Archive pour avril, 2011

Erhard Loretan a atteint son dernier sommet

30 avril, 2011

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Ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai appris le décès du talentueux alpiniste suisse, Erhard Loretan.
Mort en montagne.
Il est parti le 28 avril, le jour de son 52e anniversaire.
Et je fais partie de ceux que la nouvelle attriste.
Il était admiré pour ses exploits, aimé pour ses qualités humaines, sa sagesse.
Et parfaitement conscient du danger qui faisait partie de sa vie.

Le guide de montagne était proche des Diablerets où il avait des amis, et du FIFAD, Festival International du Film Alpin des Diablerets, auquel j’ai consacré un livre il y a deux ans.
Je l’avais interviewé dans le cadre de mon travail.
Et j’avais été frappée par cet homme qui était le troisième alpiniste a avoir gravi les quatorze sommets de plus de 8000 mètres.
Il en parlait avec simplicité et humilité, comme le font les gens de la montagne.
Il m’avait expliqué l’euphorie qu’il ressentait lorsqu’il se rapprochait du ciel, ce bien-être qui était alors le sien, la dimension quasi spirituelle qu’il vivait.
Il n’était jamais aussi heureux que là-haut.
Il m’avait raconté le manque d’oxygène, les dangers qui guettaient les alpinistes, la peur à chaque départ en montagne, la peur de la mort.
Je lui avais demandé pourquoi il continuait à grimper, à se mettre en danger.
Il m’avait répondu qu’il ne pouvait pas faire autrement.
La montagne était sa vie, sa passion, c’était ainsi.
Et puis, disait-il « c’est tellement beau, là-haut, vous ne pouvez pas imaginer. Nous sommes à la limite entre la vie et l’au-delà… ».

J’avais suivi ses conférences, vu ses photos, et j’avais eu un aperçu de cette beauté qui le fascinait.

Il avait connu des drames et des bonheurs, des amitiés d’hommes, solides et fidèles, des moments d’exaltation, de grands chagrins.
Un destin d’homme né pour aller toujours plus haut.
Il est parti dans ses montagnes Valaisannes, lui qui avait grimpé partout dans le monde.
La cliente qui l’accompagnait a été grièvement blessée.

Lorsque, pour les besoins du livre pour le FIFAD, j’ai effectué des recherches dans les archives, j’ai été marquée par le nombre d’alpinistes morts tragiquement.
J’espérais qu’Erhard Loretan n’ajouterait pas son nom à cette triste liste.

Martine Bernier

http://www.tsr.ch/video/info/journal-19h30/3111203-portrait-de-l-alpiniste-erhard-loretan.html#id=3111203

Kim et les bisons

29 avril, 2011

Tandis que la jolie Kate entamait son destin de princesse, Celui qui m’accompagne, ses parents, les chiens et moi sommes partis à Evian pour une journée douceur.
Sur place, il était évident qu’il nous fallait présenter mon fils cadet, sa compagne et Kim.
Kim, l’esprit toujours aussi vif, nous raconte mille choses, nous pose une foule de questions.
Il me montre une image:
- C’est un perroquet.
- Oui, un ara.
- Non, c’est un pe-rro-quet!
- Oui, mais c’est un ara.

Il me regarde, très interloqué.

-Je vais prendre un exemple. Regarde: Dandy et Pomme sont deux chiens. Mais ils un des races différentes. Dandy est un Yorkshire et Pomme un bichon.
- Pomme est un bison?
- Non, pas un bison: un bichon.
- Un bisson…
- Non, un bichon!

Au moment de partir, je l’embrasse et lui dit que nous nous retrouvons dans une semaine pour la crémaillère.
Il me glisse:
- Oui. Avec Pomme, le bison!

