Archive pour septembre, 2011

Question d’équilibre

11 septembre, 2011

Lorsque l’été a commencé , je crois que je me suis programmée pour penser qu’il ne finirait jamais.
Celui qui m’accompagne allait passer un peu plus de deux mois avec moi, aucun rendez-vous médical n’était programmé pendant cette période.
Je savais que je n’aurais pas vraiment de vacances puisque la période est propice aux demandes d’articles, mais j’étais ravie de ces deux mois qui s’annonçaient.
Et l’été est arrivé…
Des moments magiques, des découvertes, une merveilleuse douceur de vivre, le développement de la vie dans mes « Jardins suspendus », beaucoup de rires, de soirées et de week-end magnifiques entre amis et en famille… le tout ponctué par la présence trottinante de Pomme, petit bichon joyeux et noir présent dans toutes nos mésaventures.

Deux mois, cela paraît long, mais en fait… ça ne l’est pas.
Lorsque le moment est venu de se séparer, nous étions tristes, tous les deux.
Nous avons repris pour quelques semaines encore le rythme des semaines séparées et des week-end joyeux.

Toujours dans ma programmation personnelle, je pensais que la semaine qui s’annonce n’arriverait pas.
Est-ce bête d’appréhender ce que je connais pourtant fort bien: les analyses et les visites médicales.
Les efforts de ces derniers mois doivent être contrôlés, et nous saurons s’ils portent ou non leurs fruits.
J’avais presque oublié cette partie de ma vie, cette épée de Damoclès, ce nuage noir.
Essayer de passer outre ne sert à rien, la réalité me rattrape tôt ou tard.
C’est un peu comme si j’avais deux vies.
L’une qui me rend heureuse, l’autre qui est sombre, menaçante.
Il arrive que les conséquences de la deuxième empiètent sur la première, mais, pour le moment, elle ne réussit pas à l’assombrir.

Au seuil de cette semaine qui s’annonce, j’ai comme un pincement au coeur.
Elle sera extrêmement chargée au niveau du travail… et c’est tant mieux!
Mais deux jours sont marqués d’une croix rouge sur mon calendrier.
Les jours d’analyse.
Je n’ai pas encore trouvé le courage de prendre mon téléphone pour appeler le spécialiste et définir le jour de notre rencontre pour les résultats.
En revanche, je sais déjà quand je verrai le chirurgien.

Voyons…
Il y a, pour tout le monde, des jours qui ne donnent pas envie d’avancer.
Alors? De mon côté, j’anticipe…
Il faudra bien vivre un à un ces jours qui m’attendent.
Je vais évoluer dans ma deuxième vie en marge, celle qui m’oblige à affronter une réalité déplaisante.
Mais l’autre existence ne stagnera pas pour autant.
Le temps qui avance travaille pour Celui qui m’accompagne et moi.
Bientôt, il ne partira plus.
Les projets se dessinent devant nous, petits et grands, comme une longue guirlande.
J’ai toujours mes envies de voyages qui me démangent régulièrement, mes désirs de découvertes, mes idées folles.
Il sera plus simple de les réaliser au quotidien.
Même s’Il a un peu tendance à me regarder d’un air effaré lorsque je lui fais part de mes rêves.

Entre cette vie pétillante et l’autre, lourde et angoissante, qui se joue dans les couloirs des hôpitaux, il faut juste trouver le parfait équilibre.
La richesse de l’une permet de mieux aborder l’autre.

Martine Bernier

Picasso: un sens percutant de la répartie

10 septembre, 2011

Que l’on aime ou que l’on n’aime pas Picasso, il faut admettre que cette personnalité complexe est inoubliable.
Ses réparties cinglantes se dégustent ou font encore grincer des dents à travers certaines anecdotes qui circulent toujours à son sujet.

