Archive pour mars, 2011

Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière: l’interminable attente

21 mars, 2011

Je fais partie de ceux qui, chaque soir, à la fin des journaux télévisés, prennent un coup au coeur en regardant le rappel de la situation de  Stéphane Taponier (journaliste reporter d’image),  Hervé Ghesquière (journaliste rédacteur) et de leurs accompagnateurs enlevés en Afghanistan, il y a… 447 jours aujourd’hui. Ce rappel inclut également les autres otages français retenus à travers le monde.
447 jours…
C’est inhumain.
Pour eux comme pour leurs proches.
Les réactions, face à cette situation inacceptable sont souvent épidermiques.
Mais ne nous trompons pas de débat: j’ose imaginer que la discrétion quasi totale qui l’entoure ne fait que protéger le travail de ceux qui, dans l’ombre, travaillent à leur libération.
Les coupables ne sont pas ceux qui n’ont pas encore obtenu de résultats.

Sur le site de soutien aux deux journalistes et à leurs accompagnateurs, des pétitions circulent, des communiqués sont diffusés.
Sur le Net, des vidéos des otages sont visibles, tournées trois mois après leur enlèvement.
Et puis des textes sont diffusés, toujours sur le site de soutien.
Des poèmes, des textes poignants, et celui-ci:

« Selon un proverbe afghan, le premier jour d’une rencontre, on devient amis. Le deuxième jour, on devient frères. L’hospitalité serait l’une des valeurs fortes de cette civilisation. C’est ce que nous a expliqué, hier matin, Ebrahim Ningarhari, lui-même natif d’Afghanistan, au cours de son intervention à l’école Jules-Ferry de Marcq-en-Baroeul.C’est en abordant le sort des deux journalistes français retenus en otage en Afghanistan, que le quinquagénaire nous a fait part de cette tradition. « Tout ce que j’espère, c »est que les terroristes qui détiennent Stéphane Taponier, Hervé Ghesquière et leurs trois accompagnateurs honorent ce proverbe et les traitent dignement. ».

Nous espérons tous la même chose, en attendant leur retour.
Le peu que nous pouvons faire, faisons-le…
Signons les pétitions même si nous doutons de leur impact, parlons d’eux, d’eux tous qui sont retenus contre leur gré, ne les oublions pas.

Martine Bernier

http://www.soutienherveetstephane.org/ »>http://www.soutienherveetstephane.org/

Kim et la marchmichelle

20 mars, 2011

Le téléphone sonne.
Je décroche et j’entends:

- J’ai la marchmichelle…

Kim utilise parfois un langage qui n’est pas tout à fait identique au mien.
En général, cela ne nous pose pas de problème.
Là, en revanche, les choses se corsaient.

- Heu… la quoi, Kim?
- La marchmichelle… varmichelle…
- Oui oui… Est-ce que quelqu’un pourrait me dire ce qu’est la marchmichelle?? Sous-titrage, svp?

J’ai entendu la voix de Jee, sa maman, et de mon fils répondre en choeur:
-Il a la varicelle!

Me voilà en terrain nettement mieux connu:

- Oh.. Pauvre Kim…
- Ca satouille…

 Je me suis jointe au concert de paroles destinées à le réconforter, et ai essayé de l’orienter sur une autre conversation:

- Tu pourras quand même m’aider à déménager?
- Oui!
- Tu en as envie?
- Oui!
- Tu sais, Maman ne pourra pas venir, je crois, mais toi et moi resterons avec Pomme dans le nouvel appartement pendant que les hommes transporteront les meubles et les caisses, et nous mettrons les livres sur les bibliothèques. Comme il y en aura plus qu’avant, je vais pouvoir mettre les livres pour enfants à ta hauteur. Tu veux?
- Ouiiiiiii!!!!

Je sens que je vais apprécier ce déménagement.
Marmichelle ou pas.

Martine Bernier

 

 

 

 

 

 

Révolte chez les singes

19 mars, 2011

 Ils devaient en avoir assez de tous ces touristes venus les observer depuis leurs voitures, les singes du safari de Longleat Park, en Grande-Bretagne.
Quand on est singe, on ne parle pas.
Du moins pas comme un homme.
Il faut donc trouver d’autres moyens pour s’exprimer.

Des dizaines de scènes du site ont trouvé un mode d’expression particulièrement efficace.
Repérant une Mercedes laissée sans surveillance (bizarre, ça… Bizarre aussi que tout ait été filmé avec une telle précision), ils l’ont mise à sac, ont vidé une valise fixée sur le toit
Pas de quartiers: rétroviseurs, enjoliveurs, pneus, tout y est passé.
Les primates ont chipé des vêtements pliés dans la valise, les ont enfilés comme ils ont pu, ont entamé une partie de football avec un ballon, et ont tenté en vain de briser l’insigne Mercedes sur le capot.
En clair, ils se sont bien amusés.

