Archive pour septembre, 2011

Bichon Havanais: Pomme et le vendredi

30 septembre, 2011

Pour le cas où j’aurais oublié que nous sommes vendredi, Pomme se charge de me le rappeler, chaque semaine.
Notez… c’est un peu ma faute.
Dès que j’ouvre les yeux et que je lui dis bonjour, je rajoute: « Il revient aujourd’hui! »
Pomme sait donc que nous entrons dans le jour du Grand Retour.

La matinée se passe plus ou moins normalement.
A ceci près que, dès que nous sortons, elle fonce comme un bolide là où devrait être garée la voiture de Celui qui m’accompagne.
Puis elle va inspecter minutieusement le garage pour le cas où il y serait caché, et revient, la mine déconfite.

C’est en début d’après-midi que son comportement change vraiment.
Elle ne quitte plus la terrasse, se hissant sur ses pattes arrières pour tenter de distinguer la route, fait les cent pas, que dis-je: les 100’000 pas en aller-retour lui permettant de surveiller les points stratégiques de la maison.
A la moindre portière qui claque ou voiture qui passe, elle aboie, court vers la porte, puis vers moi.
Si je lui dis qu’il est trop tôt, elle me pousse à aller dans la cuisine vérifier, par la fenêtre, qu’Il n’est pas encore là.
Son manège dure jusqu’à ce que l’arrivée de Celui que j’attends, ou plutôt que NOUS attendons, vienne la délivrer de son attente.

Etrangement, par recoupements, j’ai réalisé, avec le temps, qu’elle commence à devenir surexcitée environ deux heures avant qu’il n’arrive.
Or, il lui faut à peu près deux heures pour me rejoindre.
Coïncidence?
Peut-être, même si je sais que des études ont démontré que certains chiens commençaient à se réjouir au moment même où leur maître prenait le chemin du retour après une absence.
L’attitude de mon Mogwaï m’intrigue.
Elle semble reliée à nous par un fil subtil…
L’attachement est un mystère.

Martine Bernier

Paris-Plages? Pas nouveau.

29 septembre, 2011

Connaissez-vous la petite histoire qui se cache derrière
En 2002, la ville de Paris a lancé son opération Paris-Plages qui transforme les quais de la Seine en bord de mer durant un mois.
La plage à portée de ceux qui ne partent pas en vacances…
La même année, la mairie de Paris déposait l’appellation Paris-Plages, histoire de pouvoir l’utiliser commercialement.
Seulement voilà…
Depuis 1882, il existait une station balnéaire dans le Pas-de-Calais appelée Le Touquet-Paris-Plage.
Elle utilisait joyeusement la marque Paris-Plage à des fins commerciales, ce qui ne faisait pas plaisir du tout à Paris.
Entre gens de bonne compagnie, le procès a pu être évité de justesse…
Un accord à l’amiable a été conclu: la ville du Touquet continuerait à employer le terme « Paris-Plage » (sans s) dans sa politique de communications.
Mais Paris et uniquement Paris utiliserait la marque commercialement.
Non mais!!

Quel est ce petit coin de pays qui vient se mesurer à la grande capitale, mmmm?
Ils ont osé… j’adore.

Martine Bernier

Quand un jeu d’enfant finit mal

28 septembre, 2011

Lorsque je suis arrivée dans son village, station de montagne, Jean-François avait déjà cinquante ans bien tassés.
Moi, je n’en avais pas vingt, je commençais à peine à choisir mon destin.
C’était un homme jovial, trapu, large d’épaules, pas très grand mais costaud.
Il riait très fort.
Et pourtant, il avait un regard terriblement triste, comme perdu, que son sourire permanent n’arrivait pas à faire oublier.

Très vite, nous sommes devenus amis.
Marié, sans enfants, Jean-François me disait que j’étais « la gamine qu’il aurait aimé avoir ».
En riant, je lui répondais: « Tu n’aurais pas préféré un garçon? »
Ce à quoi il répondait: « Non, jamais! »

Il était soigné pour une dépression dont je ne connaissais pas l’origine.
Ce qui n’a pas empêché qu’un jour, en arrivant sur mon lieu de travail, une connaissance commune m’a dit que l’épouse de mon ami était arrivée juste à temps pour lui sauver la vie.
Il s’était pendu dans la grange.
Et, m’a-t-on dit, ce n’était pas la première fois.
Pendant plusieurs semaines, je ne l’ai pas vu.
Il avait été hospitalisé dans une maison de repos.
Je lui ai téléphoné plusieurs fois.
Je lui disais que je l’attendais.