En 1937, la Guerre civile met l’Espagne à feu et à sang.
Le 26 avril, en plein jour de marché, les avions allemands de la légion Condor bombardent la ville basque de Guernica, près de Bilbao.
C’est un massacre.
Cinquante tonnes de bombes incendiaires et à fragmentation arrosent la ville.
L’Allemagne nazie tue là 1654 civils et fait 889 blessés.
Bouleversé, Pablo Picasso exprime sa rage dans un tableau monumental, Guernica.
Pendant l’occupation nazie de Pars, des soldats allemands viennent un jour visiter son appartement.
L’un d’eux, devant une photo du tableau Guernica interroge le peintre:
- C’est vous qui avez fait cela?
Picasso aurait répondu:
- Non. C’est vous.

Après la deuxième guerre mondiale, les prix des tableaux de Picasso se sont envolés.
Une richissime collectionneuse américaine, totalement inculte en la matière (hé oui!) visite l’atelier de l’artiste.
Son comportement est insupportable: suffisant, snob, vaniteux, prétentieux.
Elle s’arrête devant l’une des oeuvres cubistes et la désigne d’un geste du menton:
- Et celle-là, qu’est-ce qu’elle représente?
- Deux cent mille dollars.

Martine Bernier

Gregory Blackstock: le génie de l’autisme s’expose

9 septembre, 2011

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Pour sa première exposition européenne, la Collection de l’Art Brut, à Lausanne, reçoit les oeuvres de l’américain Gregory L. Blackstock.
L’artiste est autiste et vit dans un univers bien à lui: une chambre très encombrée, plongée dans l’obscurité jour et nuit.
C’est là, dans le calme et le silence, que celui qui a été plongeur dans un restaurant sportif pendant 25 ans donne libre cours à son inspiration.
Ou plutôt à son travail, car celui-ci se base sur une importante documentation.

Alors qu’il était encore professionnellement actif, Gregory jouait de l’accordéon dans les rues et dessinait pour arrondir ses fins de moi.
Aujourd’hui qu’il est à la retraite, il se consacre à ce qu’il aime: la conception d’une incroyable iconographie ordonnée.
Lorsque vous regardez ce que fait Blackstock, vous ne pouvez que penser à ces planches qui peuplaient les écoles et qui se retrouvent dans les dictionnaires.
Son goût du détail et du travail soigné font de cet artiste étonnant un véritable encyclopédiste.
Il dessine des planches à thème (« Les outils de dentiste », « les bombardiers anglais de la Seconde Guerre mondiale », « Les grandes prisons de notre comté », « Les corbeaux », « Les chapeaux » etc…) avec une minutie parfaite.
Ce qu’il fait est parfaitement sidérant…
C’est donc une exposition particulière qui s’ouvre dans quelques jours à Lausanne.
Avec, en prime, la présence de l’artiste pour le vernissage, une conférence sur l’autisme et la création, des ateliers pour enfants, des visites commentées etc.
Allez-y…
Il n’est pas courant d’avoir l’opportunité de pénétrer dans un univers aussi particulier.

Martine Bernier

Du 30 septembre 2011 au 19 février 2012
Collection de l’Art Brut
Avenue des Bergières 11
1004 Lausanne
www.artbrut.ch

Souris contre oiseau de fer

8 septembre, 2011

C’est une petite nouvelle de rien du tout, de celles qui font sourire… ceux qui ne sont pas directement concernés.
Depuis mardi soir, un avion est contraint à rester au sol, à Hong Kong.
Pour quoi ne peut-il pas décoller?
Parce qu’une souris a pris ses quartiers dans le cockpit du pilote.
Le personnel essaie de l’attraper, mais rien à faire: la souris est finaude.
Pour les 84 passagers qui ont dû dormir à l’hôtel, la plaisanterie n’est pas drôle.
Ils devaient s’envoler le 6 septembre pour Katmandou et risquent bien de devoir embarquer sur une autre compagnie que Nepal Airlines.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le problème se pose à cette dernière: une autre souris avait bloqué ce même Boeing 757 durant 11 heures, paraît-il avant d’être capturée.

