Archive pour novembre, 2010

Où est parti Teddy?

20 novembre, 2010

Vous souvenez-vous des Frères Ennemis?
Teddy Vrignault et André Gaillard étaient des humoristes prisés lorsque j’étais adolescente.
Leur humour était basé sur les jeux de mots et un sens fulgurant de la répartie.
Ils étaient rapides, incisifs…
Leur succès ne se démentait pas au fil des années.
Jusqu’au jour où….
Le 1er novembre 1984, 21 jours avant son anniversaire, Teddy s’est volatilisé.
Sa voiture a été retrouvée, la radio fonctionnant toujours.
Mais de lui, aucune trace.
Des témoignages qualifiés de farfelus ont été recueillis, de personnes affirmant l’avoir vu dans différents pays du monde.
Aucun n’a pu aboutir à une piste sérieuse.
Le désespoir de sa femme a été tel qu’elle a mis fin à ses jours, désespérant de revoir un jour son mari.
Quant à son complice de scène, Andre Gaillard, il avoue ne s’être jamais remis de cette disparition.

Je pense souvent à Teddy.
Il est parti en emportant son secret.

Martine Bernier

« Si nous n’étions pas là… »

19 novembre, 2010

Il faisait froid, pluvieux.
Je n’avais aucune envie de sortir, mais Pomme en avait décidé autrement.
Alors que je traversais le pré, j’ai vu sur le chemin un vieil homme à peine voûté, que je n’avais jamais rencontré.
Je l’ai salué en le dépassant.
Mais tandis que je m’éloignais, j’ai entendu sa voix:

- Si nous n’étions pas là, ce pré n’existerait pas.

Je me suis retournée, ai regardé autour de nous: nous étions seuls.
Il ne pouvait parler qu’à moi.
- Pardon?

Poursuivant son idée, il a ajouté:
- Vous avez déjà pensé à ce que serait le monde sans nous?
- …?
- Une forêt. Ce serait une immense forêt.

Sa conversation était tellement inattendue, que je suis restée sans voix.
Du bout de son bâton, il m’a montré un petit arbuste qui poussait dans le pré:
- Vous voyez ça? C’est la nature qui veut reprendre le dessus. Si on les laisse faire, dans quelques années les arbres auront mangé la prairie. Quand je pense que certains plantent des arbres dans leur jardin. Il suffit de les laisser en paix, ils reviennent tout seuls.

Il semblait parler pour lui-même.
Je l’écoutais sans rien dire.
- Si les hommes n’étaient pas là, il n’y aurait que des bois. Mais finalement ça ne serait peut-être pas plus mal. Nous ne sommes pas là pour longtemps, mais qu’est-ce que l’on peut empoisonner ce qui nous entoure!
- D’accord avec vous. La vie des autres y compris, pour certains.

Il a souri:
- Oui.
Il a regardé dans le sac en plastique qu’il tenait à la main:
- Je suis allé aux champignons. Avec ce temps, je pensais en trouver plus, mais il est un peu tard, je crois. Vous voulez voir?
- Oui…

Il m’a montré son butin, sous une pluie qui redoublait en violence.
- Jolie récolte, vous aurez un bon repas. Excusez-moi, mais il pleut vraiment beaucoup, je vais rentrer.
- Oui, allez vous mettre à l’abri.

Je suis partie pendant qu’il sifflait son chien, et je l’ai vu rester dans le pré.
Il regardait les arbres.
Certaines personnes semblent avoir le don de ralentir la Roue du Temps.
Comme si elles avaient trop vécu pour que quoi que ce soit puisse encore les atteindre.
Comme si elles avaient compris que l’essentiel, dans la vie, n’était pas là où nous le pensons…

Martine Bernier

Et pendant que le temps passe au fil des derniers champignons, Ecriplume a dépassé le cap des 70 000 visiteurs…

Champagne vieux de deux siècles: ils l’ont goûté!

18 novembre, 2010

La question était sur toutes les lèvres: le champagne âgé de deux siècles environ retrouvé dans une épave au fond de la mer Baltique, était-il encore consommable?
Et bien oui, nous dit une dépêche de l’AP!
Une bouteille de ce qui est présenté comme le plus vieux champagne du monde a été débouchée mercredi en Finlande.
Et non seulement il était buvable mais, paraît-il, il était même particulièrement bon.
Richard Juhlin, l’expert qui y a goûté a estimé qu’il « exhale des notes de girolles, de tilleul, de zestes de citron vert, et de miel, avec un goût de chardonnat… »
Il a souligné l’intensité de l’arôme, totalement différent de tout ce qu’il a pu déguster jusqu’ici.

