Giverny: au coeur des tableaux… (Première partie)
4 octobre, 2010>
(Toutes les photos de cette pages sont signées Thierry Leroy, que je remercie au passage.)
Claude Monet est mort en 1926.
Même en remuant ciel et terre, je ne pourrai donc jamais le rencontrer.
En revanche, je caressais depuis longtemps l’envie de visiter sa demeure, ces jardins qui lui ont inspiré certains de ses plus beaux tableaux.
Envie de consacrer un ou plusieurs articles à ce lieu totalement magique à mes yeux.
C’est aujourd’hui chose faite…
Vu l’ampleur de mon attente, je risquais d’être déçue.
Je ne l’ai pas été, pour de multiples raisons.
A mes yeux, la visite de Giverny commence avant même de pénétrer dans le sanctuaire.
Juste en face, le restaurant « Les Nymphéas », installé dans une ferme qui existait déjà du temps de Monet, est un passage obligé.
La délicieuse décoration de campagne normande de la terrasse, le cadre fleuri, la gentillesse de Jean-Pierre, qui y travaille depuis 25 ans, et, paraît-il, des gérants que je n’ai pas croisés ce jour-là, font le charme de l’endroit.
On ne dira jamais assez que pour visiter le repaire de Monet, mieux vaut se présenter dès l’ouverture à l’entrée, pour éviter les cars de touristes.
Le blanc-seing que représente ma carte de presse nous a permis d’aborder les lieux de manière totalement privilégiée.
Et d’apprécier la disponibilité d’un personnel qui garde le sourire alors qu’il voit défiler plus de 400’000 visiteurs par année…
Pour les visiteurs, le périple commence par la maison.
Une chaleureuse maison rose aux volets vert, « Le Pressoir », que Monet a louée le 3 mai 1883.
Vous y entrez dans l’intimité du couple Monet.
En tendant l’oreille, vous entendriez presque les galopades des huit enfants de la famille dévalant l’escalier.
La première émotion intervient dans le salon-atelier.
Jusqu’en 1899, c’est là que Monet a travaillé avant d’aménager son deuxième atelier, plus grand, dans un bâtiment extérieur.
La pièce est alors devenue un salon aujourd’hui décoré de copies des toiles du Maître et de photos.
A l’étage, dans les appartements privés, les murs des chambres étaient à l’époque couverts de tableaux.
Cézanne, Manet, Degas, Corot, Renoir et tant d’autres…
Et partout, au rez-de-chaussée comme à l’étage, de magnifiques estampes japonaises dont Monet était collectionneur averti, comme le fut son ami Clémenceau.
L’artiste était un peintre de génie, ce n’est un secret pour personne.
Son apport à la peinture a été révolutionnaire.
L’autre oeuvre de cet homme fascinant était… son jardin.
Au fil des années, il en a aménagé deux dans le prolongement de sa maison.
Le premier, « Le Clos Normand », est un jardin « naturel », où une abondance de fleurs de toutes les couleurs et de toutes espèces foisonnent.
Il est exubérant, changeant de visage et de teintes en fonction des saisons.
Au fond du Clos, il faut suivre un petit parcours fléchés et emprunter un passage souterrain pour arriver dans un autre monde: le jardin d’eau.
Le paradis…
Ici sont nés les tableaux consacrés aux nymphéas, au pont japonais qui trône par-dessus la rivière.
Ce jardin, Monet l’a rêvé, l’a voulu dès son arrivée.
Il lui a fallu dix ans pour le réaliser.
Monet était attiré, obsédé par la présence de l’eau.
A l’époque, certains habitants du village ont refusé le projet d’extension du jardin, le bloquant aussi longtemps qu’ils l’ont pu.
Mais Monet a fini par venir à bout des tracasseries administratives.
Aujourd’hui, le site est féerique.
Le bassin et ses barques, la forêt de bambou, la glycine, la végétation abondante, les trois ponts, les nymphéas posés sur des miroirs d’eau…
Et l’ombre de Monet qui plane sur chaque chemin…
L’émotion prise en plein coeur lors de cette visite s’est prolongée par une rencontre très particulière.
Avant que les portes de la demeure de l’artiste ne se referment sur nous, nous ont été livrés certains des secrets des jardins, détenus par un homme: Gilbert Vahé, jardinier responsable des jardins de la maison de Giverny, où il travaille depuis 35 ans.
Cet entretien fera l’objet d’un deuxième article.
Martine Bernier