Un jour, j’ai entendu son grand rire, je me suis retournée: il était là.
Nous avons été nous asseoir dans un coin, et, cette fois, je lui ai posé la question que j’évitais jusque-là.
« Dis-moi… pourquoi as-tu fait cela? Pourquoi es-tu si triste? »
Il m’a regardée longuement, ses yeux se sont remplis de larmes, et il m’a répondu:
« Parce que j’ai tué mon frère… »

Et il m’a raconté, en pleurant.
Il n’avait pas dix ans.
Deux frangins entre lesquels il y avait une petite rivalité de petits hommes.
Deux gosses qui aimaient jouer aux chevaliers, à la guerre.
Sauf que ce jour-là, la guerre a mal tourné.

Ce n’était pas voulu, un accident stupide.
Un geste malencontreux, avec leurs armes de petits garçons.
Et l’un des deux ne s’est pas relevé.

Depuis, Jean-François traînait comme autant de boulets son chagrin, sa culpabilité, la douleur de sa mère, la souffrance de son père.
Quarante ans après, il pleurait toujours, regrettait amèrement.

« Comment veux-tu que je vive avec ça… J’ai tué mon frère. »

Que vouliez-vous répondre à cela?
Tous les mots qui peuvent maigrement consoler lui avaient déjà été dits depuis des années.
Je les ai répétés, je lui ai pris la main, l’ai serrée très fort.
Nous avons parlé longuement, souvent.
Puis la vie m’a emportée ailleurs.
Je ne sais pas ce qu’il est devenu…
C’était il y a déjà longtemps.

En écoutant les informations, hier, et en découvrant le drame vécu dans cette école où une fillette a perdu la vie lors d’une bousculade, j’ai pensé à Jean-François et au petit garçon sans histoire qui a donné le coup de pied fatal.
Un accident… et une souffrance immense.

Martine Bernier

Le képi

27 septembre, 2011

Il est arrivé vendredi soir, lors du retour hebdomadaire de Celui qui m’accompagne.
Je ne l’ai d’abord pas remarqué.
Alors que je travaillais, j’ai levé les yeux et je l’ai vu.
Il était posé là, sur l’un des rayonnages de la bibliothèque qui me fait face lorsque j’écris.
Un képi militaire.
L’un des objets dont j’aurais pu jurer, voici quelques mois encore, que je n’en verrais jamais dans mon bureau!
Comme quoi…

- Tu l’as porté?
- Oui, bien sûr, très souvent.
- A quelles occasions?
- Le plus souvent lors de prises d’armes.

Il n’a pas donné beaucoup de détails.
J’ai laissé le képi en face de moi et je me suis contentée de lui jeter un coup d’oeil de temps en temps.

Ce lundi j’avais énormément de travail.
Mais en fin d’après-midi, je me suis décidée.
Je me suis approchée de l’objet en question, l’ai pris et l’ai dépoussiéré.
Puis je l’ai posé à côté de moi, sur mon bureau.

Ce couvre-chef (« couvre-chef »… voilà un mot qui n’a pas usurpé son sens, tiens!) m’intrigue.
Je n’avais jamais approché de près le moindre de ses congénères.
Une visière rigide noire, un bandeau de feutrine velouté, foncé lui aussi, avec, sur le devant, une sorte d’insigne d’argent brodé, difficile à décrire, ressemblant à un flambeau, sans doute significatif de l’arme dans laquelle le propriétaire du képi a servi.
Le « turban », qui est la partie supérieure, est rouge, orné de galons argentés cousus en forme de croix stylisée.

Quand j’ai eu fini de faire connaissance avec ce curieux objet, je l’ai reposé à sa place.
Le soir, lorsque nous nous sommes retrouvés sur Skype, j’ai confié à Celui qui m’accompagne que je m’étais intéressée à son drôle de chapeau.

- Je devine que chaque détail représente quelque chose, mais je ne comprends pas tout. Notamment l’insigne qu’il y a sur le devant.
- C’est la flamme. Le reste représente le grade du propriétaire et l’Arme dans laquelle il sert ou a servi.

Ce képi l’a suivi durant des années, dans son autre vie.
Je sais qu’il y tient.
Le fait qu’il l’ait déposé là, devant moi, est un geste attendrissant.
Il se sent chez lui.
Il est chez lui.

