Archive pour septembre, 2011

Victor Hugo, la peine de mort et… nous.

21 septembre, 2011

Je n’admire pas Victor Hugo uniquement pour ses talents d’écrivain.
J’aime aussi et surtout chez lui la ferveur avec laquelle il s’est engagé dans son combat contre la peine de mort.
Il l’a mené avec un courage et une constance admirables.
Enfant, il avait été bouleversé après avoir vu un condamné conduit à l’échafaud, sur une place de Burgos.
Adolescent, il avait tout aussi mal supporté la vue des préparatifs du bourreau dressant la guillotine en place de Grève.
Hanté par ce qu’il appelait un « meurtre judiciaire », il a tenté toute son existence de sensibiliser et d’infléchir l’opinion en décrivant l’horreur de l’exécution, sa barbarie, en démontrant l’injustice (les vrais coupables sont la misère et l’ignorance) et l’inefficacité du châtiment.
Il a tout fait pour se faire entendre, utilisant sa notoriété d’écrivain, sa parole d’homme politique.
Il a également écrit, à 27 ans, un roman-manifeste: « Le Dernier Jour d’un condamné » dans lequel il parle à la première personne.
Ses descriptions d’exécutions particulièrement cruelles, il les justifiait par ces mots:
« Il faut donner mal aux nerfs aux femmes des procureurs du roi. Une femme, c’est quelquefois une conscience ».

Oui…
Pas toujours.

Aujourd’hui, s’il revenait, Victor Hugo serait heureux de constater que, en France comme dans bien d’autres pays, l’abolition de la peine de mort a été acceptée.
Ce soir, il tournerait les yeux vers la Géorgie, et serait sans doute bouleversé de voir que l’un des pays soi-disant les plus civilisés du monde, va ôter la vie d’une personne qui semble innocente.
Ou en tout cas, contre laquelle il n’existe pas de preuves tangibles.
Il serait bouleversé, j’imagine.
Comme je le suis.

Je ne parle pour ainsi dire jamais deux jours de suite du même sujet dans Ecriplume.
Mais ce soir…
A l’heure où j’écris ces lignes, la soirée a commencé et il ne semble plus y avoir le moindre d’espoir que soit épargné Troy Davis.
Partout dans le monde, la colère et l’indignation grondent.

Mais, semble-t-il, rien n’y fait.
La femme et les enfants du policier tué il y a 20 ans seront présents pour l’exécution, et se disent ravis de voir enfin la justice rendue.
La Justice à laquelle nous assistons ces derniers jours aux Etats-Unis…
N’est-ce pas un vulgaire simulacre?
Il fallait un coupable, celui-ci était bien pratique.

Vingt ans de combat pour rien.
Bien sûr, on dira: au moins il est resté en vie 20 ans de plus.
Oui… mais quelle vie?
Si cet homme est bien innocent comme on peut le penser, à quoi rime ce qu’il a vécu, ce qu’il s’apprête à vivre cette nuit?
Sa vie a été un cauchemar, une horreur absolue.
Peut-on imaginer son désespoir, sa rage, ce sentiment d’impuissance épouvantable, cette solitude imposée, cette privation de tout, tout au long de ces années interminables et pourtant trop courtes?
S’il est bien innocent, on lui a volé sa vie, on a sali son nom.
Et cette nuit, on va lui imposer la mort.
Une mort indigne.

Elle est belle, la justice américaine…

Comme je l’écrivais ce matin, je sais que je ne suis pas responsable de la misère du monde.
La honte que je ressens ce soir face au geste qui va être commis, je ne la ressens que parce que je fais moi aussi partie de cette race humaine… plus inhumaine que n’importe quelle autre créature sur Terre.
Et je sais que si je n’essayais pas de changer les choses, d’améliorer ce qui peut l’être, avec mes très petits moyens, je me sentirais aussi infâme que ceux que je méprise.
Il n’en reste pas moins que, ce soir, c’est à un terrible échec auquel nous assistons.
Il ne faudra pas oublier Troy Davis.

