Archive pour juillet, 2011

De Chirico en cadeau

11 juillet, 2011

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Des cadeaux comme celui-ci, on aimerait en recevoir souvent!
Le Musée d’art moderne de la ville de Paris va hériter de 61 œuvres du peintre et sculpteur Giorgio de Chirico (1888-1978).
Comment cela, vous ne connaissez pas?
Mais si, voyons…
Cet artiste italien à l’univers si personnel, si énigmatique, dont une grande rétrospective au Musée d’Art Moderne avait fait couler beaucoup d’encre en 2008.
C’est le peintre de cette nationalité le plus connu du Xe siècle, novateur dans sa manière de peindre.
Tout ou presque est « anormal » dans ses oeuvres, depuis la couleur de ses ciels verts ou jaunes, à la disproportion des sujets en passant par les ombres interminables.
De Chirico ne se comprend pas, il se reçoit, se ressent.

Et bien figurez-vous que la Fondation Giorgio-et-Isa-de-Chirico a accepté de remettre à la ville 30 peintures, 20 dessins et 11 sculptures du peintre, conformément au testament de la veuve de l’artiste.
Il a fallu longtemps pour trouver un terrain d’entendre, mais un accord a été trouvé entre la municipalité et la Fondation.
Mais pourquoi les oeuvres d’un peintre italien sont-elles offertes à Paris, me direz-vous?
Parce qu’il y a vécu entre 1911 et 1915, et y a créé ses toiles « métaphysiques » pour lesquelles le Tout-Paris d’avant-garde avait eu un grand coup de coeur.
Apollinaire et Picasso avait aimé son travail, mais il avait ensuite été très décrié par ces surréalistes qui l’avaient adoré.

Qu’importe: il a suivi son chemin, a peint comme il l’entendait.
Et c’est tant mieux.

Martine Bernier

Franz-Olivier Giesbert: M. Le Président

10 juillet, 2011

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Quand Franz-Olivier Giesbert écrit une biographie, il n’est pas tendre.
Ce n’est d’ailleurs pas sa vocation, lui qui s’applique à rendre la réalité des faits… à travers le filtre de sa sensibilité.
Le livre qu’il a consacré à Nicolas Sakozy, « M. Le Président, Scènes de la vie politique 2005 – 2011), est à la fois réussi et dur.
Réussi parce qu’il se lit comme un roman.
Rien ne semble lui échapper, et surtout pas les travers du président.
Dur, justement, parce qu’il passe en revue, très méthodiquement, tout ce qui fait de Sarkozy un personnage controversé, raillé, parfois insupportable, caricatural.
En contrepartie, honnête, Giesbert fait également l’inventaire de ses qualités, de ses réussites, explique l’enfance mal vécue de ce président qui a un énorme besoin d’être aimé et reconnu.

Le livre est dérangeant, mais captivant.
Et puis, il y a la fin.
Un épilogue qui, pour moi, est la meilleure partie de l’ouvrage
Une réflexion sur la difficulté du travail de biographe et le récit d’un entretien entre les deux hommes, dans lequel Nicolas Sarkozy se livre.

Touchant.

Et puis… ces dernières phrases de l’auteur, lapidaires:

« Parfois il faut cinquante ans pour faire un homme. Parfois soixante
Nicolas Sarkosy n’est plus tout à fait le même.
Il a peut-être enfin commencé à se trouver.
Il est fait ; il est fini. »

Martine Bernier

« M. Le Président, scènes de la vie politique 2005 – 2011″, Franz-Olivier Giesbert, Editions de Noyelles. Disponible désormais aux Editions France Loisirs.

Balzac et l’Etrangère

9 juillet, 2011

S’il avait fallu choisir un écrivain doté de suffisamment d’imagination et de ténacité pour écrire la vie incroyable d’Honoré de Balzac (1799 – 1850) c’eut été… Balzac lui-même.
Comme les personnages de ses histoires, et comme son père le fut avant lui, il a été le modèle le plus pur du héros balzacien: assoiffé de considération sociale et obsédé par sa quête matérielle.
Tout dans sa vie est étonnant, y compris la vie de son propre père, onzième enfant d’une famille pauvre de paysan du Tarn.
Ce père n’avait pas de particule.
Il s’appelait simplement Bernard François Balssa.
Parti à pied pour Paris où il voulait faire fortune, il s’est retrouvé à Tours où il devint adjoint au maire et administrateur de l’hospice.
Une notabilité locale qui l’a poussé à transformé son nom en Balzac, un nom auquel il ajoutait de temps en temps le petit « de ».

