Fête Dieu en canton catholique: cela donne ceci!
Il doit être environ 4 heures du matin.
Ceux qui n’ont jamais été réveillés en fanfare, dans le sens propre du terme, ne peuvent imaginer la sensation que cela apporte.
Un peu brutale.
En Suisse, c’est une des deux grandes traditions que je n’ai jamais réussi à intégrer, lors des jours de fête.
Les Helvètes saluent les grands jours par une diane de la fanfare, avant le lever du soleil.
Et tout le monde en profite!
Il fait nuit noire.
J’écoute la musique en me consolant à ma manière: les fanfarons ont dû se lever encore plus tôt pour être là à nous donner la sérénade!
Je compatis…
Les dernières notes égrenées, je me réassoupis.
A cinq heures, comme, j’imagine, les trois quarts de la population du village, je frôle l’infarctus.
La deuxième tradition a frappé.
Un énorme coup de canon a fait trembler la maison.
Mon premier réflexe est pour Pomme.
J’allume.
Dans son panier, elle me regarde, l’oeil torve, avec un message très clair au fond du regard:
« Quand je pense qu’on m’interdit de courir après les chats et que l’on me demande de baisser d’un ton lorsque j’aboie pour t’avertir d’un bruit dans la maison! Et on me réveille au canon!! Ils sont fous, ces humains!! »
La veille au soir, après avoir regardé un film tourné en Franche-Comté, je n’ai pas pu m’empêcher de refaire un tour par mon bureau.
Un orage énorme, une pluie battante et une belle tempête ont secoué la soirée.
Pomme, comme toujours, n’a pas eu peur.
Assise à côté de moi sur le balcon, elle a assisté au spectacle, subjuguée.
Une poignée heures plus tard, le canon… c’est beaucoup!
Je lui dis qu’elle peut se rendormir un peu…
Elle s’exécute en soupirant, mais c’est sans compter sur la ténacité des organisateurs de la journée.
Aujourd’hui, c’est fête et ils entendent bien le faire savoir!
A intervalles réguliers, le canon tonne jusqu’à six heures.
J’essaie de me rappeler de ce papier vert reçu la semaine dernière.
Une information communale informant la population sur le déroulement de la Fête-Dieu, le 23 juin.
Et le 23 juin… c’est aujourd’hui.
Je me lève, récupère le document et le relis.
La diane, les coups de canon, le rassemblement sur la place communale pour se rendre à la grand-messe, la procession, l’apéritif, les vêpres, la partie musicale, le re rassemblement, le re départ pour l’église, l’allocution du commandant de la parade…
Tout y est.
La population est conviée à participer, les militaires à sortir leurs uniformes, les enfants à enfiler leurs aubes pour ce qui est considéré comme la plus jolie fête de l’année.
Dès l’instant où j’ai gagné ma liberté de penser, c’est-à-dire après avoir quitté un environnement un peu trop catholique, j’ai fait mes adieux à l’Eglise pour entrer en amour pour les églises et le contact direct avec l’éventuel Grand Architecte, sans passer par des intermédiaires.
Mais je comprends évidemment les croyances de chacun et les fêtes qui les accompagnent.
D’autant qu’elles sont souvent pittoresques et belles, d’un pays à l’autre, j’ai eu l’occasion de m’en apercevoir.
En me glissant derrière mon clavier pour reprendre mon travail, je ne peux pas m’empêcher de penser: fête religieuse et canon… je n’ai pas le sentiment que cela va très bien ensemble.
J’aurais mieux compris les cloches sonnant à toute volée.
Celui qui m’accompagne, militaire et officier dans l’Armée française durant 35 ans, me précise que l’Eglise a toujours bien aimé l’armée.
Je me souviens des Croisades, de Charlemagne, de tous ces chefs de guerre très religieux.
Il a sans doute raison.
A 9 heures, les cloches sonnent, appelant les fidèles.
La fête continue, mais nettement plus discrètes dans la journée qu’à l’aube.
Martine Bernier
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