Archive pour février, 2011

Lui, mon ami de là-bas

18 février, 2011

Le temps et la distance n’ont rien changé.
Depuis des mois, mon complice d’escapades parisiennes est présent dans ma vie sans jamais se dérober.
Il n’est pas une semaine sans que nous échangions des mails ou des appels téléphoniques.
Nous nous racontons nos vies, nous suivons avec attention les événements que l’autre traverse, nous nous envoyons des messages de réconfort lorsque l’un des deux titube et… cela fait un bien fou.
Mieux que personne, Il sait ce qu’implique le problème de santé qui est le mien.
Hier soir, un mail de sa part me demandait un compte-rendu de ma visite médicale.
Et ce matin, Il m’appelait.
Il m’aide à sa façon, me donnant les adresses des spécialistes qui ont soigné son fils, m’encourageant avec des mots réalistes.
Nous parlons de nos compagne et compagnon respectifs, de ces petits riens qui construisent nos vies.
Il est bien loin, mais je sais qu’Il est là.
Une amitié solide et belle.
C’est ma chance.
Dans cette expérience médicale qui vrille ma vie, j’ai la chance inestimable d’être accompagnée, ici comme en France et en Belgique, par des êtres hors du commun, d’une fidélité absolue.
Peut-être est-ce en partie ce qui fait que je n’arrive pas à désespérer!

Martine Bernier

Oups

17 février, 2011

Quand je suis entrée dans le cabinet du docteur, sachant que j’allais recevoir des résultats d’analyses importants, j’ai joué à la méthode Coué.
- De toute façon, vous allez me dire que tout va bien!
- Et pourquoi pensez-vous cela?
- Parce que je ne suis pas malade.

Il y a eu un blanc.
J’ai regardé l’expression de son visage, et j’ai compris que la méthode Coué, dans certains cas, est une vaste fumisterie.
Mon regard était suffisamment interrogateur pour que le médecin réponde avant que je ne pose la question.
- En fait, je suis désolé de vous décevoir, mais…

Ah, ce mais…
Il m’explique que ma volonté ne suffit pas, me montre des graphiques où je distingue une courbe en chute libre.
Ses explications navrées ne m’assomment même pas.
Il force le ton, devient plus alarmiste, m’explique la situation.

Pourquoi ai-je pensé que, parce que je le décidais ainsi, l’évolution de la situation serait positive?
L’entretien dure longtemps, très longtemps.
Le nouveau traitement à mettre en place est délicat, compliqué.

Il va me falloir du temps pour réfléchir, pour envisager la suite, comprendre ce qui m’arrive.
Mais dès ce vendredi soir, Celui qui m’accompagne sera là, pour plusieurs jours de vacances.

Je pense à tous ceux qui, depuis des milliers d’années, traversent ce que je vis.
La maladie permet un autre regard, une évolution différente, nouvelle.
Je pense à tous ceux, aussi, qui se font passer pour souffrants et qui ne le sont pas.
Il faut être fragilisé(e) pour comprendre que la santé est une richesse avec laquelle il ne faut pas jouer.

Martine Bernier

Le paradis terrestre existe

16 février, 2011

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Il existe…
Le paradis terrestre existe.
Et il se trouve en Suisse.
Si!
Je travaille actuellement sur une série d’articles qui me poussent à m’intéresser à des lieux magiques.
Ce matin, j’abordais l’avant-dernier sujet lorsque, par curiosité, j’ai eu envie de voir une photo de l’endroit dont on m’avait parlé.
Et j’ai découvert… ceci…
Une beauté à couper le souffle.
L’endroit est situé au point de rencontre de deux rivières, dont une est devenue mythique depuis que le poète Gilles l’a chantée avec son humour habituel: la Venoge.

Cela m’a fait un bien fou de me dire que, décidément, la Terre est belle…

Martine Bernier

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Gilles et la Venoge: http://www.dailymotion.com/video/x1rlqm_la-venoge-par-jean-villarsgilles_fun

Valentine et la St Valentin

15 février, 2011

Oui, je sais.
La St Valentin est une fête inventée de toutes pièces pour que les fleuristes puissent vendre leurs fleurs.
Fi, va.