Plus tard, son fils Honoré adoptera définitivement la particule hasardeuse.
A 53 ans, Bernard François épouse la jeune et jolie Laure Salambier qui a 32 ans de moins que lui, dont il aura quatre enfants.
Le 20 mai, jour de la St Honoré, naquit un fils baptisé du nom de ce saint.
Placé en nourrice dès sa naissance, puis mis en pension au collège du Vendôme, il se sentira abandonné.
D’autant que, dans cette véritable prison dans laquelle il passera huit ans, ses parents ne lui rendront visite que trois fois.
Plus tard, il écrira qu’il n’a jamais eu de mère.
Est-ce un hasard si, à 22 ans, son première amour s’appelle Laure comme sa mère?
Une mère de famille de sept enfants, âgée de 45 ans…

La vie sentimentale d’Honoré sera souvent malheureuse.
Lorsqu’il commence à connaître la gloire, il s’éprend de la Marquise de Castries qui va s’appliquer à humilier publiquement ce « petit parvenu prétentieux ».
Il va ensuite conquérir la Duchesse d’Abrantes (encore une Laure!), veuve déjà âgée du général Junot.
« Délabrée », disent les amis du jeune homme.
Peut-être, oui, mais elle a connu Bonaparte: le jeune écrivain l’écouterait parler durant des heures.

En 1832, Balzac reçoit une lettre anonyme signée « L’Etrangère ».
Cette missive va transformer sa vie.
Il découvre rapidement l’identité de cette admiratrice: c’est une richissime Comtesse polonaise, Eva Hanska, de 24 ans son aînée.
Elle s’ennuie à périr en Ukraine où elle est propriétaire de 22 000 hectares, règne sur 40 000 âmes et mène un bataillon de 2000 domestiques.

Ils se rencontrent pour la première fois en Suisse et tombent amoureux immédiatement.
Durant 43 jours, les amants vont vivre un bonheur absolu.
Mais le mariage est impossible: la belle est déjà mariée.
Ils doivent donc se séparer, mais pas avant que Balzac lui ait fait promettre de l’épouser lorsque mourra son vieux mari.
Il leur faudra attendre dix ans: le vieux mari était solide.
Enfin, le 5 janvier 1842, Eva est veuve, libre, riche et joyeuse!
Balzac, fou de bonheur, prévoit d’épouser son amour… et par la même occasion de régler ses créanciers.

Mais au moment décisif, Eva hésite, tergiverse… et s’enfuit.
Elle refuse de lier son existence à celle d’un petit bourgeois peu raffiné, malade et couvert de dettes.
Histoire terminée?
Non.
Pendant sept ans, ils vont continuer à s’écrire, à se voir dans toute l’Europe.
La santé d’Honoré décline.
A tel point qu’Eva ne se sent plus la force de se refuser à celui dont la fin est si proche.
Le 14 mars 1850, 18 ans après la première lettre de l’Etrangère, ils se marient en Ukraine.
Le jeune marié revient à Paris, sa Comtesse à son bras.
Il ne lui reste plus que cinq mois à vivre.
Balzac disparaîtra alors qu’il pensait avoir enfin gagné le droit d’être heureux…

Martine Bernier

Nuit d’orage

8 juillet, 2011

Il avait fait extrêmement chaud toute la journée.
La soirée s’annonçait lourde… et longue!
La dernière soirée avant l’arrivée de Celui qui m’accompagne, avec lequel je resterai pendant près de deux mois.

Je n’ai éteint la lumière que vers minuit, incapable de me séparer d’un livre qui me captive en ce moment.
Dix minutes plus tard, j’ai rallumé.
Un vent d’une violence étonnante s’était levé.
Pomme regardait la porte de la chambre avec inquiétude.
J’avais laissé quelques fenêtre entrebâillées, et le vent hurlait à la fois en dehors et dans l’appartement.
J’ai été refermer les fenêtres.
Dehors, les arbres ployaient sous le souffle, mais il ne pleuvait pas.

