André-Paul Duchâteau: les dessous d’une interview magique
Je n’oublierai jamais ce moment…
Comme je n’oublie jamais les beaux événements de ma vie.
J’ai tendance à redouter les interviews téléphoniques, parce qu’il n’est pas possible de s’appuyer sur le regard, sur ces mille détails qui enrichissent le tête-à-tête direct, et que seule la voix sert de vecteur relationnel.
L’interview est donc plus délicate, risque de devenir plus froide, plus métallique, raison pour laquelle je la prépare avec plus de soin encore.
Celle d’aujourd’hui, je l’espérais depuis très longtemps.
J’avais sollicité une interview d’André-Paul Duchâteau, scénariste surdoué, notamment de la BD Ric Hochet, écrivain, journaliste, homme cultivé, d’une élégance absolue.
Je connais Ric Hochet depuis ma plus tendre enfance, en ai lu à peu près tous les albums et voue une tendresse particulière à ses auteurs, le très regretté Tibet et, donc, son complice Duchâteau.
Ric Hochet était mon compagnon de nuit d’insomnie et de journées de solitude, lorsque j’étais enfant, puis est devenu un vieil ami que j’ai toujours retrouvé avec bonheur, contaminant mes enfants au passage et leur transmettant le virus.
Je retrouve encore, en y pensant, le goût de ces moments précieux où je filais dans ma chambre avec un album sous le bras, à découvrir dans la solitude de ma chambre, avec délices.
J’ai toujours aimé les énigmes, les intrigues policières merveilleusement bien conçues, dénouées par le héros.
Si bien “ficelées” que, bien souvent, encore aujourd’hui, je ne trouve pas le coupable.
Alors que j’étais en contact avec la personne chargée du service de presse des éditions du Lombard, en Belgique, je lui ai fait part de mon souhait d’obtenir l’entretien en question.
En n’y croyant pas trop, je l’avoue.
Cet homme est un monument et doit avoir bien d’autres choses à faire que de se prêter au jeu de l’interview.
Hier, un coup de fil m’apportait la nouvelle: “demain, mercredi, dix heures, voici son numéro…”
Après plus de 25 ans de métier, je suis toujours sujette aux enthousiasmes, aux émotions… et j’en suis ravie!
En me glissant devant mon bloc pour préparer l’interview, je me suis dit: et pourquoi ne pas rester naturelle?
Pourquoi ne pas lui poser ces dizaines de questions que je rêve de lui poser depuis mon enfance? Pourquoi ne pas lui dire, peut-être, combien son ami dessinateur et lui ont compté dans ma vie?
Pourquoi ne pas privilégier le contact humain?
Cette rencontre, je l’attendais depuis si longtemps… pas question de passer à côté.
A 10 heures précise, je composais le numéro.
Il a fallu deux phrases pour que la magie opère.
J’aurais pu être déçue, lui aussi.
Au lieu de cela, nous avons vécu une heure et quart de grâce.
Une conversation à bâtons rompus au cours de laquelle il a levé le voile sur mes interrogations, m’a raconté des anecdotes, m’a permis de rentrer dans son histoire d’amitié, dans sa vie.
Il m’a parlé de lui, de Tibet, de leur travail, de son enfance, de ses livres, de ses projets…
Un homme passionnant, d’une classe, d’une courtoisie, d’une sensibilité et d’une spontanéité rendant l’instant magique.
Je n’ai pas connu très souvent cette sensation: le temps s’est arrêté.
Nous avons parlé, parlé… nous sommes découvert un ami dessinateur commun, mille points de connivence.
Lorsque j’ai terminé, il m’a demandé mes coordonnées et a souhaité que nous continuions à nous appeler de temps en temps et, à nous voir si j’avais la bonne idée de passer par la Belgique.
J’étais ravie…
Je lui ai dit que les portes de notre nid leur étaient grandes ouvertes, pour lui et à sa compagne.
J’ai eu du mal à raccrocher.
Je n’avais pas envie de le quitter.
Le texte de l’interview trouvera sa place sur trois de mes blogs, dont Ecriplume, dans les jours à venir.
Puis un autre paraîtra dans le Journal de l’Entraide Familiale Vaudoise.
J’ai rencontré un gentleman, passionnant et passionné.
Comme je le disais, dans la journée: Merci, Métier!!
Martine Bernier
Comme de nombreux gamins je me suis régalé de ses histoires ,j’ai encore quelques ‘Tintins’ des années 60 . Un détail qui m’a marqué,Ric Hochet porte toujours les mêmes vêtements et sur un dessin on le voit ouvrir son placard où sont rangés une dizaine de costumes identiques ,sur le coup cela m’a rassuré d’avoir la clé de l’énigme.
Ce que tu racontes est d’autant plus amusant qu’il m’en a parlé hier, lors de l’interview! Et c’est Tibet, son complice, qui avait introduit ce clin d’oeil dans les planches car Duchâteau n’aimait pas trop cette fameuse veste à mouchetures que Ric Hochet portait sans cesse. Tibet avait de l’humour!