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et son larron

28 avril, 2011

Cette installation dans un nouvel appartement était l’occasion rêvée, pour Celui qui m’accompagne et moi, de proposer à ses parents de venir passer quelques jours chez nous.
Nous sommes donc partis en convoi depuis la France-Comté pour arriver sous le soleil valaisan.
Pour Pomme, l’aventure était d’autant plus excitante que, dans leurs bagages, nos invités amenaient avec eux Dandy, leur yorshire de bientôt trois ans.
Depuis qu’ils sont ensemble, le scénario est invariable.
Pomme suit Dandy où qu’il aille, et Dandy suit Pomme dès qu’elle fait mine de s’en désintéresser quelques secondes.
Nous assistons donc, en témoins privilégiés, à la complicité naissante entre une boule de mohair noir et une boule de soie beige et argent.
Inutile de préciser que, vus les moeurs canins de Dandy, nettement mieux élevé que les vachettes qu’elle avait l’habitude de fréquenter, Pomme apprend, à son contact, une foule de petites choses.
Elle contemple, par exemple avec admiration son compagnon se ruant sur son assiette pour en dévorer le contenu d’une traite, elle qui a pour habitude de prendre une croquette et de l’emmener dans son panier pour la mâchouiller à sa guise en rêvassant.
Alors que nous avions décidé de sortir, laissant nos deux chiens à l’appartement, ils nous ont forcés à changer d’avis lorsque nous avons entendu un concert d’aboiements, à peine étions-nous arrivés à la voiture.
Ils nous ont donc accompagnés…

Tout ce que fait Dandy passionne Pomme.
Tout ce que fait Pomme intéresse Dandy.
Dans le classement des intérêts de ma chienne, je passe désormais largement en deuxième position.

Martine Bernier

Les faux routards et les faux amis

27 avril, 2011

Il y a deux ans, alors que j’étais en Bretagne, je suis rentrée en contact, complètement par hasard, avec Laurent, un français d’origine bretonne, installé dans un pays d’Afrique du Nord où il a acheté un établissement touristique.
Nous sommes restés en contacts épisodiques et, peu avant mon dernier déménagement, nous avons eu une longue conversation qui m’a beaucoup intéressée.
Nous parlions de Florence où j’étais allée l’automne dernier, et  la conversation a glissé sur les vacances. 
En tant que professionnel du tourisme, il m’a ouvert les yeux sur un monde assez étonnant.
- La saison a commencé, pour toi?
- Tu sais, elle dure à peu près toute l’année! Nous recevons du monde quelle que soit la saison.
- Tu ne ‘en lasses pas?
- Non, j’aime mon métier. Par contre, avec le temps, tu finis par reconnaître les différents types de touristes que tu vas recevoir.

Il m’a détaillé les  catégories auxquelles je m’attendais un peu. Et a poursuivi:

- Et puis tu as ceux qui voyagent peu, qui habitent en Bretagne et qui, découvrant que j’y ai mes origines, se sentent obligés de m’apporter des spécialités locales bien  caloriques que je n’avale jamais, y compris lorsque je suis en France. Qui se sentent en famille parce que nous venons à peu près du même coin.
- Cela part d’une bonne intention!
- C’est vrai. C’est même sympathique à la base. La plupart sont attachants. Pas tous.
- Il existe des types de visiteurs que tu n »apprécies pas?
- Les prétentieux qui s »imaginent tout connaître d’un pays parce qu’ils y passent une semaine dans des conditions paradisiaques, ou qui se donnent une aura de routards parce  qu’ils font une visite guidée des souks.
- Hum.
- Les vrais grands voyageurs parlent peu de leurs voyages. Ils parcourent le monde pour aller à la rencontre des autres, pour comprendre les pays qu’ils visitent. Ceux qui se vantent le plus ne sont pas les plus intéressants. En général ils postent des commentaires élogieux sur leur séjour un peu partout, ce qui est plutôt positif, mais ne nous lâchent plus.
- Tu es dur.
- Tu sais, il ne faut pas confondre amitié et travail. L’hôtellerie est un milieu où la gentillesse et le sens de l’accueil sont deux des clés du succès. Si le client se sent bien, nous avons réussi notre mission. Il arrive, rarement, que des liens d’amitié se développent avec certains d’entre eux. Pas très souvent. Mais des personnes qui ont peu de vie sociale peuvent confondre amitié et amabilité.
- Que fais-tu dans ce cas-là? Après tout, une relation aimable peut déboucher sur de l’amitié?
- Oui, mais pas quand, par exemple, tu trouves antipathique la personne qui te fait face. Je reste cordial en posant des limites. Ce sont des clients qui peuvent potentiellement revenir et faire jouer le bouche-à-oreille. Il ne faut pas qu’ils ressentent mon malaise.
- Opportuniste par obligation?
- Pas vraiment. La plupart des gens savent que notre relation est cordiale, sympathique, mais éphémère, et qu’une fois qu’ils partent, ils sont remplacés par d’autres que nous accueillons de la même manière. C’est un métier de contact qui nous permet de rencontrer énormément de monde. Il faut juste arriver à ne pas se laisser dévorer par les envahisseurs!
- Et toi, quand tu as des vacances, où les passes-tu?
- Je retourne en Bretagne voir les miens. Mais j’ai un rêve de voyage, secret!
- Où les relations seront autentiques?
- Tu as tout compris…

