Archive pour janvier, 2011

Le chat et la justice

21 janvier, 2011

L’histoire se passe aux Etats-Unis.
Et défense de dire « évidemment ».
Sal est un chat qui, jusqu’ici, menait sa petite vie de chat bourgeois sans souci.
Et puis un jour, il y a eu… la lettre.
Sal a reçu une convocation lui intimant d’assister en tant que juré, à un procès qui aura lieu à Boston le 23 mars 2011, nous disent les sites d’information sur Internet.
Erreur administrative dans le recensement, cela peut arriver, me direz-vous.
Oui.
Ce qui est moins banal, c’est la suite.
Les propriétaires du chat ont écrit à l’administration.
Comme apparemment le fait que Sal soit un chat ne suffit pas à convaincre les têtes pensantes de son incapacité à juger un homme, ils ont dû avancer les arguments les plus ahurissants: il a moins de 18 ans, n’est pas citoyen américain, est un ancien criminel (heu, oui, les souris, cela se tue avant de les manger, hélas…).
C’est loufoque… mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Le site CBS news affirmerait que ces arguments n’ont toujours pas convaincu la commission qui gère la nomination des jurés.
Résultat, Sal, chat du couple Exposito, est bel et bien contraint de se présenter au procès accompagné ou non par ses propriétaires.

Si l’histoire est réelle, elle est aberrante.
Notez que celui qui a le plus de raisons d’être inquiet, c’est le prévenu qui découvre quelles inepties se trament autour de son procès.
Ce n’est pas très rassurant.

Martine Bernier

de Gaulle et Roosevelt: esprit et anecdote

20 janvier, 2011

Il était imposant, mais chacun sait que le Général de Gaulle avait beaucoup d’esprit.
Aujourd’hui encore, ses bons mots sont répétés.
Certains, parmi eux, me font toujours sourire…

Voici quelques exemples juste pour le plaisir.

En 1942, une dame appartenant à la communauté français en exil en Angleterre lui demanda:
« Général, comment va notre pauvre sol de France? »
Sa réponse:
« Pas trop mal, madame. Vous verrez, il nous enterrera tous. »

C’est lui aussi qui a prononcé cette phrase marquante:
« La guerre, c’est comme la chasse. Sauf qu’à la guerre, les lapins tirent. »

Président des Etats-Unis de 1901 à 1909 Théodore Roosevelt, a également été Prix Nobel de la Paix.
Sur lui circule une anecdote sidérante…
Le 6 septembre 1901, sont prédécesseur, William MacKinley, meurt sous les balles d’un anarchiste.
C’est donc son vice-président Théodore Roosevelt, qui, conformément à la Constitution, lui succède.
Il a à l’époque 42 ans.
Un jour, il doit évacuer un hôtel en feu.
Si l’incendie est rapidement circonscrit, les occupant sont évacués sur le trottoir par mesure de sécurité.
Rossevelt, agacé, force un petit barrage avec l’intention de regagner sa chambre.
Un policier l’arrête:
- Qui êtes-vous, Monsieur?
- Je suis le vice-président.
- Parfait, entrez.
Il escalade l’escalier, accompagné par un employé qui a assisté à la conversation.
Mais, alors que Roosevelt s’apprête à entrer dans sa chambre, l’homme l’en empêche:
- Mais? Vous êtes président de quoi??
- Des Etats-Unis.
- Désolé, Monsieur, retournez immédiatement dehors. Je pensais que vous étiez le vice-président de l’hôtel. »

Nous sommes peu de choses…

Martine Bernier

Références: « Les petites histoires de la grande Histoire », Daniel Lacotte, Albin Michel.

Etre Belge, c’est « tendance »!

19 janvier, 2011

Il fut un temps où l’on évitait de dire que l’on était né en Belgique.
Pas parce que c’était une origine honteuse, non.
Simplement parce que cela donnait droit à tout le répertoire de blagues belges niveau -5 en dessous de zéro, racontées d’un air un peu suffisant par des personnages convaincus d’être spirituels, et semblant ignorer que la même histoire nous avait déjà été racontée 37 fois avant sa propre version.
Mais foin de rancune, tout cela est oublié!!
Aujourd’hui, être Belge, c’est tendance!!
Si, si.
Depuis les Ch’tis, de Dany Boon, le Nord de la France et la Belgique ont retrouvé des lettres de noblesse.
Son prochain film « Rien à déclarer » devrait contribuer à confirmer ce courant de sympathie.
Le génial Benoît Poelvoorde, de son côté, brandit sa belgitude en initiant le public au savoureux humour disjoncté pratiqué chez les Belgiens.
Il appelle d’ailleurs les hommes Belges à ne plus se raser la barbe en protestation face à la crise politique gluante qui secoue le pays depuis des mois.

