Florence(5): Mort en direct
19 octobre, 2010J’ai le pénible devoir de vous annoncer la disparition tragique de… mon ordinateur portable.
Ou du moins l’indisposition apparemment définitive de son fil de secteur.
Ce qui risque d’impliquer une interruption de textes Ecriplumiens, à moins que je ne trouve le courage, comme en ce moment, de les taper sur le clavier de mon IPhone ou sur l’ordinateur de notre casa collective.
Pratique.
Florence par la Face Nord réserve des surprises.
En arrivant devant la Galerie de l’Académie et en découvrant la file d’attente patientant pour découvrir le David de Michel Ange, nous avons été troublées.
L’attitude arrogante des gardiens face à la foule nous a indisposées.
Il serait bon qu’ils aient l’humilité de se rappeler que ce chef-d’oeuvre, ils le gardent mais ne l’ont pas sculpté.
Lorsque nous avons réalisé que le temps passé dans la file d’attente permettant d’accéder à la caisse était plus long que la durée de la visite, nous avons décidé de quitter la queue, direction le Musée d’Archéologie.
J’avais émis le voeu de m’y rendre pour approfondir un peu ce que j’ai déjà pu étudier et voir de l’art Etrusque et Egyptien.
Dans cet endroit où il n’y avait pas un chat, nous avons eu une surprise épatante: la collection d’objets de la vie quotidienne des Etrusques était riche, mais, en prime, un étage quasi complet était consacré à l’Egypte, d’une richesse sidérante.
Des musées sur cette civilisation, j’en ai vus dans plusieurs pays différents.
Mais aucun ne m’a impressionnée comme celui-ci.
Des sarcophages, des momies, des objets usuels en terre cuite, en osier, des poupées articulées, des chaises, des tablettes gravées, des papyrus recouverts de hiéroglyphes et de dessins d’une finesse infinie, des monnaies…
Et le tout très mal mis en valeur.
Le musée manque de moyen et cela se voit.
Mais si les milliers de touristes qui hantent la ville pouvaient réaliser qu’un trésor existe dans ces murs et allaient le visiter, il se pourrait que la situation s’améliore…
En sortant, une visite à la Basilique della Santissima Annunziata nous permet de terminer la matinée en beauté.
Là encore, pas de touristes…. pourtant les rues grouillent de monde et les queues devant les sites classiques sont interminables.
Nous dénichons un lieu avec deux tables et cinq chaises, très fréquenté par les Florentins.
Attirées par le parfum de café chaud, nous entrons et nous nous installons.
Nous sommes restées là longtemps et y sommes revenues l’après-midi, fascinées par le spectacle.
Ici, les clients choisissent une viennoiserie, une boisson, les consomment le plus souvent debout, discutent ensemble, reprennent quelque chose, rediscutent un moment et s’en vont.
C’est un lieu entre le café et le salon de thé, avec un aspect « chaleur du Sud » en prime.
Nous nous sentons de mieux en mieux à Florence…
Je pourrais vivre ici.
Malgré la foule, l’art de vivre italien est un bonheur.
Un plat de délicieux gnocchi plus tard, nous filons en direction d’un petit musée qui a attiré mon attention, consacré aux machines de Léonard de Vinci.
Je les ai déjà vues à Amboise et à Martigny, mais je ne m’en lasse pas.
Léonard arrive en première place dans mon Panthéon des Grand Hommes.
L’endroit est ludique, agréable, intéressant, loin des foules…
La personne qui nous accueille est sympathique, souriante.
Et puis… cher Léonard, si visionnaire et si talentueux, si génial….
Nous ressortons les bras remplis de livres… et je me dis, vaguement coupable, qu’il va falloir que je leur trouve de la place en rentrant…
Je vais encore rentrer chargée de présents pour ceux que j’aime et qui n’ont pas eu la chance de venir avec nous.
Il va nous falloir un camion pour rentrer!
Sur la place du Dome, dans la journée, la file d’attente pour la visite était interminable.
Nous passons en nous étonnant devant la patience des gens…
Pensant à l’état dans lequel était Janick hier lorsqu’elle en est sortie, je ris:
- Les pauvres… il faudrait les prévenir: N’y allez pas, vous n’imaginez pas ce qui vous attend!
Mi-figue, mi-raisin, Janick opine:
- C’est bien pour cela que la file des gens qui descendent ne croise pas celle de ceux qui rentrent! Il ne faut surtout pas qu’ils leur parlent!
Nous finissons la journée de visite par le Baptistère et son fabuleux plafond.
Des fresques dorées à l’or pur recouvert de verre, représentant l’histoire religieuse d’Adam et Eve à la résurrection.
Florence regorge de merveilles… et nous en avons encore tellement à découvrir…
Ce séjour nous enchante, tout est parfait…
Sauf la mort de mon ordinateur qui me prive de Celui qui m’attend.
Et auquel je pense, beaucoup.
Martine Bernier