Si vous avez manqué le début de l’histoire, sachez que 168 bouteilles de champagne des marques Veuve Clicquot et Juglar avaient été remontées de cette épave découverte en juillet près des îles Aland, entre la Suède et la Finlande.
Le Ministre de la Culture des Aland avait précisé que la plupart des bouteilles étaient en bon état.
Dans un premier temps, les plongeurs avaient estimé que les flacons dataient des années 1780, ce qui a été démenti par des experts pensant qu’ils « remontaient au début du XIXe siècle, sans pouvoir déterminer leur millésime exact ».

Au cours de la conférence de presse, l’opération de plongée a été présentée, puis un archéologue a offert deux bouteilles récupérées dans l’épave à Richard Juhlin: l’une de Juglar, marque qui n’existe plus aujourd’hui, et l’autre de Veuve Clicquot.

Une vingtaine de personnes, dont un reporter de l’Associated Press, ont également pu goûter l’une des deux bouteilles.

Le reste de la dépêche nous dit que « Veuve Clicquot a indiqué que des experts ayant analysé les bouchons « ont pu identifier avec une certitude absolue » qu’au moins trois des bouteilles retrouvées étaient des Veuve Clicquot. La maison fondée en 1772 précise qu’une comète figure sur le marquage de bouchons, référence à l’astre qui avait traversé le ciel de la Champagne en 1811 et à qui la rumeur avait attribué « la qualité remarquable » d’une récolte. Lors de la dégustation du Veuve Clicquot mercredi, François Hautekeur, de l’équipe viticulture de Veuve Clicquot, a décelé dans le vénérable breuvage une pointe de café et « un goût très agréable avec des notes florales et de citronnier ». »

Si vous voulez vous offrir l’une de ces bouteilles, il va falloir puiser dans votre bas de laine.
Une partie d’entre elles seront vendues lors d’une vente aux enchères.
D’après Richard Juhlin, leur prix pourrait atteindre plus de 52.000 euros.
Ah oui, quand même…

Martine Bernier

David Pujadas, si vous me lisez…

17 novembre, 2010

Comme il est difficile d’être journaliste lorsque l’on présente le journal de 20 Heures de France 2 ou d’ailleurs…
Bruno Masure m’en a longuement parlé voici quelques mois déjà, lors d’une interview.
Aujourd’hui, David Pujadas en sait quelque chose.
Se faire insulter gravement par un politicien, se faire traiter de larbin, de pitre inféodé, et voir ces paroles relayées dans la presse et sur Internet, ce n’est pas anodin.
On dit des journalistes d’aujourd’hui, en France, qu’ils ne représentent plus un contre-pouvoir, qu’ils sont assujettis.
Il faut avoir les épaules solides pour assumer…

Mardi soir, David Pujadas était donc l’un des trois journalistes, avec Claire Chazal et Michel Denisot, à interroger Nicolas Sarkozy à la télévision, suite à son remaniement ministériel.
Je me mets à sa place: la pression du public, des politiciens, des critiques de tout bord qui l’attendent au tournant, le regard des collègues… pas facile à gérer.
En juillet, l’interview qu’il avait faite du président français avait provoqué une vague de réflexions: trop mou, ne relançait pas les questions, évitait les sujets difficiles et j’en passe.

Cette fois, il devait donc poser les questions qui fâchent, se positionner comme journaliste indépendant d’esprit.
Il l’a fait.
Un peu trop cependant, à un moment donné.
Le passage concernant les mises sur écoute de journalistes et la disparition d’ordinateurs de certains d’entre eux travaillant sur l’affaire Bettencourt a été maladroitement géré.
En désespoir de cause, n’arrivant pas à provoquer de réaction compatissante chez le président, il a glissé que celui-ci ne donnait pas l’impression de condamner la chose ou de s’y intéresser.
Quand on se retrouve face à un interlocuteur aussi redoutable, c’est donner du grain à moudre…
Il s’est pris la réponse en pleine face:

« Vous imaginez que c’est moi qui organise le cambriolage de l’ordinateur portable d’un de vos confrères ? Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Soyons sérieux… Vous voulez que je m’occupe de savoir si un de vos confrères a perdu son portable ou se l’est fait voler ? »

Et pan, remis à sa place en quelques phrases par un homme qui lui a expliqué que ce n’était pas le rôle du président de la République de s’occuper de ce genre de choses et qu’il avait d’autres dossiers nettement plus importants à traiter.
C’était logique…

Pour les spectateurs qui suivaient la triple interview, la comparaison entre les trois journalistes présents était intéressante.
Tous les trois sont évidemment d’excellents professionnels.
David Pujadas y compris.
J’aime son journal et la façon qu’il a de le traiter.
Mais là… c’est dur.