Martine Bernier

 

La Joconde exhumée

26 avril, 2011

Dans la continuité des exhumations de dépouilles de personnalités du passé, c’est cette fois aux restes de Lisa Gherardini, morte en 1542, que les experts vont s’attaquer, à Florence.
Son nom ne vous dit rien?
Normal… elle était mieux connue sous le nom de Mona Lisa.
C’est dans le but de vérifier si c’est bien elle qui a servi de modèle à Léonard de Vinci, lorsqu’il a peint la Joconde, que l’historien d’art Silvano Vincenti a décidé de déterrer la douce Mona.

Comme il a déjà été écrit ici, l’Italien n’en est pas à son coup d’essai, lui qui a déjà fouillé les sépultures du peintre et sculpteur Giotto, du Caravage, de l’humaniste Pétrarque, et de Pic de la Mirandole.
Léonard de Vinci, lui, dort toujours en paix: le rêve de Silvano Vincenti d’identifier et d’étudier ses restes n’a pas encore été réalisé.

Et je me retrouve toujours devant le même malaise, les mêmes interrogations.
Violer une tombe n’est pas un acte anodin.
Mais Mona Lisa en a vu d’autres, me direz-vous, elle qui a laissé son nom à une variété de pommes de terre.

Martine Bernier

 

Actualité

25 avril, 2011

Le monde est un lieu sublime et terrifiant.
Des actes d’horreur y sont commis à chaque seconde.
L’actualité fait frémir.
Impossible d’ignorer la jeune fille violée, assassinée, dont le corps est découpé en morceaux.
Impossible de ne pas être effarés devant le quintuple meurtre de Nantes.
Comment un homme peut-il être capable d’une telle monstruosité?
Je m’interroge et pourtant je sais…
J’ai rencontré l’abject insensible à la souffrance qu’il engendre, au drame qu’il fait vivre.
Ces êtres qui passent pour de « braves gens » et dont les actes laissent leur entourage sidéré sont d’épouvantables manipulateurs sans conscience.
La romancière P.D. James écrivait que tous ceux qui souffrent unissaient leurs cris, ils feraient trembler les étoiles.

Je me demandais cette nuit: comment pouvons-nous vivre sereinement en ayant connaissance des drames qui secouent le monde.
Il nous reste l’amour comme frêle protection.
Toutes les sortes d’amour.
C’est peu, me direz-vous.
Pourtant, nous n’avons que lui auquel nous cramponner, auquel croire, pour nous protéger.
Martine Bernier

Le « pénis de titan » éclôt en Suisse

24 avril, 2011

Vous ne le saviez peut-être pas, mais l’une des plus grandes fleurs du monde s’appelle: « Le Pénis de Titan » ou arum géant
Oui, bon, je sais.
C’est un peu prétentieux.

Cette fleur tropicale haute de 1,5 à 3 mètres, dont le pistil est long de près de deux mètres, et qui possède une couronne violet pourpre a éclos… en Suisse!
Elle qui vit en temps normal en Indonésie, dans la forêt de Sumatra, s’est ouverte dans le jardin botanique de Bâle ce samedi.
Comme l’événement est rare, des milliers de personnes se sont rendues sur place pour y assister.

Seulement voilà.
L’Amorphophallus titanum a une autre particularité, en dehors de sa taille.
Dès qu’elle est en fleur, elle dégage une odeur de charogne.
Ces senteurs cadavériques, nous dit le Point, attirent les insectes qui la pollinisent.
La bonne nouvelle, c’est qu’une fois qu’elle a éclos, la fleur se fane en quelques jours, voire en une nuit, et qu’il lui faut ensuite trois ans pour recommencer.

Elle n’est pas franchement belle, sème une odeur pestilentielle, mais n’arrive à fleurir que dans des conditions d’humidité très particulières.
La gloire tient à peu de chose.