Le combat pour les Droits de l’Homme ne s’arrête malheureusement pas à lui.
Des situations lamentables de ce genre, il y en a beaucoup.
Je voudrais rappeler le cas de Asia Bibi, qui est condamnée à mort au Pakistan pour blasphème.
Celle dont on dit qu’elle va mourir pour un verre d’eau.
Elle a simplement refusé de renier sa foi chrétienne en faveur de l’Islam.
Ses collègues de travail ont réagi avec violence.
Sous la pression de la foule, la police n’a pas osé protéger cette mère de famille de 45 ans et l’a arrêtée pour blasphème.
Elle est en détention depuis un an, condamnée, donc à la pendaison. Sa famille a dû quitter son village et vit dans un lieu tenu secret.
Deux personnalités (un gouverneur musulman et un ministre chrétien) qui ont voulu prendre sa défense ont été assassinés.
Elle a lancé un appel au secours dans un livre appelé « Blasphème » paru à Oh Editions.

Et que l’on ne vienne pas me dire: nous n’y pouvons rien, c’est leur culture!
Trop facile…
Vraiment trop facile.

Martine Bernier

Troy Davis… mercredi, c’est demain

20 septembre, 2011

La nouvelle est tombée dans l’après-midi: la grâce de Troy Davis lui a été refusée.
Or, demain, c’est mercredi.
Le jour choisi pour que cet Américain Noir de 42 ans soit exécuté, en Georgie, pour le meurtre d’un policier blanc, en 1989.

Souvenez-vous… cela fait 20 ans que l’on en parle.
A l’époque, neuf témoins ont désigné Troy Davis comme étant l’auteur des coups de feu.
Mais depuis, sept d’entre eux se sont rétractés, désignant un autre coupable.
De plus, l’arme du crime n’a jamais été retrouvée et l’ADN n’a pas été relevé.
Il n’y a donc aucune preuve formelle de la culpabilité de cet homme.

Pour tous ceux qui sont contre la peine de mort, Troy est devenu le symbole de la lutte.
Parce que nous sommes devant un cas typique de possible erreur judiciaire.
Malgré cela, la commission de cinq personnes du Bureau des grâces de Georgie, à Atlanta, n’a ni gracié le condamné, ni suspendu son exécution.

Cela fait des années que des personnalités multiples se mobilisent, que des anonymes, dont je fais partie, écrivent…
L’actrice Susan Sarandon, Jimmy Carter, Benoît XVI, le gouvernement français…
Tous le clament haut et fort: il y a trop de doutes, il faut le libérer.
En 2009, un nouveau procès a été demandé pour examiner de nouveaux éléments.
C’est là que la majorité des témoins avaient expliqué comment la police les avaient persuadés de désigner Troy Davis comme étant le coupable.
Et malgré cela, le juge fédéral a confirmé sa culpabilité un an plus tard.
Le Comité des grâces s’était engagé à ne confirmer l’exécution que si la culpabilité ne faisait aucun doute.
Il a failli à sa parole.

Comme des milliers d’autres à travers le monde, je suis écoeurée.
Ecoeurée de voir que la justice n’a pas voulu écouter.
Ecoeurée de voir le peu de prix accordé à une vie humaine.
Exécuter un possible innocent ne rendra pas justice à la famille du policier assassiné.
Cette décision ne fera qu’une victime de plus.
Mais dans son cas, personne ne punira les coupables.

L’exécution aura bien lieu demain, mercredi.

Martine Bernier

Tu seras mon fils

19 septembre, 2011

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Certains films plus que d’autres laissent une forte impression.
C’est le cas de « Tu seras mon fils », réalisé par Gilles Legrand, une tragédie familiale sur fond de vignoble prestigieux.