Martine Bernier

« La Guerre des Boutons »

26 septembre, 2011

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En ce moment, le cinéma français vit un événement que je ne trouve pas forcément positif.
A une semaine sortent deux films, deux remake du même objet: « La Guerre des Boutons ».
C’est le premier sorti que nous sommes allé voir ce week-end, le film signe Yann Samuell.
Destiné à la base à un public d’enfants et d’adolescents, il s’est révélé être une excellente surprise.
Assez fidèle au roman d’origine, frais, bien campé dans son époque, le film est servi par de jeunes acteurs talentueux campant avec conviction les écoliers rivaux de deux villages voisins, jeunes Mohicans des campagnes.
Pourquoi bouder son plaisir?
Ce cinéma à l’ancienne nous sert de petites merveilles…
Fred Testot (oui, LE Fred du duo Omar et Fred!) est irrésistible dans le rôle du curé du village naïf et maladroit, mais tellement sincère.
Tous les enfants sont émouvants, jamais larmoyants… et aucun d’entre eux n’est acteur « professionnel ».
Parmi eux, le rôle de Lebrac est littéralement porté par le jeune Vincent Bres, excellent, et servi par des répliques magnifiques, offrant une aura plus brillante encore au personnage.

Mais le plus naturel, le plus touchant reste évidemment le petit Tristan Vichard, irrésistible dans le rôle du Tigibus, charmant polisson de six ans.
Un petit bonhomme qui, en interview, explique tranquillement qu’il ne veut pas devenir acteur, mais banquier.

L’autre film, que je n’ai pas encore vu, « La nouvelle Guerre des Boutons », semble, nous dit-on, s’adresser à un autre public, et est résolument plus grave.
Le premier, en tout cas, m’a séduite, même si, avant sa sortie, les critiques n’étaient pas tendres avec lui.

Mais au fait, savez-vous pourquoi les réalisateurs ressentent un tel engouement pour « La Guerre des Boutons », tout à coup?
Simplement, parce le roman est depuis peu entré dans le domaine public.
Libre de droits, donc… ceci explique cela.

Martine Bernier

Bichon Havanais: Pomme et la méditation

25 septembre, 2011

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J’ai tout de suite su que Pomme était une intellectuelle.
Plus précisément, je l’ai su lorsqu’elle a dévoré une page de la biographie de Ted Kennedy.
Sa soif d’apprendre m’a sauté aux yeux comme une évidence.
Avec le temps, elle ne s’est pas contentée de son savoir livresque.
Elle a mis à profit le temps disponible dans son agenda hyperchargé pour s’adonner à ce qui est devenu une véritable vocation pour elle: la méditation transcendantale.
En bonne adepte, elle peut la pratiquer n’importe où, n’importe quand.
Mais elle a une préférence pour un moment précis: les rares moments où fatigué, Celui qui m’accompagne fait la sieste.
Dès qu’elle le voit étendu, mon Mogwaï fonce le rejoindre, le piétine un peu et finit par se caler entre ses jambes, pattes en l’air, comme l’indique la photo ci-dessus.
L’exercice peut durer longtemps.
Lorsqu’il est terminé, Pomme revient, guillerette et parfaitement zen.

Mon chien est un Grand Gourou.

Martine Bernier

L’Oeil d’Or et les surprises de l’automne

24 septembre, 2011

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La première fois que je l’ai vu, c’était du côté de Vevey (Suisse) sur les eaux du lac Léman.
Il était royal…
Noir et blanc, racé, élégant.
Il avait surtout cet oeil d’or qui lui vaut son nom…
Le garrot à oeil d’or…
Un petit canard d’une beauté sobre, qui vit en couple avec sa femelle, reconnaissable à sa tête brune.

J’aime les canards.
C’est ainsi, on ne se refait pas.
Mais celui-là m’a séduite entre tous.
De l’autre côté du lac, à quelques encablures de la France, j’ai réalisé que, s’ils étaient plus discrets, mes « Oeil d’Or » se laissaient observer à certaines saisons.

