Archive pour le 16 septembre, 2011

La monstrueuse taillaule

16 septembre, 2011

Depuis plus d’un an, le vendredi est devenu un jour que j’aime.
Celui qui signe le retour de Celui qui m’accompagne.
Bien décidée à lui faire une surprise, la veille au soir, je me suis lancée dans la confection d’une taillaule.
Qu’est-ce qu’une taillaule, me direz-vous?
Une brioche neuchâteloise absolument délicieuse.
J’ai donc oeuvré, très concentrée, et ai laissé la pâte reposer toute la nuit.
Ce vendredi n’était pas comme les autres.
Il clôturait une nouvelle série d’examens médicaux par une prise de sang matinale.
Levée dès potron minet, j’ai entrepris de rendre l’appartement accueillant tout en jetant un oeil sur ma taillaule que j’allais passer au four.
Et là… ô surprise: la pâte avait doublé de volume.
Je n’allais pas me laisser impressionner par une brioche!
J’ai installé le monstre dans un moule bien beurré, et l’ai glissé au four où il était censé cuire en une heure.
Hum.
Une heure et quart plus tard, je devais absolument partir pour le laboratoire… et la bête n’était toujours pas cuite.

Angoisse et réflexion intense.
J’ai choisi de baisser le four et de filer, laissant mon oeuvre sous la surveillance passive de Pomme.
Je vous passe les mésaventures intervenues entre deux, et dues uniquement à ma légendaire distraction.
Toujours est-il qu’au retour, lorsque j’ai enfin pu réintégrer le nid, j’avais une légère appréhension.
Si les pompiers m’avaient reçue sur le pas de la porte, promis juré, je n’aurais plus approché un four de ma vie!
Ce n’est pas une fumée épaisse qui m’a accueillie, mais un délicieux parfum de pâte cuite.
J’ai dit cuite, pas brûlée!

Vérification faite, la taillaule était à point… mais avait encore monté, dépassant le moule de cinq bons centimètres.
Restait l’opération la plus délicate: le démoulage.
Là encore, aucun problème, elle s’est complaisamment dégagée de son corset pour aller s’installer sur un plat.
Là, j’ai pu l’admirer en paix.
Dorée, bien droite, elle était belle…
Reste à savoir si elle est bonne, ce que mon Capitaine aura l’honneur de constater lorsqu’il arrivera, me suis-je dis.

En recouvrant ma brioche d’un linge propre, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire qu’il y a un dieu pour les cuisinières approximatives…
Le problème… c’est que ce soir, lorsque nous avons goûté la Chose, elle était un peu moins bonne que belle.
Pas catastrophique, non.
Juste un peu originale.
Tssss…

Martine Bernier