Paul de Marseul (Niels Arestrup), personnage principal du film, est le propriétaire d’un grand cru de Saint Emilion.
Un domaine familial magnifique sur lequel il règne en maître absolu.
Son vin, sa vigne, sont sacrés à ses yeux plus que ne peut l’être sa famille, et il voit avec angoisse arriver le moment où il devra passer le flambeau.
Son fils, Martin (Lorànt Deutsch), vit avec son épouse sur le domaine et donnerait beaucoup pour plaire à son père et reprendre sa suite.
Mais ce dernier l’estime incompétent, ne manquant aucune occasion pour l’humilier, le ridiculiser.
La situation se corse lorsque François le régisseur (Patrick Chesnais), qui a élevé le cru à un niveau exceptionnel, est atteint d’un cancer du pancréas en phase terminale.
Paul profite du retour du fils de son ami, Philippe, pour le séduire et tenter de le convaincre de reprendre sa suite, lui qui revient des Etats-Unis où il a développé ses dons en matière d’oenologie.

La transmission familiale, Paul s’en moque.
Sa cruauté atteint des sommets.

On dira de ce film qu’il est dur, et qu’il manque de nuance, tant dans le rôle du père que dans la fin de l’histoire, inévitablement terrible.
Pour moi, c’est un film puissant, à mille lieues des effets spéciaux des grandes productions américaines.
Sa force?
L’éblouissante prestation des acteurs.
Niels Arestrup, en particulier, est glaçant dans ce rôle d’homme à la fois grandiose dans sa connaissance du vin, mais humain médiocre et père lamentable.
Face à lui, Lorànt Deutsch se glisse avec talent dans l’inconfortable peau de ce fils écrasé, effacé, révolté et fragile.
Et Patrick Chesnais propose un personnage pudique et fort, conscient de la perversité de celui avec lequel il a travaillé toute sa vie.
Quant aux paysages, ces décors de vignes grandioses, ils forment un véritable personnage à eux seuls.

Ce film là, je ne l’oublierai pas.

Martine Bernier

« Tu seras mon fils », de Gilles Legrand. Avec Niels Arestrup, Loran Deutsch, Patrick Chesnais, Valérie Mairesse, Anne Marivin, Nicolat Bridet.

Grand Prix Motonautique Inshore à Evian: le lac enflammé

18 septembre, 2011

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Nous roulions en direction de Thonon et, comme toujours, je regardais les eaux paisibles du lac.
Arrivés à hauteur d’Evian, j’ai vu au loin ce qui ressemblait à une course de hors-bord.
Comme je suis toujours aussi myope et que j’ai toujours la flegme de sortir mes lunettes de mon sac, je me suis contentée de montrer ces silhouettes à Celui qui m’accompagne tout en essayant de distinguer les formes colorées qui fonçaient sur l’eau.
Pour que je puisse mieux observer, mon adorable chauffeur a ralenti lorsque nous nous sommes retrouvés sur les lieux.
J’ai ainsi pu constater qu’il ne s’agissait pas de hors-bord mais carrément de fusées aquatiques.
Ou plus exactement des véhicules participant à la première édition du Grand Prix Motonautique Inshore de la ville d’Evian, comme je l’ai appris par la suite.
Inshore voulant dire que la course se déroule à l’intérieur des terres, sur lac ou sur rivière.

Autant je n’aurais pas cillé si j’avais vu ce genre de choses à la télévision, autant j’ai été impressionnée en voyant un morceau de course en direct.
Nez pointu assez semblables à ceux des avions à réaction, formes aérodynamiques, ces élégants bolides fonçaient à toute allure entre les bouées, amorçant, en fin de boucle, un virage impressionnant et parfaitement maîtrisé.
J’ai appris qu’il s’agissait d’une manche de leur championnat.
Je ne connaissais absolument pas ce sport.
Et oui, je sais, je sais: on me dira « pollution, tape-à-l’oeil, bruit, danger » etc etc.
Sans doute…
Cela dit, voir évoluer ces Formule 1 des eaux est un spectacle impressionnant.
Les noms de ces pilotes sont inconnus du grand public, et c’est dommage.
Leur prestation est belle.
Il faut voir ces bateaux fendre les flots, presque aériens, pour comprendre.
On dit de ces bateaux que ce sont des catamarans F1, de haute technologie.
Quand on sait qu’ils peuvent atteindre la vitesse de 240 km/h, on comprend que les pilotes ne sont pas des rigolos, d’autant que, dans les pointes de vitesses, seule l’hélice reste en contact avec l’eau.
A Evian, sur fond de montagne, c’était superbe.