D’un autre côte, ô miracle, François Damiens, mieux connu sous le nom de « François l’Embrouille », a eu les honneurs du plateau de Ruquier, dans ‘On n’est pas couché ».
Le fait d’être soutenu par Canal+ le pare d’une aura appétissante, semble-t-il.
Bon, ne rêvons pas, il a subi quelques attaques bien perfides prononcées de manière innocente par Ruquier et l’une de ses invitées féminines, sous-entendant qu’il devait avoir un niveau de culture proche du zéro pointé.
Et pourtant… on peut être né hors du 16e arrondissement et savoir qui est Françoise Giroud ou Jean-Pierre Chevènement.
C’est fou, n’est-ce pas?
Les caméras cachées de François Damiens ont l’heur de plaire à Eric Naulleau (ouf!).
L’auto-dérision affichée par cet invité insolite et sa façon de ne pas se prendre au sérieux a amusé.
Et bien.. il y a progrès!

Martine Bernier

Handicap: l’impossible tavernier

18 janvier, 2011

Cela se passait voici quelques semaines.
Nous étions arrivés un peu tôt et avions une demi-heure à « tuer » avant la séance de cinéma.
Il faisait un froid de loup, un vent glacial.
Je grelottais.
Nous nous sommes engouffrés dans le premier café venu, le plus proche du cinéma.
Les tables étaient pratiquement toutes occupées, l’ambiance était bruyante.
Nous nous sommes installés dans un coin et avons patienté.
Le patron était énervé, à peine poli avec ses clients.
Trop de monde à servir en même temps.

Et puis soudain…

Un jeune homme blond s’est approché de lui, tenant la carte à la main.
Il a essayé de lui montrer ce qu’il souhaitait commander.
Le patron, stressé et de plus en plus désagréable, a haussé les épaules, l’a interrogé avec rudesse.
Comme son interlocuteur lui répondait uniquement en lui montrant une ligne sur la carte, il a fini par se détourner en le traitant de c..
J’ai suivi le jeune homme des yeux.
Il est retourné s’asseoir près de sa compagne et de sa petite fille.
Et là… ils ont communiqué, par signes.
Il était visiblement sourd-muet.
La tristesse qui se lisait sur ces trois visages m’a prise à la gorge.
J’ai regardé Celui qui m’accompagne, qui avait suivi la scène, lui aussi.
Je lui ai dit: « On s’en va? »
Et nous sommes partis, sans attendre d’être servis.

Je ne mettrai plus jamais les pieds dans cet endroit.
Je comprends le stress, la fatigue.
Pas la stupidité ni la grossièreté.
Désormais, je préférerais geler sur place plutôt que de retourner dans ce lieu d’Evian où le patron est capable de se comporter de cette manière.

Martine Bernier

Le charme du Lac

17 janvier, 2011

Nous partions pour Evian.
C’était la fin de l’après-midi, cette heure où le soleil est une plaie pour les automobilistes car il se trouve à une hauteur qui ne permet pas de l’éviter malgré les pares-soleil.
Il darde ses rayons au niveau des yeux et rend la conduite difficile.
Pour éviter d’être aveuglée, j’ai regardé le lac, sur le côté.
Je le connais bien, pourtant… mais il me fascine toujours.
En face de moi, de l’autre côté du lac, la rive suisse était bordée par une large bande d’eau d’un bleu très pur.
Un lagon qui n’avait rien à envier à celui qui m’avait fascinée du côté de l’île de Gozo.
Le fameux lagon vert…