Pas bien, ça, Nepal Airlines…
Mais restons positifs et saluons leur travail de lutte contre les passagers clandestins.

Martine Bernier

Nez-Noirs du Valais: des moutons au look peluches

7 septembre, 2011

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Une fois n’est pas coutume, je vous emmène ce soir sur les traces d’un animal.
Voici quelques semaines, je me suis retrouvée dans le Haut Valais (la partie du canton où l’on parle allemand), pour un article qui m’a ravie.
Une incursion dans le monde rare du mouton Nez Noir du Valais.

Avec leur laine ondulée longue d’une vingtaine de centimètres, leurs cornes torsadées, leur nez, leurs oreilles et leurs bottes noirs, ils ressemblent à de grandes peluches pour enfants.
Pourtant, pour les éleveurs propriétaires de Nez Noirs leur mouton n’est pas un jouet mais bien un trésor qu’ils entourent de tous les soins possibles.
Pourquoi? Parce que cette race typiquement valaisanne est symbolique de l’identité de la région.
L’élever n’est pas rentable, mais c’est une fierté pour ceux qui la possèdent
Ces moutons de montagne, courts sur pattes et agiles, sont faits pour vivre en altitude où ils entretiennent les pâturages depuis des siècles.
De mai à octobre, ils paissent sur des alpages situés souvent à plus de 2000 mètres. Leur laine les rend sensibles à la chaleur, raison pour laquelle leur rythme de vie est très particulier.

Mentionnés pour la première fois au XVe siècle dans le Haut Valais, les Nez Noirs sont l’une des trois races autochtones du Valais avec la vache d’Herens et la chèvre Col Noir.
Avec 13’700 purs Nez Noirs recensés, la race n’est pas en voie de disparition.
Mais les éleveurs restent prudents.
Dans les années 1940-1950, le cheptel a considérablement diminué, touché par une maladie.
Aujourd’hui, même si la race n’est pas très répandue, elle se porte bien.
Seul souci majeur, selon les éleveurs: le loup.
De nombreuses pertes ont été déplorées dans le Haut Valais.
Or, lorsqu’il s’agit d’une race rare… lorsque vous perdez entre dix et quinze bêtes par été, c’est, pour eux, une véritable catastrophe.
Vous ne pouvez pas les remplacer en allant en acheter ailleurs. »

Rustique, solide, le Nez Noir est peu farouche, calme, familier.
Son caractère et sa beauté cimentent l’attachement que lui porte les éleveurs.
Raison pour laquelle ceux-ci ne ménagent pas leurs efforts pour faire connaître leurs animaux, notamment lors d’expositions organisées à Viège (VS) par la fédération d’élevage du mouton Nez Noir.
L’une, en février, n’est ouverte qu’aux brebis inscrites au « herd-book », le registre généalogique de la race. C’est au cours de ce concours qu’est élue la brebis « Miss Viège ».
Le marché-concours d’exposition des béliers du mois de mars permet, lui de soumettre annuellement 600 béliers à l’appréciation des experts.
Une Miss chez les brebis… mignon, non?

Martine Bernier

Swisscom et ses Chers clients…

6 septembre, 2011

Il y a deux semaines, j’ai reçu une lettre de la compagnie Swisscom.
Celle-ci informait ses chers clients, qu’elle allait couper Internet et le téléphone fixe dans toute la région pour la journée.
Pour améliorer la qualité des services, nous disait-on.
En revanche, rien ne nous disait que pour se faire pardonner de ce sérieux contretemps, Swisscom leur offrait un quelconque rabais sur leur facture mensuelle.

Ce mardi, donc, j’appréhendais la chose.
Et j’ai pu réaliser combien j’avais raison.
Vivre sans Internet et sans téléphone (hormis le portable, toujours en service) est extrêmement difficile, surtout si vous pratiquez certaines professions.
Comme la mienne, flûte.