Retour à la case départ et extinction des feux.
Mais le vent soufflait toujours depuis l’intérieur!
L’appartement est grand… j’en ai refait le tour pour constater que j’avais oublié une fenêtre.
Un coup d’oeil à l’extérieur m’a appris que, cette fois, il pleuvait à torrents.

J’ai regardé Pomme qui m’attendait, assise dans son panier: « C’est bon, cette fois, j’ai tout fermé. Tu peux dormir! »

Ré extinction des feux.
Une demi-heure plus tard, un énorme coup de tonnerre m’a réveillée en sursaut.
Pomme, qui n’a toujours pas peur de l’orage, a eu droit au même réveil.
La tempête se déchaînait à tel point que la maison semblait trembler.

Cette fois, je n’ai pas pu résister, il fallait que j’aille voir de plus près.
Depuis mon bureau, porte-fenêtre ouverte, j’ai profité d’un spectacle magnifique.
Des trombes d’eau, un vent à décorner les boeufs, et un orage somptueux!
Dans mes bras, Pomme regardait avec un intérêt passionné.
Oui, je sais, mon chien est aussi fou que moi!
Nous avons passé une grande partie de la nuit à suivre l’évolution de la tempête dont le bruit était presque assourdissant.

Au petit matin, le paysage était à peine humide, et la chaleur était revenue.
Seul signe d’une nuit mouvementée: trois jardinières de géraniums appartenant à mon voisin, étaient tombées du premier étage pour atterrir dans le jardin.
Il me les montrait, navré, me rappelant que, à peine dix jours plus tôt, une autre de ses suspensions avait subi le même sort.

Je suis allée inspecter nos « Jardins Suspendus ».
Celui qui m’accompagne les a solidement arrimés;
Aucun dégât, pas même une tomate décrochée ou une corolle arrachée…

Je me suis remise à mon clavier.
Il me reste des articles à écrire avant l’arrivée de mon capitaine.
La journée va sembler longue.
A moins qu’un petit orage ne vienne l’écourter?

C’est du moins ce que je pensais ce matin.
C’était sans compter la surprise que m’a faite Celui qui m’accompagne, en arrivant beaucoup plus tôt que prévu.
Joli vendredi!

Martine Bernier

Le mystérieux quatuor Loffler

6 juillet, 2011

Parmi les sujets que j’ai traités pour les besoins de mon travail au cours de ces 25 dernières années, il en est un que je n’oublierai jamais.
Celui de la très mystérieuse famille Loffler dont l’histoire a aujourd’hui rejoint la légende à Cergnat, non loin de Leysin, station des Alpes vaudoises (Suisse).
Le récit m’avait été raconté à l’époque par un ami syndic (traduisez « maire » si vous n’êtes pas Suisse!).

En 2002, pour les besoins de l’article que j’ai eu envie de consacrer à ce père et à ses trois filles, il m’avait permis d’entrer dans la maison de la famille, une maison encore très imprégnée par la personnalité des locataires décédés.
Une demeure refermée sur leurs secrets…

Les araignées avaient tissé leurs toiles sur la boîte aux lettres de la maison qu’habitait autrefois le Quatuor Löffler.
Depuis le décès de Maria, la dernière survivante de la famille, elles étaient les seules locataires du bâtiment abandonné.
Rares sont ceux qui se souviennent du destin de cette famille, composée d’un père compositeur-interprète et de ses trois filles musiciennes, arrivés de Leipzig, en Allemagne, pendant la dernière guerre.
Dans la Vallée des Ormonts, beaucoup les croyaient réfugiés, d’origine juive.
Vérification faite auprès de l’administration communale, Max, Johanna, Susanna et Maria, ont dès le début été enregistrés sous le statut d’artistes et non de réfugiés.
Le brigadier de police, qui connaissait la famille depuis plus de vingt ans, a été nommé liquidateur testamentaire.
C’est lui qui m’a appris que les Löffler, contrairement à ce qui a été dit, n’avaient pas fui l’Allemagne parce qu’ils étaient en danger.
Dès qu’ils ont perçu la montée du nazisme, ils sont partis pour retrouver ailleurs la quiétude qui leur était nécessaire pour travailler.