N’empêche…

Lorsqu’Il est arrivé, lundi midi, avec un grand arrangement floral mélangeant orchidées et roses rouges, j’ai fondu…
Lui qui n’est pas très porté sur ce genre d’événement, me disait-Il, a réussi à me surprendre deux fois en deux jours en semant des bouquets dans ma vie alors que je ne m’y attendais pas.

Lundi soir, nous avons tous repris place dans la voiture, Lui, Pomme, l’arrangement floral et moi.
Direction la Suisse où un travail énorme m’attendait.
Celui qui m’accompagne reprenait la route quelques heures plus tard, dans la nuit, pour reprendre son poste lui aussi.
Mais je garde en cadeau la dernière phrase qu’Il m’a offerte avant de s’endormir.
Il m’a regardée, m’a souri et a dit: « Ma Valentine… »

Oui, je sais.
C’est bête.
La St Valentin est une fête inventée etc etc…
Mais n’empêche…

Martine Bernier

70 ans pour arriver

14 février, 2011

« Je t’envoie de bons baisers. Papa est ici. Je repars ce soir et t’envoie de bons baisers en t’attendant. »

Ces mots ont été griffonnés au crayon sur une carte aujourd’hui jaunie.
Normal… elle a été envoyée le 5 septembre 1940 à Simone Barrier par sa mère.
Aujourd’hui âgée de plus de 80 ans, elle l’a reçue ces derniers jours.
La carte postale était partie de Jujurieux, dans l’Ain, où le père de Simone était officier.
Le service de censure de l’armée a dû, pensent les spécialistes, retenir le courrier pour en ôter les détails compromettants.
Le courrier est arrivé entre les mains de sa destinataire par une voie tout à fait inhabituelle.
L’un de ses voisins, collectionneurs de cartes anciennes, a repéré la carte sur un site internet spécialisé.
Il a lu le nom de Simone et a décidé de la lui offrir.
J’imagine l’émotion que le cadeau a pu provoquer… moi qui, voici quelques années, ai reçu, par la poste, une lettre de ma grand-mère une semaine après son décès.

Martine Bernier

Le petit matin

13 février, 2011

Ce dimanche matin, le soleil était largement levé lorsque j’ai dit à Celui qui m’accompagne que nous devrions nous lever.
Il a grogné:

- Je n’ai pas entendu dire que le petit déjeuner était servi?

Je me suis levée en riant et me suis rendue dans la cuisine.
Et là, sur la table que j’avais préparée la veille au soir se trouvait, posé sur mon assiette un bouquet de roses fraîches.
Il avait été « chercher le pain » avant de se recoucher et m’avait fait une surprise.
Il est des petits matins qui valent la peine de se lever…

Martine Bernier

Kaléïdoscope d’une semaine étrange

12 février, 2011

Il est des jours où la tête tourne en écoutant l’actualité.
Ces dernières semaines, elle a été lourde, historique dans certains pays, atterrante dans d’autres.
Pêle-mêle
L’Egypte vient de renverser son destin, comme la Tunisie l’a fait avant elle.
L’Algérie commence à bouger, tandis que le Maroc se veut rassurant parlant d’une future « évolution, et non de révolution ».
Les pays occidentaux regardent ces événements, les yeux plus ou moins hypocritement écarquillés.
Tout le monde espère que ce qui se mettra en place ne sera pas encore pire que ce qui a été.
Des peuples prennent leur destin en main… mais quel sera  ce destin?
Le monde change… il est  toujours un moment où ceux qui se croyaient à l’abri paient, me disait un ami voici quelques jours.

Au fond d’une prison mexicaine, une jeune française voit son recours rejeté.
Les autorités françaises s’indignent.
Et j’imagine son désarroi, perdue loin des siens.

En France, une jeune fille est assassinée, démembrée, en Bretagne, non loin de l’endroit où j’habitais.
Les conditions atroces de ce meurtre horrifient.
En Suisse, deux petites filles sont enlevées par leur père qui se suicide en laissant derrière lui des documents affirmant qu’il a tué ses enfants avant de mettre fin à ses jours.
Les recherches continuent.
Le désespoir de leur mère, on peut à peine l’imaginer…
Les êtres qui tuent l’innocence de leurs mains ou  de leur indifférence, parce qu’ils n’ont rien fait pour la préserver sont abjects.
Et l’impuissance à ramener ces enfants à la vie nous accable tous.

