Archive pour le 2 décembre, 2010

L’inconnu dans la maison

2 décembre, 2010

Depuis qu’elle a fêté son anniversaire, Pomme, ma « bichonne havanaise » désormais adolescente arbore un caractère plus affirmé.
Lorsqu’elle veut quelque chose, elle peut insister inlassablement, va provoquer Celui qui m’accompagne pour l’obliger à  jouer avec elle, file s’asseoir devant « l’armoire à  nonosses » dans l’espoir de recevoir ce qu’elle attend, me tire par la main lorsqu’elle veut sortir …
Bref, elle existe et aime que cela se sache.
Le soir, depuis que les grands froids sont arrivés, elle redevient petite chose délicate, se couche dans son panier en emportant son mouton qu’elle garde toute la nuit entre ses pattes ou sous sa tête.
Le spectacle est si attendrissant que je ne me lasse pas de la regarder.

Seul défaut, qui n’en est pas un si l’on considère que, même très civilisée, elle reste un chien: il lui arrive d’aboyer.
Si quelqu’un passe dans SON pré, elle fonce à  la fenêtre et traduit sa désapprobation par quelques aboiements vigoureux.
Je mets donc mon veto, ce qu’elle ne comprend pas toujours, mais qu’elle respecte en ravalant ses cris et en me jetant des regards pleins de reproches.
Pensez-vous: je modère sa liberté d’expression!

Ce matin donc, elle s’est sentie profondément vexée lorsque je lui ai ordonné de se taire alors qu’une ombre passait sur son territoire aux aurores.
Je lui ai fait un laïus parfaitement inutile sur le droit au sommeil des personnes de la maisonnée, et j’ai commencé à  travailler.
Lorsque soudain, une voix de chien a résonné dans la maison.
Un aboiement constant…
Il n’était pas huit heures.
Pomme m’a regardée étonnée.
Comme si elle attendait que j’aille faire taire son collègue, elle est venue poser ses pattes de devant sur moi, me fixant de son regard si profond.
Je sais que l’une de mes voisines a pris en pension le petit chien de sa fille pour une semaine.
Sans doute était-ce lui qui manifestait.
Cela a duré longtemps, très longtemps.
Des temps d’arrêt puis la reprise des cris.
Sans doute devait-il rester seul.

Le regard de Pomme semblait m’interroger.
Et je me suis posé la question:
Se demandait-elle pourquoi je ne faisais rien pour faire taire l’inconnu dans la maison, ou comprenait-elle le sens des aboiements qu’elle entendait ?

Martine Bernier