Avant la guerre, le quatuor s’embarque donc pour les Etats-Unis.
N’y trouvant pas la sérénité recherchée, il rentre en Allemagne au bout de quelques mois.
Puis il repart pour la Suisse, définitivement, cette fois.
Les autorités communales de l’époque leur proposent de s’installer dans l’ancien collège de Cergnat.
Une bâtisse froide, mais tranquille, dans laquelle la famille retrouve la paix.
Lorsque j’ai visité la maison, construite sur la faille de la Frasse, une faille naturelle qui rend le terrain instable, elle était très abîmée.
De guingois, les murs étaient lézardés, endommagés par des infiltrations d’eau.
Le bâtiment, irrécupérable, était condamné à la destruction.
Partout, dans la maison vide de ses habitants, les pianos, clavecins, et autres partitions témoignaient du passé glorieux de cette famille de brillants musiciens.

Parmi les nombreuses photos, aucune trace de la femme de Max Löffler, semble-t-il décédée très jeune.
Rien… pas un signe.
Comme si elle n’avait jamais existé.
Aucune des trois demoiselles ne s’est mariée.
Vouées à la musique, elles chantaient et jouaient de nombreux instruments: violon, violoncelle, guitare, cithare, cuivres.
Du temps de leur splendeur, elles ont joué aux côtés de leur père dans le monde entier, dans les lieux les plus prestigieux, jusqu’à la Cour de la Reine Mère d’Angleterre.
Mais jamais, leur musique n’a été enregistrée ou gravée sur disque.

Dans les Ormonts, la mystérieuse famille vivait retirée, alimentant sans le vouloir les fantasmes les plus farfelus.
Certains affirmaient qu’à leur arrivée en Suisse, les Löffler auraient coulé de l’or dans un de leurs instruments, un cor de chasse.

En fait, ils vivaient chichement.
Ils menaient une vie spirituelle intense, collectionnaient les timbres dans de vieilles enveloppes, stockaient d’énormes sacs de graines pour nourrir les oiseaux, offraient des bouquets aux familles des communiants, et donnaient des leçons de musique à l’école.
Seule Maria parlait français et possédait un permis de conduire.
En 1961, le patriarche décède.
Aucune de ses filles ne l’avait jamais quitté.

Les trois soeurs, amies de Yehudi Menuhin, poursuivent alors une existence retirée et cultivée.
Susanna meurt à son tour en 1976, puis Johanna en 1994, dans une clinique de Leysin où sa soeur, Maria, est elle même décédée en 2000.
Tous ont été enterrés dans le paisible cimetière de Cergnat.
Quand je me suis rendue dans leur maison, ne restaient dans la demeure endormie que des instruments désormais muets, et des cascades de souvenirs accrochés à des photos jaunies.

De leur vivant, Max, Johanna, Susanna et Maria Löffler avaient rêvé de se voir un jour consacrer un musée.
Sans doute est-ce pour cela qu’ils ont fait de la commune d’Ormont-Dessous leur légataire, tandis que celle-ci promettait en contrepartie de continuer à s’occuper de leurs tombes.
Avant de se débarrasser des partitions moisies par l’humidité, la Commune vérifiera que les compositions de Max Löffler ont bien été enregistrées auprès d’une Société d’Auteurs et Compositeurs.

J’ai cru que l’histoire s’arrêterait là et que je resterais simplement avec la très étrange impression ressentie dans la maison.

En 2002, mon article a donc été publié.
Quelques jours plus tard, j’ai reçu une lettre à laquelle était jointe une photo noir-blanc, jaunie.
Celle d’une petite fille d’environ deux ans et d’une dame.
La personne qui m’écrivait m’expliquait qu’elle avait la preuve que l’une des filles Löffler a eu une fille.
Pas de père à l’horizon, mais elle savait que l’enfant avait vécu car elle s’en était occupée.
Un pasteur de la région m’a confirmé l’information.
Mais personne dans la région ne se souvient d’avoir jamais vu cette petite fille.
Parmi les très rares personnes qui m’ont confirmé son existence, tout le monde était assez mal à l’aise.
Les demoiselles Löffler ne fréquentaient pas de messieurs, et personne ne savait ce qu’était devenu l’enfant.
Mon enquête m’a menée jusqu’en Allemagne, chez une lointaine cousine, où j’ai perdu la trace de l’enfant.