Un message, signé d’un prénom, me parvient.
Il me dit que celui qui a détruit ma vie a pompé dans ma façon de vivre tout ce qu’il a pu prendre et tente de le mettre en pratique depuis des mois dans sa propre existence, s’en vantant et se ridiculisant aux yeux de ceux qui savent mais qui ne disent rien, « préférant jeter sur lui un regard méprisant, pour toujours » , me dit l’auteur du message.
Suivent des détails qui me laissent froide.
Ne m’écrivez plus.
Laissez-le suivre la route qu’il s’est choisie et n’être que ce qu’il est.
C’est lui qui choisit sa destination.

Ce matin, Celui qui m’accompagne s’est levé tôt.
Des portes ouvertes sur son lieu de travail exigent sa présence pour la journée.
Pour la première fois, je lui vois une cravate et je souris.
Il revient plusieurs fois dans la journée.
Entre ses escales, je reprends mes écrits.

L’actualité laisse toujours des traces, même chez ceux qui ne sont pas les premiers concernés.
Dans les mémoires, sur le moral.
Elle bouscule nos certitudes d’hier, met en lumière nos ignorances, titille nos interrogations, nos indignations.

Et pourtant, j’aime la phrase de Woody Allen: « L’avenir est la seule chose qui m’intéresse car je compte bien y passer ces prochaines années. »

Martine Bernier

L’araignée des légumes!

11 février, 2011

J’aime passer du temps dans l’antre de Celui qui m’accompagne.
Vivre dans deux pays, dans deux  territoires distincts en sachant que, dans quelques mois, nous nous rejoindrons dans un seul endroit et franchirons ensemble les frontières.
Oui, j’aime évoluer dans son univers qui pourtant ne me ressemble pas.
Même lorsqu’il travaille.
Pomme collée à moi, mes ordinateurs étalés devant moi, j’écris…
Une heure avant le repas de midi, Il fait irruption dans l’appartement en apportant les victuailles prévue pour le déjeuner.
Dont les légumes à utiliser pour un potage.
Alors qu’il s’éclipse en me disant qu’il « fera cela en rentrant »,  j’examine les légumes, les épluche et les fais cuire.
Tous, sauf un.
Une heure plus tard, comme je pouvais m’y attendre, la première réflexion de mon tendre géant porte sur le légume en question.
- Tu as oublié de mettre le fenouil?
- Non, non… j’ai évité de le mettre.
- Mais… pourquoi?

Devant son regard étonné, je cherche mes mots.
Comment lui expliquer l’antipathie chronique que j’ai pour le parfum et le goût de l’anis?
Comment lui faire comprendre la gravité de mon dégoût sans pour autant vexer le fenouil qui n’y peut rien, le pauvre?
Prise d’une inspiration, je respire un grand coup et je lance:
-Tu comprends, le fenouil…. c’est l’araignée des légumes!
Il me jette un regard à peine surpris, voire résigné,  hoche la tête en levant discrètement les yeux au ciel.
Heu…
Il me semblait que prendre l’exemple de l’insecte pour lequel j’ai la plus profonde aversion suffirait à lui faire comprendre la situation.
Le fenouil abandonné n’a pas rejoint ses congénères dans la marmite.
J’ai de la chance: Il a de l’humour.
Lui.
Pas le fenouil.

Martine Bernier
 

Bichon havanais: Pomme adolescente

10 février, 2011

La valise n’a pas été rangée depuis la dernière escapade.
Nous repartons ce soir…
Et une fois de plus, Pomme me suit partout , regardant d’un air à la fois intéressé et inquiet les effets que je pose dans la valise.
Dès que je m’assieds pour travailler, elle pose ses pattes avant sur moi, s’étire et me fait un grand numéro de charme:
- Tu es inquiète, Pomme? Tu ne dois pas. Tu viens avec nous… Je préparerai tes affaires tout à l’heure.
Elle me regarde comme si elle voulait fouiller le fond des mes yeux.
- Oui, je sais: la dernière fois je t’avais dit la même chose et j’ai dû te confier. Mais entre deux, je te rappelle que j’ai eu un accident. Ce qui n’est pas mon intention aujourd’hui!