Martine Bernier

L’Histoire abandonnée: une hérésie

17 septembre, 2011

En journalisme, on appelle ce genre de sujet un « marronnier ».
De ceux qui reviennent régulièrement, qui sont sans fin.
On parle depuis des années de modifier l’enseignement de l’Histoire.
Mais là….

J’écoutais, aux informations, le reportage expliquant que les manuels d’Histoire, en France, n’allaient plus désormais enseigner l’Histoire aux enfants, mais certains concepts comme l’émergence d’un roi absolu, l’esclavage en France, le féminisme etc.
J’ai suivi avec stupéfaction l’interview de l’un des ‘hommes qui sont à la base des nouveaux manuels.
Il a expliqué la nécessité d’ouvrir l’Histoire aux concepts, au monde, d’abandonner son enseignement « figé ».
Mais?? Par la force des choses, le passé est figé dans un intervalle de temps survolant la vie d’un homme, d’une guerre, d’un profond changement!
Cela ne le rend pas moins passionnant pour autant… Alain Decaux ne me contredirait pas.
Et c’est le talent de l’enseignant qui la rend vivante ou non.

C’est vrai, je suis choquée.
L’Histoire, la vie des êtres marquants me passionnent.
C’est une source inaltérable de connaissance, de réflexions, d’exemples dont il faut s’inspirer ou non.
Une simple source de culture.
Et je suis loin d’être la seule à adorer cela: les éditeurs clament que les ventes des biographies historiques explosent, et les émissions historiques, modernes et bien conçues, comme « Secrets d’Histoire » ou les documentaires fiction, collectionnent les records d’audience.

N’est-il pas primordial, pour un être humain destiné à s’ouvrir au monde, d’en connaître le passé, de savoir comment nos sociétés ont été construites et par qui, d’en connaître l’évolution, de savoir qui nous a précédé?
Se situer dans le Temps et dans l’Espace, sont pour moi les deux fonctions majeures de l’Histoire et de la géographie, branches essentielles.

Ces nouveaux manuels dont on nous parle, mais que je n’ai pas eu l’occasion d’avoir entre les mains me paraissent intéressants.
Mais leur contenu ne devrait-il pas être intégré à un programme traditionnel et complet?
Bien sûr, retenir les dates historiques est laborieux, et je comprends que l’on puisse vouloir zapper cette partie ardue.
Mais… ne plus offrir aux jeunes la connaissance complète de leurs racines est pour moi une hérésie.
L’Histoire est la base de notre culture.

Dans un article consacré au sujet, le Figaro écrivait ceci, le 30 août dernier:
« Un adolescent à la veille de sa majorité ne se verra plus enseigner l’Histoire de France de 1962 jusqu’à nos jours. Lorsqu’il aura à glisser son premier bulletin de vote dans l’urne, il n’aura ainsi plus entendu parler du fonctionnement de la République dans laquelle il vit, de mai 68, de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, de l’abolition de la peine de mort, etc. »

Je ne comprends pas pourquoi cette nouvelle suscite aussi peu de réactions?
Les hommes qui ont décidé que cet enseignement devait être aussi radicalement modifié ne vivront que le temps d’une vie d’homme.
Quelques décennies à peine.
Une paille.
L’Histoire, elle continue, écrivant chaque jour la vie du monde à travers ses événements, à travers les personnalités marquantes.
J’espère que d’autres viendront bientôt pour rétablir cette situation, que cet enseignement sera rétabli, pour ne pas faire des générations futures des êtres sans mémoire.