Dans le petit cimetière paisible de Cergnat, les quatre musiciens dorment en paix, sans avoir rien révélé de leurs secrets.

Martine Bernier

Facebook: le pire et le meilleur

5 juillet, 2011

Le même jour, j’ai été confrontée, sur Facebook, au pire et au meilleur.
Ce matin, une demande de contact m’attendait.
Comme elles sont nombreuses et proviennent souvent de personnes qui lisent Ecriplume, je ne me suis pas inquiétée de ne pas connaître la personne en question.
J’ai été nettement plus méfiante lorsque j’ai réalisé que cet homme n’avait aucun autre contact en dehors de moi.
En un instant, il était rayé de la liste qu’il venait d’intégrer.
Quelques minutes plus tard, une autre personne me faisait la même demande.
En prenant contact avec elle, j’ai compris qu’elle avait vu mon nom dans la liste de cet homme qui lui a joué un tour pendable dans le passé.
La photo du personnage sert de paravent à des escrocs Africains qui soutirent de l’argent aux femmes qui se laissent prendre à leur jeu.
Ca a été le cas pour cette dame qui, depuis, remue ciel et terre pour mettre fin aux agissements de ces néfastes du Net.
Je ne lui ai pas dit, mais pour moi, ce genre d’énergumènes n’est pas le pire.
On les repère de loin.
J’en connais d’autres dans un autre registre, nettement plus dangereux sous leurs airs angéliques.

Voilà pour le pire.

Le meilleur est arrivé peu après.
Comme je le fais régulièrement, j’ai mis une phrase que j’aime bien sur mon « Mur ».
« La vie est courte… mais elle est large! ».
S’en est suivi une conversation qui a commencé par ce message:
« Elle est courte….. Bon, tout est relatif, que dire de l’éphémère qui vit un jour, la cigale dont la larve dort pendant 15 ans et lorsqu’elle devient adulte et ailée, elle a une semaine pour vivre sa vie. La vie dure ce qu’elle dure et c’est nous qui pouvons la faire large. Lorsque je demandai à mon père pourquoi nous ne vivions pas mille ans, il me répondit « parce que si l’homme vivait aussi longtemps, il ferrait tellement de désastre que l’humain dans son entièreté n’existerait plus. »  »

Plusieurs intervenants et un échange dans le même ton.
C’est très souvent ce que j’ai la chance de vivre dans cet espace virtuel où j’ai rencontré pas mal de gens bien.
Quand Facebook commence à avoir une âme, grâce à ceux qui l’animent, il ressemble à un quartier où les habitants viennent s’asseoir à une terrasse fleurie, sous une tonnelle où court une glycine, ou sous un cerisier en fleurs.
C’est ainsi que je « vois » mon quartier FB, enrichi par la présence de celles et ceux qui viennent y poser une phrase, un rire, une pensée.
J’apprécie…

Martine

Franz Liszt

4 juillet, 2011

Il y a ce que l’on sait des personnages célèbres, et ce que l’on sait moins.
De Franz Liszt, personne n’ignore qu’il a été le pianiste le plus important du XIXe siècle.
Il a appris le piano avec son père avant de poursuivre ses études à Vienne, puis est parti à Paris de 1823 à 1835, où il a rencontré Hector Berlioz, Victor Hugo, Frédéric Chopin, Alphonse de Lamartine…
De sa liaison avec la comtesse Marie d’Agoult (aussi connue sous son nom de plume, Daniel Stern), naitront trois enfants.
Leur fille Cosima épousera plus tard Richard Wagner.
Compositeur, pianiste, chef d’orchestre: Franz Liszt a marqué le monde artistique.

Cette partie là, tout le monde la connaît.