Ici, le centre du Léman était sombre et redevenait plus clair en se rapprochant de la rive française.
La surface de l’eau était à peine ridée, seulement dérangée par le sillon laissé par un cygne ou un groupe de foulques confondant cette journée particulièrement douce avec l’apparition du printemps.
Le temps que nous arrivions à Evian, et un dernier rayon de soleil éclairait uniquement le plus haut sommet de la chaîne des Pré Alpes, le nappant de rose et d’or au passage.
C’était d’une beauté pure.
Je m’attendais presque à voir sortir la Dame du Lac de ce paysage étonnant.
Celui qui m’accompagne sait que ce genre de spectacle me séduit à chaque fois.
Il me parle des courants, des vents contraires qui permettent les multiples couleurs du lac.
En l’écoutant, je regardais l’eau rêveusement.
Vivre à côté d’un panorama tel que celui-ci est une chance que je ne me lasse pas d’apprécier…
Ce matin, le lac est dans la brume.
Comme s’il refermait le rideau en attendant le retour de Celui qui commence à l’aimer autant que moi.

Martine Bernier

Le fils à Jo: c’est plutôt beau, le rugby…

16 janvier, 2011

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Dans la salle, il y avait plusieurs hommes aux visages cassés.
L’un d’eux avouait à une de ses connaissances déjà installée: « Je suis venu pour le rugby! »
Le mot était lâché.
Le rugby est l’une des stars du film « Le fils à Jo », réalisé par Philippe Guillard, ancien joueur qui a évolué au Racing-Club de France, journaliste et écrivain.
Star ou prétexte à un scénario tendre et drôle.
La trame de l’histoire est simple: Tom, le fils de Jo Caravano, ancienne légende des terrains, ne semble pas vraiment doué pour ce sport, pourtant tradition familiale depuis des générations chez les Caravano.
Le scénario aurait pu se limiter à cette ligne-là, mais non.
Retrouvant ses anciens acolytes sportifs, Jo décide de créer une équipe locale.
Il n’est d’ailleurs pas follement doué comme entraineur… jusqu’à ce qu’un joueur des All Blacks (Darren Adams, qui a réellement joué dans la prestigieuse équipe) vienne lui prêter main-forte.

Gérard Lanvin est touchant, dans le rôle du sportif se désolant de voir son fils manier les maths avec plus de dextérité que le ballon ovale.
Il dit de ce film que c’est le tournage le plus heureux de sa carrière.
Les rapports affectueux et maladroits, entre lui et son fils (Jérémy Duvall, excellent dans le rôle de Tom) sont attendrissants.
Et puis, autour de ce binôme naviguent des personnages déconcertants, comme Le Chinois, campé magistralement par Olivier Marchal décidément de plus en plus étonnant devant les caméras.
Ou comme le fragile Pompon, venu un jour pour ne plus repartir, soudé à Jo comme un coquillage à son rocher (rôle joliment tenu par Vincent Moscato, gloire du rugby).
Quelques autres personnages plutôt typés viennent assaisonner cette comédie réussie, mais ce trio-là vaut à lui seul le déplacement.

L’ambiance est à la bonne humeur, parfois à l’humour franchement franchouillard, mais aussi à ces amitiés solides, fraternelles et viriles qui semblent décidément marquer le rugby.
J’oubliais: si vous n’êtes pas spécialement attirés par ce sport, allez quand même voir le film, vous ne serez pas déçus.

Martine Bernier

« Le fils à Jo », de Philippe Guillard.

Nicolas Bedos: l’esprit de famille

15 janvier, 2011

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J’aime Guy Bedos depuis longtemps.
Son humour, sa personnalité, sa sensibilité, ses prises de position, son courage.
Je ne pensais pas un jour dire que j’ai aussi un grand penchant pour son fils!
Et pourtant!