Tout a commencé hier.
Ma rédaction m’a commandé un article à livrer ce matin.
Or, je ne pouvais rencontrer mon interlocuteur qu’hier soir.
Donc, qu’a-t-il fallu faire, sachant que je risquais de ne pas pouvoir envoyer le papier ce matin?
Bingo!
L’écrire hier soir.
Tard.
Il a ensuite fallu trouver une astuce pour ne pas complètement me retrouver sans recours si le moindre problème devait se présenter avec le texte une fois en rédaction.
Je l’ai donc envoyé à un proche dont le poste de travail ne serait pas concerné par la coupure afin de pouvoir lui demander de renvoyer le texte au cas où.

Arrive le matin.
Je travaille comme une malade avant la déconnexion.
A huit heures, couic.
Adieux, Internet, téléphone, veaux, vaches, cochons, couvées…
Pardon, je m’égare.
Je commence la journée pleine d’entrain.
Après tout, mince, je suis parfaitement capable de supporter une journée sans ces deux insignifiants outils!

Je décide de travailler sur la maquette de mon prochain journal.
Mais, en écrivant, je réalise que je vais avoir besoin d’une adresse.
Vite un petit clic sur Safari pour accéder à l’annuaire en ligne.
Un petit clic tout tristounet, sans réaction…
Et bien sûr, le bottin téléphonique ne fait plus partie de ma panoplie depuis longtemps.

Bon.
Je continue à travailler et constate que je dois adresser un courrier à la télévision pour obtenir un mail ou un numéro de contact avec une certaine personne pour une interview.
J’allume Entourage, par réflexe.
En vain, évidemment.
En continuant la rédaction de mes articles, je me retrouve bloquée.
J’ai besoin d’un renseignement sur une institution.
Mon geste en direction de Safari est interrompu en plein vol…
Inutile…
J’ai de plus en plus l’impression d’être isolée sur une île déserte.
A midi, j’ai le réflexe d’allumer Skype pour retrouver Celui qui m’accompagne, le temps de la pose déjeuner.
Impossible, évidemment.

Mon rédacteur en chef m’a dit, la veille, qu’il allait m’envoyer un mail avec tous les renseignements me permettant de préparer une série d’articles.
Le délai est court, il ne faudra pas tarder à prendre les contacts.
Seulement voila…
J’attends également un message extrêmement important de la part du secrétariat central de mon autre journal.
Là encore, impossible.
Quant à la maison d’édition qui m’a envoyé son catalogue pour me demander si je souhaite des ouvrages en service de presse, j’ignore si elle a bien reçu mon courrier et si elle agrée ma demande.

Toute la journée s’est profilée sur ce modèle.
Bloquée.
Pour le cas où je ne l’aurais pas bien compris, je fais partie de ceux pour lesquels vivre sans Internet représente un réel handicap.
Ce n’est qu’un jour, oui, un petit jour de rien du tout.
Mais un jour de travail perdu est précieux, lorsque le délai de remise de texte est serré.

Dans l’après-midi, la connexion est rétablie.
Je me rue sur mes mails, reprends mon retard.
J’ai survécu, soit.
Mais ce fut vraiment une journée de belle galère.

Alors, voyez-vous, Swisscom…
Si je comprends que des travaux soient parfois nécessaires, je trouve quand même qu’un geste d’excuse serait bienvenu.
Le « nous nous excusons de ce contretemps » est un peu léger.

Martine Bernier

Vie de couple: L’armoire

5 septembre, 2011

Lorsque vous décidez de vous installer en couple, vient fatalement le moment, si l’Homme est le deuxième à intégrer le nid, où il faut affronter l’épreuve de l’armoire.
L’épreuve de l’armoire… épisode ô combien cruel pour toute femme normalement constituée.

Je m’explique.
Nous ne disposons pas toutes des dressings hallucinants des stars hollywoodiennes où des riches héritières.
Bon, soit, nos garde-robes sont rarement aussi fournies que les leurs, mais quand même…
En général, l’armoire ou les deux armoires que nous avons à notre disposition suffisent à peine à accueillir nos précieux chiffons.