Martine Bernier

La monstrueuse taillaule

16 septembre, 2011

Depuis plus d’un an, le vendredi est devenu un jour que j’aime.
Celui qui signe le retour de Celui qui m’accompagne.
Bien décidée à lui faire une surprise, la veille au soir, je me suis lancée dans la confection d’une taillaule.
Qu’est-ce qu’une taillaule, me direz-vous?
Une brioche neuchâteloise absolument délicieuse.
J’ai donc oeuvré, très concentrée, et ai laissé la pâte reposer toute la nuit.
Ce vendredi n’était pas comme les autres.
Il clôturait une nouvelle série d’examens médicaux par une prise de sang matinale.
Levée dès potron minet, j’ai entrepris de rendre l’appartement accueillant tout en jetant un oeil sur ma taillaule que j’allais passer au four.
Et là… ô surprise: la pâte avait doublé de volume.
Je n’allais pas me laisser impressionner par une brioche!
J’ai installé le monstre dans un moule bien beurré, et l’ai glissé au four où il était censé cuire en une heure.
Hum.
Une heure et quart plus tard, je devais absolument partir pour le laboratoire… et la bête n’était toujours pas cuite.

Angoisse et réflexion intense.
J’ai choisi de baisser le four et de filer, laissant mon oeuvre sous la surveillance passive de Pomme.
Je vous passe les mésaventures intervenues entre deux, et dues uniquement à ma légendaire distraction.
Toujours est-il qu’au retour, lorsque j’ai enfin pu réintégrer le nid, j’avais une légère appréhension.
Si les pompiers m’avaient reçue sur le pas de la porte, promis juré, je n’aurais plus approché un four de ma vie!
Ce n’est pas une fumée épaisse qui m’a accueillie, mais un délicieux parfum de pâte cuite.
J’ai dit cuite, pas brûlée!

Vérification faite, la taillaule était à point… mais avait encore monté, dépassant le moule de cinq bons centimètres.
Restait l’opération la plus délicate: le démoulage.
Là encore, aucun problème, elle s’est complaisamment dégagée de son corset pour aller s’installer sur un plat.
Là, j’ai pu l’admirer en paix.
Dorée, bien droite, elle était belle…
Reste à savoir si elle est bonne, ce que mon Capitaine aura l’honneur de constater lorsqu’il arrivera, me suis-je dis.

En recouvrant ma brioche d’un linge propre, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire qu’il y a un dieu pour les cuisinières approximatives…
Le problème… c’est que ce soir, lorsque nous avons goûté la Chose, elle était un peu moins bonne que belle.
Pas catastrophique, non.
Juste un peu originale.
Tssss…

Martine Bernier

Jean Yanne: l’un de ceux que l’on aime toujours…

15 septembre, 2011

Hier, Celui qui m’accompagne a orienté la conversation sur Jean Yanne.
Ce qui nous a poussés à revoir certains de ces sketches, toujours aussi drôle des années après leur création.
Cet homme-là fait partie de ceux qui ont beau avoir eu l’outrecuidance de passer dans un monde dit meilleur, restent bien présents parmi nous.
Lui qui avait débuté des études de journalisme (hé oui…) a eu l’excellente idée de mettre son esprit et sa plume au service de l’humour, avec son complice d’écriture, Gérard Sire.

J’ai entre les mains un livre de ma bibliothèque que j’aime tout particulièrement: « On n’arrête pas la connerie », qui est l’intégrale des textes, citations et pensées du Sieur Yanne.
Olivier de Kersauson y achève sa préface en écrivant: « Il était ruisselant de cette intelligence du rire ».

Ce livre est un recueil de délices, un voyage en Absurdie.
Lire Yanne est un petit bonheur…
Vous voulez un exemple?

