L’étonnante histoire du vrai faux Vermeer
29 mars, 2011La plus célèbre des histoires de faux en peinture remonte à 1937.
A l’époque, on découvrit, en Hollande, une oeuvre inconnue de Vermeer de Delft: le « Pèlerin d’Emmaüs ».
Aussitôt, critiques et experts se sont extasiés devant cette toile magnifique d’inspiration religieuse, la première de ce genre de Vermeer dont on ne connaissait jusqu’alors que des tableaux profanes.
Pour une fois unanimes, tous déclarèrent que la facture de Vermeer était indiscutable.
L’association des Amis de Rembrandt acheta le tableau pour 520 000 florins, et en fit cadeau à la Galerie de Rotterdam.
Et soudain… étrangement, on assista à une véritable floraison de Vermeer inconnus.
De 1937 à 1940, on découvrit successivement un « Jacob bénissant Isaac », une « Cène », un « Christ aux outrages » puis, pendant la guerre, une « Lavandière » et un « Lavement des pieds ».
Vinrent ensuite une « Christ et la parabole de la femme adultère » que Goering, grand pilleur d’oeuvres art devant l’Eternel fit acheter pour 1’650’000 florins.
Pour que la vente puisse avoir lieu, le vendeur exigea que dix toiles de primitifs flamands volées par les nazis soient restituées aux musées qui en étaient propriétaires.
Il est clair que, pendant la guerre, les autorités avaient d’autres chats à fouetter.
Mais une fois celle-ci terminée, on se livra à une enquête.
Toutes ces oeuvres surgissant en même temps… c’était un peu étrange, avouons-le
L’enquête permit de découvrir que toutes ces toiles provenaient de la collection d’un modeste artisan-restaurateur d’art de Laren, Hans Van Meegeren.
Arrêté, il avoua non sans fierté qu’il était celui qui avait ridiculisé les experts et abusé Goering.
Pour prouver ses dires, il peignit sous la surveillance de deux experts et d’un policier un « Jésus enseignant dans le temple ».
Il avait réellement un talent immense…
Fasciné par cet artiste hors du commun dans tous les sens du terme, le tribunal ne le condamna qu’à un an de prison.
Mais, après deux semaines de réclusion, Hans mourut d’une crise cardiaque, le 31 octobre 1947.
Martine Bernier