Et puis il y a l’autre, parsemée d’anecdotes.
Comme celle-ci:

Liszt a formé des centaines d’élèves.
Un jour, une jeune fille lui rend visite.
Honteuse, elle avoue qu’elle a prétendu être son élève dans le but de voir des portes s’ouvrir devant elle, alors qu’elle ne l’a jamais été.
Le pianiste, qu’elle admire, lui demande d’interpréter pour lui quelques partitions qu’il a écrites.
Il secoue la tête de temps en temps, grimace légèrement.
Lorsqu’elle a terminé, il l’embrasse sur la joue et lui dit:
« Désormais, vous pourrez dire que vous avez été l’élève de Franz Liszt. »

Vous avez dit « la classe »?

Martine Bernier

Bichon havanais: Pomme et le toilettage maison

3 juillet, 2011

J’ai tendance à être matinale.
Ce dimanche matin, à pas de loup, tandis que Celui qui m’accompagne tentait de récupérer ses heures de sommeil en retard, j’ai expliqué à Pomme que nous allions procéder à son toilettage mensuel.
Sa petite bouille ronde est à nouveau totalement hirsute: il était temps de lui redonner la possibilité de voir ce qui se passe autour d’elle.
Les séances de toilettage maison ne se déroule pas exactement comme celles « officielles » des salons reconnus.
Première étape: préparation du matériel.
Ciseaux, brosse à poils mi-durs, peigne, brosse spécial chien, récompense, sac poubelle, et frontline pour terminer la séance en appliquant le produit anti parasites.
Ensuite, je m’installe dans… un confortable fauteuil.
Oui, je sais, ce n’est pas sérieux.
C’est ainsi.
Troisième étape: je donne le signal.

- Pomme? Hop!

Mon bichon qui, comme d’habitude, me suit pas à pas, connait l’indication.
Elle sait que, dans notre langage, « hop » veut dire: veux-tu bien avoir la bonté de venir sur mes genoux pour que nous puissions avoir un entretien privé?
Un bond gracieux de gazelle de poche et voilà la demoiselle installée sur mes genoux, me regardant à travers un rideau de poils, d’un air interrogateur.
Je lui retire son collier et commence l’opération en lui offrant une récompense, histoire de la mettre de bonne humeur.
Puis je sors la brosse et je commence le toilettage.
Comme de bien entendu, elle n’apprécie pas.
Mais elle reste stoïque, se contentant de se détourner dès que la séance l’agace trop.
Vient le moment délicat d’égaliser « sa frange ».
Dès qu’elle voit que je veux saisir les poils qui lui couvrent les yeux, elle tire la tête en arrière, ouvrant la gueule toute grande comme si elle voulait avaler la paire de ciseaux.
Après quelques tentatives infructueuses, j’attrape mon Mogwaï et le prend dans le creux de mon bras, comme un bébé.
Elle adore cela, se laisse aller et me regarde attentivement.
Elle sait que c’est la position des conversations intimes.

- Pomme Première du Nom, écoute. Tu m’agaces. Tu dois te laisser faire ou je risque de te blesser. Et il n’est pas question que je te laisse filer sans avoir fait ce que je dois faire. Tu as compris?

Elle me contemple gravement.
Mon visage est à quelques centimètres du sien.
Et là…
Cette petite boule de poils parfaitement craquante au solide caractère lève sa patte avant gauche et… la pose sur ma bouche.
Cela peut vouloir dire trois choses:
- Soit c’est un geste réflexe
- Soit les sons qui sortent de ma bouche l’intriguent
- Soit elle me dit à sa façon: « Tais-toi, tu m’énerves. »

Comme de bien entendu, j’ai fondu.
Au sens figuré du terme, malheureusement.
Je l’ai regardée trois secondes et je lui ai fait le câlin du siècle.
Elle, elle riait aux éclats, me tapant sur la tête pour que je cesse de la chatouiller.
Quand ce moment de complicité a été terminé, je l’ai remise en position normale.

- Bon, on peut y aller, maintenant?

Elle n’a plus bougé une oreille.