Martine Bernier

Nicolas Bedos: Mais???

23 avril, 2011

C’est en écoutant les dernières chroniques de Nicolas Bedos, que j’ai appris la nouvelle: l’émission de Franz-Olivier Giesbert « La semaine critique » va être arrêtée.
Exit aussi, donc, l’irrévérencieuse « semaine mythomane » du jeune Bedos.
Beaucoup estiment que l’émission passe à la trappe parce que la présidence n’a pas apprécié d’y être régulièrement malmenée.
Bouh, que c’est maladroit…

Du coup, le génial chroniqueur a décidé de se lâcher.
Ses deux dernières interventions étaient excellentes.
Et les prochaines s’annoncent fracassantes.

C’est jubilatoire, mais triste.
Car c’est l’un des meilleurs moments actuels de télévision qui va nous être retiré.

Je sais bien que Bedos nous reviendra d’une manière ou d’une autre.

Mais la censure… quelle plaie!

J’aime assez cette phrase de l’écrivain canadien Jean-Marie Poupart:
« Toute censure est stupide par essence puisqu’elle qualifie, précise, décuple les élans de la révolution qui la fera sauter. »

Martine Bernier

La peau de poulet extraterrestre

22 avril, 2011

La semaine dernière, le Net faisait ses choux gras de la découverte d’un corps d’alien trouvé en Russie.
Deux randonneurs russes de 18 et 19 ans, Timur Hilall et Kirill Vlasov, avaient expliqué l’avoir filmé dans une forêt de Sibérie.
La vidéo avait été postée sur YouTube, défrayant la chronique et captivant les internautes.
On y voyait un petit personnage bizarre, étendu dans la neige.
La nouvelle était d’autant plus intriguante que, voici environ un mois, des habitants d’Irhoustk, ville située non loin du lieu de la découverte du pseudo corps, assuraient avoir vu exploser un engin non identifié en plein vol.
Face à la vidéo, les experts, eux, étaient sceptiques.
Parmi eux, Alex Komanov, chercheur au Centre russe de recherches sur les Ovnis, avait déclaré qu’il trouvait étrange que la créature soit nue.
Des êtres aussi intelligents seraient au moins vêtus de quelque chose comme une combinaison spatiale, avait-il déclaré.

La police a donc continué à interroger les deux étudiants.
Qui ont fini par avouer qu’il s’agissait d’un canular.
Une perquisition chez l’un d’eux a permis de découvrir le « corps », réalisé en peau de poulet et en mie de pain.
Tss…
Pas bien, ça!
Coquinous, va!
Reste à savoir si les autorités russes ont de l’humour…

Martine Bernier

Vermeer, cet illustre inconnu

21 avril, 2011

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Un jour, Marcel Proust (1871 – 1922) écrivit « A la recherche du temps perdu ».
Dans ce livre, l’un des personnages, l’écrivain Bergotte, visite une exposition où est accrochée une toile de Vermeer « La vue de Delf », l’un des deux seuls paysages connus de l’artiste.
Le court passage consacré au tableau suffit à rebooster sa célébrité…

Nous savons peu de choses de Vermeer (1632 – 1675), si ce n’est qu’il était peintre, qu’il vécut à Delf et qu’il vivait dans la gêne.
A un point tel que sa veuve, après sa mort, a dû abandonner deux de ses peintures au boulanger pour acquitter la dette du ménage.

En vingt ans, Johannes Vermeer a peint environ 45 tableaux dont certains ont disparu.
Dans sa ville hollandaise, on disait de lui qu’il était un précurseur en matière de peinture, de pigments rares utilisés.
Avec une patience infinie, il réalisait des oeuvres aux couleurs si belles qu’elles semblent toujours accrocher la lumière.
Avec lui sont oubliées les broderies, les pierreries éclatantes des costumes.
Lui donne de la noblesse aux objets les plus modestes…
220pxjohannesvermeer16321675thegirlwiththepearlearring1665.jpgPourtant, tout son talent n’a pas empêché que Vermeer a été oublié pendant un siècle.
Aujourd’hui, il est reconnu comme étant l’un des grands maîtres de la peinture flamande, au même titre que Rembrandt.

Espérons pour eux que les descendants du boulanger ont eu le nez de conserver les toiles qui réglaient la dette de Mme Vermeer…

Martine Bernier

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