Lorsque l’Homme demande, avec tous les ménagements possibles, où il pourra déposer ses quelques hardes, la sonnette, que dis-je: la sirène d’alarme retentit.
La triste réalité nous interpelle: il va falloir prendre les choses en main et faire de la place.

C’est mon cas.
Celui qui m’accompagne, très au fait de la psychologie féminine, a adopté une tactique tout en douceur.
Au fil des mois passés ensemble sans habiter tout le temps sous le même toit, il a apporté ses affaires par petites doses.
L’époque est révolue où l’Homme ne possédait que la peau de bête qu’il avait sur le dos, fruit de sa chasse et taillée de ses blanches mains.
Aujourd’hui, même sans être un dandy anglais, il a lui aussi besoin de place.

Dans un premier temps, à force de gros efforts et de sacrifices indescriptibles, j’ai réussi à lui dégager deux tiroirs, un rayon et demi et une demi penderie.
Pour lui tout seul.
Si, si.
A quelques semaines de son installation définitive, il a bien fallu que je me rende à la raison: il a besoin de davantage d’espace pour se sentir à l’aise, même s’il ne s’en plaint pas.

De retour au nid, j’ai donc décidé de consacrer deux heures à « faire le tri ».
Un travail herculéen, mais nécessaire.
Première étape, vider totalement un rayonnage supplémentaire et y déposer religieusement ses vêtements, avec interdiction de revenir en arrière et de récupérer la place gagnée de haute lutte.
Deuxième étape, considérer d’un oeil torve le tas de tissu désormais SDF.
Troisième étape, lutter contre la dépression galopante et prendre chaque pièce une à une pour un tri draconien.

Plus de deux heures plus tard, la place était nette.
Celui qui m’accompagne va faire l’effort de tout laisser derrière lui pour me rejoindre ici où une autre vie l’attend.
Vu sa taille, sa carrure et la taille de son coeur, il a largement mérité plus de la moitié de l’espace du nid.

Martine Bernier

Le départ

5 septembre, 2011

J’écris au petit matin, alors que le jour ne filtre pas encore à travers les volets.
Pas un bruit…
Ce dimanche signe le retour vers la Suisse.
Après plus de deux mois vécus en tête-à-tête avec Celui qui m’accompagne à cheval sur deux pays, nous nous apprêtons à passer un mois de septembre différent.
Seuls les week-end et Skype nous réuniront, pendant encore une poignée de semaines.
Ensuite, si tout se passe bien, Il ne partira plus.
J’ai beau me dire qu’une montagne de travail m’attend et que les jours passeront vite, j’ai le vague à l’âme.
Je pense que j’aurais eu bien du mal à supporter ses départs, si je l’avais connu lorsqu’il était encore officier, il n’y a pas bien longtemps.

Tandis que je boucle ma valise et le sac de Pomme, celle-ci est fébrile.
Elle aime voyager mais craint les départs.
Elle aussi va avoir le moral en berne.
Normal pour un bichon suisse, me direz-vous.

Martine Bernier

Messieurs, à la crèche!

3 septembre, 2011

Lorsque vous allez faire vos courses dans certains grands magasins, il n’est pas rare de pouvoir disposer d’une crèche garderie pour y laisser vos enfants, le temps de procéder à l’opération ravitaillement en toute tranquillité.
Ikéa a été l’un des précurseurs en la matière avec ses fameuses garderies dans lesquelles les chères têtes blondes peuvent se jeter avec délices dans le « bac à balles multicolores ».
La grande surface récidive en créant cette fois, en Australie, son premier « Manland ».

Oui, vous l’avez compris: il s’agit d’une crèche pour hommes.
Ces messieurs peuvent donc désormais jouer à la console de jeu, au flipper, au baby-foot ou en regardant la télévision, pendant que leurs compagnes font leurs achats dans le magasin.
Comme vous pouvez le constater: rien que des activités de « grands ».
Pour le cas où ils auraient un petit creux, ils peuvent même demander un hot-dogs.
Le paradis, quoi.