Réputé pour avoir une plume remarquable, Nicolas Bedos explose dans « Sa semaine mythomane » (le vendredi soir, tard, sur France2, dans « La Semaine Critique ») .
Il doit être assez pénible de s’entendre dire depuis des années: « c’est fou ce que vous ressemblez à votre père ».
Je ne dirai donc pas que… c’est fou ce qu’il lui ressemble.
Ca ne doit pas être simple non plus d’être le « fils de » et d’emprunter un chemin similaire à celui de son géniteur.
C’était risqué.
Contrairement à certains pères qui, face à la platitude de leur propre existence, n’ont rien d’autre à admirer que leurs fils, prenant à témoin le premier quidam venu pour louer la pseudo beauté de leur progéniture qu’ils sont seuls à admirer, Guy Bedos a un superbe parcours.
Il est pudique sur le sujet.
Mais, avouons-le, cerise sur son gâteau familial, son rejeton a hérité de son esprit percutant.
Il a un certain courage, ce grand gaillard impertinent au regard lumineux et au sourire aussi ravageur que l’est son humour.
Avouons-le: devant la caméra, il en fait des tonnes.
Mais il l’a, ce petit quelque chose que l’on appelle le talent.
Ce petit rien qui fait que le public le suit, l’écoute, rit.
Il a été à bonne école, sait manier l’insolence, brocarder, écorcher en se reprenant à la dernière seconde pour adoucir le trait.
Il sait écrire et mettre en scène.
Son culot, sa faconde me ravissent, même si je ne suis pas toujours d’accord avec ses prises de position.
Certaines de ses chroniques sont des merveilles du genre.
Pas étonnant qu’il soit devenu la coqueluche des amateurs d’humour délicieusement peste.

Martine Bernier

http://www.youtube.com/watch?v=71rNLwAmSeU&NR=1

http://www.youtube.com/watch?v=xtTmmb2BKfE&NR=1

Vendredi

14 janvier, 2011

Je me suis levée de bonne humeur.
Vendredi: le jour où Il revient…
Lors de la deuxième sortie de Pomme, le jour s’était levé, mais restait étrange.
Le ciel, bleu pur d’un côté et noir de l’autre, diffusait une lumière qui ne savait pas si elle se voulait dorée ou menaçante.
Elle avait donc opté pour un consensus: tout baignait dans une atmosphère de poudre d’or assombrie par les nuages.

Je n’avais pas envie de repenser à ma visite de la veille chez le médecin.
Aujourd’hui est un jour joyeux!
Moi qui ai détesté faire la cuisine tout au long de ma vie, je me mets aux fourneaux chaque vendredi soir pour Lui préparer un repas particulier lorsqu’il rentre.
Et.. j’y prends goût!

Oui, le vendredi est un jour gai.
Lorsqu’Il m’appelle pour me dire qu’Il prend la route, je sais qu’Il est déjà parti depuis un bon moment et qu’Il arrivera plus tôt que ce qu’Il annonce.
J’aime le moment où Pomme perçoit sa présence alors qu’Il n’est pas encore dans l’allée, où elle jappe en courant dans tous les sens.
Le moment où la porte s’ouvre et où il apparaît, immense et souriant.
Les retrouvailles sont toujours belles, le retour au nid heureux.
Pomme est folle de joie lorsqu’elle retrouve Celui avec lequel elle peut passer des heures à jouer.

Et moi… je le découvre chaque semaine davantage.
Il me surprend, me fait penser à ces poupées gigognes russes que l’on ouvre pour découvrir un autre personnage à l’intérieur.
Ses traits de caractères me touchent, m’émeuvent, m’étonnent.
Le colosse aux yeux clairs qui vit avec moi est inclassable.
Il possède les qualités fondamentales de droiture et d’honnêteté sans lesquelles un homme n’est pas un homme mais un fantoche.
Il continue à bivouaquer au bord de mon coeur, au creux de ma vie.
Et rit en me disant que je n’arriverai pas à me débarrasser de lui.
Ce qui tombe bien: je n’en ai aucune envie.

Martine Bernier

Pluie d’oiseaux morts: deux autres pays touchés par le phénomène

13 janvier, 2011

Après les Etats-Unis, dont j’avais parlé dans Ecriplume, la Suède elle aussi avait retrouvé, en début d’année, des centaines d’oiseaux morts.
Coïncidence fâcheuse, l’Italie vient d’observer le même phénomène.
A Faenza, ce sont des tourterelles et des pigeons qui ont subi le même sort.
Il n’en fallait pas plus pour que certains crient à la fin du monde.
Hé non: cette fois, après autopsie des volatiles, la cause de leur mort a été déterminée, du moins pour le cas italien.
Les autorités ont annoncé qu’il s’agissait d’une pollution industrielle, les oiseaux ayant ingéré un insecticide utilisé pour les plantations agricoles.
Ouf, ceux qui craignaient la fin de notre glorieux monde peuvent se rassurer.
Enfin… façon de parler.
Personnellement savoir qu’un insecticide assez puissant pour tuer les oiseaux est vaporisé sur de futures denrées alimentaires a plutôt tendance à me rendre songeuse…
On le sait, ce n’est de loin pas la première fois que la nature est empoisonnée par l’Homme.
Un monde capable de laisser mourir ses oiseaux et ses abeilles a du souci à se faire.