Un peu gênés, les responsables du parc ont expliqué que « l’attaque a eu lieu car l’enclos des primates venait d’être réouvert au public après plusieurs semaines de rénovation. Excités de revoir du monde sur leur territoire, les singes en ont profité pour faire ce qu’ils savent. »

Ils auraient eu tort de s’en priver!
Cela dit, en voyant la vidéo, j’ai eu bien du mal à croire au scénario.

Martine Bernier 

Si la vidéo du méfait vous tente: http://www.bbc.co.uk/news/science-environment-12790084

Les soucis occidentaux

18 mars, 2011

Ce matin, je lisais que « le séisme au Japon menace la sortie de l’iPad2″.
Certains composants fabriqués sur place risquent de ne pas être fournis dans les temps.

Mais quelle horreur!
Ainsi donc, les accros à l’iPad vont devoir patienter??
Non!?
Et l’on nous explique la contrariété ressentie par les patrons de Mac et par les utilisateurs.
J’en suis restée sans voix.
Un séisme d’une extrême gravité, un tsunami, des milliers de morts, une menace nucléaire… et notre monde de surconsommation ose parler des retards de production qui vont retarder la sortie de produits dont l’utilité n’est franchement pas essentielle.
Quand parle Sainte Economie, le monde devient fou.

Le monde occidental est en ébulition depuis la catastrophe.
Au-delà de la compassion, la peur d’éventuels cataclysmes en tout genre fait dire tout et n’importe quoi, fait craindre des lendemains apocalyptiques.
Alors que rien ne nous est arrivé…
Là-bas, au Japon,  les Japonais restent d’un calme et d’une dignité exemplaires, vivant dans un présent de folie qu’ils tentent de maîtriser jour après jour, sans hystérie.
Même les enfants semblent posés.
Pourtant, quelle angoisse inouïe doit être la leur…
L’iPAd…
Il est des jours où l’actualité est indécente.
Martine Bernier

 

 

 

Albert Jacquard: le trésor humain

17 mars, 2011

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Avez-vous remarqué que les véritables artistes, tout comme les véritables grands hommes sont d’une modestie et d’une humilité frappantes?
Pas la fausse modestie de ceux qui ne doutent de rien et surtout pas d’eux-mêmes, mais qui tentent de donner le change.
Non… la modestie de ceux qui savent que devant l’infinité des choses à savoir, à connaître, à étudier, à réaliser, ils ne sont que peu de choses.
Quoi qu’ils aient fait et même s’ils sont supérieurement intelligents.
Comparez celui qui, fièrement, rend publiques les photos ratées de la semaine de vacances qu’il passe à l’étranger, convaincu de sa légitimité à en parler, persuadé de tout connaître du pays dont il n’a connu que l’accueil professionnel de ceux qui vivent du tourisme, et le photographe dont les clichés provoquent une émotion intense, mais qui reste incertain de la qualité de son travail, soucieux d’avoir réussi à capter un sentiment, une ambiance, l’âme d’un lieu.
Vous m’avez comprise…

J’ai eu la chance de rencontrer des personnalités célèbres qui m’ont marquée.
Les plus impressionnantes sont toujours les plus humbles.
Parmi elles, l’un de ceux qui m’ont le plus touchée est le généticien Albert Jacquard.
Un esprit rare, une intelligence éclatante, un humanisme exemplaire…
Ses engagements, sa longue carrière universitaire de chercheur, de professeur, ses passionnantes publications de vulgarisation, ses combats: cet homme semble avoir vécu dix vies.
Je l’ai rencontré à Lausanne, voici quelques années, alors qu’il allait donner une conférence à quelques kilomètres de là.
Le simple fait qu’il ait accepté cet entretien était un cadeau inespéré.
Le rendez-vous a eu lieu au Buffet de la Gare.
A l’époque, il venait de vivre un moment important dans sa vie: sa rencontre avec le leader palestinien Yasser Arafat, à Ramallah.
Il m’en a longuement parlé, les yeux brillants.
Entre eux, la magie avait opéré.
Albert Jacquard rend accessible sa pensée car il utilise un langage abordable, et ne reste jamais dans l’abstrait.
Quel que soit le sujet qu’il aborde, il capte l’attention, passionne, touche.
En l’écoutant, plus encore qu’en le lisant, j’ai eu la conscience absolue de rencontrer un être humain exceptionnel.
J’ai une profonde admiration pour cet homme.
Je n’avais pas envie de lui poser de questions.
Juste envie de l’écouter parler, encore et encore, de suivre le fil de sa pensée, de m’imprégner de son savoir, de ses mots, de sa sensibilité, de sa philosophie.