Martine Bernier

Rencontre au petit matin

16 novembre, 2010

Lorsque nous avons franchi la frontière pour gagner sa Franche-Comté, la semaine dernière, un brouillard épais et de la neige nous attendaient au point culminant de la route.
J’ai frissonné.
Je l’ai trop fréquentée, je n’aime plus la neige.
Ou alors de loin.
Hier matin, en revenant en Suisse, elle avait fondu.
Ce n’est que le soir, lorsque Celui qui m’accompagne a refait le chemin en sens inverse, qu’il m’a appris qu’il l’avait retrouvée sur la route.
Mi-novembre, c’est normal…

Ce matin, alors que le jour se levait à peine, la première promenade de Pomme a eu lieu dans une pluie glacée.
La veille, j’avais vu que les sommets étaient à nouveau poudrés.
Là, aux petites heures, le lac, lui, ressemblait à un miroir obscur légèrement miroitant.
Tout baignait dans une lumière bleutée, très foncée.
Je profitais de l’instant lorsque j’ai entendu un bruit.
Un « splash » sourd, suivi d’un juron étouffé.
Je me suis retournée.
Dans le pré, une forme humaine se relevait péniblement.
Pomme, ravie de trouver un bipède d’accord de se vautrer dans l’herbette détrempée, lui exprimait joyeusement sa sympathie.

L’homme qui se tenait à quelques mètres de moi, et dont je devinais à peine les traits dans la pénombre, a eu un petit rire navré:

- Et bien la journée commence bien!
- Ca va? Vous n’avez pas de mal?
- Non, non. Ce qu’il y a de bien avec la boue, c’est que c’est mou!
- Oui. Et il paraît que c’est excellent pour la rhumatismes!
- Zut, je n’en ai pas! C’est un comble, il n’y a pas encore de neige et je tombe déjà. Ca promet.
- Je compatis…
- Il est sympa, votre chien! J’ai l’impression qu’il trouve cela très drôle.
- Je suis désolée, elle a un humour très particulier… mais, à sa décharge, je crois qu’elle n’avait encore jamais rencontré un homme amphibie!
- Ah oui, l’humour est une marque de fabrique maison, chez vous!

Bon joueur, il a ri, puis s’est vaguement épousseté, ce qui, vu son état, tenait de l’opération suicide.
- Et bien je crois que je vais retourner chez moi pour me changer. Quand je pense que je voulais prendre un raccourci pour ne pas être en retard. C’est gagné, tiens! Et en plus, je n’oserai plus jamais vous croiser car je viens de m’offrir la honte du siècle!
- Rassurez-vous, il fait sombre et je suis myope comme deux taupes: je ne vous reconnaitrai pas!
- Enfin une bonne nouvelle! Alors bonne journée!
- A vous aussi.

Je suis repartie vers la maison tandis qu’il partait en clapotant vers la sortie.
Curieux matin.

Martine Bernier

Pompéi: la Maison des Gladiateurs s’écroule…

15 novembre, 2010

Elle a survécu à une irruption volcanique et à l’outrage des siècles.
Et voilà que, stupidement, le 9 novembre 2010, la Maison des Gladiateurs, l’un des édifices antiques de Pompéi, s’est effondrée.
Elle n’a pas résisté aux infiltrations d’eau et, dit-on « à la mauvaise qualité des restaurations ».
C’est là, dans cette caserne un peu particulière, que s’entraînaient les gladiateurs, jusqu’en l’an I de notre ère.
On pouvait y voir des fresques murales d’une valeur inestimable.

Bien entendu, la nouvelle provoque un cataclysme politique.
Le monde pose un regard furieux sur l’Italie qui n’a pas été capable de préserver ce trésor situé sur l’allée centrale du site archéologique, et qui était classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
On parle de honte nationale.
Et on n’a pas tort.
Quand on a la responsabilité de veiller sur la mémoire du monde, on y met les moyens et on confie la tâche à des spécialistes.

Enrageant, tiens.

Martine Bernier

Sécurité de l’emploi? Devenez moine!

14 novembre, 2010

Je n’ai pas vu moi-même la petite annonce passée dans la presse Suisse alémanique.
Selon  Internet, elle disait à peu près ceci:

« Emploi à vie destiné aux banquiers, journalistes ou cadres de 22 à 35 ans.  
Emploi bénévole nourri et logé offert par une communauté de frères capucins. »

En clair, il s’agit de devenir moine.
Les capucins qui recrutent assurent une sécurité de l’emploi imbattable.
Bien entendu, il faut être un homme pour pouvoir y répondre, célibataire et catholique.
Il faut aussi accepter deux très légères contraintes.
Oh rien d’exceptionnel, notez… juste le voeu de pauvreté et de chasteté.
Voilà, voilà.
La moyenne d’âge, chez les capucins, est aujourd’hui de 70 ans, paraît-il.
Si l’Ordre ne veut pas s’éteindre, il va falloir réagir.
Ces petites annonces vont elles attirer des candidats sérieux?
C’est intriguant.
Mais pourquoi pas, finalement?