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et la serviabilité

12 janvier, 2011

Lorsqu’une journée très chargée se présente à moi, j’ai pris pour habitude de faire un point matinal, en compagnie de Pomme, avant de me lancer à l’assaut.
Je lui expose mon plan d’attaque, et elle opine, excitée de se savoir étroitement mêlée aux activités du jour.
C’était le cas, ce matin.

- Bon, Pomme. Il est six heures, nous sortons. Tu ne traînes pas, d’accord? Car ensuite, pas question de me gâcher le moment que je passe avec Celui qui m’accompagne avant qu’il ne parte au travail. Ensuite, j’ai quelques coups de téléphone à donner. Si tu pouvais éviter d’aboyer sur les chats du quartier pendant que je parle, ce serait chic. Après, nous attaquons l’appartement, puis j’écris. Et là, j’en ai pour la journée… D’accord?

Elle me contemple de son regard profond, assise en face de moi.
Sage comme une image, elle s’est laissée faire tandis que je lui mettais sa laisse, a rempli sa mission matinale à la perfection lors de sa première sortie.
Sage aussi pendant que je parlais sur Skype.
Tout commençait bien.
C’est après que cela s’est gâté…

Premier coup de téléphone.
Pas un bruit.
Deuxième appel, le plus important professionnellement et amicalement parlant.
Manque de chance, un passant en profite pour traverser le pré derrière la maison.
Mon Mogwaï furieux se précipite à la porte-fenêtre de la cuisine et invective l’intrus bruyamment.
Je fais mine de l’ignorer, lorsque, de l’autre côté du fil, mon interlocuteur me demande:
- C’est ton chien qui crie comme ça??
- Heu… oui. Mon fauve de 5 kg et des poussières.
Je lui aurais bien dit que « non, c’est un voisin », mais il ne m’aurait pas crue.

Lorsque ma conversation s’est terminée, j’ai jeté un regard furieux à Pomme et me suis dirigée vers la salle de bain que j’ai commencé à nettoyer.
Trois minutes plus tard, elle est arrivée en courant, a fait un remarquable dérapage contrôlé qu’elle a terminé sur le tapis de bain envoyé promener au passage, a pris le pull que je m’apprêtais à laver et a filé au galop dans son panier en traînant son trophée.
Pomme est serviable.
Très.
Trop.
Lorsqu’elle décide de participer aux tâches ménagères, il n’est plus question de tranquillité.
Elle se pend par la mâchoire à la serpillère pendant que je tente de nettoyer le carrelage, attrape tout ce qu’elle trouve et va « ranger » dans son panier, fonce boire un peu d’eau en aspergeant tout la cuisine dans son excitation, sème derrière elle les croquettes qu’elle mâchouille distraitement, saute contre moi pour me faire partager sa liesse, fait dix fois le tour de l’appartement en courant, oreilles au vent, en jappant, sème ses jouets sur tout le parcours…
Bref: lorsqu’elle décide de m’aider, mieux vaut prendre un jour de congé pour venir à bout de la tâche.
Quand enfin je suis arrivée à finir ce que j’avais prévu de faire, je l’ai prévenue.

- Pomme, maintenant ça suffit! Tu te calmes! Toi tu prends ton os, et moi j’écris. D’accord?

Je me suis installée à mon bureau.
Deux secondes plus tard, une boule de poils me sautait sur les genoux, me léchait le nez, et sautait sur mon bureau.

- Ah non! Je t’ai dit que j’ai du travail! file!

Elle s’est couchée devant mon clavier, s’est étirée de tout son long et s’est positionnée sur le dos, les pattes en l’air, pour bien me faire comprendre qu’elle souhaitait un moment câlin.
Car, depuis quelque temps, elle s’est mis dans la tête qu’elle allait AUSSI m’aider à écrire.
Je l’ai dorlotée un moment puis l’ai regardée.
Elle riait de toutes ses dents.
Elle a raison: elle a gagné.
Et finalement… j’adore perdre.

Martine Bernier

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