« Si vous avez un chien, il voyagera sans doute avec les gosses, à l’arrière.
Au bout de 200 km, l’amour qu’il vous porte, le besoin de vous le faire savoir ou tout simplement le désir de vous signaler qu’il aimerait bien faire une halte hygiénique le pousseront sans doute à vous coller son museau dans le cou.
Or, s’il est en bonne santé, rien ne peut vous surprendre plus que sa truffe glacée, ce qui risque de vous faire lâcher le volant.
Habituez-vous à cette sensation d’humidité froide inattendue.
Fixez, derrière vous, au plafond de votre voiture, un fil de nylon auquel vous attacherez une éponge mouillée.
A chaque coup de frein, à chaque virage, l’éponge viendra heurter votre nuque, vous préparant ainsi aux futures démonstrations d’affection de votre fidèle animal. »

- Recette californienne: contre les requins, rien de tel que de se baigner avec une tronçonneuse.
- Sur Mars, il fait 160 degrés à l’ombre. Mais on est pas obligé d’aller à l’ombre.
- Il paraît qu’une plante sur laquelle on fait une bouture voit sa température s’élever. Je me demande où ils mettent le thermomètre.
- La girafe n’a pas d’articulation du genou. Mais… comment elle prie?

J’adore…

Martine Bernier

Plainte tardive: La Louisiane

14 septembre, 2011

La Justice a parfois à faire face à des affaires insolites.
Celle de l’Escroquerie à la Louisiane en fait partie.

En 1976, les tribunaux de la Nouvelle-Orléans enregistrent une plainte émanant de Cecilia M. Pizzo.
Cette dernière a l’intention de faire annuler l’achat de la Louisiane, en 1803, qui avait à l’époque doublé la superficie des Etats-Unis.
Selon elle, ni Napoléon ni Thomas Jefferson n’avaient autorité pour conclure un tel marché.
Donc, ces quelque trois millions d’hectares appartiennent toujours à… l’Espagne.
Voilà.
C’était tout simple.
Vu que la Justice était informée, il lui suffisait de rendre à César…. et d’expliquer aux habitants qu’ils venaient de changer de nationalité au passage.

On imagine que le juge Jack M. Gordon a dû être très contrarié.
Après avoir bien réfléchi, il a statué: s’il était sans doute exact que seuls le Parlement français et le Congrès américain avaient légalement le droit d’entreprendre ces négociations, Mme Pizzo avait engagé son action en justice avec…. 167 ans de retard.
La plaignante avait dû passer beaucoup de temps à étudier l’affaire, mais avait omis de se renseigner… le délai de prescription était de six ans.
Flûte.

Martine Bernier

Le chien robot

13 septembre, 2011

Ce matin, je lisais un article sur la nouvelle génération des chiens robotisés.
Le dernier arrivé s’appelle Genibo et coûte 2000 dollars.
Il est né en Corée et n’est livrable qu’en Amérique (cela vous étonne vraiment?)
Disponible en blanc, noir, bleu ou rose, on dit de lui qu’il a une personnalité « charmante et espiègle », qu’il n’aime pas qu’on lui touche les flancs et qu’il appartient à la race des bull-terriers.
Il s’endort quand on ne s’occupe pas de lui pendant cinq minutes, fait des bêtises, peut agir de manière autonome et « exprime de l’amour et de la sympathie pour son maître ».
Hum.
Quand je regarde la photo, j’y vois plutôt un bidule de métal fort peu attirant, bardé de capteurs, aux articulations aussi apparentes et laides qu’un pantin raté, et ne ressemblant en rien à un chien.