Le temps se rafraîchit, les jours raccourcissent, les pommiers, les poiriers et les cognaciers sont couverts de fruits, la vigne est prête à offrir ses raisins.
Et mon canard va revenir semer son or près des rives.
A moins qu’il ne reste à Genève où, paraît-il, il a élu domicile depuis quelques années.
Lorsque nous passons près du lac, je guette…
L’automne arrive sur la région…
Et avec lui, se précise l’installation de mon capitaine dans notre nid, et le retour des perles d’or du lac…

Martine Bernier

 

Napoléon et Talleyrand: une relation explosive!

23 septembre, 2011

Charles-Maurice Talleyrand-Périgord s’est taillé une réputation d’opportuniste qui le poursuit encore, des siècles après sa mort.
Il faut reconnaître qu’il a fait fort…
Né en 1754, il est évêque d’Autun en 1788, élu député de son ordre aux états généraux l’année suivante, puis abandonne son évêché pour assumer la fonction de chef du clergé constitutionnel.
Condamné par le pape comme schismatique, l’homme devient ministre des Relations extérieures du Directoire le 16 juillet 1797, poursuit ensuite sa carrière de diplomate successivement avec Napoléon, Louis XVIII puis Louis-Philippe…
Et c’est aux Affaires étrangères qu’il fait fortune grâce à un système de commissions qu’astucieusement, il n’encaisse pas lui-même, dans toutes ses négociations.

Trois exemples sont significatifs de sa façon de procéder.

Trois mois après sa prise de fonction comme diplomate, à la fin de 1797, Talleyrand dévoile sa vénalité lors du traité de paix de Campoformio avec l’Autriche.
Il reçoit de celle-ci un million-or contre son accord de clauses secrètes… clauses qu’il s’empresse de revendre au représentant de la Prusse à Paris contre un autre million.
Bouh, le laid!

Le 3 mai 1803, ministre de Bonaparte, alors que le Premier Consul a un grand besoin d’argent pour forger son armée, il propose à l’envoyé américain venu négocier la Nouvelle Orléans que les Etats-Unis rachètent la Louisiane toute entière.
Sur cette vente de 15 millions de dollars, il touche une commission estimée au moins à 10% qu’il place à Londres.
Seul léger souci: l’argent est mis sous séquestre par les Anglais en 1804.
Qu’à cela ne tienne: il en retrouve la jouissance, pense-t-on, en 1830, quand Louis-Philippe le nomme ambassadeur à Londres.

Entre-temps, le 28 janvier 1809, Napoléon, qui ne mâchait pas ses mots, traite Talleyrand de « merde dans un bas de soie » parce qu’il a dissuadé le tsar de s’allier avec l’Empereur afin de préserver ‘équilibre des forces en Europe.
Dès le lendemain, l’Autriche, plus satisfaite de la manoeuvre que rancunière, inscrit Talleyrand sur sa liste des fonds secrets.

Talleyrand est mort le 17 mai 1838.
Il aurait encore négocié avec l’abbé Dupanloup, « ambassadeur du Christ », le reniement de son passé révolutionnaire et sa soumission à l’Eglise.
A se demander si, ensuite, il a encore trouvé le moyen de discuter avec St Pierre pour une place au paradis!

Martine Bernier

200 000 visiteurs!!!

23 septembre, 2011

Ecriplume vient de passer les 200 000 visiteurs, dans la nuit.
L’envol du blog se poursuit d’une manière étonnante….
Merci pour votre fidélité et bienvenue aux nouveaux venus sur Ecriplume!

Le tonnerre

22 septembre, 2011

C’était dans la nuit de samedi à dimanche.
Vers deux heures du matin, un coup de tonnerre énorme m’a réveillée.
Un seul.
Mais si fort que mon coeur a eu un soubresaut.
Je n’ai pas bougé.
De son côté, dans son panier, Pomme n’a pas bronché.
A côté de moi, je croyais que Celui qui m’accompagne dormait.
Il ne bougeait pas, lui non plus.
Mais dès qu’il a senti que le bruit m’avait réveillée, il a eu le réflexe de me caresser la main, comme pour me rassurer.
Je me suis rendormie.
Plus tard, il m’a dit que le bruit avait été si violent qu’il s’était demandé si c’était bien le tonnerre ou une explosion.

Dans la semaine, l’orage n’est pas revenu.
Enfin pas réellement.
A chaque grondement du monde qui m’a fait frémir, à la moindre alerte sur ma vie, il est là.
Attentif.
Vu le geste qu’il a eu cette nuit-là, je crois que même si le Ciel nous tombait sur la tête, je n’aurais pas vraiment peur.

Martine Bernier

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