Aujourd’hui, je rêve toujours de pouvoir faire la même chose.
Me mettre dans un coin et l’écouter.

Martine Bernier

Couac pour les JO

16 mars, 2011

Ils ne sont pas contents, les organisateurs des Jeux olympiques de Londres de 2012.
Pas contents du tout, même.
Comme le veut la tradition, ils ont posé une belle horloge digitale de 6,5 mètres de haut pour marquer le compte à rebours avant les Jeux.
Et ils l’ont dévoilée lundi officiellement.
Manque de chance, mardi, la big pendule installée sur Trafalgar Square s’est arrêtée quelques heures après son inauguration.
Elle s’est figée à 500 jours, 7 heures, 6 minutes et 56 secondes du lancement des Jeux.
C’est bête.

Oui, ils ne sont pas contents, les organisateurs.
Et, à mon humble avis, les pontes d’Omega ne doivent pas l’être non plus.

Martine Bernier

Sébastien ou les 30 ans de mon Bébé Aîné

15 mars, 2011

Je reçois souvent du courrier me demandant pourquoi je parle aussi peu de ceux qui me sont très proches, à l’exception de Celui qui m’accompagne.
Aujourd’hui, je vais faire une légère entorse à la règle.

Est-ce un hasard?
Sans doute.
Ce matin, je me suis réveillée à 4h10.
Or, voici 30 ans jour pour jour, à 4h20, naissait mon Bébé Aîné, que j’ai appelé Sébastien.
Moi-même alors enfant de 21 ans, j’ai aussitôt fondu devant ce mignon petit bonhomme aux traits fins et au caractère facile.
Les années qui ont suivi ont confirmé ma première impression.
Bébé Aîné, toujours aussi mignon, est né doté d’un heureux caractère et, étonnamment, d’un humour à fleur de peau qui a fait son apparition avant même qu’il ne parle.
Sa faculté de rire de tous les détails croustillants de la vie, de trouver le côté cocasse de chaque chose et de partir dans des éclats de rire interminables était hilarante.
Il était un enfant facile, avec lequel je dialoguais beaucoup.
Son empathie, qui se manifestait à l’égard de tous ceux et celles qui semblaient mal en point, y compris les animaux, me touchait profondément.
Le voir, un matin, s’approcher de Benjie, ma chienne bearded-collie, qui avait été malade la veille, et lui demander: « Bonjour Ben, ça va mieux, aujourd’hui? Tu as moins mal au ventre? » donne le ton de ce qu’il était.

Bébé Aîné a grandi.

Aujourd’hui, le petit asticot de 3,300 kg est devenu un homme depuis un moment déjà.
Sa personnalité le rend sympathique, lui gagne l’affection de ceux qui l’entourent et lui a ouvert les portes d’une vie sentimentale, sociale et amicale riche.
Tout au long de ces années, il a réussi à m’impressionner.
Notamment en reprenant des études à l’âge ou bien d’autres les terminent.
Avec ténacité, il est arrivé à atteindre le but qu’il s’était fixé, jour après jour.
J’ai rarement vu quelqu’un travailler autant qu’il l’a fait pour assumer toutes les facettes de sa vie en même temps.

Ma relation avec mon Bébé Aîné est restée belle.
Nous nous voyons au fil des disponibilités de nos emplois du temps respectifs.
Et lorsque nous nous retrouvons seuls, nous alternons les discussions sérieuses avec des délires d’adolescents qui finissent dans des hoquets de rire.

Je n’aime pas tomber dans le travers de ceux qui bavent d’admiration devant leurs enfants.
Ils le savent tous les deux.
Mais ils savent aussi que je salue avec respect les êtres humains qui évoluent, qui corrigent les erreurs de trajectoire, qui vont au bout d’eux-mêmes.
Comme ils le font depuis quelques années.

30 ans…
Mince!
Il a fallu que Sébastien attende 30 ans pour qu’il découvre que quand je pense à lui, je l’appelle mon Bébé Aîné!

Martine Bernier

PS: A l’intention de Bébé Cadet: ton tour viendra dans 18 mois d’avoir les honneurs d’Ecriplume!