Elle fonce chercher un de ses jouets et me le ramène, triomphante:
- Tu veux prendre ton mouton avec toi? D’accord. Je le mettrai dans ton sac. Tu me laisses travailler, maintenant? Je dois finir un texte et nous avons une visite pour l’appartement dans une heure…

Je sais bien que j’interprète ses gestes.. mais mon Mogwaï m’amuse.
Elle disparaît de ma vue et revient, quelques secondes plus tard, tirant derrière elle son énorme et indéfinissable bestiole en peluche, croisement improbable entre un dindon, un canard et une poule.
En moins de trois minutes, tous les jouets ou presque défilent dans mon bureau.
Elle joue, les lance en l’air, les rattrape, les sème dans toute la maison.
Je soupire.

L’entorse, la grippe et ses joyeusetés, la visite de l’appartement et l’invasion des jouets…
Vivement ce soir… la paix, l’harmonie, la sérénité, la…

Pomme en a décidé autrement.
Elle me fait reprendre pied dans la réalité en tirant sèchement la manche de mon pull.
- Hé! Sauvage! Arrête. Tiens, prend ton os et va dans ton panier.
Elle me regarde d’un air exaspéré, file sous mon bureau et commence à gratter furieusement une boîte de documents qui s’y trouve.
- Pomme! Arrête! File dans ton panier!
Une truffe hirsute émerge du bureau, un regard noir et diablement malicieux me regarde avant qu’elle ne se retourne et se réattèle à son chantier.
Je ne vois plus qu’une queue , un amas de poils noirs qui s’agitent contre ma pauvre boîte.

- Non mais! C’est de la rébellion! Allez, sors de là!
Je la prends, et l’envoie dans son panier.
Pomme est adolescente… je dirais même en pleine crise d’adolescence!
Ce n’est plus de la rébellion, non.
C’est la fronde.
Elle se secoue dans tous les sens, attrape ma main pour m’entraîner avec elle, tire sur mon pull, aboie, est excitée comme une puce.
Cette fois, c’en est trop.
Elle a beau se tortiller, histoire de la calmer, je l’enferme dans la cuisine.
Derrière la paroi vitrée, elle me contemple, outrée de ma réaction.
Il faut dix bonnes minutes pour qu’elle se décide à se calmer.
Quand elle est revenue à la raison, je vais lui ouvrir la porte en m’efforçant d’adopter une voix ferme.
- Bon, c’est fini?
Penaude, elle passe devant moi, saute dans son panier et croise ses pattes avant, pendouillantes, hors du coussin tout en me fixant du regard.
A un an et 3 mois, elle est adulte, a un caractère tendre, mais affirmé.
Tout ce qu’elle n’ose pas faire face à Celui qui m’accompagne, dont la carrure et la présence semblent l’avoir convaincue qu’il est le mâle dominant de notre meute, elle tente de le réaliser lorsque je suis seule avec elle.
Je me réinstalle dans mon bureau pour travailler… lorsque qu’un jouet se pose à côté de moi et qu’une langue rose vient timidement me lécher la main.
En trois secondes, elle redevient le plus doux des Mogwaï…

Martine Bernier

Anne Parillaud et la Marquise

9 février, 2011

Ce soir, la télévision française diffusera un téléfilm sur l’un des personnages féminins les plus sulfureux ayant vécu au 17e siècle: la Marquise de Brinvilliers.
On dit d’elle qu’elle était belle, pleine de charme, que son enfance fut marquée par des épreuves très lourdes (orpheline de mère très jeune, sous le joug d’un père qui ne lui a pas laissé vivre sa foi comme elle le souhaitait, victime de viols répétés de la part de ses frères…) qui ont fait d’elle un monstre.
De sa vie, on a retenu les meurtres qu’elle a perpétrés en utilisant l’arsenic, poisson indécelable alors nouvellement découvert, les excès, le vice et la débauche qui ont jalonné son existence.
Une existence qui a fini sur l’échafaud.

Le téléfilm est à voir pour le sujet, bien sûr, sachant que le personnage nous plonge dans une époque historique passionnante, mais aussi pour l’interprète de la Marquise.
C’est Anne Parillaud, qui, avec son intelligence, sa sensibilité et sa culture, se glissera dans les atours de la Brinvilliers, femme qui la fascine au point que c’est elle qui a monté le projet de ce film.

Je ne regarde la télévision qu’une ou deux fois par mois, lorsque j’ai enregistré une émission particulière.
Il peut donc semblé bizarre que je me réjouisse de l’événement.
Pour le personnage et pour l’actrice, je regarderai.

Martine Bernier

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