Je suis cependant un peu perplexe.
Ikéa est une chaîne de magasins d’ameublement, pas un magasin d’alimentation ou de cosmétiques.
Quand on y va, en principe, c’est pour choisir des meubles ou des éléments de décoration pour la maison.
Et, toujours en principe, ce genre de choix se fait à deux.
C’est même tout le côté plaisant de la démarche.
Qu’ils ne viennent donc pas protester si leurs femmes sortent avec des canapés froufroutants.
Femmes, parquez les machos, les indifférents et les paresseux: le magasin est à vous!

Martine Bernier 

Pierre Arditi ou les imprévus d’une interview

2 septembre, 2011

Il y a quatre ou cinq ans, j’étais partie à Grenoble pour rencontrer Pierre Arditi, qui était en tournée pour les besoins d’une pièce.
Certaines rencontres sont plus stressantes que d’autres.
J’avais donc décidé de faire une chose que je ne fais jamais: emporter un enregistreur  pour ne pas avoir à prendre de notes durant l’entretien, afin de ne pas en casser le rythme.
La veille au soir, j’équipe l’appareil de piles neuves, le dépose dans la voiture pour être sûre de ne pas l’oublier, et… je passe une nuit blanche.
Le lendemain, nous partons donc pour Grenoble.
Après plusieurs heures de route, nous nous présentons dans le grand hôtel où le rendez-vous a été donné et, après quelques minutes d’attente, je vois arriver l’acteur qui avait accepté plusieurs interviews à la suite.
Le premier contact pris, nous nous installons dans un coin salon, je branche mon appareil et nous commençons à parler.
Au bout de près d’une heure d’entretien, mon regard se pose sur l’appareil…. et je réalise qu’il s’est arrêté sans me demander ma permission.
Discrètement, je le remets en marche et poursuis le jeu des questions-réponses auquel Pierre Arditi se prête de bonne grâce.
Mon regard glisse une nouvelle fois vers l’appareil et là… je découvre qu’il est à nouveau en pause syndicale.
Je termine l’interview, un peu inquiète, écoutant mon interlocuteur me dire qu’il aime beaucoup le public suisse.
Pour la première fois de ma vie je n’ai pris aucune note…
Je suis une scribouillarde incorrigible.
Toutes mes interviews sont effectuées par écrit, y compris lorsque je rencontre des personnalités célèbres.
Mais là… non.
Je laisse Eric prendre ses photos tranquillement, nous prennons congé du comédien, et nous nous dirigeons vers la voiture.
Sur le chemin, n’y tenant plus, j’allume l’enregistreur, remet l’interview au départ et, avec horreur, j’entends ceci:
- « … et je me réjouis de retrouver le public suisse qui me reçoit toujours merveilleusement. »
Je remets le disque au début, réécoute… et réentends la même phrase.
Rien d’autre.
Il s’est avéré que la nuit avait été froide, et que l’appareil l’avait passée dans la voiture.
Les piles avaient dû se décharger…
Jamais, ni avant ni après, je n’ai ressenti ce que j’ai vécu à ce moment-là.
L’impression que j’allais vivre un très, très mauvais moment.
Il ne me restait qu’une solution.
Dans la voiture, de Grenoble à Yvorne, j’ai écrit, écrit…
J’ai retranscrit tout ce que m’avait dit Pierre Arditi, le plus fidèlement possible.
L’article est sorti (il est d’ailleurs sur Ecriplume), m’a valu quelques félicitations.
Personne n’a su que j’avais passé l’un des moments les plus stressants de ma vie professionnelle.
Et certainement pas Pierre Arditi, qui a eu la gentillesse de me suivre sur un terrain d’interview où il ne m’attendait pas.

Martine Bernier

 

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