Il s’en va…

14 mars, 2011

Comme toujours, je me suis réveillée avant trois heures, heure à laquelle le réveil sonne pour signifier à Celui qui m’accompagne qu’il est l’heure de reprendre la route.
Il ne veut pas que je me lève.
Quelques minutes après qu’il se soit préparé, Il revient dans la chambre.
Avec la lumière du couloir, je distingue sa silhouette en contre-jour.
Il est si grand, a une telle carrure que l’encadrement de la porte est presque trop juste pour sa taille.
Il vient s’agenouiller au bord du lit pour m’embrasser avant de partir, me murmure qu’Il vient me chercher jeudi.
Ses gestes sont d’une douceur et d’une tendresse infinies.
La semaine sera plus courte que d’habitude, et pourtant si longue.
Il s’en va…
La porte se referme doucement, puis j’entends le bruit de la porte d’entrée, ses pas dans la nuit.
Pomme gémit.
Elle est comme moi, elle n’aime pas quand Il part.
Les portières qui claquent, le moteur qui se met en route, la voiture qui s’éloigne…
J’écoute longtemps le clapotis de la pluie.
J’ai le réflexe d’écouter les actualités, en pleine nuit.
Comment ne pas être horrifiée par ce qui se passe au Japon, en Libye…
Impossible de me rendormir.
Le jour se lève doucement.
C’est une journée claire, belle.
Le lac est paisible, bleu pâle.
Tellement de paix paraît impossible alors que de l’autre côté du monde, la vie s’écroule.
La semaine commence sans Lui.
Ce soir, lui qui a été longtemps caserné en Allemagne, me dit que je suis son « Heimat ».
Vous ne savez pas ce que cela veut dire?
Je l’ignorais aussi jusque là…
J’ai trouvé la définition sur Internet et j’en ai eu les larmes aux yeux.
Il me manque déjà.

Martine Bernier

Daumier, Steinlein et Toulouse-Lautrec à Evian: une merveille!

13 mars, 2011

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Trois grands artistes pour représenter la vie quotidienne de Paris au XIXe siècle, c’est le défi du Palais des Lumières d’Evian depuis le 5 février jusqu’au 8 mai prochain.
Celui qui m’accompagne et moi sommes allés visiter cette exposition ce dimanche et… nous nous sommes régalés.
Même si c’est le nom de Toulouse-Lautrec qui m »a attirée dans un premier temps, il faut reconnaître que la véritable vedette de l’événement est l’impertinent Daumier.
Honoré Daumier, (1808-1879) fut l’un des meilleurs caricaturistes européens, toutes époques confondues.
Ironique, précis, parfois cruel, courageux (l’un de ses dessins lui valu six mois de prison ferme), il croquait l’actualité politique et sociale, n’épargnait ni les noms célèbres, ni le simple quidam de la rue.
Il se moquait des bourgeois prétentieux, souriait avec les « petites gens », mettait en exergue les difficultés du peuple et raillait les petites misères des nantis à travers d’excellents dessins satiriques.
C’était fin, drôle, décapant.
Un bel artiste du genre, merveilleux sculpteur, de surcroît, à découvrir ou redécouvrir.
Et, pour nous servir de guides à travers ce Paris des débuts du french-cancan, Toulouse-Lautrec et Steinlen apportent un regard différent sur les lieux dont ils connaissaient chacun un aspect différent.

Des films d’autrefois viennent compléter la démarche, nous plongeant dans ce Paris aujourd’hui oublié.
L’exposition est passionnante, à ne pas manquer si vous en avez l’occasion.

Martine Bernier

Japon…

12 mars, 2011

Il m’est difficile d’écrire, aujourd’hui.
Trop bouleversée par les images dramatiques de ce nouveau tsunami, par ces milliers de personnes mortes ou disparues.

Voici quelques années, nous avions pour voisins un couple de Japonais.
La barrière de la langue nous empêchait d’échanger autant que nous l’aurions voulu, mais l’anglais nous permettait de communiquer.
Lui était professeur.
De chimie, je crois.
Elle était maman d’une petite fille.
Tous deux étaient heureux d’habiter en Suisse.
Elle me parlait de certaines choses qu’elle n’appréciait pas dans son pays.
Une pression professionnelle très dure, notamment.
Monsieur notre voisin était assez distrait, toujours à la limite d’être en retard, et, donc, toujours pressé.
Chaque matin, il se réveillait et faisait sa toilette au son d’un disque de musique classique.
Quand je l’entendais, je souriais.
Personne ne peut résister à ce genre de musique, quelles que soient nos origines…

Hier, avec Celui qui m’accompagne, nous regardions les images du Japon ravagé.
J’ai pensé à eux, à la souffrance indicible de ceux qui ont à affronter ce genre d’actualité.

Ce matin, en longeant le lac, je regardais ses eaux calmes, les cygnes qui semblent ne plus avoir ni cou ni tête lorsqu’ils pêchent.
J’étais triste.
Personne ne peut rester insensible à la douleur d’un peuple, quelles que soient nos origines.

Martine Bernier

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