvait s’y attendre.
Peu de temps plus tard, Hemingway tente de mettre fin à ses jours en se jetant dans l’hélice d’un avion.
Il survit, mais ne ratera pas à sa seconde tentative, en se tirant une balle dans la tête.

Il était un fragile géant…

Martine Bernier