Martine Bernier

J’y pense…

2 juillet, 2011

Dans les salles d’attente des spécialistes, vous faites toujours des rencontres surprenantes.
Il y a environ deux mois, lors de mon premier rendez-vous avec l’un des « miens », j’ai retrouvé un homme que je ne m’attendais pas du tout à voir là.
Nos deux médecins font salle d’attente commune à l’hôpital.
Il était là qui attendait, nerveusement.
A l’époque où je suis arrivée en Suisse, il habitait dans le village où j’ai longtemps vécu.
Nous fréquentions les mêmes personnes.
Sans être proches, nous nous croisions souvent: le village n’était pas New-York.

Ce jour-là, à l’hôpital, il avait envie ou besoin de parler.
Cela faisait des années que je ne l’avais pas vu.
Agé de quatre ou cinq ans de plus que moi, il avait à peine changé, à peine vieilli.
Il m’a expliqué avoir été opéré deux fois d’un cancer ces derniers mois.
La dernière opération avait réussi, m’a-t-il expliqué.
Il était appareillé, mais tout allait bien.
Et là, il était très énervé par le retard de son docteur.
Notre conversation a duré le temps de l’attente: une bonne demi-heure.
Puis il a suivi son médecin.

Cette semaine, j’ai appris qu’il était décédé.
Si je ne l’avais pas revu, cette nouvelle ne m’aurait sans doute pas vraiment touchée.
Là, j’ai eu un choc.
Il semblait aller bien.
Son médecin ne lui a-t-il pas tout dit sur la gravité de son état?
Il avait le projet de refaire du sport, lui qui a toujours été un grand sportif.
Il n’a pas su qu’il partait.
En tout cas, il ne se sentait pas plus mal lorsque nous nous sommes parlé.

Dans les hôpitaux, dans certaines salles d’attente, chacun flirte avec le double mystère de la guérison et de la mort.
Et même si la conscience d’un départ en obsède certains, la plupart ne peut même pas l’envisager.
Même malade, un être humain vivant est trop plongé dans la vie pour imaginer qu’il peut disparaître aussi vite.

Pour moi, la perspective n’est pas effrayante.
Pour lui, je ne sais pas.
Il était moins paisible, plus fébrile lorsque je l’ai revu.

Un jour vous êtes là, le lendemain vous ne l’êtes plus.
Ne reste de vous que le souvenir que vous avez laissé, le bien comme le mal, l’indifférence, la sympathie ou l’antipathie, l’amour, parfois la haine que vous avez suscités, selon le personnage que vous avez été.

C’est une réflexion intéressante qui nous ramène à notre dimension réelle.

Martine Bernier

La petite histoire de Kipling

1 juillet, 2011

Rudyard Kipling, tout le monde le connaît.
Le Livre de la Jungle reste l’une de ses oeuvres majeures que chacun a découvert d’une façon ou d’une autre durant son existence.
Kipling n’était pas qu’un grand écrivain.
C’était aussi un pince-sans-rire et une personnalité riche, comme en témoignent certaines anecdotes.
J’en ai choisi trois parmi celles qui me touchent ou m’amusent le plus.

Kipling donna un jour un paquet de feuilles rassemblées dans une enveloppe à la nurse qui s’occupait de Joséphine, sa fille.
Il lui dit: « Gardez précieusement ce manuscrit. Et vendez-le lorsque vous aurez besoin d’argent. »
Quelques années plus tard, la gouvernante a suivi son conseil.
C’était le manuscrit original du « Livre de la Jungle ».

Un jour où il lisait un journal, l’écrivain découvre une annonce étonnante dans la rubrique nécrologique.
Il prend aussitôt sa plume et écrit au directeur:
Je viens d’apprendre ma propre mort en lisant votre journal. Merci de ne pas oublier de me radier de votre liste d’abonnés. »

Un magazine calcula un jour, alors que Kipling était en pleine gloire, qu’il gagnait un dollar par mot écrit.
L’un de ses fidèles admirateurs, qui essayait d’obtenir en vain un autographe, lui écrit alors ceci:
« J’ai lu que vous gagnez un dollar par mot. Voici un chèque d’un dollar, merci de m’envoyer un échantillon. »
Kipling renvoya un courrier, sans le chèque avec un simple mot: « Merci ».

Martine Bernier

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