Martine Bernier

Pomme, mon minuscule bichon havanais a un an aujourd’hui.
Ce n’est sans doute pas une information primordiale, mais pour moi… elle compte!

Poligny et ses mystères

13 novembre, 2010

C’est une petit ville du Jura français, dont je n’aurais pas spécialement soupçonné l’existence si elle n’avait pas de l’importance pour Celui qui m’accompagne.
Ce matin, il m’a guidée à travers la bourgade, me faisant découvrir un nombre étonnant de choses inattendues.
Trop pour tout décrire.
L’une d’elles m’a sidérée.
Le patrimoine de la ville est essentiellement composé de tours, et d’édifices religieux réaffectés à d’autres destins.
Parmi eux, l’église des Jacobins.

Au départ, rien de plus normal: la construction est décidée en 1241 et l’édifice est ensuite donné à la congrégation des Dominicains,  aussi appelés les Jacobins, installés  à l’époque dans la région.
Pendant plus de cinq siècles, ils vont y vivre, jusqu’à ce qu’ils soient contraints de quitter les lieux à la Révolution française.
Tous leurs biens seront vendus et l’église servira de local à une usine de fabrication de poudre à canon jusqu’en 1812.
Insolite, déjà…
Mais ce n’est pas tout.
Depuis 1907, elle a droit à une troisième vocation qui est toujours la sienne aujourd’hui.
La coopérative des vignerons de Poligny, devenue par la suite la  Fruitière vinicole Arbois, y est  installée depuis cette époque.
Et il est tout à fait inattendu de voir les foudres et les barriques installés sous les voûtes de cette église d’un pur gothique, dans la nef, dans les travées.
Il faut reconnaître que la température y est idéale…

Plus loin, dans la ville, nous poussons une porte et sommes accueillis par une religieuse qui nous propose de découvrir la chapelle où repose toujours la dépouille de Ste Colette, fondatrice de leur couvent.
Toujours ce sentiment de me retrouver hors du temps, hors de la réalité de la société et du monde lorsque je visite ce genre d’endroit.

Je n’ai pas fini de découvrir les secrets de Poligny où, soit dit en passant, a été retrouvé le premier Platéosaure de France.
Rien que cela.

Martine Bernier

 

 

Le vent

12 novembre, 2010

Dans les régions concernées par le foehn, dès qu’il commence à souffler, il est la star du jour.
Lorsque je suis arrivée en Suisse, n’ayant jamais entendu parler de lui, je trouvais étrange de m’entendre dire:
- « J’ai mal à la tête, c’est le foehn. »
- « Mon fils est énervé, aujourd’hui, c’est le foehn. »
- « Mon mari n’a pas fermé l’oeil de la nuit. C’est le foehn! »
- « J’ai eu un accrochage en me parquant, ce matin. Pas étonnant, avec ce foehn… »

J’ai très vite compris que le monde avait deux boucs émissaires: la pleine lune et le foehn.
Ce vent chaud énerve, agace, stresse, effraie, angoisse et j’en passe.

Dès qu’il montre le bout de son souffle, il en prend pour son matricule. Ce doit être dur d’être le foehn…
Décrié, accusé de tous les maux, diabolisé…
Pauvre foehn.

Hier soir, dans cet endroit de Franche-Comté où je passe quelques jours, un vent furieux s’est levé.
Toute la nuit, il a soufflé en tempête, faisant trembler la maison, claquer les volets, bouger les panneaux, danser les feuilles…
Ce n’est qu’au matin qu’il a cédé sa place à la pluie.
Comme par hasard, tard dans la soirée, Celui qui m’accompagne s’est énervé sur Pomme.

Ce matin, au petit-déjeuner, je me suis entendue poser LA question que je pensais ne jamais poser:
- Dis, le vent de cette nuit… c’était le foehn?

Martine Bernier

Bientôt un nouveau feu de signalisation

11 novembre, 2010

Ce n’est pas une farce: d’ici quelque temps, un nouveau feu tricolore pourrait faire son apparition sur les routes du monde entier.
Vert, orange et rouge comme ses grands frères, il aura une particularité: chaque couleur sera associée à une forme géométrique: le triangle pour le rouge, le rond pour l’orange et le carré pour le vert.
Ce qui pourrait représenter une aide appréciable pour les personnes qui distinguent mal les couleurs.
Ce feu Uni-Signal est pour l’instant au stade du prototype, mais bientôt, nous dit-on, il sera opérationnel.
C’est Ji-Young Kim, son concepteur, qui va être content.
J’espère qu’il a bien négocié ses droits d’auteur.

Martine Bernier

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