Comme Pomme rôdait non loin de moi, vaquant à ses occupations canines matinale, je lui en ai touché un mot.
- Un chien robot… qu’est-ce que tu en pense, toi?
Mon Mogwaï qui, elle, est un VRAI bichon havanais avec tout ce que cela comporte de tendresse, d’indépendance et de câlinerie, m’a regardée, interloquée.
- Oui, je sais ça peut surprendre. Note qu’il a des qualités: pas besoin de le sortir quand il pleut, ni de ramasser ses déjections. Pas cher en nourriture et en frais vétérinaires, non plus..

Ce qui s’est passé ensuite, je ne l’ai pas vraiment compris.
Pendant deux heures, Pomme s’est appliquée à me montrer qui elle est.
La démonstration a commencé par une cavalcade à travers l’appartement, son mouton martyre dans la gueule.
Puis elle est allée boire dans l’arrosoir de la terrasse, chose qui lui est interdite.
Ensuite, elle a semé ses os à travers la maison, avant de s’engager dans une partie de football en tête-à-tête avec sa balle en tissu, réduisant au passage le tapis de l’entrée à la condition de vulgaire machin informe et abandonné.
Quelques jappements près de la porte plus tard pour m’informer que mon voisin était dans le couloir, et elle m’accompagnait pour l’arrosage de l’armée de plantes et de fleurs de la maison.
La mission terminée, elle a émis le désir de venir me surveiller pendant que je mettais la dernière main à un article.
De petits mordillements, un regard appuyé et une démonstration de communication muette m’ont fait comprendre que j’avais oublié de lui donner à manger.
Repue, elle s’est laissée tomber sur le dos, sur le sol, exprimant sa joie et son bien-être par de petits bruits assortis de trémoussements.
Quand elle a eu terminée, elle est venue me rejoindre, a posé ses pattes avant sur ma cuisse et s’est étirée de tout son long, dans cette position qui la rend irrésistible.

Pour le cas où je ne l’aurais pas compris, elle venait de me faire comprendre sa pensée.
Qui, en gros se résume à ceci:  » Et tu t’imagines que tu pourrais me remplacer par un bout de ferraille??? »

Martine Bernier

Questions de touristes

12 septembre, 2011

Les personnes qui travaillent dans les Offices du Tourisme et dans les bureaux de renseignements ont toutes des anecdotes croustillantes à raconter sur les questions qui leur sont posées par certains touristes.

Parmi les professionnels qui collectionnent les plus belles perles, se trouvent ceux qui travaillent dans le bureaux de renseignements parisiens, paraît-il.
Je suis tombée par hasard sur la liste des douze questions de touristes les plus amusantes… et je partage!

1. Où se trouve le musée du jus de pomme? (Musée du Jeu de Paume)
2. A quelle station de métro faut-il descendre pour Buckingham Palace?
3. Où est le musée de la Sécurité Sociale?
4. Comment faire pour aller aux arènes de Lucette? (Arènes de Lutèce)
5. Peut-on visiter les hécatombes? (les catacombes)
6. Comment aller au musée de la Marmotte? (Musée Marmottan)
7. Je souhaiterais visiter les égouts de Paris. Est-ce souterrain?
8. Quelle différence y a-t-il entre Paris et la France?
9. Les bateaux qui font des croisières sur la Seine sont-ils des bateaux qui bougent?
10. Dans quel quartier de Paris se trouve la Normandie?
11. Quelle ligne de métro faut-il prendre pour aller à Beauvais?
12. Quelle sortie faut-il prendre pour rentrer dans Paris?

Paris n’est pas le seul endroit où les touristes mélangent un peu les données…
Dans la série: L’Office du Tourisme peut tout et s’il ne peut pas, il se force, je me souviens d’une secrétaire d’OT de montagne qui m’avait raconté que, le matin même de ma visite, une dame l’avait appelée pour lui dire:
« Je viens passer une semaine chez vous à Noël, soit dans deux mois, et j’aimerais réserver avant qu’i ne soit trop tard. Mais avant, j’aimerais vous poser deux questions: quelle sera la météo et comment seront les pistes? »

Voui, voui…

Martine Bernier

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